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De l'air au bois

Les Beaumias

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Bonjour à tous,

Retex Tabourets de bar, “Beaumias”

Cette réalisation c’est pour moi la fin de près d’un an de réflexion, de conception, d’erreurs stoppées à temps, de réflexion, de recherche de solutions, de reprises, et finalement d’une belle satisfaction.
Nous avions trois tabourets de bar, retro, couinants, bruyants et tout à fait désaccordés avec notre cuisine. Les tabourets de Boris à assise inclinée me plaisent beaucoup, mais je trouve l’assemblage à queues droite (presque un enfourchement) simple. Le tabouret présenté par Samuel dans son cours gratuit me parait trop compliqué sans machines stationnaires, mais j’ai vraiment envie de faire cet assemblage à queues droites multiples pour mes tabourets. Il me semble important de faire des reposes pieds vu la hauteur des assises, pour ne pas avoir une position inconfortable avec les cuisses coupées par les pieds pendants, mais ne pas en mettre permet un empilage bien venu lors des séances ménage ou transport.

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1. Contrainte et conception

J’ai repris le plan de Boris pour m’imprégner des dimensions et partir d’un modèle déjà éprouvé en sections. Quelques heures de sketchup plus tard, un premier jet était prêt à être mis en œuvre.
Une assise faite de 4 morceaux assemblés avec des paires dominos de 10X50 restant visibles sur 10mm, chaque assise inclinée de 5° par rapport à sa voisine. Les pieds sont assemblés par queues droites multiples. Je détermine la largueur de mes pieds par rapport à une esthétique pour le nombre de queues et inter queues identiques de 8mm.
La partie repose pieds est simplement « posée sur le dessin » je n’ai pas de véritable plan d’action à ce moment de la réalisation.

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2. Débit

Je débite mes assises dans des chutes de 41 de chêne, en essayant de trouver assez de surface pour tirer mes 4 quarts du même morceau et avoir une esthétique cohérente. Les pieds sont prévus en noyer, et après en avoir sortis 8 d’une planche de 34, il ne me reste qu’une planche que je compte bien garder pour autre chose comme un centre de table de salon en inclusion par exemple. Je me rabats donc sur 4 autres pieds en chêne. J’ai pris le parti gagnant de ne pas mettre à largueur avant usinage mes pieds de tabourets. Je savais qu’il m’était impossible avant d’usiner les queues droites de savoir où j’allais tomber pour ma dernière contre queue sur mes pieds. Le reliquat sera enlevé plus tard, lors du profilage.

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3. Établissement

Ma façon d’établir mes assises me conduira à une erreur lors de mon premier collage. Lessons learned :

  • 1 Reporter ses établissements sur un papier pour reprendre le cours de son travail après plusieurs semaines d’interruption
  • 2 Trouver une méthode infaillible.
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4. Usinage :

1- Assises :
Traçage de la forme définitive sur une assise. J’ai mis en place des cales sur le chariot à déligner et j’ai recoupé mes assises en série. Je m’apercevrai plus tard lors du collage que mes assises ne sont pas toutes identiques.
Lessons Learned :

  • Faire une épure, mettre en place le système de serrage sur cette épure pour assurer une égalité entre toutes les assises.

2- Queues droites :
Faute de toupie, j’ai décidé de faire mes queues droites à la défonceuse et au GMA. Pour reproduire la technique d’empilement de cales pour décaler les usinages, j’ai fraisé une rainure dans une chute, dont je me suis servi pour vérifier l’épaisseur de mon morceau de hêtre qui allait me servir cales. Ma fraise ayant été réaffutée, je savais qu’elle ne faisait plus 8mm.
J’aurai dû creuser cette rainure sur plus de 10cm, de manière à vérifier toute la longueur de ma chute de hêtre, et ne pas reprendre sans cesse mes cales au papier de verre pour obtenir des ajustements niquel.
Cette phase d’usinage des queues a été très longue, presque trop, et m’a poussé à vouloir accélérer ensuite.

3- Effilage :
Une fois mes queues usinées, je savais quel surplus de bois je devais enlever. J’ai fait un gabarit avec deux chutes sur le chariot à déligner de ma scie sous table, avec un tourillon de 8mm servant de butée basse. Effilage d’un côté de mes 12 pieds, modification de la position des cales, usinage de l’autre côté, fin de cette phase. J’ai également mis à longueur mes pieds après la phase d’usinage des queues droites pour pouvoir coller les patins en liège en opposant deux pieds.
Lessons learned :

  • Mettre à longueur les pieds après collage. Un 1mm de hauteur de différence rend le tabouret instable.

4- Dominos :
Je voulais être certain que toutes mes mortaises seraient bien alignées, j’ai donc pris comme référence le bord externe des assises pour percer. Pas de soucis avant collage, mais la légère différence de taille de mes assises va induire un décalage.

5- Assemblage à blanc :
Les pieds et les assises s’emboîtent bien, suffisamment serré pour permettre un collage résistant sans avoir à forcer. Prévoir des cales à 90° suffisamment épaisses (10mm trop fin) avec angle droit enlevé pour ne pas être en contact de la ligne de collage.

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5. Collage étape 1

1- Liège sous les pieds :
Deux pieds en opposition, face de parement et contre parement pour son opposé sur l’établi. Bonne idée mais compte tenu de la complexité de l’assemblage multi-queues.

2- Assises – pieds :
Beaucoup d’appréhension pour être certain de rentrer suffisamment les queues dans les inter-queues et assurer un équerrage parfait. Comme expliquer plus haut, prévoir cale plus épaisse pour avoir plus de stabilité.

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6. Profilage pieds et assises

Après collage, j’ai réalisé un ¼ de rond de 6mm sur les assises, et un chanfrein à 45° sur les arrêtes extérieures des pieds.

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7. Collage étape 2

C’est maintenant l’étape durant laquelle les pieds se rejoignent. Je n’ai pas fait de collage à blanc, c’est-à-dire mise en place de toutes les cales et les serre-joints avant encollage. Celà m’a conduit à une erreur de positionnement de deux assises. Le fil du bois n’était plus respecté, j’ai dû recouper les dominos, fraiser de nouveau, et refaire un collage.
Je pense qu’un gabarit permettant de garder l’angle (et donc la hauteur) entre les assises au moment du serrage serait utile.

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8. Finition

Rebouchage de quelques erreurs de fraisage à la pâte à bois ou à la cire. Rabotage des affleurements des queues, ponçage, et rubio.

Ils sont magnifiques, le contraste chêne noyer au niveau des assemblages rend vraiment bien. Fini les tabourets vintages qui grincent.
Mais…

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Mais...

Mais, avoir abandonné la partie repose pied est une erreur de plus qui rend les tabourets inconfortables. Très rapidement les cuisses sont coupées par le poids des pieds (des nôtres pas ceux des tabourets) qui se balancent. Il va falloir envisager de mettre ces reposes pieds. Mais comment ? Je n’ai toujours pas dessiné les repose-pieds, je réfléchis donc à leur forme, avec les contraintes qui sont les miennes : Je n’ai pas envie de recouper les dominos, je n’ai pas beaucoup de marge en élasticité (pour utiliser un moyen de liaison et renforcer le collage entre repose pied et pied), j’ai trop d’appréhension à faire des usinages à la main sur mes pieds (pour faire une liaison en Queue d’aronde entre pieds et reposes pieds), et enfin mes pieds sont profilé avec un chanfrein à 45°, ce qui complexifie la réalisation d’un assemblage en parement.
Après quelques semaines de réflexion, et des essais infructueux, j’arrête mon choix, je vais faire des assemblages par enfourchement entre des supports qui seront collés avec un domino sur les pieds et les traverses qui seront usinées avec tenons.
Il n’y a que quelques détails à gérer (corroyage avec angle de corroyage des traverses), découpes des supports avec doubles angles (45° avec une inclinaison de 5°), usinage des enfourchements avec angles corroyage.

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9. Corroyage

Mes pieds sont inclinés de 5° entre eux. Je corroye donc une barre avec un angle de 5° pour y usiner une série de rainures et des mortaises de dominos avant découpe à 45° de mes supports à coller sur les pieds.
Lessons learned :
1- Deux pieds en face à face sont en fait inclinés de 5+5 = 10°, j’aurai donc dû corroyer à 10° et non 5° > reprise au rabot lors de l’assemblage à blanc.
2- Usiner une mortaise parallèle à deux faces en s’appuyant sur une face corroyée à 5° impose un montage d’usinage complexe. J’aurai dû usiner ma série de mortaises avant de corroyer ma barre support à 10°

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10. Mise à longueur et usinage des tenons des traverses

Mes pieds étant déjà collés avec des écarts minimes mais écarts quand même entre chaque pieds (souvenez-vous des différences entre mes assises), j’ai dû individualiser mes traverses pour la mise à longueur. Puis réaliser les tenons au chariot de la scie sous table avec une particularité, l’arasement de mon enfourchement doit être incliné de 10°pour venir épouser la face opposée aux pieds. La lame de ma scie ne s’inclinant que d’un côté, j’ai dû reprendre un arasement sur deux au ciseau. J’ai aussi nettoyé les traces de scie au ciseau, et un jour j’étais pressé, j’avais un train à prendre et je voulais finir. Je n’ai pas mis de serre-joint pour travailler ma pièce. Le ciseau m’a fait une belle entaille sur le dessus du majeur, heureusement pas assez profonde pour atteindre le tendon. Et hop 10 jours d’arrêt à pour gagner 5secondes. C’est con quand même…

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11. Assemblage à blanc et collage

Les équerrages ne sont pas au rendez-vous mais après vérification tout est bien en place, 1mm par ci sur les assises, 1° par là au niveau des collages des assises rien de très surprenant. Je colle avec une armada de presses de mécaniciens pour fermer les enfourchements, donc tabouret par tabouret parce que je n’en ai que 8. J’avais pris soin de ne pas fraiser les dominos à la même profondeur entre les pieds et les supports. J’ai fraisé à 12 côté pied, et 18 côté support, pour ne pas trop tirer sur la souplesse des pieds lors de la mise en place au collage

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12. Finitions

Reprise et affleurements au guillaume, ponçage léger, retouches avec de fines languettes de chêne. C’est presque parfait.

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13. Conclusions

  1. Le passage par une épure n’est vraiment pas un luxe. Surtout lors de projets anguleux en apparence pas si compliqué. Si j’étais passé par l’épure, mes assises auraient été identiques, j’aurais certainement décelé mon erreur d’angle de corroyage (assises, supports pieds).
  2. Penser gagner quelques secondes peut amener à un accident irréversible (serre-joint + ciseau).
  3. Reproduire ce qu’on voit en vidéo et qui paraît être une super idée ne l’est peut-être que pour le cas particulier de la vidéo (collage du liège sous pieds avant collage des assises).
  4. Gagner 5minutes en ne faisant qu’un demi gabarit fait perdre des heures ensuite (jauge d’épaisseur des cales de décalage faite sur 5cm ne permet pas de vérifier correctement l’épaisseur d’une cale de 20cm de long)

Encore beaucoup d’entraide sur ce projet, et beaucoup d’enseignements, un immense merci à tous.

A très vite.
A vos outils, vos serre-joints et bons copeaux !

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Discussions

De l'air au bois  a publié le pas à pas "Les Beaumias".
il y a 2 ans
AvecUnBoutDeBois

Merci pour cette description détaillée de la réalisation.
J'apprécie les conseils et enseignements acquis.

ckarriere

interessants les comentaires des erreurs, ceux qui montrent leurs travaux parfaits d'un bout à l'autre ne permettent pas d'apprendre et surtout d'éviter les erreurs...
Merci bien!!

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