Contacté pour remplacer des marches dans un escalier double quart tournant dans une maison de ville, j'ai trouvé le projet très intéressant. J'ai donc fourni un devis à mes clients, et j'ai relevé le défit, en apprenant beaucoup.
Il y a eu des surprises, des questions, des adaptations, de l'apprentissage, et comme dans tout projet, des erreurs et des solutions à trouver.
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Démontage des marches et contre-marches à remplacer
Le chantier se site dans une venelle, à 400m de la rue principale où il n'est pas forcément facile de se garer, l'accès à la maison via la venelle se fait à pied. Les clients ont une grande brouette qui me servira pour amener matériaux et outillage sur le chantier.
Mais l'idée principale est d'en déplacer le moins possible.
Je décide donc de démonter les marches de manière à pouvoir tracer directement sur des gabarits en CP5 l'empreinte exacte des marches à remplacer. Le temps de fabrication des marches de remplacement, je remettrai en place les marches vissées temporairement.
1 démontage des stylobates :
Une plinthe recouvre les stylobates et la panneau bas de 22 en MDF rajouté au dessus des stylobates par les propriétaires. Les stylobates sont collés au mur et maintenus en place sur les marches par des inserts maçonnés dans le mur ou cloués dans les marches.
2 démontage des marches :
Les marches sont vissées dans la crémaillère, clouées dans les contre-marches et le limon.
Pour retirer les clous, je prends appui sur la marche inférieure et j'arrive à faire ressortir les têtes de clous et les enlever à la tenailles. Pour les récalcitrants, je les scie avec mon outil vibrant. Pour les clous dans les limons, je dégage les têtes en creusant au ciseau à bois, puis pince et tenaille.
3_ sortie des marches et contre-marches :
Une fois les marches libérées, il ne reste qu'à les sortir. Elles sont posées sur une crémaillère à gauche et encastrées dans le limon à droite. Le jeu entre marche et mur est suffisant pour dégager partiellement la marche du limon. MAIS, un panneau de 22 a été rajouté, et il interdit de mettre la marche en diagonale pour la sortir simplement. J'ai du creuser le panneau, recouper les marches, ajuster, recouper, pour en enlever le minimum et m'assurer que je n'aurai pas de soucis de recouvrement du panneau par la plinthe au remontage.
Copiage et fabrication des marches et contre-marches de remplacement
Une fois mes marches sorties, j'ai recopié simplement leur forme sur du CP5. Je n'avais ainsi que quelques morceaux de CP5 à brouetter et j'ai pu remettre les marches et ainsi rendre l'escalier utilisable le temps du travail à l'atelier.
Chêne de 34, pré-débit 15j avant corroyage. Collage à rainures fausses languettes.
Pose des nouvelles marches et contre-marches
Fort de mes déboires au démontage j'ai prévu quelques mm de marge de moins que les marches initiales pour le remontage.
malgré cela, pour les 3 marches et contre-marches de la première volée, il m'a fallu faire plusieurs montages à blanc pour être certain que tout le monde trouve sa place et adapter la méthode de rentrée des pièces.
Suites aux différentes réponses faites à me question sur clouage ou vissage, j'ai choisi de panacher. Sur la crémaillère, les marches sont vissées, les têtes de vis seront dissimulées sous le stylobate. Côté limon, clouage des marches et contre-marches. J'ai ajouté des vis et bouchons pour la liaison marche / contre-marche.
Les nouveaux stylobates
Les anciens stylobates étaient voilés, tuilés et j'ai dû couper à certains endroits pour les enlever. Je sais que la partie reconstruction et ajustage allait être un beau défi. Mais comme je me suis promis de toujours faire du bon travail, je m'attèle à la tâche.
Compte tenu des contraintes d'acheminement sur chantier, j'ai recoupé à l'atelier mon panneau de CP22 avec un peu de marge par rapport aux anciens stylobates, de manière à n'avoir à recouper que le minimum sur chantier après traçage à la scie.
Pour la partie haute au dessus du 2ème quart tournant, j'ai pu utiliser le "schmilblick" publié dans un article du Bouvet n°215 par René Mazaud. Stylobate bloqué contre le mur, traçage et découpe. En 2h cette partie était ajustée. (si quelqu'un connaît le nom de cet instrument ?)
Pour la première partie, le décalage du mur m'a interdit l'utilisation de cet accessoire, trop de décalage et un angle rentrant qui rendait le tracé trop compliqué et imprécis. Je procède donc au traçage par tablettage. Quelquessssss présentations à blanc, quelquessss coups de râpe et voilà un gros morceau de terminé.
Finition et finition
Il était convenu à la signature du devis que les clients feraient la finition.
Je leur fourni le produit de nettoyage et l'huile. Leur détaille le processus.
Lorsque je suis revenu poser des portes de dressing, la finition avait été posée. Et surprise. Contraste très marqué entre les anciennes marches et les neuves.
- ais-je raté le fait que les anciennes marches étaient en chêne rouge plutôt qu'en chêne blanc ?
- Défaut de ponçage des anciennes marches ?
Je propose à mes clients de faire des essais de teinte sur du chêne blanc pour retrouver une teinte approchant de celle donnée par les anciennes marches et je récupère également une ancienne marche pour faire des essais.
Après rabotage d'une ancienne marche, et 3mm enlevé je dissipe le doute, il s'agit bien de chêne blanc. Le soucis de teinte vient donc d'un ponçage non suffisamment prononcé fait par mes clients pour faire disparaître les multiples couches d'anciennes finitions.
Ils préfèrent une finition plus claire. Et cherchent donc du temps pour poncer les anciennes marches. J'irai poser les stylobates et la plinthe de finition lorsque la finition des marches sera faite par leurs soins.
Discussions
Travail intéressant!
Marier du bois ancien et du bois neuf n'a rien d'évident. Même en ponçant, le bois ancien n'aura pas la même teinte que le bois neuf. D'autant plus que le ponçage se fait in situ.
Il faudrait essayer de teinter et foncer les marches neuves, de manière à essayer de rejoindre la couleur des marches anciennes. C'est plus facile que d'essayer d'éclaircir les marches foncées.
Mais il vaut mieux aussi prévenir les clients qu'il restera une différence visible.
Je te rejoins complètement. C'est la solution que j'ai proposé, je leur ai fait un nuancier avec des chutes du chêne que j'ai utilisé et je suis arrivé à approcher suffisamment de la teinte des anciennes marches.
Mais la cliente préfère que son escalier soit clair, elle veut donc poncer. Libre a elle d'essayer et de changer d'avis pour rester sur du plus foncé en cours de ponçage.
L'avantage c'est qu'ils vont mettre en vente après l'été, les querelles de voisinages à cause du ponçage ne vont pas durer longtemps !