Au printemps 2020, nos voisins dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce de Montréal doivent faire abattre un érable et les émondeurs demandent 550 $ pour retirer l'arbre. Je fais déjà des planches et des madriers de frêne avec un "Alaskan Sawmill" (guide de scie à chaîne pour faire des coupes dans le sens du bois) alors je leur dit que je vais m'en charger.
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Printemps 2020 - L'abattage
Le 12 mai 2020, premiers contacts avec nos voisins avec distanciation bien entendu. Après la coupe de l'érable par les émondeurs, on transfère les plus petites pièces chez nous. Elles serviront comme bois d'oeuvre ou bois de chauffage. Les pièces trop lourdes seront débitées chez les voisins ultérieurement.
Été 2020 - Le débitage
Chez le voisin, avec une scie munie d'un guide de chaîne de 60 cm et une lame conçue pour faire des coupes dans le sens du grain, on sépare le tronc en quatre parties et on déplace ces morceaux chez nous avec un diable et des sangles.
L'idée est de tout débiter à Montréal, et d'amener les planches à Potton (200 km au sud-est de Montréal) pour y faire les meubles là-bas. On transportera le tout sur le toit de la voiture.
Ensuite, on fait les planches avec le guide de coupe qui se fixe au guide de chaîne. La première coupe requiert un second guide qui soit aussi long que la pièce que vous voulez débiter. Prévoyez deux chaînes pour pouvoir continuer une fois que la chaîne aura perdu son tranchant. Si la scie ne veut plus avancer, plusieurs explications sont possibles :
- La lame doit être affûtée
- Le guide de lame est tordu par le guide de coupe.
Si vous insistez trop, vous pourrez voir:
- la température monter,
- la chaîne s'étirer,
- le sillon du guide de chaîne s'ouvrir et s'abîmer.
Pour un tel projet, prévoyez d'acheter une affûteuse 12v. Si vous avez déjà une dremel, achetez simplement les pierres à affuter cylindriques de la bonne dimension.
J'ai confectionné un système pour simplifier la coupe avec des crics de voiture et des barres d'acier de section carrée. C'est un échec car les barres ne sont pas assez rigides et les planches ont donc des épaisseurs qui varient le long de la coupe.
Soyez prudents quand l'écorce devient plus épaisse, que vous voyez une étincelle, ou que le bois semble grisonnant ou malade. Vous trouverez peut-être des crochets qui ont servi à des cordes à linge et des balançoires depuis longtemps disparues et englouties par l'arbre. Ils abîment la lame et obligent à ré-aiguiser ou a changer de lame.
Prévoyez des pourparlers avec les voisins pour les avertir que vous allez faire du bruit. Les voisins immédiats ont accepté sans problème, mais un voisin plus lointain m'a filmé, m'a demandé si j'avais un permis, est venu mesurer le niveau de bruit et a failli porter plainte, ce qui aurait requis que je déplace le tout ailleurs.
Automne 2020, hiver 2021 - L'équarrissage et les premiers blocs
Unt fois transporté à la campagne, en plusieurs voyages, le bois est équarri au banc de scie et raboté avec une raboteuse de 30 cm. Prévoit un guide latéral et une petite table pour reçevoir la sortie des planches.
Les morceaux les plus complexes pour leur veinage, se situant au coeur de l'arbre, sont sélectionnés pour faire le bloc principal des deux bibliothèques. Les côtés sont insérés dans des montants de frêne.
Rien ne sera collé, parce qu'il faut penser au poids et au volume. Les meubles doivent aller à Bury (100 km encore plus à l'est), chez le fils et sa conjointe. On utilise des petits gougeons et des vis.
Les blocs sont faits trop tôt, le bois n'a pas fini de sécher. Ils vont donc craquer et se déformer. Je devrai combler les craques avec de l'époxy.
Printemps et été 2021 - Les bibliothèques
Une fois les blocs terminés, on passe aux montants. On décide en cours de route de les passer à la toupie pour avoir un contraste de style. Pour ce faire, on fabrique une table de toupie. On a prévu une pente de 8 degrés pour que les meubles puissent avoir deux pattes seulement (ils seront posés au-dessus de calorifères à eau et on ne doit pas les obstruer). On pratique des entailles à la toupie sur les montants, et on fixe temporairement avec des gougeons pour les essais.
Les montants ne sont pas faits d'une seule pièce, on utilise deux gougeons pour raccorder les deux morceaux qui se recoupent à 45 degrés. Il faut utiliser un système complexe de serres-joints. Il faut s'y reprendre à plusieurs reprises pour faire les trous aux bons endroits et dans le bon angle. Si c'était à refaire, on tenterait les entures en sifflet ou autres solutions similaires.
Ensuite c'est le tour des tablettes. On fait d'autres entailles à la toupie dans les montants, et on y glisse les tablettes, qu'on aura prévu plus larges pour avoir un nez qui fasse également office de butée. La tablette du haut sert de point d'appui au mur et les montants y sont vissés. Le tout est poncé, d'abord au papier moyen 100, puis fin 220.
Une fois les bibliothèques assemblées, On huile le tout (2 couches), on remplace les gougeons temporaires par des plus gros (1/2 pouce, soit environ 13mm), on fixe les montants aux blocs avec une vis cachée, on ajoute un petit dosseret.
Le dosseret et les morceaux qui recouvrent les montants sur les côtés utilisent des gougeons. Ceux-ci sont collés d'un côté seulement, aussi on peut enlever les morceaux pour démontage et transport.
Pour la finition, on utilise un mélange d'huile de lin et de térébenthine pour tout sauf pour les montants, où on utilise de l'huile d'abrasin et de la térébenthine pour que le bois reste plus clair. A faire à l'extérieur, de préférence avec un masque.
Licence
Discussions
Très chouette de voir la réalisation de la coupe de l'arbre à la finition !
Merci du commentaire.
Quelle expérience ! Riche du début à la fin j'imagine
En effet. Je n'aurais pas pu imaginer le résultat final, ou si peu, ni le nombre d'heures passées.
C’est super! Bravo, et merci du partage