Paire de bancs de sciage démontables, tout à la main

Deux bancs de sciage en bois massif, sans colle, clou, vis ni chevilles.

Je voulais des bancs :

• stables quel que soit le sol,
• utilisables pendant des générations,
• facilement démontables,
• sans traverses au niveau du sol,
• sans jeu possible,
• et qui permettent l’usage d’un valet ;

donc :

• trois pieds,
• bois dur,
• ni colle ni clou ni vis ni chevilles,
• assemblage par coins (quand le bois se rétractera en séchant, il suffira d’enfoncer un peu plus le pied dans son encoche, et éventuellement d’araser le haut du pied qui viendrait à dépasser,)
• et « assise » épaisse d’au moins 50 mm.

J’avais repéré l’assemblage adéquat, qui serre le pied tout en le plaquant au fond de son encoche, à Guédelon, sur (si je me souviens bien) les « chèvres » dont ils se servent notamment pour équarrir. Cet assemblage a sûrement un nom, mais je ne l’ai pas trouvé, et je serai reconnaissant à qui me le fera connaître.

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Le premier banc a une assise en frêne, l’autre en chêne, et les pieds des deux sont en hêtre. Le bois provient des « chutes » (restants de commandes particulières) gardées à la scierie-parqueterie Moulin, où je m’étais initialement rendu à la recherche de bois pour des établis : 6 × 4 cm de hêtre, six fois 60 cm, et les morceaux dont j’ai tiré les assises faisaient environ 16 × 6 × 80 cm. J’ai payé le tout 25 €. J’ai l’habitude de partir de bois brut, de bûches, et ç’a été agréablement reposant de partir cette fois de bois « déjà rectangulaire. »

Pour les angles des assemblages, j’ai fait un peu au pif. Je me disais que, vu de dessus, l’assemblage devait avoir une allure de queue d’aronde, pour que le pied soit plaqué au fond de son encoche sans toutefois qu’il y ait trop de contrainte dans l’angle de ladite encoche et que le bois se fende à cet endroit. Donc j’ai mis 15 ° : les faces latérales du haut du pied sont à 75 ° par rapport aux faces avant et arrière. Et pour la pente de ces faces, je me suis référé à un coin de rabot. Je trouvais qu’un coin de rabot se serrait plus fort que nécessaire, et sur une trop longue distance. Alors plutôt que mettre une inclinaison de 5 ° (par rapport à la verticale) pour chaque face latérale (donc 10 ° en tout,) j’ai mis 7 °, pour un total de 14 °. (En fait, un peu moins de 14, car l’angle de 15 ° donné à la face latérale réduit sa pente dans le plan de la face avant de l’assemblage.) Mais 7 °, ça s’est révélé trop : le pied ainsi assemblé se délogeait trop facilement à mon goût. J’ai donc fait les deux autres pieds avec des pentes de 6 °.

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Le premier banc que j’ai fait est celui en frêne. Son « assise » a 60 cm de long, 16 cm de large et est épaisse de 55 mm. Les angles sont les suivants :
Pied avant :

• incliné de 14 ° par rapport à la verticale,
• faces latérales de l’assemblage à 75 ° par rapport aux faces avant et arrière,
• pente des faces latérales : 7 °.

Pieds arrière :

• inclinés de 10 ° « vers l’extérieur, » perpendiculairement à la longueur de l’assise, et verticaux quand on regarde le banc de profil,
• faces latérales de l’assemblage à 75 ° par rapport aux faces avant et arrière,
• pente des faces latérales : 6 °.

Ce premier banc m’a servi pour fabriquer le second.

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Mais j’ai trouvé que même 6 °, ça ne serrait pas assez. Alors sur le second banc, celui en chêne, (aux dimensions pareilles, sauf qu’il est un peu plus épais : 61 mm,) je me suis rendu à l’angle du coin de rabot, et j’ai mis 5 ° aux pentes latérales. Les angles sur le banc en chêne sont :
Pied avant :

• incliné de 15 ° par rapport à la verticale,
• faces latérales de l’assemblage à 75 ° par rapport aux faces avant et arrière,
• pente des faces latérales : 5 °.

Pieds arrière :

• inclinés de 10 ° vers les côtés par rapport à la verticale, mais aussi de 5 ° vers l’arrière, pour une surface de sustentation plus longue (et c’est surtout beaucoup mieux visuellement,)
• faces latérales de l’assemblage toujours à 75 ° par rapport aux faces avant et arrière,
• pente des faces latérales : 5 °.

Les encoches ont été un peu fastidieuses à tracer et ajuster.

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Une fois les assemblages réussis, j’ai coupé les pieds de sorte que la surface d’appui arrive à 51,5 cm du sol. C’est un poil plus haut que sous ma rotule, en prévision de ce que les pieds sèchent encore et s’enfoncent davantage dans l’assise, réduisant la hauteur du banc, et en prévision aussi que le banc soit utilisé par quelqu’un portant des chaussures dont les semelles élèvent l’altitude de la rotule par rapport à moi qui suis toujours pieds nus.

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L’échancrure à l’avant est bien pratique pour certaines coupes courtes ou dans du matériau fin.

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Le trou oblong de préhension est exactement à la verticale du centre d’inertie. Il a 32 mm de large et 104 de long, bien assez pour y glisser ma grande main et prendre le banc facilement et sûrement.
Je prévois un ou plusieurs trous pour un valet, que je percerai à l’endroit adéquat au dernier moment.

Pour contraster, voici mon premier banc à scier. Je me réjouis du progrès réalisé…
Un gros morceau de résineux, des pieds en branche de charme pas sèche du tout, enfoncés dans des trous percés à la va-vite. J’avais mis des coins dans les bouts des pieds, ça serrait bien dans les trous au moment du montage ; mais les branches ont séché, naturellement, et le diamètre ayant diminué, les pieds se sont enfoncés dans le banc et le bout dépasse maintenant au-dessus du niveau de l’assise… Je n’ai jamais pris le temps de corriger ça, j’ai préféré supporter que ce que je sciais pose de travers ou instablement sur les bouts qui dépassaient… À part ça, encombrant (82 × 24 cm) et pas commode à déplacer. Mais il m’a sacrément rendu service, et notamment pour fabriquer mon premier nouveau banc.

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