Lit de bébé

Bonjour,

Je vous présente ma dernière création de l’année 2021, terminée juste à temps pour la nouvelle année (et la reprise du boulot) : un lit de bébé pour ma fille, née fin octobre.

Au début, le projet était une adaptation en bois massif d’un lit combinant berceau/fauteuil à bascule et lit de bébé/jeune enfant une fois retourné. (jaellundtofta....jects-1#/rocky/)

Les contraintes de fourniture de bois, l’indisponibilité de l’atelier pendant de longs mois, les problèmes de santé et divers bâtons dans les roues par des personnes bien intentionnées ont fondamentalement fait évoluer le projet avec pour nouvel objectif une sortie rapide de l’atelier.

Le design est donc des plus simples, avec toutefois une barrière rétractable d’un côté et un matelas réglable en hauteur. Exit les angles atypiques, les courbes et la modularité !

Le lit est constitué de chêne massif de récupération chez mes parents, c’est à dire gratuit (au transport sur 600km près) et de très mauvaise qualité car ayant poussé sur sol très calcaire et stocké sous forme d'avivé dans de très mauvaises conditions.
Le pré-débit a été fait en fonction de la fiche de débit du projet initial, il a donc fallu s'adapter !
Environ 2 mois de stockage dans la chambre de bébé pour s’adapter à l’hygrométrie (le stockage d’origine étant à 80/90% d’humidité en permanence)

2 mois plus tard, donc, début des hostilités : débit, dégauchissage et collage à plat joint des ébauches de panneaux d’extrémités. La largeur de collage est limitée à 400mm dans un premier temps, pour pouvoir passer dans ma raboteuse.

Dans les week-ends qui ont suivi, rabotage des pré-panneaux de 400 (avec un sacré volume de copeaux en sortie !), Collage des pré-panneaux en pleine largeur et recoupe aux dimensions brutes de la fiche de débit. Épaisseur finale : 13mm pour 15 visé. Il reste quelques défauts, mais je n’ai pas voulu aller plus fin car le cadre enserrant les panneaux ne sont pas fermés (seulement deux montants et une traverse inférieure)

Plus ou moins en même temps, débit et corroyage des longerons, barreaux, montants et traverses. La mauvaise qualité du bois et les faibles épaisseurs disponibles (officiellement du 27, mais dont on ne peut difficilement tirer plus de 12 sur de “grandes” dimensions, sachant que la plus grande longueur de ce projet est 1m30 brut…) m’ont obligé à faire beaucoup de calepinage et de compromis sur la conception et la qualité finale.

Une des photos illustre le profil laissé par une R/D à arbre hélicoïdal : peut-être imperceptible au toucher, mais clairement présent et à éliminer avant finition !

Ensuite, profilage des barreaux à la toupie avec un fer quart de rond de rayon 4,7mm. Sans table de sortie, j’ai eu pas mal de défauts en fin de passe. Par ailleurs, j’ai dû usiner par le dessus, ce qui, malgré les presseurs, a eu quelques conséquences cosmétiques et occasionné un gros travail de reprise par raclage et ponçage.

Enfin, usinage des mortaises accueillant les barreaux, à la Domino avec une fraise de 10mm (j’ai la DF 500, c’est la dimension max). La profondeur max de plongée étant de 28mm et mes longerons hauts de 50mm, l’usinage des mortaises traversantes s’est fait des deux côtés, en utilisant les butées de répétition fournies avec la machine. Comme c’était prévisible, résultat perfectible en termes d’alignement sur ces mortaises.

Concernant les barreaux, deux difficultés rencontrées : les 0,3mm de différence de rayon dans le quart de rond se transforme en un “plat” de 0,6mm sur chaque côté des barreaux (au lieu du demi-rond attendu par la mortaise), et le profil ajusté ainsi créé ne peut pas coulisser dans des mortaises standard, encore moins désalignées. Le profil s’insère en force après ponçage dans les mortaises standard, pas de modification réalisée sur les barreaux fixes (ils ne sont même pas collés dans l’assemblage final).

Pour les barreaux mobiles, j’ai à la fois réduit la largeur des barreaux d’environ 6/10e pour créer le jeu nécessaire à un coulissement normal, et repris les mortaises à la défonceuse avec un gabarit adapté pour la réalisation de mortaises pour les aligner sur toute la profondeur. À cause d’une fraise trop longue et que je travaillais à agrandir des mortaises existantes, je suis moyennement satisfait du résultat.

Une naissance, quelques mois et opérations plus tard, voici quelques photos de la finition, en plusieurs étapes.

Le finition a été faite au racloir, rabot, cale de forme à poncer, ponceuse à bande, ponceuse excentrique (pas dans cet ordre !), après pas mal de pâte à bois pour boucher les nombreux défauts du bois présents un peu partout.

Grain max 120, pour respecter les préconisations de Rubio. En même temps, ça m’arrange : j’étais pressé de terminer ! Et le ponçage des barreaux est très pénible, surtout quand on a une tendinite au bras…

Les photos montrent un passage de Rubio soupçon de blanc (oil+2c) sur une face des panneaux d’extrémités, en protégeant les bords pour permettre à la colle de prendre. Cette face est à la fois enserrée en retrait dans une rainure, donc difficile à poncer/huiler après collage, et surtout susceptible de se rétracter au cours de la vie du meuble. Donc scotch de peintre sur une partie de la face cachée, et huilage du reste.

On voit bien la différence de teinte entre bois brut et huilé sur une photo.

Ensuite, collage des panneaux dans leurs “cadres” respectifs, ponçage et huilage des parties restantes. Entre le préparateur et la durée de vie limitée du mélange oil+2c, il vaut mieux avoir de la place et du temps devant soi pour tout traiter d’un coup. Autant dire que c’est assez incompatible avec le fait de devoir s’occuper d’un nourrisson…

Les barreaux sont assemblés aux longerons à la colle à chaud (os+nerfs), pour pouvoir remplacer des barreaux le cas échéant (un certain nombre présentent des nœuds et sont donc fragiles, mais je n’ai pas eu le choix).
15 ans que je n’avais pas utilisé cette colle ! Trois constats : ça se conserve très bien dans la durée, c’est un bonheur d’enlever les coulures éventuelles (et rien ne se perd : on peut les refondre pour les réutiliser), et c’est beaucoup plus facile (et moins dangereux !) à mettre en œuvre avec un chauffe-biberon que dans une casserole sur gazinière de camping !

L'assemblage final des longerons aux extrémités se fait par dominos collés d'un côté, chevillés de l'autre. Les chevilles sont constituées d'un bois exotique très dur, qui a fait fendre l'extrémité des longerons en chêne.

Les lattes sont "assemblées" par deux rubans de tissu, agrafés par-dessous.

Au final, ça m’aura pris beaucoup plus de temps que prévu, la naissance aura mis un sacré coup de frein au projet, mais je suis content et soulagé d’avoir terminé. Et surtout, malgré sa simplicité et toutes ses imperfections, je ressens un sentiment de fierté quand je regarde ma fille dormir dans son nouveau lit !