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mokozore

Et pourtant, il tourne... récit de cinq jours de stage de tournage

Et pourtant, il tourne... récit de cinq jours de stage de tournage
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Je reviens d'un stage de 5 jours chez Claude Bondet à Dortan, dans le Haut-Bugey, à un pouillème du département du Jura.

Avant ce stage, j'avais lu des bouquins, regarder des vidéos, fait des essais avec mon tour... c'était bof. J'étais abonné à "Tournage sur bois", mais comme j'arrivais à rien, je l'avais arrêté, et mon tour ne servait pas... mes outils étaient mal affûtés... bref c'était la loose...

Et puis je me suis tiens, partons en vacances dans le Jura, j'en profiterais pour faire un stage... Je demande ici même conseil pour un stage... Le livre d'or du site internet du formateur parle de lui même... en le lisant, on se dit que c'est peut être un peu exagéré... mais pas du tout, vous allez voir dans la suite.

Et donc, nous voilà parti...

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Jour 1 - Présentation, dégrossissage et planage...

Arrivée le jour J... deux stagiaires (dont une éminente tourneuse/marqueteuse Parisienne :-) , mais également le boss de l'ingénieur qualité... et sécurité et/ou spécialiste en accident sordide :-) ) étaient hébergés sur place, et donc déjà présents et souriant à mon arrivée. Le quatrième stagiaire (un technicien lumière de haut vol, avec une formation de cordistes, ça se tient), est arrivé comme moi le matin, armé de son camion aménagé autonome!

Dieu Le formateur, Claude Bondet, nous accueille et nous compte l'histoire du tournage dans la région, puis nous montre nos outils de travail, des tours Jurassien, et nous informe, avec ironie, que dans le Jura, on travaille "à la sauvage, mais à la sauvage précis".

Quelques images de ce bel atelier seront certainement mieux qu'un long discours.

Juste un petit point de détail sur les tours Jurassien. Ce sont de vieux tours réhabilités par Claude, les tours que nous utilisions avaient entre 50 et 100 ans. Et ils fonctionnaient très bien. Tous étaient débrayables, et bizaremment on y prend gout... on usine un peu, on débraye un peu pour regarder où on en est, et ça repart.

Il est particulier aussi de taper pour mettre en place les pièces que ce soit dans l'Emprunt (on trouve aussi ça sous l'appellation "Godet") ou bien sur la griffe pour le tournage entre-pointe.

En tout cas, ils sont vraiment très costaud. Le fait qu'ils soient sur établi, ou du moins intégré dans l'établi fait qu'il y a des petits trucs bien pratiques, notamment une barre d'appui pour le creusage.

Bon du coup, on attaque. Tout le monde a droit à son carrelet. Claude nous montre comment dégrossir.
Principe de base: faire talonner l'outil, redresser le manche jusqu'à prendre du copeau, tourner légèrement la gouge pour prendre le copeau un poil sous l'axe de la gouge, et c'est parti. Le boss fait des prises de passe Jurassienne... mais nous les êtres humains normaux, on y va doucement. Mais rien que ça, c'est déjà satisfaisant vu là où j'en étais... ce qui est drôle c'est qu'en 5 minutes, j'ai compris ce que j'avais lu dans les bouquins, pourquoi, comment...

Bref, on dégrossie. Et puis après le prof nous dit: bah maintenant, on est pas top en état de finition... donc on va planer. La plane, c'est le "rabot du tourneur"... bref, mais la plane, ça plante, non? La peur nous envahie... mais non faut pas. Là encore, bon placement de l'outil sur le porte outil, talonnage, et placement du copeau un poil en dessous du centre du tranchant de la plane... En bonus, on commence à planer pas depuis le bord, mais un peu après le bord... Bref, et donc, et bah on plane... pas super confiant au début, mais Claude nous guide bien, et ça y est, on fait un rouleau!!!!! Note: du coup, je viens de regarder une paire de vidéo de tournage (avec plein plein de vue sur youtube... et bah, je vois plein de chose que le prof il a dit que c'était pas bien :-)... genre je me la joue bon élève... bref)

Du coup, après ça, on attaque les formes, avec la gouge à profiler. On commence par les chanfrein. ça donne ça:

Bon, le chanfrein, c'est clairement le plus facile. La gouge orientée correctement, on talonne, on met le copeau un poil sous l'axe, et on fait monter le manche. On peut de petites passes progressives, et ça roule. Et voilà pour une journée bien remplie... vous me direz, tout ça pour ça... oui fin bon, vu ce que je faisais avant avec mon tour, c'est un petit pas pour le tournage, mais un grand pas pour moi-même...

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Jour 2 - Tore, Ogive, Gorge... et toupies

Pour le jour 2, on continue les formes, les ogives, les tores puis les gorges. On fait ça dans des carrelets de hêtre, qui s'avèrent être un peu retord... du coup, Claude nous en refait en charme, qui vont bien.

Au passage, on voit les anneaux captifs... ça impressionne, mais c'est pas si difficile avec le bon outil. Faut quand même un peu de maîtrise (donc de l'aide de Claude) pour bien tenir le petit crochet et grappiller de la matière de chaque coté de l'anneau pour finalement le libérer.

J'oubliais, avant de faire gorge, tore, ogives, on met qqs coups de bédane pour faire des rainures

C'est aussi l'occasion de voir l'affutage des outils... ça aussi, ça me faisait un peu peur, et puis ça posait la question de Tormek or not... et en fait... avec ses meules montées sur le tour, plus un support pour appuyer le bas du manche, ça se passe bien.

On démorfile à la pierre d'arkansas, très dure et non abrasive, une fois qu'on a pris le coup, c'est facile, et du coup, c'est vraiment bien d'avoir une démo, des essais...

Du coup, je suis un peu embêté, parce que j'ai un touret d'affutage triton, je pensais acheter des accessoires tormek pour gouge... mais là, bah je sais plus... mais bon, c'est pas un vrai problème...

Et ensuite, il est temps de mettre tout ça en application, en fabricant des toupies. Claude nous fait une démo, et puis c'est à nous, chacun sa toupie. Y'en a qui tourne, et d'autres moins bien. Bien sur on fait ça avec la pièce de bois prise dans un emprunt/godet. Le décrochage des toupies est pas évident, mais on finit par prendre le coup. Une reprise dans le mandrin pour refaire la pointe est parfois nécessaire. C'était l'occasion de s'amuser.

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Jour 3 - Fin des toupies, et des formes... début du creusage, pour faire une boite

Tout est dans le titre. Jour 3, on attaque le creusage au crochet jurassien, dans le but de faire une boite avec couvercle emboité. Claude prépare les pièces pour pouvoir les mettre dans l'emprunt.

Le creusage au crochet jurassien, c'est super efficace, mais pas évident pour les noobs que nous sommes. Claude nous fait la démo complète de la fabrication de la boite. Pour la démo du creusage, vlà une démo:

Claude nous a parlé de qqs autres solutions pour le creusage. Clairement, c'est pas un truc évident, et il y a plusieurs "religions". Les racleurs, et les tourneurs... bref... Il est pas fan des anneaux, mais a suggéré que le crochet martel pouvait être intéressant (il devait tester pour se faire une idée). Il avait aussi un outil made in china, avec une plaquette, qui n'était pas trop mal. Mais il a insisté sur l'efficacité du crochet. Les prises de passes sont monstrueuses...

Comme c'est un peu délicat, on ne fait pas tous en même temps la boite. Donc, pendant que certains attaquent la boite, les autres révisent. C'est l'occasion pour moi de faire un rouleau à pâtisserie de massage... j'ai essayé de faire les deux cotés symétriques... pas évident.

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Jour 4/5 - Ma boite, et démo de creusage en bois de travers, pour faire une assiette.

Du coup, non sans appréhension, il est temps de faire ma boite. Je l'ai pas dit, mais on commence par creuser le couvercle, et à ébaucher sa forme extérieure, pour ensuite le détacher, pour le remboiter un peu en force dans la boite légèrement creusée. Cela permet de finir le couvercle (y compris avec un léger ponçage et un coup de cire de carnauba). Toujours avec le couvercle accroché, on fait l'extérieur de la boite et sa finition. Puis on passe au creusage final de la boite, et l'adaptation parfaite du couvercle. Parfaite ça veut dire avec un poil de jeu, qui va se combler avec la rétraction du bois de la boite... bref, ça donne ça pour moi:

J'ai mis qqs fioritures, genre un anneau captif. Suite à un ripage de gouge, j'ai du revoir à la baisse le diamètre de la boule que je voulais faire en haut du couvercle... bref on apprend...

Les traits noirs, c'est fait au fil en métal qu'on appuie fort et qui chauffe en finissant par légèrement brûler le bois

Et mine de rien, on s'approche de la fin. Claude nous fait la démo de fabrication d'un assiette, dans une planche (donc bois de travers, et non plus de fil, comme jusqu'à présent). Comme le but c'est toujours de talonner, coucher la fibre... Après avoir fixer l'octogone avec une queue de cochon, on fait le dégrossissage de la face externe de l'assiette (le fond quoi...). En tirant la gouge à dégrossir, sans talonner, mais en visant quand même le même point que d'habitude pour former le copeau. On fait des passes du centre vers l'extérieur, mais en commençant au bord... donc on fait un fond un peu conique, donc on couche bien les fibres, donc pas de risque.

On passe ensuite au dégrossissage du bord extérieur, on commence l'arrondir à la grosse gouge, et on pousse le copeaux, en talonnant, vers le mandrin. Les bords de l'octogone "tapent" pas mal, mais ça finit pas le faire. On finit à la gouge à profiler pour un bord bien propre. L'avantage de faire ça, c'est qu'on est pas dans le champ de tir de la pièce en cas de décrochage (maintenant quand je vois des vidéos où ils dressent les bords en étant de face, mon poil s'hérisse... voilà Claude, tu m'as contaminé :-)

Alors là, clairement, bah en vrai, on fait pas le malin... je suis pas du tout tendu sur la photo hein... pfff. Le photographe ne m'a pas prévenu, donc bah c'est ma pose naturelle... Mais à la fin on est content quand même!

Hum tiens, là encore, c'était des trucs techniques un peu tendu, donc on a pas tous fait ça en même temps. Certains ont l'assiette le jour 4, pendant que les autres attaquaient leur "projet"... et moi bah, j'ai pas mal observé ce que faisait les autres (même pas peur...)

Notez aussi qu'on fait l'empreinte pour le mandrin, pour pouvoir reprendre l'assiette de l'autre coté.

Et donc, on en revient au dégrossissage, début du creusage à la grosse gouge, puis passage à la gouge à creuser, avec un affûtage un peu particulier, un biseau assez fin, et en dessous une forme bien arrondi pour pouvoir talonner sur le petit biseau, mais également pouvoir tourner pour faire le creusage.

Au creusage, parfois, ça fait des blaguounettes... l'assiette peut devenir un abat jour... exemple de Vincent ci-dessous. La boulette a été rattrapée et le trou bouché avec un ajustage au poil par Claude, et pas du tout de ponçage :-)

Ensuite (avant en fait), j'ai pu faire mon petit projet... un verre à bière... en alisier. C'est comme la boite, mais sans couvercle, et un peu plus profond. J'ai pu faire du crochet tout seul comme un grand... mais pas le fond, parce que profond, donc vibration... bref, Dieu, à l'aide... et Claude sauva le verre à bière...

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Epilogue

Bon, c'est fou ce qu'on arrive à faire en cinq jours. C'était vraiment très agréable, avec beaucoup de démo de Claude, qui sait insister et montrer les points importants, pour ensuite nous faire expérimenter nous même... Voilà le genre de démo qu'on a eu:Une toupie, un coquetier

Et à la fin, mine de rien, on a tous fait des réalisations différentes, on a tous été très bien accompagnés pour débuter le tournage. ça fait vraiment voir le tournage autrement!

Retour à la maison... je regarde mon tour... oulah, mais il est tout petit... comment ça, la taille de mes assiettes va être limité à 18cm de diamètre... oulah la contre pointe est coincé dans le cône morse.... Le manche de mes gouges est trop long (bah oui, en talonnant, pas besoin d'un manche de boeuf...).

Bref, mon tour d'établi ira bien. Faut que je lui fasse un vrai support, avec de quoi ranger les outils dedans, avec une barre d'appui pour le crochet... Je vais acheter une plane maintenant que je n'en ai plus peur, plus une paire d'autres choses...

Le tournage sur bois, c'est cool. Merci Claude! et merci avec mes comparses de stage Dominique, Clément et Vincent (inscrivez vous donc sur l'Air du bois)

N'hésitez pas à aller faire un stage chez lui... s'il reste de la place :-)

leboistourne.fr/

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Discussions

mokozore  a publié le pas à pas "Et pourtant, il tourne... récit de cinq jours de stage de tournage".
il y a 3 ans
SylvainB

Super récit !
Merci du partage. Ça donne envie.
A +

cocoM
( Modifié )

y'a plus qu'à.

C'est chouette que vous ayez travaillé au gobelet (ou godet, ou emprunt, ou ...), je trouve cet accessoire malheureusement négligé alors qu'il offre des caractéristiques hyper intéressantes : pour faire de la petite pièce type échiquier, je préfère un gobelet qui va faire 1cm de diamètre de plus que ma pièce et tout lisse qu'un mandrin de 10cm de diamètre avec des petits coins métalliques qui sortent dans tous les sens.

Et ça donne envie d'essayer le crochet jurassien.

mokozore

Le crochet c'est une machine de guerre! Mais le reste c'est bien aussi, surtout pour les boulets débutants comme j'étais... je le suis un peu moins maintenant. Du coup, ce matin, j'ai nettoyé mon tour et fait une paire de toupie... ça va, le mandrin oneway a tenu :-)

arnaud72

ça donne clairement envie !! 🤩

trente six seb

On s'y croirait et ça donne envie d'y aller.
C'est tellement agréable le tournage, on voit pas le temps passer.
Mais passer à un autre niveau doit être très gratifiant.
Et au moins on est sûr de pratiquer en sécurité.

Gepettina
( Modifié )

Merci pour "l'éminente tourneuse/marqueteuse:-)(Pour ceux qui m'identifieraient ,il n'en est évidemment rien...) Je confirme tout ce qui est dit, y compris le recours confidentiel à "vol de mort"*, la chose abrasive que Claude ne nomme pas. Maintenant, il faut se calmer, hein? Il ne faudrait quand même pas qu'il n'y ait plus de place pour nous!

  • dixit Claude
mokozore

Bienvenue sur l'Air du Bois, il te reste plus qu'à y mettre un bout de ton instamoimême, avec tes meubles et autres créations!

Gepettina

J'ai au moins regardé tes oeuvres. Bravo!

Artanux

Ça donne vraiment envie! J'ai déjà regardé pour faire une initiation tournage pas loin de chez moi. Ça viendra. :-)

sylvain2
( Modifié )

Je sort d un stage de 3 jours chez Claude...je ne regrette pas le déplacement(depuis la Normandie)
Claude est un vrai passionné, de l histoire du tournage dans le Jura au geste précis qu impose le talonnage, Claude vous fournit les bases du tournages en toute simplicité mais aussi avec conviction. Cette même conviction qui a fait de lui ce qu il est aujourd'hui, un professionnel aguerri qui n hésite pas à transmettre ses connaissances.
Merci Claude.

mokozore

Eh eh bienvenu au club alors ;-)

3 jours, ça doit passer vite.

Marc Janod

merci pour ce pas à pas détaillé.
je sors de 4 jours de stage et suis enchanté !
comme dit, le tournage sur bois ne peut pas s"acquérir en 5 jours mais ça permet vraiment de faire de belles choses et de gagner en confiance.

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