De l'arbre au carport

Bonjour à tous,

Après la réalisation d'une paire de tréteaux cadets pour m'initier à la charpente, je me suis lancé dans la réalisation de mon carport en charpente traditionnelle. Ce carport a été inspiré par celui de Maillien Michael, adapté à mes besoins (Vidéo carport). Il a été réalisé de A à Z par nos soins (mon père et moi), en passant du sciage des grumes, au coulage de la dalle ainsi qu'à la réalisation du dit carport bien entendu.

Plusieurs étapes ont été nécessaires pour la réalisation de cet ouvrage que je détaillerai ci-dessous sans vraiment rentrer dans un pas à pas :

PLAN

Pour la réalisation du carport, des plans en 2D sont largement suffisants pour réaliser l'épure (De face et de côté). Par contre, il est intéressant selon moi de faire un plan en 3D pour se rendre compte des volumes, des proportions, des petits détails auxquelles on aurait pas pensé et surtout de passer commande pour la couverture de l'édifice. (Nombre de chevrons, liteaux, tuiles, ...)

Dimensions :

Carport : 6m x 5,5m
Poteaux & Poinçons : 15x15
Arbalétriers, contre fiche, jambe de force : 13x15
Entraits & pannes : 23.5x8
Lien de faîtage & avec sablière : 15x8
Chevrons : 7x9

Cahier des charges :

Deux voitures
Hauteur faîtage maximum 3m50 (afin d'éviter un permis d'urbanisme)

+

+

+

+

DALLE

6m x 5m50 x 0,15m

15 cm de béton sans fondation, polyane en dessous et ferraillage avec treillis de 6. Planche de coffrage réalisée à l'aide de la gruminette. La dalle est de niveau ce qui me facilitera la vie pour mon epure.

+

+

+

+

ABATTAGE

+

+

+

+

SCIAGE DES GRUMES, DÉLIGNAGE ET TRONCONNAGE

Suite à une tempête, plusieurs sapins sont tombés dans le jardin. Quelques autres gênants pour la maison ont été abattus. C'était l'occasion d'acheter une gruminette afin de valoriser ces bois. Le modèle acheté est un Panthère Mill avec un guide de 105 cm. L'accessoire est monté sur une Stihl MS880. Le rail de guidage pour la première coupe fait 6 mètres, ce qui correspond à la longueur de mes entraits !

Le délignage s'est effectué directement à la scie circulaire pour les plateaux inférieurs à 85mm. Pour les pièces carrées (plateau de 15,5), l'on a bricolé un accessoire afin de mettre une plus petite tronçonneuse (MS211) à la verticale. Ça fonctionne et ça scie d'équerre. Critère important pour la prochaine étape.

Le tronçonnage s'est fait à la tronçonneuse.

+

+

+

+

+

+

+

DEGAUCHISSAGE & RABOTAGE

Avant dégauchissage et rabotage, les pièces de bois ont été ressuyés environ 1 an dehors sans être à l'abri de la pluie.

Pour cette étape, il vaut mieux être deux. La manutention de ces pièces de bois n'est pas évidente, surtout sur une machine avec une longueur de table d'1m20 (Robland x31).

Le dégauchissage reste le plus compliqué mais se déroule sans accroc. L'équerrage du sciage a facilité l'opération.

+

+

+

+

MISE SUR LIGNE

C'est une étape minutieuse mais crucial. Il s'agit de tracer les plans à l'échelle 1 sur la dalle de béton à l'aide d'un cordex. Quelques côtes sont nécessaires pour commencer l'épure au sol (le triangle de base de la ferme). Cette étape permet de tracer tous les assemblages qui devront être réalisés sur les différentes pièces de bois qui composent le carport. Pour mon premier exercice, je me suis facilité la vie en mettant mes bois d'équerre ce qui m'a évité le piquage à la pollène. (Je pense que c'est le terme). Néanmoins le piquage reste intéressant car mes entraits ne sont pas parfaitement rectilignes ni de la même largeur tout du long car ils n'ont pas été rabotés. Travailler uniquement sur plan et négliger l'épure me semble compliqué. C'est certainement possible mais il faudrait des bois rigoureusement équarris et rectilignes, ce qui n'était pas mon cas vu les moyens limités pour réaliser cette étape (Robland x31).

Pour l'empilement des pièces, Il faut commencer avec les plus lourdes pour éviter de faire bouger les autres pièces lors de leur manutention. En effet, si une pièce bouge lors du piquage, on peut tout recommencer au risque d'avoir des jours lors de l'assemblage.

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

TAILLAGE

Une fois toutes les pièces tracées, il ne reste plus qu'à les tailler. C'est un travail à la chaîne et si l'étape précédente a bien été réalisée, il ne faut plus réflechir. Les techniques pour réaliser les tenons & mortaises sont celles détaillées dans les vidéos de Maillien Michael. Je ne m'attarde donc pas sur ce point. Nous étions un peu sceptique à propos de l'efficacité du chevillage à la tire en combinaison avec le sapin blanc mais ça fonctionne très bien !

Une fois toutes les pièces taillées, elles ont été chanfreinées et poncées pour enlever tous les marquages.

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

Quelques photos supplémentaires...

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

ASSEMBLAGE

Afin de réaliser le chevillage à la tire, il faut d'abord assembler une première fois les fermes à blanc afin de pouvoir pointer tous les tenons. Cela permet également de rectifier les assemblages si nécessaire.

+

+

+

+

+

+

+

+

Dans un deuxième temps, on assemble la ferme de manière définitive. Tous les assemblages sont chevillés avec des chevilles tronconiques en acacia de 17 à 19mm. L'entrait moisé est boulonné avec de la tige filetée de 16mm. Les tenons des arbalétriers (entre les deux entraits) ont également été vissés.

+

+

+

+

+

+

LEVAGE

Les fermes ont été assemblées et boulonnées au sol. Le levage des fermes s'est fait sans aucune difficulté (Voir vidéo ci-dessous). Une des fermes a été relevée uniquement à deux. La première étape était de la soulever sur les tréteaux. Ensuite nous avons fixer des poutrelles sur les côtés et au milieu afin de pouvoir avoir un repos. (Je pense que le terme est le levage à l'os) Une fois la place nécessaire disponible, nous avons terminé en poussant à l'aide d'une échelle. Pour la deuxième, nous étions quatre, cela facilite le travail. L'épicéa était sec, selon mes calculs une ferme devrait peser dans les alentours des 250 à 300 kg.

Pour le levage des pannes, cela a été un peu plus compliqué. Ces poutrelles ont été sciées quelques mois avant l'assemblage. Elles ont naturellement vrillées. Cela a été sport, notamment pour faire rentrer la panne faîtière.

Pour moi, c'était l'un des meilleurs moments du chantier. L'on peut enfin voir l'œuvre prendre vie et se rendre compte des volumes finaux.

+

+

+

+

+

+

+

+

+

Vidéo du levage de la deuxième ferme :

COUVERTURE

Lors de mes premiers pas sur le toit, le carport n'est pas stable (Voir question associée). Assez décu, j'ai d'abord pensé à un problème de contreventement mais le problème venait des pieds réglables. En attendant de trouver une solution, nous avons mis des bracons temporaires reliés au sol pour rigidifier la structure et pouvoir tuiler en sécurité. La structure ne bouge plus. Pour régler le problème de stabilité, plusieurs solutions sont possibles : cône en béton aux pieds des poteaux, réaliser des cloisons entre les poteaux, fixation de grandes équerres métalliques sol/poteaux, ... je verrai plus tard !

Pour la couverture nous avons mis des chevrons en 7x9 avec de la volige de 15 cm de large en 21mm rabotée. Les chevrons ont été sciés à l'aide de la gruminette. Nous avons par contre acheté la volige et les lattes à panne. Un pare pluie et un closoir ont également été installés.

Les tuiles sont de la récup, Koramic L15. La production de ce modèle a malheureusement été arrêtée... ce n'était donc pas évident de retrouver des tuiles de rives. C'est pourquoi j'ai 4 tuiles de rives qui ne sont pas mates mais brillantes. Ça ne se voit pas tellement et j'attendrai d'en trouver en deuxième main pour les remplacer. Je n'ai par contre pas su retrouver de tuiles faîtières en occasion, j'ai donc acheté des tuiles neuves (Tradiva gris ardoise). La couleur est presque identique. Ces quelques tuiles neuves m'ont coûté le même prix que les 36 M2 de tuiles d'occasion :(

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

Le carport est maintenant terminé, belle aventure qui m'aura demandé beaucoup de temps et d'apprentissage ! Je vous laisse ici avec quelques photos supplémentaires...

+

+

+

+

+

+

+