Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.
Cela fait un moment que le sujet des rabots en bois m'intéresse .
Outil indispensable au travail du bois, sa maîtrise permet d'être efficace et d'avoir un état de surface parfait.
J'ai commencé par rassembler de la documentation au sujet des rabots. Ensuite j'ai remis en état un paquet d'outils montés (voici un exemple simple et un exemple plus compliqué avec confection d'un coin et empiècement sur la semelle).
J'ai aussi confectionné deux rabots de type Krenov, dont la fabrication est plus aisée, notamment grâce à la tige transversale permettant le blocage du coin:
- un premier avec assemblage du fût collé, buis et ipé;
- un second, tout petit, monoxyle, charme.
Mais il me restait le plus difficile, me lancer dans la fabrication d'un vrai rabot
Seulement, je ne voyais pas l'intérêt de refaire un rabot traditionnel français, alors que j'en ai déjà une douzaine, de bonne facture pour la plupart!
Petit à petit, l'idée est venue de faire un rabot pour raboter les bois difficiles avec un angle de fer de 60° (voir conversation ici).
En préambule à ce pas à pas, rappel de la terminologie concernant la géométrie du fût.
Liste des articles
- Inspiration
- Fabrication, pratiques observées: Bentley planes
- Fabrication, pratiques observées: Caleb James et Steve Voigt
- Fabrication : les étapes détaillées dessinées par Kate McMillan
- Fabrication : allons voir comment ça se passe chez HNT Gordon !
- Utilisation (HNT Gordon)
- Le PLAN, ainsi que les ESSENCES et le FER utilisés.
- FABRICATION
- Premier bilan
- À venir...
- Fabrication, pratiques observées: pays Nordiques !
Inspiration
Je me suis inspiré de deux rabots très semblables:
- le Hong Kong-Style Shungee Rosewood Mid-Sized Polishing Plane de Mujingfang, 230mm de long, fer incliné de 60° par rapport à la semelle, largeur de fer 44mm, 730g, bois de rose;
- le smoothing plane (rabot de finition) de HNT Gordon, 210mm de long, 67mm de large, 38mm de haut, largeur de fer de 50mm, incliné à 60° aussi, bois de gidgee.
Ces deux rabots comportent une pièce de laiton devant la lumière la semelle pour limiter l'usure.
Fabrication, pratiques observées: Bentley planes
Tout d'abord, Bentley planes, qui illustre ses fabrications de quelques photos.
On observe l'usage de la scie à guichet, de ciseaux et d'écouannes (floats ou planemaker floats en ). Notez la première étape de tracé soigné de l'embouchure sur le fût.
La suite. Plusieurs essences de bois sont utilisées. Bentley planes est dans la charpente navale, et donc plus dans une tradition de bois exotiques pour ses fûts. Ses rabots ont une forme traditionnelle anglaise (en navette, avec des chanfreins en haut de l'embouchure sur les oreillons).
Bois rare =
Fabrication, pratiques observées: Caleb James et Steve Voigt
Rabots en hêtre de tradition anglo-saxonnes pour Caleb James et Voigt planes.
Quelques photos intéressantes de rabots en coupe sur l'instagram de Caleb James.
Notez qu'il a publié des plans de rabots en pdf (coffin smoother=rabot de finition navette, jack plane, rabbet plane=guillaume).
Voici quelques images de ses étapes de fabrication. J'ai mis des commentaires sur les images.
Steve Voigt (Voigt planes) a aussi publié quelques photos/vidéos en cours de réalisation (instagram).
On trouve aussi sur son blog :
- un article intéressant avec des liens vers des vidéo sur la fabrication d'un rabot;
- un article retraçant sa fabrication d'un rabot;
- je vous laisse explorer le reste du blog de Steve Voigt, c'est instructif et il n'y a pas trop d'articles.
Un article très complet écrit par Steve Voigt détaillant la fabrication d'un rabot de finition vient de paraître sur le site de Popular Woodworking, voici donc le lien.
Enfin, une présentation vidéo A plane from a single piece of wood très instructive de Phil Edwards (Philly planes) sur ses essais de fabrication de rabots. Il parle de l'orientation du bois du fût, des angles d'affûtage, du fer, ...
Fabrication : les étapes détaillées dessinées par Kate McMillan
Voici les étapes détaillées de la fabrication d'un rabot traditionnel nordique, dessinées par Kate MCMillan. J'ai trouvé cela sur la publication Boatbuilding tools and planemaking du très bon site hyvelbenk.word...ners-workbench/.
Notez les dimensions et angles figurant sur les schémas. Indications précieuse!
Les étapes suivantes concernent la confection et fixation de la poignée.
Toutes ces étapes figurent aussi dans une seconde infographie de Kate McMillan:
Fabrication : allons voir comment ça se passe chez HNT Gordon !
Une vidéo.
L'instragram
Utilisation (HNT Gordon)
Illustration de l’utilisation du rabot chinois avec des photos piquée chez HNT Gordon.
Notez, pour une utilisation en poussant:
- la position des index sur l'avant du fût;
- la position des pouces derrière le fer;
- les doigts restants entourant la poignée;
- le paumes qui appuient sur la poignée.
La hauteur de la poignée est telle qu'il reste de la place pour les doigts entre la planche à raboter et la poignée. Heureusement !
Pour une utilisation en tirant, il faut aller voir la fin de cette courte vidéo de démonstration:
(notez le petit pop à la fin de la passe à 2min30, effet ventouse ?!?)
Le PLAN, ainsi que les ESSENCES et le FER utilisés.
Le fer
Un fer Steiner de 48mm, Chrom Vanadium, issu d'un rabot à corne de facture allemande.
Épaisseur 4mm au niveau du biseau.
Essence pour le fût
J'ai trouvé un morceau de bois exotique, dans ma réserve, qui collait bien avec la largeur du fer et la hauteur d'environ 40mm nécessaire.
C'est de l'amarante. Bloc complet: 1980g pour 1975cm3, on n'est vraiment pas loin d'une densité de 1!
Bois dur. Fait des éclats assez facilement. Odeur de vomit !!
Dessin de l'embouchure
Voici le dessin du rabot.
La section du fût correspond au morceau d'amarante que j'ai choisi, qui tombait pile comme il faut avec un fer de 48mm.
J'ai choisi un angle de 60° aussi à l'avant de l'embouchure, c'est pour n'avoir qu'un seul gabarit à 60° (voir plus bas).
FABRICATION
Voici les différentes étapes de la fabrication.
Affûtage scie et ciseaux
Première étape, affûter scie et ciseaux! Je ne suis pas dans mon atelier, et mon père met tous les ciseaux dans la même grande boîte, sans protections et des fois on se demande à quoi ils ont servi ...
Confection gabarit 60°
Ensuite, découpe du gabarit à 60° à la scie à onglet.
Il me permettra de surveiller l'angle et de guider le ciseau.
Tracé de l'embouchure
Un crayon, un fausse-équerre.
Voici les principales étapes dans l'ordre:
- Angle du lit du fer de 60° par rapport à la semelle;
- fer de 4mm d'épaisseur;
- angle de coin de 10°, droite passant par le biseau du fer au niveau de la semelle;
- report sur le dessus et la semelle, après avoir tracé la largeur du fer.
Pour l'ébauche de l'embouchure:
- ciseaux;
- bédane;
- un gabarit à 60° permettant de guider le ciseau.
le gabarit n'empêche pas de plonger le ciseau plus verticalement dans le fût (c'est à dire à un angle supérieur à 60°).
Perçage de la lumière
Vilebrequin, fausse-équerre et guide 60°.
pour le perçage, j'ai préféré dévier vers l'avant de la lumière, je pense que j'aurais mieux fait d'être au plus proche des 60° du lit du fer, pour agrandir le moins possible la lumière et éviter que les trous ne laissent des traces à l'avant de la lumière... On se fiche de marques éventuelles sur le lit du fer.
Finition aux ciseaux et gabarit 60°
Taille des joues
Scie à guichet puis lame de scie à métaux HSS (la scie à guichet ne coupe rien malgré l'affûtage )
J'aurais dû utiliser un coin à 10° pour guider ma lame de scie et ainsi avoir exactement la même découpe de chaque côté (voir comment procède Bentley Planes ci-dessus).
Coin et premier essai du rabot
Confection rapide d'un coin (merisier, fendu à la confection ) pour le premier essai du rabot. Ajustement rapide du coin en regardant quels sont les points d'appuis contre le fût.
J'arrive à bloquer le fer, premier essai de rabotage: ça marche, on continue!
Perfectionnement de la surface d'appuis du fer
Il s'agit maintenant de parfaire la surface d'appuis du fer pour qu'il soit bien bloqué par le coin.
J'utilise la technique du ciseau émoussé au touret (rassurez vous, j'ai pris pour cela un ciseau sans marque de piètre qualité) qui permet de racler la surface aux bons endroits.
Coin enfoncé, en essayant de regarder une source lumineuse à travers l'espace entre le dos du fer et le fût, on peut apprécier la qualité de l'adéquation des deux surfaces.
Mieux vaut que la surface d'appuis du fer soit légèrement creuse, de sorte à ce que le fer n'appuie qu'en haut et en bas du fût.
Taille des oreillons et deuxième essai
La taille des oreillons nécessite un ciseau affûté en biais (et même deux en fait, un pour chaque côté).
Comme j'ai une plane de tournage sous la main (affûtée en biais bien entendu), bien large, fraîchement affûtée, je m'en sers pour tailler les oreillons et ça marche plutôt bien. D'autant plus que le double biseau permet d'accéder aux deux côtés .
Le coin
- scie, rabot, racloirs, ciseaux
Comme mon premier coin à eu une vie très courte, je pioche une chute de bois exotique de format approchant pour tailler le coin définitif. Ici aussi, j'essaie de voir face une source lumineuse où sont les points hauts à retoucher pour un ajustement parfait entre le coin et le fer ainsi qu'entre le coin et les oreillons.
Il faut vraiment soigner les deux pointes du coin car ce sont elles qui vont orienter les bords du copeau vers le centre du fût et éviter que le copeaux ne se coince. Donc taille au ciseau bien affûté et j'ai même mis un peu de paraffine pour que le copeau glisse bien (superstition ?)
La poignée
Perçage du fût à la perceuse à colonne (deux trous de 9mm).
Je ne le sentais pas à la main de faire deux trous rigoureusement parallèles...
Ensuite, finition de la mortaise (bédane, ciseau, lime plate, queue de rat).
Puis j'ai trouvé une baguette de massaranduba dans mon stock, que j'ai ajusté en épaisseur et dont j'ai arrondi les bords au racloir de forme (lame de scie à métaux passée au touret).
Ça m'a pris un bon bout de temps pour faire rentrer la poignée. Au final, elle est un poil trop maigre et se glisse trop facilement dans le fût, il me faudra en refaire une plus soignée un jour où je me sens d'être patient...
En tout cas le fer est bien fixé, le rabot fonctionne, ça l'fait
Premier bilan
Essence utilisée
L'amarante est un bois dense (~1) et bien dur.
De plus, la semelle glisse très bien, donc je suis content de ce choix pour le fût.
Lumière
La lumière n'est pas aussi étroite que j'aurais voulu.
Du coup, pour l'instant j'ai du mal à dire si le rabot est vraiment plus efficace sur les bois difficiles.
Embouchure
C'est là que ça pêche! Sur le plan, j'avais mis un angle de dégagement de 5° au dessus du coin pour laisser passer le copeau. Dans la réalité, il n'existe pas vraiment. J'aurais dû utiliser un guide en forme de coin pour découper les joues à la scie.
J'ai essayé de compenser avec les pointes du coin (taillées au ciseau, bien lisses, paraffinées), pour que le copeau soit bien guidé. Mais malgré cela, cette zone reste convergente pour le copeaux, donc si ça rétrécit il y a risque de coincement.
Et effectivement, pour certaine essences, ça bourre.
Bon, pour d'autres essences ça va. Et quand on rabote moins large que le fer aussi, évidemment !
Coin et réglage du fer
Le coin maintient parfaitement le fer. A tel point que bien serré, quand on frappe le fût le fer résonne (il faut dire qu'il dépasse beaucoup).
J'ai encore du mal à régler rapidement la sortie du fer. Autant avec un rabot traditionnel (45°) ça va, là c'est plus fastidieux. Je pense que c'est dû en partie à l'angle de 60° (quand on frappe le nez du rabot, le fer à moins tendance à descendre). Il faut donc plus frapper le fer pour le faire descendre, j'avais pris l'habitude de frapper le fût pour descendre le fer, ce qui marche parfaitement bien à 45°.
D'ailleurs, pour desserrer le coin/fer, c'est plus efficace de frapper le dessus du fût derrière le fer que de frapper le talon du fût. Le coin saute tout seul.
Bref, réglage à apprivoiser.
Utilisation
Je termine par le meilleur
L'utilisation avec la poignée transversale est vraiment plaisante, que ce soit en poussant ou en tirant. Le geste est beaucoup plus symétrique qu'avec un rabot occidental, du coup les deux bras sont sollicités de marnière identique. Au contraire, avec un rabot occidental, c'est vraiment la main arrière qui pousse, et donc le bras correspondant qui ramasse !
Et il est possible de changer de sens de rabotage sans bouger, simplement en tirant au lieu de pousser ou vis-versa.
À venir...
Les articles qui vont arriver, plus ou moins rapidement (en fonction du petit chiffre devant et de ce que j'arrive à faire ):
- plan de mon rabot à mettre à jour!;
les étapes (photos et commentaires) de la fabrication de mon rabotutilisation en tirant et en poussant du rabot;premiers essais;- encore un peu de documentation et bibliographie sur la fabrication;
- retour d'expérience (essais plus poussés);
- des envies/suggestions ?
Fabrication, pratiques observées: pays Nordiques !
Parce que j'adore ces deux site nordiques et que j'aimerais bien apprendre la langue rien que pour ça !
Rabot
Présentation et dimensions de différents rabots nordiques en bouleau: Verktøy til høvling av golvbord
Autre présentation de rabots: Høvlar frå Nereng på Tynset, revidert
Atelier de fabrication de rabots traditionnels nordiques, texte en norvégien
Høvelmaking med utgangspunkt i høvlane til Sjur Nesheim
Et le réglage maintenant: Stilling av en høvel. Kjennerud-Løvdal
Outils à rainure et languette
Fabrication des poignées Høvelmaking, forming av handtak og sluttføring
Utilisation Nytt medlem rykker rett opp som VIP medlem i Norsk Skottbenk Union
Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.
Discussions
Ils sont jolis ces rabots. Et je crois l'avoir déjà dit, mais c'est pas idiot ces poignées avec des angles d'attaque pareil. Cela limite plus leur utilisation en tirant ceci dit, à mon avis. je vois ça moins pratique en poussant.
C'est marrant parce qu'en France, les rabots à poignées latérales (galères), c'est plutôt pour dégrossir en forçant!
Blague à part, quand je me retrouve à tirer un rabot, j'ai plutôt tendance à l'attraper par le nez et à appuyer sur l'avant. Avec deux poignées sur les côtés, comment fait-on?
Fof non, à l'usage c'est aussi pratique en poussant qu'en tirant.
Et le geste se trouve facilement.
Guilh63 pour l’utilisation en tirant, j'ai mis une vidéo de HNT Gordon, car j'arrive pas à me prendre en photo tout seul avec les deux mains sur le rabot
Sur les galères, les poignées ne sont pas positionnée au même endroit... C'est vrai que ce rabot à poignée transversale est inconnu en occident...
Jolis rabot, un jour faudra que j'essaye ces rabots en tirant, ça me titille de voir la sensation (plutôt de ressentir !)
Judicieux. Cela ma fait penser à la scie japonaise, à tirer aussi.
Waouw! merci pour la doc!
très joli ce rabot, même en chantier :) Et la doc est sexy !
Belle documentation, il y a de la réflexion avant le premier copeau. Et ton rabot est chouette.Vivement la suite.
Merci. Oui, j'y ai réfléchi, j'avais envie de faire un rabot qui serve.
Bon, il faut dire que ça fait quelques années que je creuse le sujet des rabots...
hey mais...Mais..s'rait pas un dessin réaliser avec qcad ? :>
Si si, LibreCAD même !
Hello dneis, merci d'avoir pris le temps de me répondre et du coup je profite de ta gentillesse en te demandant frontalement: as-tu un hachure bois-de-bout pour les coupe en travers du fils (donc). J'ai pas encore consulter/travailler là dessus:
qcad.org/doc/q...itHatch_fr.html
Cordialement
Palrider ah non, je ne maîtrise absolument pas les hachures avec LiberCAD (cela ne me paraît pas aisé au premier abord, peut-être à tord...?), donc je n'en suis pas à cette distinction de type de hachures.
Un bon premier bilan donc ! très intéressant à savoir.
+1
les japonais règlent les fées très minutieusement avec des petits marteaux. Ça doit être par rapport aux différences de réglages.
trente six seb ça doit leur faire mal !!!
dependancesbois Ce qui est fée n'est plus à fer...
Jean Galmot
Si une petite fée pouvait s'occuper de régler le fer de mon rabot...
kilékon le correcteur orthographique !
Ah merci, les langues scandinaves viennent de repasser en pole position de ma trop longue liste de langues à apprendre...
Quant au bouleau, on doit pas avoir les mêmes s'ils en font des rabots! j'imagine qu'ils poussent plus lentement et sont plus denses...
Pour le bouleau, je ne sais pas. A vrai dire, ils n'ont sûrement pas trop le choix en feuillu !
Je ne suis pas certain de la relation "pousser plus lentement = plus dense" pour les feuillus. C'est vrai pour les résineux, mais il me semblait que c'est l'inverse pour les feuillus. A vérifier.
dneis je confirme qu'ils sont plus dense dans les pays du nord, étant en Finlande, j'ai pu le vérifier ;-)
Merci pour ce voyage aux pays nordiques ! J'adore ces pays ! J'y retournerai un jour pour voir des ateliers bois ! (Peut être !).
Ça fait bizarre de voir une manipulation avec les poignées derrière en poussant.
Ça doit certainement être efficace et l'habitude doit vite venir mais ça donne vraiment envie d'essayer.