Bonsoir tout le monde,
On a déjà abordé la difficulté d'estimer son temps de travail afin de faire des devis cohérents, rentables et compétitifs. C'était ici :
Par contre, quand il y a plusieurs commandes, quels sont les points à avoir en tête pour arriver à gérer les différents chantiers, s'organiser au mieux et estimer des délais ?
En effet, c'est pas parce qu'un ouvrage va nécessiter 8 heures de boulot qu'il sera fait dans la journée, ni qu'un ouvrage de 60* heures sera fait en une semaine.
La meilleure réponse me semble être l'expérience... mais, ça impossible de l'avoir en commençant.
J'ai toutefois quelques pistes :
- regrouper des chantiers similaires
- alterner le travail sur massif (qui demande des poses) et sur panneaux
- profiter d'un gros chantier pour traiter des petits au fur et et à mesure des usinages
- surveiller la météo (pour la pose)
Mais je suis curieux de lire vos avis, vos trucs et astuces et les conseils que vous pouvez prodiguer au jeune padawan que je suis.
La bizatous (avec la distanciation)
Seb
- la question ne porte pas sur le volume horaire de travail quotidien ou hebdomadaire mais sur la proportion de travail que l'on peut consacrer à 1 chantier sur un temps donné.
7 réponses
C'est un point qui est compliqué, il y a toujours un imprévu qui vient gripper le planning tout beau tout propre qu'on avait prévu, et à la fin on se rend compte qu'on a étalé le chantier bien plus que ce qu'on aurait voulu :
_aléa météo : il faisait trop froid pendant une bonne partie de l'hiver pour faire des collages, j'avais bêtement calé un chantier avec du lamellé collé dans tous les sens sur cette période là, les 12h de boulot sur les lamellés collés ont été étalés sur 4 semaines...
_aléa fournisseur : sur une pose d'escalier, la rampe inox devait être livrée le vendredi, je bloque toutes les autres tâches pour faire ma pose ce jour là, quand le livreur arrive il manque les pieds de poteau... E.T. rentre maison et s'arrache les cheveux pour trouver un trou dans son emploi du temps.
_aléa machine : début de confinement, dans le doute de l'époque je mets tous mes chantiers en stand by, j'en profite pour faire de la mécanique... avec les délais de livraison des pièces, quand on a eu le droit de reprendre, j'avais toutes mes machines à poil et des roulements coincés dans un centre de distribution.
_aléa devis/SAV/client qui doutent : en plein chantier, un coup de fil pour un SAV ; pour une demande de devis super intéressant à côté duquel je ne veux pas passer ; d'un client dont le chantier est en cours et qui après avoir signé le devis se demande si finalement il ne va pas en profiter pour refaire des travaux en plus, mais du coup veut décaler la livraison, ce qui ne m'arrange pas parce qu'avec mon atelier de 50m² je ne vais pas pouvoir le stocker pendant 3 mois sauf à tout mettre en garde chez mes parent...
On peut y ajouter des imprévus spécifiques à chacun : perso je continue à faire une journée de salariat par semaine en parallèle de la micro ; mais selon les congés des collègues, la journée peut devenir 2 voir 4 jours dans la semaine.
Ma recette perso : avant de finaliser un devis, je demande toujours au client quelle est son échéance maximale. Je vérifie rapidement mon agenda et en fonction de ça je mets sur le devis la date de livraison la plus tardive possible.
Une fois le devis signé, je fais ressortir les éléments clés du chantier dont je sais qu'il vont m'obliger à faire des demi journées : collage de panneaux, placage, lamellé, finitions... pour chacun de ces actions je compte une journée de travail. Puis je regarde combien d'heures il me reste sur les autres éléments du chantier, je rajoute une marge de 20%, et je convertis ça en journées de 5h utiles. Je fais mon total, et je regarde combien de semaines de 5 jours ça me donne.
Je note sur un tableau en rouge la date butoire de démarrage du chantier pour que la date de livraison soit respectée en fonction de ce résultat, en rajoutant sur certains chantiers 2 ou 3 semaines de stabilisation pour le bois.
Je m'organise pour n'avoir qu'un "gros" chantier en cours, et sur le temps "libre" malgré le SAV les devis et l'administratif, je fais de la créations à vendre sur les marchés ou en boutique (tournage d'art, boites...) des projets perso, ou des petits chantiers (recoller un pied de table, refaire une finition, une paire de trétaux...).
Le fait de compter des journées (5h) et des semaines (25h) bien en deçà de ce que je peux réellement faire (jusqu'à 60h utiles d'atelier en été) me donne une marge supplémentaire qui me permet de jouer sur mon rythme de travail pour encaisser les imprévus ; me libérer du temps perso pour un WE prolongé ; caler un petit chantier sympa en dernière minute... Par contre j'ai fais le choix de refuser pour des raisons de délai des gros chantiers dès ma première année ou d'imposer des délais de plus de 8 mois, alors même qu'ils auraient été humainement réalisables plus vite. Je sais que c'est un risque à prendre, mais je l'accepte car en contrepartie j'arrive à avoir une grande flexibilité dans mon emploi du temps. Et au final la plupart des clients me disent préférer qu'on annonce un délais de 8 mois et être livrés 2 mois en avance plutôt que l'inverse.
De mes vies antérieures, j'ai gardé certains automatismes, la volonté d'optimiser, de clarifier, de "scheduler", de maîtriser le temps...
Alors, de temps en temps, je me prends une grosse montée d'adrénaline, j'ai besoin de tout mettre en ordre dans ma tête, cela me donne l'impression de maîtriser les choses.
Je fais donc de beaux tableaux excel, avec, pour chaque commande, la planification des "tasks", jour par jour, en imbriquant tous les projets en commande. Avec des couleurs, vert, orange, rouge...
Pour couronner le tout, je matche avec une prévision de trésorerie, entrées/sorties. Avec des courbes de trésorerie qui montent, qui montent... Cela ressemble au cours des actions d' Elon Musk!
C'est absolument génial. Cela ressemble au Débarquement en Normandie, avec plein de petites drapeaux... J'ai enfin la tête bien claire, propre, nette.
Chaque soir, je me fais un "Executive Committee", je regarde le tableau. C'est beau!
Bien évidemment, CELA NE MARCHE JAMAIS...
En fait, je passe mon temps à tout décaler ... C'est un planning "très glissant"...
Alors, je retourne à mon bordel...
En fait de en fait, sur 6 mois, il faut rajouter 50% à 80% par rapport aux estimations du planning initial...
Personnellement, 70h par semaine, j'en ai toujours été incapable... ou alors, ce sont 40h à vraiment bosser, et 30h à glander... Il y a des semaines ultra-intensives, et d'autres où c'est pas possible, il ne se passe rien, c'est comme ça...
Faut penser à sa santé. Aux belles choses de la vie. C'est un marathon, pas une course de vitesse en permanence. Et c'est un métier dangereux. Les machines ne pardonnent pas.
IL est possible aussi qu'ayant passé une bonne partie de ma vie le cul dans un fauteuil à faire semblant de bosser devant un écran ou en réunions, je n'ai pas l'entraînement physique. Je n'ai pas commencé à 15 ans...
Ta question me fait penser à la planification type Gantt et les réflexions que j’ai eu à l’usage de ces outils.
Beaucoup le perçoivent comme LA partition qui doit être jouée alors que l’interet réside en la modélisation de la mécanique d’enchaînement des actions, en intégrant les contraintes propres au site du chantier (utilisation d’un pont roulant, coactivités dans une même zone...).
Il est possible de modeliser le processus du menuisier, du devis à la livraison en passant par les appros et au cœur du truc, le processus de fabrication. C’est pas forcément le temps du gar sur lequel il faut focaliser, mais sur l’occupation des postes goulets d’etranglement de ton atelier (stockages MP, intermédiaires, zone de finition...) pour lesquels tu peux estimer un %d’occupation pour chaque projet (& les traiter comme une ressource).
Selon tes machines, les pointages peuvent être longs, auquel cas
Ça vaut le coup de tout faire d’un coup... ou pas, selon les occupations des autres zones.
Tout ça pour dire qu’il est possible de se faire une idée de l’impact d’un nouveau projet sur ton flux de production en le modélisant et l’intégrant dans ce schéma, et de détecter les surutilisations.
En pointant le réalisé et durées réelles (cette fois ci sur tes phases de travail) tu capitalises une base de connaissance pour tes devis futurs.
Au final je te propose plus un outil qu’une réponse, mais à mon sens ça peut aider.
Hello Seb,
Je n'ai aucune légitimité mais je risque une réponse théorique en deux points "d'attention" :
En théorie des files d'attentes, si tu commences par le chantier le plus rapide, puis etc. jusqu'au plus lent, tu auras optimisé la satisfaction globale en termes de délai d'attente. Tous les clients de tes petits chantiers sont contents, au léger détriment des clients des gros chantiers qui sont de toute façon obligés d'attendre.
Le zap coûte cher ! Si tu interrompt un chantier pour te consacrer à un autre et y revenir ensuite, il faut ranger (dans l'atelier et dans ta tête), mettre en route le second chantier, etc, puis recommencer dans l'autre sens. Donc zapper le moins possible, je pense que tu sais cela pour l'avoir déjà vécu.
Ce qu'on peut ajouter à cette seconde réflexion, c'est l'idée de coupler ou rassembler des choses qui peuvent l'être. Perso je ferais si possible plusieurs chantiers en massif, puis plusieurs chantiers en panneaux. Tu risques ainsi d'optimiser dans l'atelier et dans ta tête l'outillage, les gabarits, les méthodes et les tours de main de l'un puis de l'autre sans zapper non plus.
Et par suite, se poserait la question de faire par exemple tout le corroyage de plusieurs chantiers d'un coup... j'imagine que ce n'est pas une si bonne idée mais laissons parler les pros !
Bin je crois pas que la recette existe.
Enfin si, si on l'aborde sous le regard du taylorisme, mais si l'on considère que dans nos bateaux il n'y'a qu'un capitaine, et que ce capitaine par chance, on le connaît bien, alors je crois que c'est au cas par cas.
Ce que je veux dire c'est que certains sont très bons sur la vision en 3D, d'autres sont très physiques, ou encore d'autres auront la capacité de tenir dix chantiers de front.
Dans mon cas c'est trois max. Je ne dis pas aux gens comment je travaille parce qu'on me fait souvent remarquer que c'est sans queue ni tête, pourtant j'ai la sensation que cela fonctionne bien et que je suis confortable. Une question de point de vue et avec le temps l'expérience peaufinera.
(Pour exemple la bibliothèque j'ai pas de fiche de débit ni de plan )
Tu cherches des méthodologies de travail chiffrées et établies ?
Ps : je rejoins Étienne, je dirais 70 heures à peu près pour lancer la machine. Mais je me disais il y'a peu que ces 70 heures me coûtaient moins que les 35 heures que je faisais pour un patron.
J avoue être dans la même position que toi. J ajouterai qu'il faut dégager du temps pour l administratif (comptabilité, devis, recherche des produits chez les fournisseurs, ...etc..), la visite des futurs chantiers avec les prises de côtes,les plans, etc, les projets perso et dans nôtres cas l aménagement de l atelier.....
Dur dur...
Je suis impatient de lire l'avis de tout le monde..
Je viens de remettre un jeton dans la machine.
Après avoir relu ma question et vos réponses, j'ai voulu actualiser un peu tout ça après quasi 1 an d'expérience.
Au final, j'ai du boulot au moins jusqu'à la fin de l'année mais en fait j'ai compté large pour espérer combler mon retard d'une part et insérer facilement les petits chantiers entre les gros.
Mon principal problème était et reste dans une moindre mesure de ne pas être assez opérationnel et de perdre trop de temps.
Bj,
Il arrive un moment, surtout en AutoEntrepreneur, que la Gestion du Temps EXE n'est plus 'gérable'....
Vous avez alors la/les possibilité(s) de :
Bravo pour vos propres retours.
C'est vrai mais je ne pense pas que le statut change grand chose. Qu'on soit auto entrepreneur (micro entreprise), artisan en EI (c'est mon cas) ou en EURL/ Eirl, on est tout seul. Je pense que c'est ça surtout que tu voulais dire.
A un moment donné, il y a des choix à faire : allonger les délais, investir pour être plus productif (jusqu'où ?), embaucher...
J'avoue que le jeune en apprentissage me tente bien même si je ne me sens pas du tout au niveau pour former un jeune. la Transmission est très importante pour moi. Et bien que ne me sentant pas au niveau, j'ai forcément des choses à transmettre : je pense qu'on peut transmettre dès que l'on sait quelque chose, même infime.
trente six seb Mais ce 'binôme Apprenant' peut-être très...très motivant aussi dans la durée. Chacun 'comprenant' l'Autre à son Poste/Niveau...
JPA33 tout à fait, c'est la magie du mot "apprendre" il marche dans les deux sens. On ne s'appauvrit jamais en apprenant.
Et si je tombe sur un bon apprenti, il pourra m'en apprendre beaucoup aussi !!