Bonjour à tous.
Comme il fait froid ce matin et que mon atelier n'est pas chauffé, je me suis mis à penser !
Peut-on vendre ses créations quand on est amateurs et comment ?
Voici une question que je me pose depuis un moment et voici quelques éléments de réflexion.
Ma petite histoire -----------------------------
En effet, en tant qu'amateur en tournage, il m'arrive de recevoir de beaux compliments sur mes créations allants parfois jusqu'à l'envie de m'acheter un objet.
Je suis jusque là pas intéressé par ces propositions parce que je tourne d'abord pour moi, pour faire des cadeaux à mes amis, pour troquer contre du bois.
Mais, je suis étonné d'avoir ce genre de proposition régulièrement, d'autant plus que j'ai commencé le tournage il y a 3 mois...
Cela dit, ça me démange, si je peux avoir un peu de sous, pourquoi pas ?
Et là je suis tiraillé par ma conscience.
Vendre ou ne pas vendre -----------------------------
1ère idée : Vendre ses créations : Bien entendu, un peu de sous me permettra de rembourser mes dépenses en bois, matériel jetable et même pourquoi pas améliorer mon atelier :) ! De plus, mon interlocuteur pourra, lui, bénéficier d'un objet moins chère qu'ailleurs, c'est gagnant-gagnant. Alors il me prend l'idée de passer un mois à fabriquer 10-20 ou même 30 boites en frêne à fermeture mécanique et de mettre des annonces sur les sites de ventes directe.
2nd idée : Penser aux autres : En faisant ce genre de vente, ne suis-je pas en train de trop casser les prix ? Moi je ne suis pas déclaré, je n'ai pas de taxe, pas de frais fixe, et en réalité même pas besoin de cet argent pour vivre mais plus pour me faire plaisir. Alors que je suis ravi d'être conseillé sur l'air du bois, ne suis je pas en train de mettre des bâtons dans les roues à certain d'entre vous ? Bien entendu, la qualité de production d'un professionnel est bien supérieure à celle d'un amateur comme moi. Mais j'ai remarqué que le bois a un pouvoir de séduction assez extraordinaire chez les gens et efface pas mal de défaut des créations.
Je ne suis pas en train de parler de la situation où mon oncle me donne 15€ pour un petit bol et surtout pour m'encourager. Mais bien de ventes organisées et anticipées...
Des questions en vrac -----------------------------
Je pense que cette plateforme qui réunit à la fois amateurs et professionnels et un environnement très adapté pour se poser ces quelques questions :
La question sur la question :
- Est ce que ces réflexions touchent réellement les professionnels ou je me torture pour rien ?
Les réflexions :
Faut-il que les amateurs ne vendent pas ou vendent leurs créations au prix du "marché" pour ne pas perturber l'indice boursier des petits bols en frênes ?
Il y a t-il une limite dans la vente de créations par les amateurs et où se situe t'elle ?
Vos expériences :
En tant qu'amateur, ou même amateurs avertis quasi pro mais dont le bois n'est pas votre activité. Que faites-vous ? Quelle est votre approche personnelle par rapport à ce sujet ?
Et les professionnels, avez vous des expériences, des réflexions par rapport à cela ? Je pense que je n'ai pas rencontré assez de professionnels pour bien saisir l'impact que cela peut avoir.
Voilà j'espère que cela vous intéressera autant que moi.
Et que vous aimez aussi vous casser votre tête de bois à moins qu'elle soit un peu fêlée...
Manu.
NB :
Une autre réflexion proposée par Boris Beaulant :
Les plus belles créations attendent-elles d'être faites ou d'être vendues ?
7 réponses
Salut,
J'aurais tendance à te dire vas y !
Fais-toi plaisir et plaisir aux autres !
Tu peux aussi te prendre un statut de micro entreprise en activité secondaire comme ça d'un point de vue légalité et légitimité tu es tranquille (et en plus tu pourras passer sur du plus gros si demande il y a).
Casser le prix du marché, c'est le boulot des industries, des grandes surfaces et des Chinois ! Tu n'y arriveras pas tout seul ! Donc soit tranquille et pratique les prix qui te conviennent.
On en a discuté ici aussi :
En tant que tourneur maintenant passé dans la case pro après avoir été deux ans dans ta situation, voici mon point de vue :
-la légalité, si j'ai bien tout compris en France il faut forcément être déclaré pour vendre quelque chose hors occasion. Néanmoins si tu vends des objets tournés sur un vide grenier, qui peut prouver que ce ne sont pas des objets déco que tu as fais pour toi et que tu revends après coup ? Les ventes par plateforme internet quelconque ont par contre beaucoup plus de chances d'être suspectes, à toi de voir si le jeu en vaut la chandelle.
Personnellement, avant d'être déclaré j'ai fait des ventes "privées" : un mariage, un anniversaire, une petite fête de village ou autre micro évènement où je venais avec ma caisse de créations dans le coffre, et je les exposais pendant 1h ou 2 en accord avec l'organisateur. Entre ça et les commandes directes, j'ai pu en 2 ans mettre les sous de côté pour passer à un tour plus costaud, et envisager la création d'entreprise.
-la concurrence avec les "pros" : je pense qu'il faut oublier la différence de qualité entre Pro et amateur concernant le tournage : un pro veut faire un objet rentable, donc il va vite pour faire quelque chose de bien, ou alors il vend "très" cher un objet ultra qualitatif sur lequel il a passé énormément de temps et de compétences. Un amateur peut prendre le temps de bien faire les choses : s'il doit passer 6h sur son bol il s'en fout car il aura toujours de la soupe à manger le soir venu. A la fin, la qualité dépendra non pas du statut de pro, mais de la gamme recherchée, qui elle même dépend de la clientèle visée.
Par exemple avant d'avoir mon statut, je me suis retrouvé à être en "concurrence" directe avec un autre tourneur en micro-entreprise. On en a discuté avant l'ouverture du marché, et il s'est avéré qu'on avait pas du tout la même gamme : lui produisait énormément de vaisselle utilitaire à partir de plateaux achetés secs et tourné "rapidement" tandis que moi j'avais beaucoup plus de pièces décoratives haut de gamme et imposantes (saladiers avec bords naturels, bols en loupe, finitions à la gomme laque...). Au final on a carrément partagé le stand car nos deux gammes étaient complémentaires : à lui les ventes faciles et la garantie de durabilité des objets, à moi le coup de coeur pour un objet unique et les yeux qui brillent sur un bois rare mis en valeur par une gomme laque.
Cet exemple montre bien que la concurrence entre tourneurs est très situationnelle : à l'époque on a pu se partager le gâteau sans problème, mais maintenant que je suis déclaré, ma gamme est passée sur 50% de pièces "haut de gamme" et 50% de pièces utilitaires. Si on se retrouve à nouveau sur le même marché, on risque d'être moins complémentaires.
Pour la question des prix : même en étant déclaré, c'est toujours le bordel dans ma tête : j'ai beau être pro, je n'ai pas fait de prêt pour démarré, je ne loue pas de local, j'ai une assurance mais qui n'est pas hors de prix, et je ne bosse qu'avec du bois gratuit ou en troc... Sur certaines pièces je me fais un taux horaire de 40€ net, et pourtant certains me disent que ça reste pas cher ; du coup je suis tiraillé entre offrir un prix qui me semble juste au client et avoir un prix qui correspond au marché. Quand je mets les pieds dans une boutique maison du monde et que je vois des assiettes en bois tournées à la machine ou par des indiens sous payés au même prix que les miennes, ça me fait mal au c** car je sais que certains clients en venant sur mon stand vont croire que "je ne suis pas artisan sinon je ne pourrais pas faire des prix si bas". Et en même temps en tant que saisonnier agricole, quand je pose un saladier à 160 neurones sur le stand, j'imagine toujours qu'il va y rester une éternité parce que je n'arrive pas à concevoir de mettre une somme pareille dans un objet non utilitaire (et pourtant je ne les garde jamais longtemps).
Mon impression c'est que les prix ne veulent rien dire, alors j'ai arrêté de me comparer, j'ai fini par trouver un compromis entre un prix de vente qui m'assure un taux horaire net au moins au SMIC, et une gamme assez large pour avoir à la fois des pièces qui se vendent facilement mais rapportent peu, et des pièces plus durs à vendre mais avec un beau jackpot à la clé.
Pour fixer mes prix, j'évalue le "coût" de la pièce en fonction de sa taille et du type de bois (par ex une toupie, faite dans un ancien poteau d'escalier me coûte 50cts entre l'électricité et l'amortissement du matériel, alors qu'un gros saladier en loupe de frêne que j'ai été couper moi même à 20kms me coûte plutôt 10€ avec l'amortissement du véhicule, de la tronçonneuse etc...). Ensuite en fonction du temps passé, j'applique un taux horaire de 20€ (qui vu mes charges correspond pour moi à un smic net) => pour nos exemples précédents on arrive à une toupie à 5€ et un saladier à 60€. Enfin je rééquilibre mes prix pour avoir une progression logique de ma gamme : les toupies restent à 5€, par contre le saladier va passer à 120€ parce que c'est la pièce vitrine de mon stand.
Si sur un marché je me retrouve avec un autre tourneur, qu'il soit amateur ou pas, je vais discuter avec lui, voir si on propose le même type de pièce ou pas, et je fais mon possible pour trouver avec lui un compromis pour qu'on reste dans une concurrence saine et un bonne entente. Le cas échéant, je vais corriger mes prix pour ne pas faire de concurrence déloyale ; et si je tombes sur un amateur qui ne veut rien entendre je l'inviterais gentiment à se souvenir que ce qu'il fait est illégal, que je ne lui jettes pas la pierre car moi aussi j'ai démarré comme lui, mais que quand on est dans l'illégalité il faut au moins avoir l'intelligence de ne pas se faire remarquer. Si c'est un revendeur qui est en face, à moi de faire valoir la plus value de mon travail (et en amont de bien cibler mes marchés pour avoir une clientèle qui sera sensible à cette plus value).
Pour ce qui est de la vente à distance, le marché est tellement "faussé" par la revente d'artisanat venu d'asie du sud est ou du maghreb avec des marges qui vont de rien du tout à fois 10 que je ne regarde même plus ce que font les autres ; je vends à mon prix et point barre.
Salut.
Je pense qu'il faut pas se prendre la tête. Si mon voisin se mettait à le faire, je pense que mon activité ne bougerait pas du tout.
Si ton offre correspond à une demande, alors tu ne casses pas le marché, tu le crée. Je suis du même avis que dependancesbois .
Donc à mon sens, selon tes convictions, en auto-entreprise ou non, fais toi plaisir et prends ce qu'il y'a à prendre.
Si c'était moi je ne déclarerai pas et en profiterai pour troquer mes services ou compléter mes revenus.
D'un point de vue légal, il te faudrait normalement être déclaré : economie.gouv....eclarer-revenus
Mais il me semble qu'il existe une tolérance, certainement dans un autre texte, ou jurisprudence (?) , et de mémoire ça retombait sur les 3000€ comme la vente d'objets d'occasion… faudrait retrouver pour être sur.
Ça c'est la théorie, dans la réalité, peu déclarent, et notamment pour débuter.
Il est évident que pour l'amateur qui débute et qui ne sait pas s'il va persister ou comme toi ne part pas dans le but vendre mais souhaite le faire de manière occasionnelle sur sollicitation, on n'est pas dans une situation d'entreprise et qu'en-dessous de quelques centaines d'euros c'est pas très tentant de suivre la "voie normale"
Ensuite quand tu vois que ça prend une tournure plus régulière il convient de régulariser la situation. (ça arrive qu'un amateur se lance pour le plaisir, que de premiers clients lui demandent des pièces au bout seulement de qques mois et qu'au final contre toute attente ça débouche sur une reconversion pro (ou au moins une activité complémentaire durable)
Pour le "juste prix" c'est très complexe.
Il y a le tarif qu'un pro demandera en appliquant une formule (prix de revient * x% de marge) , celui que tu trouves sur des nids à arnaques genre Etsy (objets venant de Chine, à peine retouchés en France (voire pas du tout) revendus avec une marge + la marge de la plateforme) , le prix que tu pense juste de demander… et le prix que le client pourra payer surtout !
Car pour le même objet, si un pro le vend 50€ qui convient au porte-monnaie du client Jacques Durand mais que le client Jean Dupond n'est pas prêt à mettre plus de 30€ , ben en lui vendant à ce prix tu n'auras pas "volé" le pro puisque M. Dupond ne lui aurait de toute façon pas acheté…
"Faire baisser le prix du marché" est aussi un point de vue… mais est-ce que le prix du marché n'a pas été augmenté par d'autres à un autre moment ? Et est-ce que c'est ceux qui montent le prix du marché qui ont plus raison que ceux qui le feraient baisser ? Difficile de répondre… y a des domaines où les prix sont tels que le client "moyen" se trouve exclus, le marché devient "de niche" (puis les pros se plaignent que les clients achettent des produits d'importation) , il peut y avoir des variations locales (tu vendras pas le même prix à St Tropez qu'à Roubaix car la clientèle n'a pas le même pouvoir d'achat ni les mêmes habitudes de consommation)
Tu as des gens qui se lancent avec des idées et des méthodes de fabrication qui leur permettent d'être bien plus rentables que des pros installés plus anciennement… du coup ils ne devraient pas vendre moins cher pour autant pour pas concurrencer les autres ? Certains sont de cet avis, d'autres non, il n'y a pas de réponse tranchée…
Salut !
Je me suis posé la même question il y a quelques mois. J'ai trouvé comment y répondre par deux autres problèmes :
1/ les outils et les consommables, bah ca coute.
2/ mes proches n'osent plus m'offrir de cadeau sur le domaine menuiserie, car parfois... Bah tout simplement, ça ne me sert pas.
Alors j'ai fait une liste d'envies, sur Workflowy. Il y a de tous les prix : quelques hors série du Bouvet, jusqu'à un aspirateur à copeaux pour améliorer l'atelier.
Mes proches ou ceux qui veulent que je leur fabrique 2/3 choses, s'ils insistent pour me "payer quelque chose", je leur propose de regarder dans cette liste :).
Après, je reste "petit amateur". Le jour où je ferai ca plus sérieusement (parce que ca viendra !), je monterai mon statut d'auto entrepreneur je pense.
Bon courage !
Bonjour,
il suffit de créer une microentreprise, ça ne coûte rien à part les charges qui sont à inclure dans ton tarif et proportionnelles au CA.
Personnellement, je suis salarié dans un domaine n'ayant rien à voir, aujourd'hui je suis passé à 80% avec tous les mercredi consacrés à la menuiserie, en micro entreprise.
Cette façon de faire officielle permet d'assumer ses tarifs et de faire de la publicité sans gêne.
bonne continuation
La première question est : est-ce que je veux faire les choses en règle ou pas ? Si n'être pas dans les clous ne te gêne pas, tu fais comme tu veux, le tout étant de ne pas se faire prendre. Sinon la règle en France est que dès que tu gagne un centime, tu dois le déclarer. Après ça ce complique. Tu as le choix entre être artisan ou artiste. Artisan, c'est chambre de métier Urssaf et charges sociales, ou statut micro entreprise. Artiste, c'est a dire créateur d’œuvres originales et unique tu peux te déclarer à l'Urssaf et tu obtiendras un N° de Siren (souvent exigé pour participer à des marchés de Noël par exemple). Après normalement tu dois t'inscrire à un organisme (maison des artiste ou Agessa) pour payer les charges sociales, mais une tolérance fait que jusqu'à environ 3000 euros, tu peux t'en dispenser. Mais tu dois déclarer les sommes gagnées sur ta feuille de déclaration d’impôt dans la case BNC (bénéfices non commerciaux). Pour plus de détails il y a pas mal d'info sur le net !