Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.
Jai démonté complètement une encoignure du 17 ou 18ème siècle pour observer sa conception mais aussi pour en éliminer les "restaurations" successives qui l'ont dénaturée. Il me faut maintenant la reconstruire le plus fidèlement à ce qu'elle était au départ, même si beaucoup de pièces sont gravement abîmées par les interventions, les insectes et l'humidité.
Liste des articles
Nettoyage
Il faut enlever les clous, gratter à la spatule les salissures et restes d'insectes, les coulures de colle.
Quand le plus gros est enlevé je fini à la laine d’acier 000 puis dépoussiérage avec un torchon humide.
Réparations
Ça commence comme un puzzle, beaucoup de pièces sont en morceaux et j’ai une boîte pleine de petits éclats. Je recolle à la colle forte.
Je nettoie les cassures avec un brosse puis je les mouille et je les sèche au décapeur pour ouvrir les pores et chauffer les pièces avant d’appliquer la colle bien chaude sur les deux parties à coller.
Pour fixer l’assemblage j’ai du ruban adhésif.
Certaines pièces doivent être renforcées avant de penser au remontage.
Ci-dessous les planches des côtés cassées net avec des manques. Je mets des renforts en frêne, séchés dix ans et collés/vissés. C’est super solide!
Greffe du pied
Il manque un gros morceau d’un pied. Je commence par une découpe propre puis j’y colle un morceau de chêne qui date du 19 ème provenant du cadre d’une fenêtre d’un château.
Je recrée le pied avec divers outils, pas si évident !
Pour finir un coup de bichromate et un peu d’huile de lin, c’est pas trop mal!
La couleur va se modifier et se stabiliser au cours des semaines à venir.
Reconstitution des faces
Après avoir nettoyé et réparé les éléments de base j’assemble et je recolle les différentes faces du meuble.
Sur les côtés et le plancher seuls les parements sont réellement plats, je dois y visser des guides pour un bon résultat, je les enlèverai une fois le meuble reconstitué.
Les deux côtés retrouvent leur mesures d’origine. Progressivement la cohérence entre les différentes partie apparaît, c’est assez bluffant quand on a vu la pagaille du départ.
Façonnage des chevilles
Il y a pas mal de chevilles à réaliser pour remonter le meuble, les chevilles d'origine étaient rondes et façonnées à la main, les trous font environ 7mm de diamètre. Les chevilles ne sont pas en chêne comme le reste du meuble, le bois le plus ressemblant est le merisier.
Pour aller plus vite je réalise des bâtonnets de 8mm de diamètre d'environ 25cm pour faire trois chevilles que je termine manuellement.
J'avais vu sur le net un système assez sympa qui s'avère fonctionner bien.
Voir la vidéo.
Réparation des montants
Les quatre fiches à larder ont été montées et démontées plusieurs fois et de manière très brutale. Leur conception très "artisanale" n'a pas arrangé les choses. Il va donc falloir faire une découpe façon queue d'aronde pour faire une greffe de bois sain afin de pouvoir reposer des fiches.
L'opération est assez délicate car le bois est fragile et éclate comme du verre, heureusement le chêne est un bois assez facile à travailler même âgé de 200 ans.
La colle forte est particulièrement indiquée pour ce genre de travail.
Après rabotage je passe du bichromate pour la teinte puis huile de lin, la finition finale sera réalisée après remontage du meuble.
L'opération est renouvelée pour les quatre fiches.
Les fiches à larder
J’étais un peu bloqué par les fiches à larder, une seule entière, deux cassées et une manquante.
Un atelier de méttalerie m’a fait des copies des parties tournées manquantes. Il va maintenant falloir que je me débrouille pour faire les brasures des ailettes en fer, c’est la partie qui me fait peur parce que je n’ai jamais fait ça.
Pour compliquer encore les choses je constate que les parties en fer sont effilées, plus fines à l’extrémité qu’au niveau de la brasure. J’ai l’impression que la technique de pose des fiches à larder n’était pas la même il y a 250 ans!
Si quelqu’un en sait plus, je suis preneur !
Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.
Licence
Discussions
Bon travail et bon courage pour la suite !
Merci, c’est vrai que ça va pas être simple!
Bonjour
Une petite question! Quesque le bichromate ?
6oaboie m, le bichromate est un puissant oxydant qui était utilisé par les ébénistes pour mordancer et teinté les bois.
C’est un poison qu’il faut utiliser avec quelques précautions.
Merci pour la réponse !
Poison qu’il faut utiliser avec quelques précautions. N'y aurait il pas une autre technique moins dangereuse , je suppose qu'on ne vend pas ce produit partout !
adichatz
6oaboie non bien sûr, c’est pour ceux qui savent
Bonjour quelle colle utilises tu pour ne pas trop dénaturer l'ouvrage?Kenavo
De la colle forte, colle d’os + 1/3 colle de nerf.
Bonjour, petite question : pour la réparation du pied pourquoi de l'huile de lin? Le reste du meuble ne semble pas huilé je me trompe?
En fait je fini presque toujours avec de l’huile de lin un peu diluée avec de la térébenthine puis gomme laque, c’est la finition ancienne la plus solide.
Dans sa longue vie le meuble a un peu tout connu, je lui ferai le même traitement après un bon nettoyage.
Moi j’utilise de l’huile de vaseline avant de vernir au tampon. Je ne savais pas pour l’huile de lin.
DanaV l’huile de vaseline c’est pas à utiliser « avant » le vernis au tampon mais pour faire glisser le tampon « pendant » le vernissage. D’autre part il ne faut pas en mettre de trop.
Aujourd’hui on ne connaît plus les anciens produits, c’est dommage.
Wolfie c’est ainsi que je l’ai appris lors de ma formation de restauratrice ici en Belgique. Huile de lin teinte légèrement le bois d'un ton miel et met 15 jours à sécher au lieu de 8 jours pour l’uile de vaseline. Elle ne teinte pas le bois ce qui est un avantage pour les meubles avec de la marqueterie.
Il est vrai que pour l’encoignure cela ne doit pas poser de problèmes.
DanaV Non ça ne pose pas de problème sur un meuble 18ème.
Toujours passionnant de voir revivre un euble : avez-vous une photo du,meuble "sur pied, dans son jus" avant le démontontage pour voir ensuite une photo la restauration terminée? merci pour ce partage.(NB : j'ai un petit livre sur les recettes anciennes : Trucs et procédés du bois de JP Courtrait que vous connaissez sans doute)
Voir ici autopsie d'une encoignure
La méthode de la perceuse pour les chevilles a fonctionné du premier coup? Étonnant que le bois ne casse pas.
J’ai percé à 3mm puis mis une vis 4mm extérieur et sorti les chevilles en tirant sur la vis.
Bien sûr sur une vingtaine de chevilles quelques unes ont été moins évidentes mais on se débrouille.
c'est quand même marrant que dans le voca restauration, il y en aura toujours qui vont traiter les nouvelles fiches de "vulgaires copies", alors qu'elles sont splendides et en neuf ca ne se trouve plus, c'est un travail remarquable