
J'explique ici la méthode que j'ai utilisée pour réaliser un lit "façon Tatami", c'est-à-dire avec des assemblages à mi-bois. Cela en fera un lit sans vis, avec juste des morceaux qui s'emboîtent les uns dans les autres. La tête de lit sera inspirée d'une tête de lit T.K.MooN qui me fait de l'oeil depuis plusieurs mois sur les réseaux sociaux.
Ce lit est réalisé dans un tout petit atelier. La mise en oeuvre n'est pas très compliquée. Ce sont la méthode, la rigueur et le soin qui permettront d'obtenir un bon résultat. Think twice, cut once!
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Fabrication du cadre de lit
Voici un lit en chêne que j’ai commencé à fabriquer, après des mois de réflexion pour faire mûrir ce beau et gros projet.
Je me suis inspirée de Pinterest et avais déjà testé les assemblages à mi-bois sur les petits tabourets / tables de nuit en pin que j’avais faites pour mon fils et sa copine. La technique n’est pas très compliquée, mais sur des planches de longueur 2 mètres avec une scie sous table Dewalt et dans un petit garage, ça se complique un peu…
De même pour les pieds qui, en ce qui concerne les tabourets, avaient été usinés dans la masse sur environ 20-25 mm : là, on parle de profondeur d’environ 100 mm et la technique, avec capacité de coupe de 60 mm, n’est plus adaptée!
« Par où commencer ? » est une des bonnes questions à se poser quand on attaque un projet. Pour ce type de lit, on commence... par les pieds!
Les dimensions des pieds?
En largeur, je m’adapte au bois que j’ai sous la main. Et en longueur, je fais quelques calculs, en fonction de la hauteur souhaitée du matelas, de son épaisseur, de la hauteur du sommier à cadre que je récupérerai de mon lit actuel et de la hauteur du tasseau du support de sommier que j’estime à environ 30 mm).
C’est parti ! Il me faut 12 morceaux de la hauteur totale des pieds, 4 plus courts, et des morceaux de l’épaisseur de mes planches de lit qui viendront compléter les pieds au centre.
Ma 1ère erreur, sans grande conséquence, mais dont je tiendrai compte pour un autre projet du genre : avoir coupé le bois à la longueur des pieds : lorsque la colle flue, les morceaux ont tendance à se déplacer un peu au serrage, et une recoupe est nécessaire pour rattraper les 1 ou 2 mm ainsi perdus.
De même, pour les pièces du milieu, j’ai découpé 4 morceaux indépendants, mais si c’était à refaire, je prendrais 2 morceaux de mêmes dimensions et je ferais un mi-bois pour en faire des sortes de croisillons sur lesquels je viendrais coller les 4 autres pièces.
Vient ensuite la mise à longueur des longerons et de la traverse de bout de lit (excusez les termes un peu mécano, je suis mécanicienne de métier…), puis la découpe des mi-bois. Les dimensions dépendront de votre sommier.
Là, il ne faut pas se foirer et la précision est de rigueur. Je partage mon atelier dans un garage avec un bateau, un congélateur et une machine à laver, donc j’apprécie d’avoir mis ma scie sous table Dewalt sur roulettes et d’avoir investi dans 2 servantes à rouleaux bas de gamme, mais fonctionnelles.
C’est le moment de vérifier et retoucher si besoin aux réglages de ma scie pour que la lame soit bien verticale et que le guide de coupe tranverse soit bien perpendiculaire à la lame.
Il va falloir ruser car, sans scie à format, l’opération est délicate. Je sais que ce n’est pas très catholique, mais je n’avais pas vraiment le choix, et le résultat est finalement bluffant de précision.
La planche est maintenue sur le guide avec des serre-joints, ce qui évite de mettre les doigts là où il ne faut pas et permet de se concentrer sur la translation de la loooongue planche…
Montage validé : je referai sans hésiter ! Même si je pense investir dans un guide de coupe Vevor, plus fiable que le Dewalt (où j’ai rattrapé le jeu avec du scotch alu, mais il en reste encore un peu).
1 conseil : avoir coupé les planches un peu plus longues que nécessaire.
Commencer par couper le mi-bois (même montage que ci-dessous, mais planche en appui verticalement sur le guide transverse), mettre à longueur après avoir marqué au crayon lors du premier montage à blanc.
Et voilà, on se retrouve avec quelque chose qui ressemble bien à un cadre de lit :
J'ai la grande chance de pouvoir emprunter une Domino Festool... Ca simplifie pas mal l'assemblage de certaines pièces, même si on peut utiliser le GMA de S. Mamias (mais perso, je me suis quand même demandée comment j'aurais fait sur les chants en bout de planche, du fait de leur longueur).
Les opérations suivantes seront :
- Coupe à longueur des longerons et de la traverse après tracé sur lit assemblé
- Préparation de mortaises à la Domino pour le collage des rebords extérieurs
- Préparation de mortaises à la Domino pour le collage des supports de sommier
- Chanfreins à la défonceuse (+ finition au ciseau dans les recoins) sur pieds et longerons / traverse
J’en profite pour vous mettre une photo d’une astuce que j’ai vu passer sur les réseaux pour rectifier les chants avec une défonceuse sous table et qui va bien me servir pour finir la tête de lit.
La face d’entrée est usinée à environ 0.5 mm à l’intérieur de la face de sortie.
Il faut juste prendre le temps de bien mettre la face de sortie à fleur de la fraise avec une règle.
Très facile et très rapide à mettre en œuvre ! Voilà un outil qui va me servir souvent, n’ayant pas encore de rabot dégau…
A bientôt pour la tête de lit!
Fabrication de la tête de lit
La structure de la tête de lit sera assemblée par Domino. La préparation des différentes pièces est simple (il ne faut juste pas se tromper dans les dimensions. Par mesure de sûreté je prends un peu de gras -environ 5 mm - sur la hauteur des 2 montants et de la pièce du milieu.
En effet, j’ai emprunté la Domino pour un temps limité et je dois donc, pour préparer mes faux tenons, faire toutes ces découpes avant d’attaquer les 2 parties usinées de part et d’autre de la tête de lit.
Une coupe d’angle est réalisée sur chacun des 2 montants verticaux. Et le haut de la tête de lit a droit à une coupe arrondie qui m’a valu quelques réflexions nocturnes. Par chance, mon mari avait décidé de remplacer les voiles du bateau et les lattes trainaient dans la véranda, ce qui m’a donné l’idée d’obtenir l’arrondi avec une latte, de reporter le tracé sur un papier sur la moitié, puis de faire une découpe grossière à la scie sauteuse dans du MDF avant d’affiner.
Ensuite, même « punition » sur le haut de la tête de lit : tracé à l’aide du gabarit MDF, découpe grossière à la scie sauteuse, puis finition à la défonceuse avec une fraise à copier en utilisant le gabarit.
A ce stade, on arrive au moment où il ne faut pas se foirer : la réalisation, puis l’usinage des 2 plaques latérales en chêne.
Là encore, après quelques nuits perturbées, j’ai décidé de passer beaucoup de temps sur un gabarit en MDF afin de simplifier, de fiabiliser mais aussi d’assurer la répétabilité des découpes sur les 2 plaques.
Pour les 2 plaques, je suis partie d’un avivé en épaisseur 34 que j’ai divisé en 2 dans le sens de l’épaisseur. J’ai ensuite évidemment raboté, puis assemblé par collage chant sur chant.
A l’aide de la défonceuse et d’un guide, j’ai usiné les languettes.
Il a juste fallu ruser, en préparant les plaques, pour combiner orientation des fibres du bois et optimisation des défauts (nœuds) pour les faire tomber dans des trous du motif. Ce ne sera pas parfait, mais ça reste du bois, et ses défauts font aussi sa beauté.
Pour l’usinage du gabarit en MDF, j’ai tracé à l’échelle 1 sur papier le motif que je souhaitais (ça m’a pris un bon 3 heures, quand même…), puis je l’ai scotché sur le MDF et j’ai découpé soigneusement au cutter les parties à évider avant de tracer au crayon directement sur le MDF. J’aurais pu aussi coller la feuille et usiner directement, mais un premier test infructueux avec la perceuse et la scie sauteuse m’a obligée à tout recommencer, et je voulais assurer le gabarit papier en cas de nouvelle boulette…
Ensuite, il a de nouveau fallu beaucoup de patience pour l’usinage : positionnement de guides en MDF successivement sur toutes les arêtes des trous, première passe à la défonceuse avec une bague à copier de 16 et une fraise de 12, et enfin, re-positionnement des guides et finition avec une fraise à copier de 8mm (queue de 8 aussi) achetée chez Fraisertools pour mon plus grand bonheur.
2 jours et demi de boulot en quasi continu, mais le gabarit prend forme. Quelques dérapages dus à des guides mal fixés, quand même… Réparations soit avec des morceaux de MDF collés, soit à la pâte à bois pour les défauts mineurs. C’est là qu’on ne regrette pas d’avoir fait un gabarit : c’est lui qui fait les frais des erreurs…
Et voilà, c’est maintenant le moment de se lancer dans l’usinage des 2 plaques. Une étape qui sera longue et répétitive, mais dont, j’espère, le résultat me donnera pleine satisfaction.
L’usinage des plaques avec le gabarit se fait en 3 étapes:
- Utilisation d’une bague à copier de 16 et d’une fraise à rainurer de 12. Passes successives d’environ 3-4 mm par passe.
- Utilisation d’une fraise à copier de 16 pour enlever le gris de la matière.
- Finition dans les coins avec une fraise à copier de 8 mm.
Un chanfrein est ensuite fait à la défonceuse en face avant comme en face arrière. La finition est faite au ciseau + papier à poncer.
Le résultat est très satisfaisant, même si la défonceuse, sous l’effet des vibrations, s’est relevée brutalement quelques fois, rognant le chêne et le gabarit.
Réparation du gabarit à la pâte à bois et ponçage. Et pour le chêne, j’ai décalé d’un ou 2 mm le gabarit et j’ai redonné un coup de fraise: on n’y voit que du feu!
J’ai ensuite procédé aux découpes des bas des côtés de la tête de lit pour pouvoir l’emboîter dans les pieds du lit. Je l’ai fait avant le collage car cela permet de faire les ajustements dans des conditions plus simples.
Pour faire ces découpes, un peu mal placées, j’ai utilisé une astuce que j’utilise régulièrement: je règle la hauteur de ma lame (pour le coup, j’ai réglé au maximum, mais j’utilise la même méthode pour faire des rainures non débouchantes en réglant la hauteur à la pronfondeur souhaitée).
Puis je prends une équerre et je trace un trait au crayon gris sur ma table de scie afin de savoir jusqu’où la lame va couper. Ce trait doit être visible quand vous allez faire votre découpe.
De même, je trace un trait sur la pièce à couper pour voir jusqu’où je veux couper et je le reporte afin qu’il puisse coïncider avec le trait de la table de scie.
Et je coupe en m’arrêtant au trait. Il reste à finir au ciseau à bois.
Pour le collage de la tête de lit, j’ai fait un montage à blanc et j’ai soigneusement fait quelques traits au crayon pour savoir comment positionner exactement les’ pièces les unes par rapport aux autres.
Ensuite, j’ai tout assemblé, sauf le haut, en collant les dominos et mes surfaces. J’ai serré au niveau de la barre latérale du bas et du montant du milieu.
Lorsque tout ça a été sec, j’ai collé le haut de la tête de lit.
Voilà, la finition sera faite au Rubio smoke 5% pour garder l’aspect naturel du bois.
J’ai hâte de dormir dedans!
Matériaux et matériel
Pour réaliser ce lit, dont le sommier mesure 140x200, j’ai acheté du chêne chez mon fournisseur local:
5 avivés épaisseur 27 mm. Longueur 2m20, largeur environ 120 mm
1 avivé épaisseur 34 mm. Longueur 2m40, largeur 200 mmm environ
Et, pour les tasseaux qui soutiennent le sommier, j’ai pris du chêne raboté dans une GSB. Les tasseaux font environ 27 mm de côté.
Pour la réalisation du gabarit, j’ai utilisé une plaque de MDF d’épaisseur 10 mm.
Concernant le matériel utilisé pour réaliser ce lit, j’ai utilisé:
- une scie sous table Dewalt
- une défonceuse
- une fraise à rainurer diamètre 12 longue
- une fraise à copier diamètre 16
- une fraise à copier diamètre 8 (Fraisertools)
- un bague à copier de 16 mm
- des ciseaux à bois
- une Domino
- 1 servante à rouleau
- des serre-joints (dont 4 petits Piher que j’adore)
- 2 serre-joints dormants 1m80
- 2 serre-joints d’un mètre
Discussions
Ce n'est pas façon tatami, mais façon futon.
Un tatami c'est une sorte de tapis très épais pour retomber sans se faire mal au judo. En même temps, c'est le revêtement de sol traditionnel au Japon : c'est isolant et les objets ne cassent pas en tombant.
Le futon, c'est un lit comme ton cadre, des lattes par dessus et surtout un matelas particulier, assez dur, rempli de copeaux ou de paille, peut-être de noyaux.
Je connais très bien tout ça. J’ai appelé ça de la manière dont la plupart des gens l’appellent sur Pinterest, c’est tout.
futon fûté ...
(il y a l'alternative avec les pieds en pierres de rivière naturellement ovoides, mais il faut avoir le matos pour leur tailler les encoches et fond plat
beau cadre
Je trouve que le projet est très réussi, bravo

Quelques questions : Où avez-vous trouvé votre bois et comment l'avez-vous dégauchi ?
Encore bravo et bon courage pour la suite
Merci, c’est très apprécié.
J’ai acheté de l’avivé chez un fournisseur de bois près de chez moi (près de Brest). J’ai choisi mes planches sur places et je les ai fait « raboter 4 faces » par le fournisseur. Puis j’ai quand même dû raboter chez un ami car il restait des défauts. Pour les panneaux de la tête de lit, je suis partie d’un avivé plus épais (34) que j’ai directement recoupé à la scie sous table. Pour deligner, j’utilise un bout de melamine parfaitement droit ou presque et je place mon bois dessus avec du scotch double face. Je guide le melamine sur le guide parallèle de la scie et ça sort plutôt pas mal.
Donnez-moi un retour si vous vous lancez, et n’hésitez pas si vous avez des questions
Très chouette, bravo