L'Air du Bois est une plateforme Open Source de partage collaboratif ouverte à tous les amoureux du travail du bois. (En savoir plus)

Rejoindre l'Air du Bois Se connecter

brubru40

Rafistolage d'un bout d'entrait


Une petite surprise au démarrage d'un chantier, le client vient de démolir des cloisons qui masquaient une vilaine trace bien molle. J'enfonce un tournevis, il traverse la pièce. Zut.

Mise en place d'étais sous les pannes intermédiaires, et sous le poinçon pour le faîtage, par curiosité je commence à gratter ce qui veut bien partir. Après un tronçonnage et un dépoussiérage, la section d'origine de 24x18 se réduit à environ 4x4 au plus faible. Je suis incapable de vous dire pourquoi cela tenait encore, si vous avez une explication je prends bien volontiers. Avant le démontage, l'entrait avait toujours une contre flèche de 2cm, et le poinçon ne portait pas dessus.

Tracé d'un gabarit pour reporter la coupe de l'enture d'une face sur l'autre, positionné à l'axe en lignant avec une règle posée sur la sablière opposée. la bulle entre les deux lignes me laisse espérer que mes traits de scie de part et d'autre se rejoignent, disons à peu près.

Je fais de même pour la greffe, mon scieur est en congé et je ne savais pas ou trouver du bois un 15 aout, j'ai raboté et contrecollé deux pannes de 24x10 faute de mieux. La page en exemple vient de la bibliothèque de dneis , grand merci à lui, j'ai enregistré plusieurs des traités mis à disposition, j'y trouve souvent des informations intéressantes.

Mise en place après avoir entaillé l'embrèvement de l'arba puis le repos sur la sablière, en pitant d'abord sur la panne, puis je remonte la pièce sous l'entrait, étai et serre joint pour la maintenir.
deux clés trapézoïdales pour le serrer, et comme je n'ai pas vraiment confiance en cet assemblage ( ni en ma précision pour le réaliser ), j'ai rajouté 4 boulons de 12 mm.

Une dernière interrogation sur le trait de jupiter, j'ai souvent lu qu'il était employé pour des assemblages soumis à des efforts de traction, je crois que c'est seulement le fil du bois en opposition à la clef qui travaille si l'on tire sur les extrémités (cisaillement longitudinal en rouge sur le schéma ci-dessous).
On remarque que plus on se rapproche de l'horizontale, plus le joint sera résistant, par contre sa réalisation sera un peu plus difficile, avec des traits de scie arrêtés.
Donc plutôt que donner des rapports entre hauteur et longueur, je pense qu'il vaut mieux mesurer la barre en traction sur le crémona de la ferme, et diviser par (épaisseur de l'entrait x quelque chose entre 9 et 11 dan/cm²), ça donnera la longueur du plan de cisaillement nécessaire, et on en déduira ainsi la pente à donner.
Pas sûr du tout que mon raisonnement soit cohérent, ça fait partie des nombreuses questions que je me pose sans trouver de réponse, peut-être qu'une âme charitable saura éclairer ma lanterne.


Discussions

brubru40 a publié la création "Rafistolage d'un bout d'entrait".
il y a 29 jours
ebenober

Ah oui...il était temps de faire quelque chose ! 😅

nireves
( Modifié )

Le risque a priori est d'avoir deux types de bois différents (ex : chêne vs sapin/épicea) qui ne travaillent pas pareil en fonction de le température/humidité. Mais sinon, l'assemblage ne risque pas de bouger, les boulons sont superflus, mais ne font pas de mal non plus :)
Ci-dessous un extrait du livre Assemblages en bois de Manfred Gerner : autrement dit enture oblique crantée avec clefs et épaulements brisés et en coupe qui te donne également les proportions.
Séverin

etiennedesthuilliers

bonjour votre raisonnement n est pas raisonnable car il oublie la nature du bois et les déformation de l assemblage
a coté de chez moi a champs sur marne des essais on été fait et les résultats étaient intéressants
si l on a un glissement du petit triangle celui se recoince car l assemblage ne peut se soulever au milieux on gagne de la résistance en faisant un collage avec une colle a joint épais
mais avant toute intervention il faut bien faire un calcul pour savoir quel sont les contraintes que subit l'entrait
mais avoir mis deux boulon est une réaction sage
le livre de gerber n'est pas technique c' est une simple compilation d'assemblage sans explication de tenue mécanique
que voulez vous la charpente est un métier plus complexe qu'il ni parait surtout en restauration
le charpentier en intérim
etienne desthuilliers

JPA33
nireves

etiennedesthuilliers je n'oublie pas la nature du bois justement car le fait d'avoir deux bois différents peut rendre l’enture asymétrique dans ses réactions au fil du temps et donc potentiellement instable.
En complément, je mets quasiment toujours de la colle type PU dans ce type d'enture ainsi que quelques vis en 8x (parceque je n'ai pas toujours de boulons sous la main)

Le livre de Gerber fait une recension d'assemblages analysés sur des bâtiments anciens, donc ceux qui ont tenus depuis plusieurs dizaines d'années voire plusieurs siècles jusqu'à nous. Les schémas et cotes correspondent à ces assemblages qui ont tenu et ont donc a priori fait leurs preuves.
Quant au calcul, très peu d'assemblages sont réellement mesurés et les bureaux d'études n'en mettent quasiment pas dans les structures car ils (enfin leurs outils informatiques) ne savent pas les quantifier ; que ce soit en neuf ou en restauration.

La charpente en rénovation est en effet plus complexe qu'on peut se l'imaginer et je le constate tous les jours, heureusement qu'il nous reste encore quelques anciens pour nous transmettre les savoirs faire.

Le charpentier en herbe,
Séverin

etiennedesthuilliers

nireves bonjour un charpentier en herbe est un herboriste
le bois choisi est sensiblement le même et je ne crois pas a des retraits différentiels qui puissent créer problème de plus 4 boulons on été mis en renfort
la colle pu est a mon avis pas ce qui est le meilleur choix en charpente il y a mieux
au sujet des essais une série d essais a été réalisé au centre du bois a champs sur marne pour régler les différents sur les meilleures manières de enter les pièces de charpente car il y avait des vues différentes entre les charpentiers les architectes et les bureaux d études
au niveaux des anciens je suis souvent un peu septique sur l acceptation des matériaux composites dans les réparation de pièces de charpente car en 60 ans de metier j ai pu suivre les évolutions technique mais certains de mes confrères ont évité d évoluer
j ai commencé avec un poste a galène puis un transistor et maintenant je vois les super calculateurs et dans beaucoup de métiers certains enseignants sont passéistes
bonne progression dans les métiers du bois
l 'ancien

brubru40

Un grand merci pour vos retours d'expérience messieurs Desthuilliers et Séverin, je prends note pour la colle, j'essaierai d'en trouver des appropriées, peut être celles employées par les fabricants de lamellé collé?
J'ai du mal à visualiser le fait que le cran se recoince lorsqu'il se fend, je vais avoir besoin de faire des essais avec 2 chutes, 2 serre-joints et un madrier pour le constater.
Je vous joins un extrait de l'ouvrage des deux ours , qui prennent la résistance de la clé à la compression, mais comme vous l'écrivez c'est bien plus complexe que cela, il ne suffit pas de vérifier un seul point mais une multitude de points qui forment un tout.
Merci encore pour vos échanges, ça me donne matière à réfléchir
l'apprenti
Bruno

nireves

Bonjour,
Le ratio de 2 entre longueur et hauteur me semble trop faible, 3 serait un minimum.
Et l'angle de l'about est trop aigu, il risque de fendre le bois au serrage (déjà vu sur un entrait de la saint chapelle du château de Vincennes).
Pour le coup, les calculs semblent sortir du même chapeau que le lapin, mais peut-être n'as tu mis qu'un extrait du livre et il y a d'autres explications ailleurs.
Séverin

brubru40

La page ne concerne que les clés dans les assemblages, tenon passant et cale de serrage, il y à plus de détails sur les embrèvements, vérification des abouts, arasements, talons d'entrait.
Il me semble que la forme de l'exemple n'est pas très importante, il suffit de remplacer la pente, hauteur cale, épaisseur par ce qui nous concerne.

JPA33
( Modifié )

Bonjour,

C'est bien de s'occuper de sa Charpente suite aux découvertes évoquées..... mais il faut impérativement 'traiter' vite la cause de ces déboires.... c. à d. 'Tuer' le Champignon.

Nettoyer/curer les Pièces de Bois atteints, c'est bien....
Pour faire court, je joins un Lien Web à lire/relire sur le sujet :

qualite.bzh/ac...rule-est-morte/

Ensuite, après avoir pris connaissance comment vie la Mérule (Il y a en 2 types !), il faudra traiter les Bois, mais aussi les Maçonneries annexes si besoin.... car, en gros, ce Champignon a besoin d'eau/d'humidité pour vivre.... et il est capable d'aller la chercher très loin....

Un Produit Pro existe, mais il vaut mieux trouver/se faire aider par un Spécialiste.

Bien sûr, ne pas oublier de revoir l'Étanchéité de toute la Couverture actuelle, surtout sur un Batis Ancien : Toutes Lignes de Raccords.... etc.

Amadeus41

Entièrement d'accord !
Quand on voit un champignon ou ses dégâts, on ne voit que "la partie émergée de l'iceberg"
Ce champignon a des hyphes (qu'on pourrait à la rigueur comparer à des racines) mille fois plus étendus que ce que l'on voit. Les parties "saines" peuvent être déjà colonisées.
De plus, ce champignon à, au cours de sa vie disséminé des milliards de spores.
Tout cela ne demande qu'une bonne humidité pour repartir !

JPA33

Amadeus41

"Tout cela ne demande qu'une bonne humidité pour repartir !"

Et cet le vrai problème à corriger en priorité !! Mais ne pas oublier les Curages des parties intéressées, les Etaiements avant destructions précoces, Cogiter les meilleures Solutions à mettre en œuvre.

Le Bois naturel à l'"ancienne" étant un matériau non homogène mais plus "nerveux", doit quand même être vérifié aux divers Efforts subits (Éléments et Assemblages) pour 'assurer' une bonne Stabilité de l'ensemble de la Charpente dans le temps.

De plus, plusieurs visites des bois de la Charpente doivent être faites pour s'assurer que tout est revenu à la normale (Humidité ambiante et locale).
Un contrôle global de la Couverture est aussi conseillé autour des 'Pénétrations' Verticales aux Versants.... et les refaire s'il faut (Ne pas oublier que les Vents forts peuvent faire pénétrer l'humidité des pluies soutenues..... et remouiller les Bois en sous faces internes !

brubru40

Bonjour JPA et Amadeus, et merci pour vous recommandations, selon moi la cause de cette dégradation est due à une infiltration entre l'entrait et la cloison qui s'affleuraient, donc humidité, obscurité et absence de ventilation ont donné ce résultat. Je ne pensais pas au champignon, ayant trouvé des centaines de fourmis, mais l'un n'empêche pas l'autre.
Il est prévu de refaire la totalité de la couverture, c'est l'essentiel de mon devis, malheureusement lors de ma première visite tout était lambrissé sous chevrons, et des fausses cloisons en briquettes masquaient la charpente, à part deux fermes à priori saines.
La faute est mienne, "bousillez tout et après je vous fais un devis" eut été préférable. Au lieu de ça j'ai simplement vérifié les parallèles des lignes d'égout et de faîtage, pas de bosses pas de creux pas voilé, ça à l'air bien.
Je ne manquerai pas d'ausculter et sonder chaque chevron, panne ou arba, lors de la découverture, et empoisonner si nécessaire.

Amadeus41

"Des centaines de fourmis" Ces petites bêtes sont remarquables, elles sont capables de CULTIVER des champignons en apportant des "semences" sur de la matière organique humide et de réguler l'hygrométrie dans leurs galeries pour assurer une bonne croissance à leurs "cultures"
Elles élèvent aussi les pucerons, mais ça c'est plutôt une remarque utile pour les jardiniers (dont je fais partie)

Femto
( Modifié )

Sans en être certain je dirai que cela tenait encore car l'entrait est soumis à des forces de tractions longitudinales et non pas en compression.
Qu'en pensez vous ?

etiennedesthuilliers

effectivement cela aurait pu tenir encore mais pour combien de temps ?
il y a une notion de sécurité car une attaque par un champignon occasionne souvent des dégâts plus que très rapidement
bien amicalement le charpentier de service

Hervé-71
( Modifié )

Bonsoir
désolé, mais pour moi, c'est aberrant de faire un truc pareil.
tout le toit sur 20cm2 de bois, pour économiser quoi? un poutre de 24x14 et 8ml
sans parler du travail.
le trait de Jupiter, c'est très bien dans les livres.
bonne soirée
Hervé

Dimi
( Modifié )

+1 Mais cela n'enlève rien, à la qualité du travail et au choix qui a été fait in situ. Une inspection approfondie de cette charpente s'impose... Et un bon traitement

etiennedesthuilliers

bonjour
je ne comprend pas pourquoi le fait de réparer un entrait est aberrant et en plus de faire un trait de Jupiter
je trouve que si la partie restante était en bon état pourquoi ne pas le faire
a titre d information je travaille avec des architectes du patrimoine et il m' aurait obliger de trouver une solution avant de changer la pièce
il est vrai que bien souvent on change des abouts d' entrait en travaillant avec des barre en carbone et une allonge en bois
au sujet de la confection de l'assemblage si l on se sert bien d'une scie a chaine et que le sciage est correct ce n est pas bien compliqué ni très long le plus difficile est de faire au gabarit un tracé propre
au point de vue étaiement, un tirefort et et 4 étais c' est suffisant
pour ceux qui ne le savent pas l'étaiement s apprend et on doit justifier des connaissances pour être assuré
donc si maintenant le bois est traité la solution choisi me parait être tout a fait convenable maintenant je ne sais si tout les charpentiers sont habitués a faire de la restauration classique
bien amicalement le charpentier qui fait aussi de l' étaiement

etiennedesthuilliers

bonjour
je finis de préparer une conférence sur la charpente de votre dame de paris et j ai trouvé une bonne vingtaine de traits de Jupiter qui servent a rallonger des éléments verticaux il sont taillés dans la version que connaissent bien les menuisiers
bien amicalement le menuisier charpentier qui est aussi historien
etienne desthuilliers

nireves

Bonjour,
Il y en a aussi dans les éléments horizontaux qui forment le tabouret, au niveau des 3 poutres diagonales superposées.
Séverin

nireves
( Modifié )

Pourquoi ?

Sur nombre de chantiers en restauration de monuments historiques, les architectes exigent qu'un maximum de bois sain soit conservé, ce qui nécessite de nombreuses entures, mais permet de conserver au maximum l'existant. Et là il est nécessaire d'avoir des charpentiers qui sachent faire le travail. Personnellement j'en rencontre souvent sur les chantiers et beaucoup de collègues en font régulièrement (ou d'autres entures en fonction du contexte), ce n'est donc pas que dans les livres.
Et les entures sont même parfois indispensables pour avoir des pièces de très grandes longueurs sans recourir à du lamelé-collé (cf par exemple le tabouret de Notre-Dame posé l'an dernier)

Je trouve donc normal qu'un charpentier qui souhaite maîtriser son boulot s'exerce sur ce type d'ouvrage.
De plus, comme il le précise, il n'avait peut-être tout simplement pas d'autre pièce de bois disponible en plein mois d'août et il a trouvé l'occasion de s'entrainer :)

Séverin

JPA33

Entièrement d'accord.... mais ne pas oublier la/les causes qui ont provoqués ces dégâts !!

Didier
( Modifié )

Beau boulot.
Comme écrit plus haut, il faut maîtriser la pose des étais, pour continuer à bosser dessous 😱🤕
Les 4 boulons de 12 mm n'auraient-il pas permis d'éviter les pointes en bout ?
Les découpes seraient plus simples.

etiennedesthuilliers

bonjour c' est aussi simple de découper d équerre ou en biais mais l assemblage est plus rigide les boulons sont une sécurité

Didier

etiennedesthuilliers côté convexe, OK
Côté concave, ce n'est pas un simple trait de scie.
Didier, un amateur pas aussi expérimenté que les pros qu'il respecte et admire 😉

Connectez-vous pour ajouter un commentaire.
958 vues
26 commentaires

Caractéristiques

1 essence
 0 finition
 0 quincaillerie

Publications associées

0 collection
0 question
0 plan
0 pas à pas
0 processus
0 fournisseur
0 école
Autres créations de brubru40
Voir aussi