Boîtes de jeux

A mon tour pour ces jeux, dont je dois l'idée notamment à Airdrien (Boîtes de jeu QUARTO) et à Boris Beaulant (Jeu du Moulin), entre autres.

J'en ai fait quatre en tout : trois de quarto et une de jeu du moulin.

Les boites sont en noyer (très) local, le fond en frêne massif, le couvercle en contreplaqué peuplier avec mon premier essai de placage.
Assemblage à coupe d'onglet avec rainures pour le fond et le couvercle, ouverture type plumier. Les boîtes font 20x20 cm.

Les pièces sont en hêtre : teinté pour les pièces noires du quarto et plaqué pour les jetons du moulin.

Voilà pour le résumé, maintenant les détails pour les plus courageux, parce que mine de rien cela a été une petite aventure !

Je suis parti de plateaux de noyer. Quelqu'un sur la commune avait coupé des noyers il y a quelques années, j'avais acheté deux ou trois billes et je les avais faites scier. C'est ma première utilisation de ces plateaux.

Je vous épargne le débit, la refente et le corroyage, j'ai sélectionné quatre planchettes sur lesquelles j'ai identifié les futurs côtés des boîtes pour garder la continuité du fil au montage. Puis découpe à la côte finale (sauf en hauteur) et coupe des onglets aussi

J'ai ensuite laissé en attente les côtés, et préparé les fonds en frêne massif : refente à la scie sur table à la capacité maximale de la lame sur les quatre côtés, puis égoïne pour finir, et passage à la raboteuse pour finir à 6 mm.

Pour les couvercles, au départ je pensais faire quelque chose comme le quarto de iai13, avec les cases surélevées. Mais je me suis dit que si je faisais un couvercle de 190x190 aussi fin en massif, ça n'allait pas bien se passer (la tuile, au sens propre).

Donc je me suis lancé dans mon premier essai de placage.

J'ai commencé par le quarto. Il me fallait donc des carrés de 35 mm, des filets de 8mm et des bandes un peu plus larges pour le bord. Je me serais grandement simplifié la vie en achetant directement les filets, mais quand j'y ai pensé c'était trop tard pour me faire livrer à temps.
Bref j'ai utilisé une planche avec un rebord, et des gabarits pour découper les bandes en alignant sur ledit rebord.
Et pour les carrés un simple gabarit carré.

J'ai essayé aussi bien le cutter que la "vraie" scie à placage, je n'ai pas vu de différence flagrante dans le résultat - sans doute par manque d'expérience dans le maniement de la scie.

Et c'était parti pour le montage, en commençant par le milieu

Ça s'est plutôt bien passé.

Pour varier les plaisirs, au lieu de me lancer dans le placage pour le jeu du moulin, j'ai préparé les pièces du quarto.

Le choix de l'essence était imposé par les pièces rondes : je n'ai pas de tour et on trouve facilement en gsb des ronds en hêtre de différents diamètres.
Pour les pièces carrées j'ai fait un collage parce que je n'avais pas de hêtre assez épais (30mm fini).

Une fois les carrelets prêts : découpe de toutes les pièces à 25 ou 40mm, puis ponçage (directement au 400).

Vient alors la problématique du trou ! Sur le papier, facile : marquer le centre sur une des pièces, fixer un support sur la table de la perceuse, et faire la série.

Seulement, d'une part ma perceuse est d'une précision toute... chinoise, et d'autre part les pièces cylindriques ne l'étaient finalement pas tant que ça et le centre de l'une n'était pas toujours exactement le centre de l'autre ! A l'oeil le résultat était déplorable.
Pour contourner le problème j'ai franchement décentré les trous, histoire que l'imprécision devienne une vue de l'artiste.

Retour aux côtés des boîtes puisqu'il manquait les rainures (6 mm) et la découpe d'un des côtés pour l'ouverture de la boîte. Découpe faite à la scie à ruban pour garder autant que possible
la continuité du veinage entre la partie fixe et la partie ouvrante.

Place au placage pour le jeu du moulin. Là il me fallait des filets de noyer de 4mm, donc je ne sentais pas bien la technique précédente : difficile de maintenir un gabarit aussi étroit pendant la découpe.

J'ai donc tenté un truc qui fera sûrement bien rire ceux qui ont l'habitude de faire de la marqueterie, mais qui a ma foi très bien marché. J'ai superposé plusieurs bandes de placage entre deux chutes de contreplaqué épais, avec un peu de colle aux extrémités, puis aprés un temps de séchage raisonnable j'ai dégauchi le chant jusqu'à avoir le placage à fleur sur toute la longueur, et coupé des bandes de 4mm à la scie sous table avec une lame de finition. Il a suffi ensuite de décoller les "couches" et j'ai eu des filets impeccables.

Pour le placage du moulin j'ai tenté un truc sûrement peu orthodoxe, et qui n'a d'ailleurs pas super bien marché. J'ai préparé les quatre pièces un peu plus grandes que nécessaire sans m'occuper des coupes à 45°, puis j'ai superposé et coupé les diagonales

Mais je me suis loupé sur la superposition ou sur le positionnement de la diagonale, et j'ai eu un méchant problème d'alignement dans certains coins de carrés et entre deux des lignes venant du carré central. Tant pis, trop tard pour corriger...

J'ai donc collé tout ça sur le contreplaqué de 5mm, avec un placage aussi sur l'autre face.

Après séchage je redoutais l'étape de retrait du papier gommé, mais finalement en humidifiant bien le papier il s'enlève facilement.

Après un ponçage fin et un coup de teinte "noyer foncé" sur les côtés, j'ai fait le collage des boîtes.

J'ai coupé les couvercles à leur dimension finale, fait une feuillure sur les partie mobiles des côtés et collé ça sur les couvercles en sécurisant avec deux petites pointes

Pour la finition j'ai appliqué une couche de fondur puis de la cire antiquaire incolore. Même finition pour les pièces du quarto.

C'est toujours un grand plaisir de voir le bois se révéler avec la finition...

La toute dernière étape était la fabrication des jetons du jeu du moulin : simplement du rond de hêtre de 18mm coupé en tranches de 8mm et plaqué soit en frêne soit en noyer.

J'ai collé des bandes de placage sur plusieurs jetons, coupé au cutter après séchage puis fini à la fraise à affleurer avec un montage de haute technologie pour qu'il n'y ait presque pas de jour entre la fraise et la table. Le tranchant de la fraise dépassait à peine plus que l'épaisseur du placage.

Merci à ceux qui ont eu la patience d'arriver jusqu'ici, la conclusion est que je suis enchanté d'avoir essayé le placage, quand on s'y lance ça ouvre tout un monde de possibilités...