Pergola avec enture droite crantée abouts en coupe et clefs.

Bonjour à toutes et à tous,

Je vous partage la réalisation de cette modeste Pergola, ancrée depuis un an dans un coin du Tarn (81).

LE PROJET :

Réaliser une Pergola adossée à un atelier de sculpture d'une dimension de 6 m de longueur par 3 de largeur pour ombrager la terrasse et l'atelier des propriétaires.

Elle doit être :
En Douglas de provenance locale, non traité (car naturellement résistante Cl.3).
Assemblée par tenons et mortaises chevillées.
De finition naturelle.
Les chevrons devront être au même niveau et dans le même alignement que le demi pignon du mur maçonné côté droit.
Constituée de 3 poteaux de sections conséquentes réglables indépendamment.
Adossé au mur avec une fine panne muralière (pour l’esthétique) et limiter le volume de bois.
Ancrés solidement dans la poutre porteuse de la terrasse (elle même posée sur plots béton).

SA CONSTITUTION :

Elle se compose de :
2 pannes muralière coupées en sifflet.
3 poteaux en 15/15cm de section pour porter l'ensemble.
2 pannes de 15/15cm assemblées en enture droite crantée avec abouts en coupe et clefs.
13 chevrons de 5/10cm de section.
4 jambes de forces en 10/10cm de section viennent maintenir l'ensemble stable.

LES CONTRAINTES :

On en vient au cœur du sujet!
Pas de possibilité de traçage dépure sur place. (pas de support exploitable et faible espace)
Seul un accès permet le passage de petites longueurs de bois, la porte d'entrée! Adieu les poutres de 6m. (d’où mon choix pour deux longueur de 3m assemblées avec une enture)
Tous les chevrons (entre 4 à 5m) devront passer par le toit de l'atelier car ils seront taillés directement en place.

LES BONNES NOUVELLES :

Derrière l'atelier se trouve un petit garage (sans accès direct), avec électricité . Il pourra servir de lieux de stockage à l'ombre et de travail pour la taille.
Par contre, on est en plein été, sous les tuiles bien chaude... Autant vous dire que mon corps va se déshydrater à la même vitesse que le bois préalablement stocké. Ce ne sont pas des conditions de stockage optimale, mais quant on est sur chantier...

LA REALISATION :

La base! Fraîchement arrivée de scierie locale et provenant de la belle montagne noire à seulement quelques kms, le tout raboté 4 faces.

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Début de la taille avec les deux muralières, le haut est coupé en biseau pour laisser l'eau s'écouler. Elle sont percées à intervalle régulière pour recevoir des gros tire fond, les têtes seront noyées dans l'ensemble et la jonction des deux longueurs sera en sifflet.

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Taille de l'enture droite crantée avec abouts en coupe et clefs, on aperçoit la mortaise en appui sur le tenon du poteau central.
Je n'ai malheureusement pas de photos des tracés, ni de l’ajustement des faces en vue de l'assemblage final. ( Cela pourrait faire l'objet d'un « pas à pas » pour les auto constructeurs, amateur ou simple curieux).

Cette enture supporte les contraintes de traction et de compression longitudinale et est immobilisée contre son ouverture. La liaison peut être resserrée par l'intermédiaire des clefs après un éventuel retrait du bois. L'enture présente toutefois l'inconvénient de ne pouvoir être mise en place que par le côté, dés lors que sa fabrication est suffisamment précise.

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C'est l'heure de la mise en longueur avec une coupe de propreté (coupe d’équerre) et de la taille des mortaises qui accueilleront les tenons de nos poteaux.
Ne possédant pas de mortaiseuse, c'est à la main quelles seront taillées !
A cette étape, un bon affûtage est un précieux allié, même avec des outils neuf...

L'axe de la mortaise est tracé et la mouche de la mèche hélicoïdale pointée sur celui ci en prenant soin d'être légèrement en retrait de l'about de la mortaise pour pouvoir la tailler proprement. Un scotch ou trait sur la mèche renseigne de la profondeur à atteindre. On évide à l'ébauchoir et on nettoie les joues avec un ciseau à bois assez large.

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Au tour des tenons des poteaux.

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Ne pouvant trouver les tracés des mortaises et tenons de mes jambes de forces grâce à une épure, j'assemble à blanc mes éléments sur un plan de niveau en veillant tout particulièrement au bon alignement des pannes et l'équerrage de mes trois poteaux.
Il ne reste plus qu'à disposer les futures jambes de forces (avec un angle de 45°) et de trouver mes tracés grâce à leurs arases.

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Nos tracés effectués (une grenouille de charpentier et une équerre alpha peuvent être utilisées pour un traçage rapide des tenons) les mortaises des tenons obliques sont taillées à la main et les poteaux reçoivent un chanfrein arrêté pour l’esthétique.

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Les tenons sont taillés en six coups de scie circulaire. Si l'on dispose de deux scies circulaires, la grosse taille : le fond de tenon, les joues et dés-about de 1cm pour sa solidité, tandis que la petite s'occupe de la coupe propre de l'arase, on évite ainsi de toucher aux réglages et de perdre du temps.

(Il faut bien soigner l'about de la mortaise et celui du tenon, car se sont ces petites surfaces qui reprendront les charges des pannes.)

Pas présent sur les photos, il à était également pratiqué un épaulement à l'arrière du tenon, côté gorge de la mortaise pour une meilleure esthétique à l'assemblage et des chanfrein sur les arrêtes des tenons.

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Pour schématiser l'ensemble et rendre accessible au novices et curieux :

• Les deux faces rouges sont les abouts à soigner particulièrement, la bande orange le dés-about (1cm)

• l'épaulement en violet.

• Le fond de tenon en bleu, les deux joues (dessus, dessous) en jaune et les deux arases en vert.

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S'ensuit une taille biaise pour favoriser l'écoulement de l'eau sur la partie haute des pannes et le ponçage de l'ensemble.

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Le dénouement est proche! Derniers ajustements avant le levage, contrôle de l’équerrage, perçage et chevillage.

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Place au levage, il est temps de donner un peut de hauteur à la réalisation !
A ce moment là, l'appareil photo est resté muet pour ne pas voir plusieurs heures de travail tomber à terre.
Nous étions deux pour lever l'ensemble. La partie précédente avec les deux poteaux a d'abord été levée puis contreventée. Jusque là tout va bien, on n'est pas n'ont plus sur un ouvrage d'une complexité et une envergure folle.
Le levage de la deuxième panne avec son poteau est un peu plus minutieux, les trois poteaux doivent être au même niveau pour assembler et ajuster correctement l'enture.
Il est important de régler préalablement la hauteur de chaque pieds de poteaux pour éviter des complications rapides. Ce type de pieds n'est réglable que quand il peut tourner librement, ce qui n'est plus le cas une fois les pannes et poteaux en l'air, si tel est le cas, un cric ou une bonne paire de bras devrait pouvoir lever l'ensemble et régler la hauteur des pieds.

Après un contreventement sécuritaire de l'ensemble, on fixe solidement les bases on vérifie l'aplomb et l'alignement de l'ensemble et on vient fixer un chevron aux extrémités et un au centre.
A ce moment, avec un bon 30° en terrasse, on peut se permettre un petit rafraîchissement : )

La suite est simple, nos chevrons garnissent les pannes et sont coupés à l'aplomb d'un cordeau tendu aux deux extrémités de la Pergola pour garantir un bon alignement. Une dernière coupe à 45° vient casser le bout des chevrons.

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Ce fut un bon exemple pour pratiquer une nouvelle enture sans avoir de grande complexité sur cette petite Pergolas, cela reste toujours agréable de tailler ce bois.

Beau copeaux à vous,

Nicolas