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Songes d'ébène

Table à piètement... organique


Je me suis lancé à mon compte il y a quelques mois, et à l'époque j'ai cherché un moyen de me faire connaître par chez moi. Pas que je renie les ventes en ligne ou les clients lointains, mais vendre localement est quand même ma priorité.
J'ai donc tenté (avec un certain succès) un marché de Noël, expérience assez riche humainement, et en parallèle une "boutique de créateurs" près de chez moi. Pour ces deux évènements il fallait une table pour exposer les objets en vente, et bien sûr, les deux tombaient en même temps. Comme je n'avais qu'une table en stock, il m'a fallu en trouver une autre assez rapidement, tout en cumulant avec la fabrication de bidules à vendre les jours J...
L'objectif n'était donc pas seulement de servir de table, mais aussi d'interpeller les visiteurs pour les pousser à regarder le reste. D'où la création de cette table-ci. Et au final, j'ai bien failli vendre la table plutôt que ce qui était dessus, mais je m'y suis refusé (elle peut encore, et va sans doute, me servir à nouveau).

Comme d'habitude, petit cahier des charges : pas trop large, ni trop longue, car la place est limité dans la boutique. Et aussi légère et démontable pour la trimballer facilement à l'arrière de la voiture. De plus, j'ai peu de temps pour la faire, d'autres projets en cours, en gros faut que ça soit rapidement plié ! Mais original, car ce sera un peu une "vitrine" aussi.
Je décide donc de faire un double piètement en bois, un plateau séparé, le tout se fixant rapidement et facilement.

Au final l'originalité de la table réside surtout dans les pieds. J'avais vu un truc similaire quelque part sur le net (peut-être sur l'AdB ?), et j'avais envie d'essayer. Je fais donc un petit test : l'idée, c'est d'empiler les épaisseurs de bois, de les coller, puis de sculpter le tout à la disqueuse, à la râpe, à la gouge, à tout ce qui peut retirer de la matière dans tous les recoins...
Petit test pour voir ce que ça donne :

Bon là c'est sûr, le truc ressemble à une grosse molaire. Mais le process est validé, et c'est assez marrant à faire même si on met de la poussière partout.
Après le lavage de la voiture de madame que j'avais omis de déplacer, je teste l'huile de lin là-dessus : pas concluant, les lames de bois étant tantôt dans un sens tantôt dans l'autre (et c'est du sapin), les différences de teinte sont assez disgracieuses. Je n'aime pas. Donc, je brûle. Ouais, je suis comme ça.

Là, ça me plaît davantage. Cela crée de petits espaces entre certaines couches, mais rien de rédhibitoire et puis ça pourra se corriger après, ou au moment du vernissage. Car qui dit bois brûlé qui sera manipulé, dit protection filmogène pour éviter de finir avec les mains d'un mineur de fond.
Je décide de partir là-dessus.
Je récupère toutes les chutes de sapin de l'atelier, je me rends compte que ce sera très insuffisant, je file acheter deux planches de plus en GSB, que je découpe, et c'est parti pour le collage. Il se fait en plusieurs étapes, car le serrage est compliqué : les pieds ne sont pas droits, sinon c'est pas drôle, ils sont souples (c'est du sapin) et je dois ruser un peu pour éviter de tout casser et avoir un collage efficace. D'où les entretoises provisoires.

Bon après je dois avouer que je m'amuse : c'est comme faire des Kapla mais avec de la colle et des serre-joints, un truc de grand gamin. Ça prend juste un peu de place, et je réalise l'utilité d'une hauteur sous plafond plus importante.
L’œil avisé remarquera que j'ai sculpté grossièrement la base des pieds avant de continuer le collage. La raison, c'est que je n'avais tout simplement pas la place de passer la meuleuse entre les deux pieds par la suite. Mon essai me l'avait confirmé.

Ensuite, c'est la joie et le bonheur. Casque anti-bruit sur les oreilles, douce musique de la meuleuse d'angle qui passe à travers, masque anti-poussière, visière de protection, et opération "tempête du désert". (Cette fois, j'ai bougé les voitures avant 😉 ).
J'ai commencé à la disqueuse par un coup d'Arbortech classique, puis avec un Kutzall medium, pour finir avec des râpes à bois grossières, puis plus fines. Enfin, un peu de ponceuse gros grain et d'abrasif à la main (trop de courbes, de creux et de bosses pour la ponceuse, à la fin).
Je finis pas obtenir des formes à peu près harmonieuses, et me garde bien d'enlever trop de matière, car je me méfie de la casse. Et puis je ne fignole pas trop.

En effet, souvenez-vous que je veux brûler tout ça. Donc, l'état de surface n'a pas à être "prêt à vernir".
Cette fois, c'est au tour du désherbeur thermique de faire son œuvre. Les pieds sont trop grands pour le barbecue (je brûle parfois mes piquets de clôture ou les planches ainsi, ne me jugez pas 😌), et la lampe à souder est trop faiblarde. Donc, mode "lance-flamme".
Une fois cramé, je brosse à la paille de fer et je laisse tel quel. Le veinage des bois est un peu ressorti en grattant, ce n'est pas trop sombre (et ce sera vernis, donc...).

Vous remarquerez que j'avais taillé de jolis tenons à la main en haut des pieds. La raison était que j'avais aussi creusé des mortaises dans mon plateau, pour avoir simplement à le poser sur les pieds à l'installation.
Idée idiote 🤨. Les pieds sont trop souples, les tenons parfaitement ajustés à la scie jap' et aux ciseaux (j'avais pris le temps de faire ça bien) se sont déformés au brûlage, et plus rien ne va.
L'installation est dans 3 jours, je dois encore graver le plateau avec mon logo, vernir, laisser sécher, et j'ai un million de choses à finir à côté.
Petites sueurs froides, mais on se reprend. Action, réaction. Je coupe les tenons, refais un plateau (j'en profite pour l'arrondir sur les bouts pour renforcer l'aspect organique de la table), et conçois ce merveilleux et fort ingénieux système de fixation de l'ensemble 😅 :

Excusez la qualité de la photo prise entre les jambes de la dame, et de nuit. Bref, sous le plateau, une première traverse dans la longueur, sur laquelle est visée-collée une seconde plus longue. L'espace entre la seconde et le plateau est de 18 mm.
Une plaque de 17,8 mm est fixée sur chacun des deux piètements indépendants, qui viendra se glisser sous le plateau. Trois vis de chaque côté finiront de fixer le tout.
Ainsi, à l'installation, il suffit de mettre les deux piètements au sol, bien écartés, de poser le plateau dessus, de rapprocher les piètements l’un de l'autre, et de mettre les six vis sans forcer pour éviter que ça s'écarte et rigidifier le tout. Le montage / démontage prend réellement 2 minutes, objectif atteint. Et en plus c'est léger (20 kg en tout !), mon vieux dos apprécie...

Avec le recul, mon idée de tenons latéraux et de mortaises dans le plateau était suicidaire : jamais je n'aurais obtenu la rigidité nécessaire.. Bref, ça se finit pas trop mal.

Les retours des clients de la boutique ont été intéressants. Certains n'ont pas aimé, mais peu, tandis que d'autres ont adoré, et finalement j'ai apporté ma touche d'originalité dans cet endroit plutôt "ikea" dans son ameublement.
Je me resservirai de cette table à d'autres occasions, je n'en doute pas. En attendant, j'ai pu tester quelque chose que je réutiliserai probablement dans d'autres projets.
En espérant n'avoir point été trop long dans mes explications, merci de m'avoir lu.

Mis à jour

Discussions

Songes d'ébène  a publié la création "Table à piètement... organique".
il y a 1 mois
Xaf
( Modifié )

Très beau rendu final j'adore les pieds, mais ne seraient-ils pas trop fragile pour faire une table d'exposants (voyage montage demontage transport...)

Songes d'ébène

Merci 🙏
En tout cas elle a survécu à sa première expo. Je pense que la souplesse des pieds compense leur finesse, mais je n'exclue pas une cassure à terme, malgré la qualité du collage. On verra à l'usage, et en attendant j'emmène un tube de colle à prise rapide à chaque installation au cas où 😉
Je ferai un retour ici après quelques temps d'utilisation, surtout si ça casse !

glaude
( Modifié )

j'aime l'idée et la recherche, le rendu est sympa. juste une question, en cas de poussée dans le sens de la longueur de la table, l'ensemble reste t'il stable?

Songes d'ébène

Merci ! Et oui, c'est stable.
Autant qu'une table en chêne massif avec 4 pieds aux coins, des traverses et des entretoises ? Non, clairement. Je ne me risquerais pas forcément à mettre des vases Ming dessus !
Mais franchement ça tient bien. La surface de contact entre les piètements et la table est assez importante (grosso modo des rectangles de 500 x 280), et les vis solidarisent le tout. Les piètements ont aussi une bonne base en contact avec le sol. Et la souplesse des pieds ne les rend pas non plus élastiques. En gros, c'est suffisant mais faut pas trop taper dedans 😌

mofran

finalement a refaire tu prévois des entretoises "organiques" lors du collage des blocs et ca triangulerait le tout

Songes d'ébène

C'est une possibilité, c'est juste plus long à sculpter par la suite. A l'origine j'étais parti sur des piètements triples (3 pieds au lieu de 2), mais manque de temps.
Cela dit plus il y a de "bras", plus c'est complexe mais plus ça fait "arbre".

FMJ
( Modifié )

Belle idée. Par contre le plateau fait un peu trop classique par rapport aux pieds ! 😁

Pour la stabilité des pieds, l'idée serait de les doter d'une colonne vertébrale en fer à béton ou tige filetée qu'il faudra bien entendu déformer selon la forme finale des pieds. Ca ne serait pas très contraignant car il n'est pas nécessaire que les cales empilées ait un trou super ajusté par rapport au diamètre du fer à béton. Avec du 12mm, ça serait déjà bien rigide.

Songes d'ébène

Merci, le plateau est classique en effet car il est recouvert de tissus et de babioles à vendre, donc... :)

Je note pour la ferraille, mais aussi à faire bien attention toutefois à ne pas "percer" au moment de la sculpture à la disqueuse. 🤔

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