Bon, je me lance (première contribution) !
Une amie m'a demandé de lui réaliser un petit meuble utilitaire pour ranger son papier toilette et ses produits d'entretien pour les WC...
Ses contraintes étaient un encombrement réduit (150mm de profondeur maximum sur 590mm de large, pour 840 de haut), une esthétique "bois", et devinez quoi ? Que ce soit pas cher ! Pour le dernier point on s'est arrangé, mais j'ai surtout accepté parce que j'avais en tête une idée qui me trottait depuis un bail, mais que je n'avais jamais eu l'occasion de mettre en œuvre : une porte rideau.
Il se trouve que j'avais pas mal de chutes de chêne et de châtaignier d'un précédent projet et comme je n'aime pas jeter, mais que mon atelier est petit et plein jusqu'au plafond, je suis parti sur un bâti en chêne et une porte en lamelles de châtaignier. Les étagères sont en mdf de 15mm (suffisant pour du PQ) et peintes avec un fond de peinture de GSB qui trainait là. Oui, j'aime pas jeter (je l'ai déjà dit ?).
Bref, j'ai corroyé tout ça et calculé avec d'obscures formules géométriques de très, très haut niveau le rapport entre la courbure de ma rainure pour faire glisser la porte, la largeur de celle-ci, et la largeur des lamelles de châtaignier. Donc, pifomètre et quelques essais avec des chutes de chutes. Le défonçage des rainures (en haut et en bas du meuble) n'a pas posé de soucis, sauf pour la courbe bien sûr : le rayon était trop petit pour utiliser le guide courbe de la défonceuse (le truc avec l'aiguille qui sert de pivot), et la flemme de faire un gabarit (mais j'aurais peut-être dû). Donc, à main levée. Étonnamment, ça s'est bien passé. La fraise coupait magnifiquement et le bois ne m'a pas fait de misère.
Pour les assemblages, rien que du classique vite fait : tourillons de 8 et biscuits de 20, je vous passe les détails.
Pour les pieds, j'ai bidouillé un semblant d’arêtier au doigt mouillé, et quand le profil m'a satisfait je les ai arrondi juste ce qu'il faut pour ne pas vexer les orteils des futurs usagers du meuble et des toilettes.
(Oui, y'en a 5, mais seuls 4 auront été employés).
Là, tout va bien. Le bâti est terminé plus vite que prévu, il me reste quelques heures pour faire la porte, et même si c'est une première pour moi (hors restauration) ça devrait bien se passer.
J'ai mes 32 lattes de châtaignier à dimension (21 mm de large), mon tissu coton noir, et... ma colle d'ébéniste (2/3 os 1/3 nerf) fabriquée pour réparer un vieux fauteuil et que (si si, devinez) : je n'ai pas jetée.
Comme j'ai prévu de l'employer pour tous mes assemblages, et que j'en ai trop, je la sors du frigo, à la grande joie de madame (il paraît que ça sent fort, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre...!), la dilue et m'en sers pour coller le tissu aux lattes de bois.
Sans doute l'atelier est-il trop froid, la colle trop dense, ou les dieux de l'ânerie sont avec moi, mais ça a franchement été la misère. La colle figeait, ne s'étalait pas bien, faisait des "pâtés"... Je m'en suis sorti avec de la sueur et des larmes, et (beaucoup trop) de temps. Et un séchoir à cheveux, une brosse mouillée... La prochaine fois je ferai ça à la blanche !
(Je n'ai pas de photos du collage en lui-même, c'était pas le moment -_- ).
Seule consolation, le résultat est parfaitement fonctionnel. La porte s'insère à l'arrière entre deux plaques de mdf de 3mm, une juste derrière les étagères prise dans des rainures, la seconde juste vissée à l'arrière pour pouvoir être démontable : il y a des petits monstres à la maison de destination, j'anticipe les bidules glissés derrière le rideau et bloquerait tout...
J'avais un peu oublié de poncer les chants de mes lattes, ce qui fut fait à posteriori mais difficilement.
J'ai ensuite retiré le surplus de tissu sur le tour, de manière à usiner mes "languettes". En gros j'ai affiné les côtés haut et bas du rideau pour qu'il passe facilement dans la rainure et qu'on ne puisse plus voir cette dernière une fois le meuble monté.
Le reste n'a pas posé de problème : assemblage (à la colle animale et serrage à a sangle et aux serre-joints ; à ce sujet, il y a en fait trois montants, deux extérieurs et un intérieur soutenant les étagères et le panneau de mdf, et celui-ci est en biais avec un angle de 60° environ pour maximiser la place dans le meuble et protéger l'intérieur de la porte rideau qui passe derrière lui).
Ponçage extérieur, collage des pieds, vernis hydro incolore 4 couches. Pour la porte, le bois était un peu pâlot, j'ai donc plutôt passé un vernis à la gomme-laque ambré (4 couches également) pour lui donner de la personnalité. Et j'ai rajouté la petite poignée sombre, intégrée dans l'épaisseur ou presque.
Au final, le meuble a ses défauts mais il est fonctionnel, et s’intègre bien au petit coin prévu. Je vous passe les photos de ce dernier, question d'intimité !
Surtout, j'ai enfin réalisé une porte à rideau et c'était plutôt sympa.
J'attends vos avis et vos questions éventuelles, bons copeaux à tous.
Discussions
Tout s'achève bien, je trouve cette aventure plutôt bien réussie, j'aurai juste arrondi des angles du coté droit, à où le rideau tourne. Mais bon cela reste mon avis, sans plus.
Comment as tu guidé la défonceuse dans le fraisage des arrondis, à main levée! je ne m'y serrais pas risqué.
Avec une fraise de 5mm et en calant bien le coude à l'etabli (et en retenant sa respiration ), ça passe...
Merci de ton avis !
ca me tente mais ca me tente ces rideaux coulissants !
ca me gratouille !
très chouette en tout cas.
Merci !
Hello, Jolie réalisation !
La colle "maison" c'est pour coller la toile sans coller les lattes ? Peut-on la coller a la vinylique ? ( désolé il y a beaucoup de coller dans ma question mais j'ai pas de synonyme qui me viens )
As tu mis un produit dans la rainure pour améliorer "la glisse" ?
Merci !
Je pense que le résultat final serait le même avec de la vinylique, mais que ce serait plus facile à employer. Je testerai une prochaine fois. En contrepartie la colle animale met plus de temps à prendre, ce qui m'a permis de décoller les lattes les unes par rapport aux autres avant la prise complète.
Dans la rainure j'ai juste mis un peu de paraffine à sec, par acquis de conscience (ça glissait déjà bien avant). Ça fait peut-être un peu moins de bruit quand ça coulisse...
Belle realisation. Simple, beau et efficace
Merci !
c'est bien joli ma fois...
je trouve comme Femto ces portes rideaux très très sympas... La seule chose qui me retient c'est une question sur le vieillissement. Comment cela se comporte-t-il après plusieurs années de bon et loyaux services??
N'arrive-ton pas à quelques chose qu'il est très pénible d'ouvrir car coinçant tous les deux centimètres?
Merci.
Selon le bois et la marge en épaisseur c'est possible, mais j'en doute : j'ai participé à la restauration d'un meuble avec ce type de portes, datant des années 50, et ça coulissait toujours bien. Par contre le risque c'est que quelque chose se coince dans la partie arrière, en particulier si la rainure s'enroule comme un escargot (d'où l'arrière démontable sur le mien).
ok, merci pour ta réponse
Tres bonne idée la porte coulissante pour un meuble dont la destination est un endroit (en général) exiguë.
Avec cette technique, on peut même envisager sereinement de placer ce meuble suspendu sans risque de se prendre la caboche dans les portes restées ouvertes !
Je kiffe grave
Je me garde l'idée, je suis bien tenté d'essayer
Bravo pour la réalisation mais aussi pour le texte des descriptions qui est très plaisant à lire.
Merci
beau boulot, bravo
Merci
Très chouette! C'est vraiment tentant ces portes rideaux!
Merci !
Quel type de tissu est utilisé ?
Un ancien drap house 100% coton (n'importe quel tissu non extensible fera l'affaire).