Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.
J’ai commencé à me fabriquer un établi pour mon garage-atelier. Je suis encore un débutant dans le travail du bois, et je ferais sans doute plein d’erreurs, ça sera sans doute la partie la plus intéressante du pas-à-pas :)
Cet établi devra être stable, pour pouvoir raboter sans l’envoyer dans le mur. Il devra être compact, car je n’ai pas beaucoup de place. Il devra être haut, car je suis haut aussi.
Il sera réalisé aux outils à main, car j’aime ça :)
Liste des articles
Conception et inspiration
Au tout début, je voulais faire un établi pliant… mais ça n’avait pas beaucoup de sens et en vérité il ne serait jamais plié.
Je vous passe les étapes intermédiaires, j’ai fini par apprécier l’établi de Paul Sellers et sa manière de travailler. Par contre j’aimerais bien un établi qui ressemble un peu plus à un établi français, avec de la place en dessous pour y stocker des outils, pourquoi pas dans des tiroirs.
Je garde donc le dessus de l’établi de Paul Sellers, ainsi que l’utilisation d’une presse à serrage rapide (qui est montée pour l’instant sur mon établi de fortune, des bastaings sur deux tréteaux), et le bac à outils ouvert sur les cotés.
Par contre, je vire le tablier, et je change le piétement pour mettre des traverses en bas, afin de compenser l’absence de tablier. J’ai de la place pour y aménager des rangements.
Je sais que je peux continuer longtemps avant de me lancer, je décide de commencer une première version de l’établi avec la possibilité de l’améliorer par la suite :
- pas de rangements pour le moment, mais je pourrais facilement en ajouter sur la structure par la suite,
- le plateau est posé sur le piétement, enfoncé sur deux tenons, fixé par deux tire-fond ou vis, afin de pouvoir le démonter pour le modifier.
Niveau taille, je me suis décidé sur 1,4 m de long, 1 m de haut (j’ai testé avec mes tréteaux, ça me convient bien) et 68 cm de profondeur totale. Aujourd’hui je l’aurais sans doute fait plus long… mais le bois est déjà coupé.
J’ai essayé d’utiliser FreeCAD… mais c’est bien trop de clics pour moi. J’ai découvert OpenSCAD et c’est tout de suite mieux, j’arrive à un plan avec les assemblages, facile à modifier pour ne pas avoir à tout redessiner à chaque changement d’avis.
Le bois
Mars 2023
Direction le négociant bois, j’ai de la chance, il y en a un à dix minutes de chez moi :)
Ils sont très sympathiques et surtout très patients, car j’en ai bougé des planches !
J’ai choisi de l’avivé de hêtre. Du 80 mm d’épaisseur pour le plateau et les pieds, du 54 mm pour les traverses, et du 27 mm pour le bac à outils.
Le choix est fait, j’apporte tout ça chez moi et le bois reste 6 mois dans le garage… heu… l’atelier pour s’acclimater. Il y a aussi plein de projets qui se bousculent, donc le bois attend.
Septembre 2023
Rétrospectivement, je pense que je ne reprendrais pas de 80 mm d’épaisseur. Le bois est moins beau que les autres, ils ont moins de demande pour cette épaisseur, il y a des fentes, des marques de chocs, et même des trous de xylophages. Je décide de purger les trous par précaution, même si je ne trouve aucune trace de xylophages (pas de tas de sciure).
Débit et coroyage
Octobre 2023
Je commence le débit de toutes les pièces.
Pour le plateau, je coupe ma planche en deux (elle fait 3 m de long) et je purge les parties trouées. J’obtiens de quoi faire un plateau de 35 cm de large et 1m40 de long, en deux pièces.
Pour les pieds, je les coupe dans ma seconde planche de 80 mm d’épaisseur, et comme j’essaye d’éviter les fissures, je décide de maximiser l’utilisation du bois en faisant des pieds avant et arrière de tailles différentes. Les pieds avant seront plus larges.
Un an plus tôt, je ne pensais pas être capable de scier droit à la main, quel progrès :)
À ce moment, Dieter Schmid fait une grosse promo sur les rabots Juuma, je craque et j’achète une varlope. Je ne suis pas déçu, pour les grandes longueurs c’est efficace, même si pas forcément indispensable.
Pour le corroyage, dégrossissage avec mon rabot ECE, je vous le recommande, il est léger et très efficace. Ensuite, je passe avec un n5 pour enlever les ondulations, et enfin avec le n7. Je m’assure d’avoir un creux avant de passer le n7 pour qu’il ne glisse pas sur la “colline” et avoir une surface bien plane.
Février 2024
Pas mal de travail sur le plateau, et début février, je suis prêt à faire le collage.
Mars 2024
Alors non, je ne rabote pas pendant des mois, c’est juste qu’il y a des grandes pauses !
Je fini le rabotage du plateau, et j’attaque la face du dessous. Il y a des trous, car j’ai purgé encore des trous de bestioles.
Avril 2024
C’est vraiment le mois où j’ai appris beaucoup sur le corroyage. Ça devient facile et j’enchaîne les pieds et les traverses.
Toujours pour m’économiser du bois et du travail, j’utilise le mieux possible les dimensions de mes planches, en choisissant quelle planche sera utilisée pour quelle traverse.
À ce moment aussi, je peux utiliser mon plateau posé sur les tréteaux comme surface de travail, c’est top ! En fait je vois très bien comment un banc peut être utilisé comme établi.
Une fois que j’ai fait tout ça… je me rend compte que mon équerre (à combinaison PRESCH) n’est plus d’équerre… J’ai du coup quelques retouches à faire à l’aide d’une nouvelle équerre.
Assemblage du piétement
Mai 2024
Une fois que j’ai toutes mes pièces, j’attaque l’assemblage.
Première déconvenue, mon bédane n’est pas vraiment droit… le fer n’est pas aligné avec le manche. Je l’ai depuis plus d’un an, et je viens tout juste de l’affûter, pas moyen de le retourner, on va faire avec.
J’ai 12 mortaises à faire. Je tente la première mortaise sans guide et… l’équerrage ne me semble pas extraordinaire, je fabrique donc un guide selon la technique de Paul Sellers et c’est bien mieux, je travaillerais le mortaisage sans guide sur un autre projet !
Coté tenon, je galère un peu car je n’ai pas de scie à tenon suffisamment grande, mais j’y arrive. J’utilise aussi la technique de Paul Sellers avec la guimbarde pour avoir des joues bien coplanaires avec ma face de référence. Désolé, je n’ai pas de photos, trop occupé !
J’apprends aussi beaucoup de choses qu’on ne peut apprendre qu’en faisant. Mon premier assemblage laisse à désirer au niveau précision, mais je m’améliore assez vite et j’arrive à faire des assemblages bien plaqués et droits.
Juin 2024
À un moment, j’ai décidé de faire de beaux arasements sur mon plateau.
Mauvaise idée : forcément, quelques jours après, mon plateau tombe par terre lors d’un rangement du garage et les coins s’abîment. C’est pas la fin du monde, mais c’est une leçon de plus, faire les arasements le plus tard possible.
Juillet 2024
Avant de passer au collage, j’ai du faire les tenons pour fixer le plateau que vous verrez dans le prochain article. Une fois cela fait, collage des cotés, puis collage des deux cotés ensemble, reliés par les longues traverses.
Je ne compte pas démonter l’établi, il doit être stable et robuste.
J’hésite à faire du chevillage à tire car je n’ai pas de serre-joint assez long. Au final, je me dit que c’est trop risqué pour ce coup ci, je bricole avec des cales et des serre-joints.
Montage du plateau
Août 2024
Pour le montage du plateau, j’ai fait des gros tenons sur les pieds (ça c’était en juillet en fait, avant le collage), et les mortaises correspondantes dans le plateau.
Le plan initial, c’est d’ajouter des tire-fonds pour plaquer le plateau sur les traverses, mais les premiers tests ont l’air de montrer que ce n’est pas forcément nécessaire, le plateau tiens très bien juste avec les deux tenons, sans collage.
Première mortaise au ciseau de 30 mm, avec son guide.
Seconde mortaise, j’ai voulu tester la méthode des trous équarris… bah c’est bien la galère. Alors oui, j’aurais sans doute dû mieux choisir mon diamètre et la position des trous, mais l’équarrissage, j’aime pas trop. Par contre, j’ai pu utiliser mes mèches de vilebrequins, et ça c’est top, ça creuse très bien.
(oui, c’est le bazar dans le garage, il n’y a plus de place pour prendre des photos)
Montage de la presse
Août 2024
Ma presse est prévue pour un plateau de 9 cm. La première étape est de fabriquer une cale pour épaissir mon plateau (qui ne fait que 7.5 cm !) afin d’amener la mâchoire quelque millimètres sous la surface. Je trouve une chute de hêtre pour ça. Corroyage, collage, fixation et perçage.
C’est le moment de démonter mon établi de fortune pour récupérer la presse.
Et enfin le montage sur le nouvel établi.
Les mordaches ne sont pas définitives, c’est encore mon contreplaqué de peuplier, un peu trop fragile.
Ça change tout, j’ai l’impression d’avoir une nouvelle presse tellement l’établi est stable !
Petit jour entre le plateau et le pied droit
Quand j’ai raboté le dessous du plateau, il restait un petit creux à droite… au montage, ça s’est vu. Je veux le corriger car au dessus du pied droit, c’est l’endroit idéal pour tailler les mortaises, il faut que ça soit bien soutenu.
Donc, je retire le plateau, je corrige ça de quelque coups de rabot.
Problème de presse
Aujourd’hui, j’ai raboté un champ et j’avais l’impression qu’il n’était pas droit… alors qu’il l’était. En fait, la presse n’est pas droite !
Le coté du plateau est d’équerre, le dessus du plateau est de niveau, le dessous est de niveau, mais la presse est de travers, il y a quelque chose qui ne va pas.
J’ai bien l’impression que c’est la presse qui a un soucis. Je n’ai pas encore de solution, il va sans doute falloir que je la monte de travers pour qu’elle soit droite 
La mâchoire fixe n’a pas la même épaisseur en haut et en bas, il y a un millimètre d’écart !
Et ce n’est pas le “toe-in” (comment dit-on en français ?), ça serait sur la mâchoire mobile.
Une idée ?
Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.
Publications associées
Licence
Discussions
Le pas à pas est en retard sur la réalisation, mais je publie déjà ce que j’ai écrit, ça me poussera à le mettre à jour :)
J’ai monté le plateau aujourd’hui et je suis en train de fixer la presse, il est super stable, ça va me changer la vie !
Héhé ! On en est au même stade, j'ai commencé à mettre ma presse allemande hier, et la presse frontale ne va pas tarder.
Mais je n'ai pas fait de photos...
On a une approche différente. Dans mon cas, c'est un roubo like, plateau résineux et piétement chêne (poutre de recup et pieds en traverses paysagères). J'ai débuté le corroyage en septembre 2023 mais l'hiver arrivant (température et collage pouvant être problématiques), j'ai repoussé à cet été.
Plus que la stabilité, pour moi, c'est la surface de travail qui change. Je passe de 60 par 80 à 60 par 2350.
On attend la suite !
Voila, voila, ça arrive :)
Bravo c'est très chouette et à la main SvP.
Merci !
C’est aussi un moyen de pratiquer sur des grandes pièces.
Ça me fait une impression de déjà vu
Tes tenons/mortaises sont vraiment pas mal. Je devrais peut-être essayer ce guide. Ça a vraiment été ma difficulté, les mortaises !
C’est aussi ce que je me suis dis en voyant ton pas à pas :)
Merci :)
En me relisant, je me dit que ça peut être compris de travers… je voulais dire j’ai aussi eu une impression de déjà vu !
Beau travail, bravo, et en plus débutant... double bravo
Merci :)
Tu as même acheté le maillet de Sellers ! Je suis curieux, il est si bien qu'il le dit ?
Pour moi il est parfait, la bonne masse, les deux cotés dur/doux, c’est impeccable :)
Je fait presque tout avec.
DînerChocolat J'ai le même et +1. Il est rare que je sorte mon maillet bois.
Hmmm DînerChocolat et Atelier Eustache vous me donnez envie. Vous l'avez trouvé où ?
Ils en ont chez Bordet : bordet.fr/mart...lon-c2x36474892
Chatongris Amazon pour moi. Je ne savais pas que bordet l'avait.
La fiche:
Merci !
Prochaines étapes :
J’ai un mini jour entre le pied droit et le plateau, je crois que c’est à cause du plateau. C’est potentiellement gênant car c’est l’emplacement idéal pour creuser des mortaises. Il faut que je trouve une correction.
Faire le plateau arrière et le bac à outils. J’avais prévu de faire une rainure, mais je me dit qu’il va être impossible à monter si je fais ça. Je vais peut-être juste le monter serré.