J'ai trouvé cette semaine un magnifique rabot Goldenberg de 44mm tout en cormier. Je n'ai pas résisté, je l'ai acheté !
Ce pas-à-pas est complémentaire avec mon autre pas à pas sur les rabots. Il permet d'illustrer un certain nombre de notions que j'ai développée par la mise en pratique d'une rénovation de rabot.
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Diagnostique
La première étape consiste à examiner la bête et faire le point sur les interventions nécessaires au bon fonctionnement du rabot:
- le fer est quasi neuf (la planche est intacte et à peine rouillée, le biseau n'a pas dû être beaucoup affûté et aucune marque de frappe coté libre);
- le contrefer va bien aussi (il s'adapte sur le fer sans jours et n'est pas "bancal" sur la planche du fer);
- coin en très bon état (pas de traces de maltraitance ni de coups);
- le fût à l'air en bon état aussi, la semelle est un peu rayée mais c'est sans importante. En revanche, on y regardant de plus près, la semelle n'est pas plane (on sent le rabot comme bancal quand on le pose sur une surface plane) et le fût n'est plus très droit (problème de perpendicularité entre le coté et le dessus + problème de planéité d'un coté qui à l'air cintré).
En conclusion, le rabot a peu servi mais le bois à continué de sécher et à donc travaillé après sa fabrication.
Rendre la semelle plane
Là il y avait pas mal de boulot pour retrouve rune semelle plane, donc difficile de faire cela uniquement au papier abrasif.
J'ai donc commencé par dégrossir au rabot (réglé fin quand même !).
Pour repérer où je dois retirer de la matière, je griffonne des rayures au crayon à papier sur la semelle et en passant ensuite le rabot sur du papier abrasif (quelques aller retour), je repère là où ça touche (le crayon à disparu).
Pour finir, je termine avec de l'abrasif (grain moyen puis fin).
Un petit contrôle au crayon me permet de constater que je ponce bien sur toute la surface de la semelle.
Attention à poser le papier abrasif sur une surface parfaitement plane ! J'ai un épais morceau de plan de travail en aggloméré qui traîne, il me sert de surface de référence.
Attention aussi à la méthode de ponçage: allez-y doucement (sur le rythme, lentement donc!) et en maintenant le rabot assez fermement. Sinon, il risque de "balloter" et il est possible de créer une surface convexe.
À ce stade là, j'ai essayé de faire quelques copeaux, mais le fer n'étais pas assez affûté.
Rendre le rabot plus agréable en main
Par rapport à mes mains, un rabot de 44mm est un peu large. Et en plus, la forme très cubique n'est pas très agréable.
Donc j'ai arrondi les angles pour améliorer la prise en main.
Voici ma méthode: je tracer des cercles sur les coins (règle dessinateur verte) et ensuite j'enlève de la matière (plane, râpe, puis abrasif).
[Je pourrais pousser l'ergonomie plus loin avec un petit logement pour le pouce, mais comme je suis gaucher, ça m'embête si jamais je dois le revendre] [Photo à mettre]
Affûter le fer
L'affûtage du fer se déroule sans souci particulier, la plane étant exempte de rouille profonde et plutôt bien plane.
Pierre diamantées, eaux.
Gabarit pour le biseau.
Morceau de cuir pour retirer le morfil créé par l'affûtage.
Et voilà le travail.
Pas besoin de s'acharner sur la planche, ce qui compte est vraiment la zone proche de l'arête.
Noter les deux couches d'acier (doux et allié) composant le fer sur la photo du biseau.
Notez aussi la direction de passage du fer sur le cuir. Alterner planche et biseau jusqu'à ce que le morfile se détache.
Remontage et premiers copeaux
Il ne reste plus qu'à remonter le fer, le régler et vérifier que le rabot fonctionne correctement, ce que l'on peut juger à la finesse des copeaux.
En fond de la première photo, on peut apercevoir mon petit maillet spécial réglage de rabot:
- 260g, manche frêne, tête en bois dur et dense (azobé);
- une face plane pour taper sur le coin;
- une face bombée pour taper à l'arrière du fût du rabot sans laisser de marques.
Les copeaux sortent bien d'eaux même : bonne géométrie de la lumière et du coin qui font que ça ne bourre pas. Je sens que ce rabot va devenir un de mes préférés avec son fer Goldenberg à deux yeux (a priori synonyme de qualité) et son fût en cormier dense qui glisse tout seul sur le bois !
Discussions
Super ton pas à pas je vais pouvoir m'en servir pour une varlope qu'on m'a donné.
Tout pareil, merci !
Tu ne voulais pas restaurer le bouton de frappe ?
Ce n'est pas un bouton de frappe mais simplement l'emplacement de la marque Goldenberg (qui a sauté).
Sur les rabots, je préfère frapper à l'arrière, en bois de bout, plutôt que sur le nez, pour desserrer le fer. Ça abîme moins le fût.
D'ailleurs sur tous les outils (de type rabot) que j'ai pu récupérer, seuls les varlopes et riflards portent des marques de frappe de desserrage sur le nez.
J'ai d'abord trouvé le pas à pas sur l'étude du rabot à bois et cela m'a redonné envie de me pencher sur les "vieilleries" que j'avais trouvé. Mais maintenant je n'ai même plus d'excuse pour ne pas les mettre en ordre de marche ! Merci pour le partage, et la sauvegarde de ces savoir-faire !