Restauration d’un Secrétaire de Dame Napoléon III

Restauration d’un Secrétaire de Dame Napoléon III

Le secrétaire de dame Napoléon III que j’ai entrepris de restaurer était un meuble d’une grande élégance, mais victime des ravages du temps et de multiples interventions successives. Son vernis était devenu terne, de nombreuses parties étaient endommagées, et le « théâtre » (partie intérieure du secrétaire) ne tenait plus correctement. De plus, le marbre était cassé et le bâti commençait à se fendre, ce qui affectait le placage recouvrant la structure.

Réparation du bâti

La priorité était de consolider le bâti afin d’empêcher toute dégradation supplémentaire. Pour ce faire, j’ai utilisé des plaquettes en peuplier, la même essence que le bâti d’origine. Ces plaquettes, d’une épaisseur correspondant à deux tiers du bâti, ont été collées dans le sens du fil du bois. Cette technique permet d’agir comme des « fusibles », prévenant toute extension des fentes préexistantes. Cette réparation, bien que semi-permanente, garantit une très bonne stabilité et a permis de resserrer la fente au moment du collage.

Reprise des placages et des cloches

Une fois la structure consolidée, il a fallu traiter les cloches et les parties manquantes du placage, principalement situées sur l’abattant et son galbe. Deux méthodes sont couramment utilisées pour ce type d’intervention :

• L’utilisation de cales molles, qui épousent parfaitement les formes du meuble.
• L’application d’une poche à vide, qui permet un pressage uniforme et efficace.

J’ai opté pour la poche à vide avec une technique optimisée impliquant :

1. L’application d’une colle diluée sur les surfaces décollées.
2. La mise sous vide de la poche.
3. L’injection de colle aux endroits nécessaires à l’aide d’une seringue, en bouchant ensuite les trous avec du scotch.
4. L’utilisation d’un chauffe-gant réglé à 50°C pendant 30 minutes.
5. La pose d’un drain et une chauffe prolongée de 1h30.
6. L’arrêt du système sous vide pour récupérer un collage parfait.

La finition : l’après-restauration

La dernière étape de cette restauration était la finition, essentielle pour redonner au meuble tout son éclat d’origine. Pour raviver les couleurs des placages et obtenir un rendu brillant, j’ai opté pour la technique du poli-huilé.

Après un ponçage minutieux, allant d’un grain 240 à un grain 1200, j’ai appliqué une première couche d’huile à l’aide d’une mèche de coton. Ce mélange d’huile était composé de :

• Huile essentielle de lavande,
• Huile de lin,
• Huile essentielle d’agrumes.

Ce dosage spécifique permet d’obtenir un bon compromis entre brillance et séchage rapide, en évitant le rendu gras que peut donner l’huile de lin seule.

Une fois la première couche sèche, j’ai procédé à un léger égrainage à la laine d’acier, avant d’appliquer une seconde couche d’huile.

Pour obtenir le fini poli recherché, j’ai préparé un tampon spécial saturé d’un mélange de :

• Poudre de pierre ponce,
• Huile à polir,
• Poli-Royal.

Ce tampon a servi de pad lustrant, permettant un polissage en profondeur et révélant toute la beauté du bois. Le processus de polissage fut long et minutieux, mais le résultat final en valait la peine : le meuble a retrouvé son aspect originel, avec une brillance chaleureuse et une surface parfaitement lisse.

Conclusion

La restauration de ce secrétaire de dame Napoléon III a été un travail de longue haleine, mais chaque étape était essentielle pour lui redonner toute sa splendeur. En consolidant le bâti, en restaurant avec soin le placage et en appliquant cette finition, j’ai pu préserver ce meuble tout en respectant son histoire et son authenticité. Aujourd’hui, il est non seulement stabilisé et restauré, mais également sublimé par un travail de polissage et de finition qui met en valeur toute la richesse de ses matériaux et de sa ligne . Une restauration exigeante, mais pleinement réussie.