Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.
Le travail du bois produit une quantité non négligeable de "déchets", l'avenir de la planète étant un enjeu de plus en plus important pour la plupart d'entre nous, la question de la valorisation de ces déchets se pose, que l'on soit professionnels ou amateurs.
Si les gros déchets (chutes, pièces d'essais) trouvent généralement facilement une utilité, ou finissent par nous réchauffer dans un poêle, les sciures et copeaux posent un problème plus complexe : leur volume est rapidement ingérable, et les systèmes pour en faire un combustible utile sont complexes et d'un coût financier trop important pour être une solution généralisable.
Cette question revient régulièrement sur l'air du bois, et invariablement parmi les réponses, les toilettes sèches sont présentées comme une solution valable, voir idéale (voir les quelques questions que j'ai reliées à ce pas à pas).
Les toilettes sèches ayant étées mon métier pendant un temps, et en tant qu'utilisateur régulier, je suis enchanté de voir que de plus en plus de personnes franchissent le pas. En revanche, je déplore que ce passage de toilettes à eau vers les toilettes sèches se fasse bien souvent sans prise en compte ou connaissances des enjeux de l'assainissement ; risquant à terme de pousser nos dirigeants à mettre en place une législation restrictive qui ferait perdre aux toilettes sèches l'un de leurs atouts ; leur aspect économique pour les utilisateurs.
Pour cette raison, je me permet ce petit pas à pas, pour amener à ma petite échelle des clés de compréhension et quelques conseils destinés aux utilisateur actuels ou futurs de toilettes sèches, mais aussi aux professionnels auxquels un client pourrait demander la mise en place de toilettes sèches.
Liste des articles
- 1 : Le background : généralités et ressources
- 2 : La toilette sèche à compost : une évidence pour le boiseux (ou pas)
- 3 : Bon ok, et maintenant comment je le fait mon chiotte ?
- 4 : Conception et fabrication du chiotte
- 5 : Ok j'ai mon chiotte, et maintenant le compost j'en fais quoi ?
- 6 : matériaux
- 7 : Les copeaux et essences de bois
1 : Le background : généralités et ressources
Pour commencer, une petite histoire de l'assainissement et une présentation succincte de ses enjeux.
L'assainissement, c'est l'ensemble des méthodes qui sont mises en place, de manière collective ou individuelle, pour protéger une population (humaines ou animales) des risques causés par les déchets issus de sa propre activité : ces risques sont d'ordre environnementaux (pollution chimique, bactériologique, olfactive, visuelle...), et bien sur sanitaires (effets sur la santé des pollutions environnementales).
Dans la nature comme aux temps jadis, la dispersion des populations et le nomadisme suffit généralement à ce que les risques soient limités ; les bactéries et autres micro-faunes se chargent de désagréger les déchets, et quelques mesures de bon sens (ne pas faire ses besoins dans le point d'eau dans lequel on boit) suffisent à limiter l'impact sanitaire.
Avec la sédentarisation et la concentration des populations, les choses se compliquent un peu : la première solution d'assainissement consiste à concentrer les déchets en un point stratégiquement éloigné des zones d'approvisionnement sensibles. Cette concentration implique un transport ; qui va prendre différentes formes selon l'importance de la concentration : déplacement des populations pour produire les déchets dans un lieu isolé (latrines), transport mécanique (charrette à fumier, pot de chambre...), ou transport par l'eau (égout).
Mais la concentration amène deux problèmes : tout d'abord les déchets qui à la base représentent un risque modéré, deviennent par leur volume un risque majeur. Ensuite ce qui pour nous est un déchet est une ressource pour d'autres, les plantes, sans la matière organique apportée par nos déchets, se développent moins vite et moins bien. Il faut alors trouver un moyen de transformer des déchets dangereux en ressource utile : on arrive là au coeur des problématiques actuelles de l'assainissement.
Plus la concentration est forte, plus les solutions techniques à mettre en oeuvre deviennent complexes et coûteuses, mais plus elles sont contrôlables. A l'opposé, une grande décentralisation permet la mise en place de solutions moins complexes, mais leur multiplication rend leur contrôle beaucoup plus difficile.
En France, au cours du 20e siècle, on est passé d'un système très décentralisé (les solutions se décidaient à échelle communale voir individuelle en campagne sans concertation nationale) à un système centralisé (le transport par l'eau est imposé sur tout le territoire, l'assainissement reste dans les mains des communes ou des particuliers mais des organismes d'état imposent les techniques utilisables et contrôlent leur mise en oeuvre).
Cette centralisation a eu un effet très bénéfique lors de sa mise en place : généralisation de l'approvisionnement en eau courante, amélioration des conditions sanitaires, confort... Mais avec le temps des effets néfastes apparaissent : la déconnexion entre les usagers et les déchets amène des comportements de moins en moins vertueux (déversement de produits chimiques, tampons, plastiques, dans les égouts) et l'évolution de nos habitudes de vie amène de nouveaux polluants (hormones de synthèse, médicaments, détergents puissants) pour lesquels les systèmes d'assainissement ne sont pas prévus. L'inertie inhérente à un système aussi centralisé fait que les usages et les enjeux évoluent plus rapidement que le système ne s'adapte.
Les toilettes sèches modernes, évolutions des latrines d'antan, sont alors apparues pour certains comme un moyen d'explorer une autre piste technique que celles imposées par les organismes d'état, la trouvant mieux adaptée à certaines situations par sa simplicité et son coût financier réduit.
Depuis quelques années, en grande partie par leur utilisation en tant que solution mobile, les toilettes sèches ont gagné du terrain, et les organismes d'état (SPANC, ADEME...) commencent à les intégrer dans leur liste de solutions viables, voyant leur pertinence dans certaines situations.
Si vous voulez développer ce thème es enjeux, mais aussi trouver des informations liées aux articles qui vont suivre, deux ressources principales :
Le site du réseau de l'assinissement écologique
Le RAE est une association regroupant différents acteurs, associations, entreprises et particuliers ; militants pour le développement et l'amélioration des systèmes d'assainissements écologiques (toilettes sèches, phytoépurations...). Ses membres se rassemblent pour produire des études d'impact, des guides de bonne pratique etc... Il y a pas mal de documentations en lien sur le site, mais aussi la liste des membres qui eux même peuvent proposer des ressources sur leur site.
J'ai moi même été actif dans ce réseau de 2014 à 2017, j'en fais toujours partie mais sans y être actif.
Le livre "un petit coin pour soulager la planète" , bien qu'il commence à dater un peu (2007) cela reste pour moi le meilleur bouquin sur le sujet car il aborde vraiment tout. Ses chapitres sur la législations sont obsolètes, et de nombreuses études ont fait évoluer les conceptions sur le compostage depuis mais tout le reste est d'actualité.
Je tiens aussi à mettre directement en lien le guide du centre pierre et terre qui est disponible sur le site du RAE, et qui me semble l'un des plus complets et accessibles à l'heure actuelle.
2 : La toilette sèche à compost : une évidence pour le boiseux (ou pas)
Quand on dit toilette sèche, on pense tout de suite à un type de toilettes : toilette à compost, toilette à litière (voir à litière biomaitrisée si on veut se la péter) ; chacun lui donne le petit nom qu'il veut, mais une chose est sur, elle ressemble à ça :
Une assise tout ce qu'il y a de plus classique, quasi systématiquement en bois, et avec un bac ou un seau de copeaux à côté.
On voit immédiatement en quoi nous autres boiseux sommes concernés : le bois et les copeaux, on les côtoie toute l'année, on les caresses, les respires, ils s'accrochent à nos vêtements et à nos cheveux ; pourquoi ne pas pousser cette relation fusionnelle jusqu'au bout et la laisser s'immiscer dans l'une de nos activités les plus intimes ?
Avant de succomber à cette évidence, il convient de regarder ce qu'il existe au menu ; ce n'est pas parce que nous nourrissons cet amour profond du bois que ceux qui partagent notre foyer vont lui faire une place sans broncher. Et puis il faut aussi savoir laisser un peu de mystère dans une relation pour maintenir la flamme.
Pour commencer pourquoi vouloir quitter les toilettes à eau ? Elles ont été une révolution positive de l'après guerre, est-ce qu'il faut vraiment jeter le bébé avec l'eau du bain ? Pour cette question, je vous invite à (re)lire le 1er article, ma conclusion est déjà là entre les lignes : c'est un choix politique que chacun doit faire en conscience. Est-ce que j'estime que je suis capable en assumant moi même ma merde de la gérer aussi bien ou mieux que la collectivité ? Est-ce que j'en retire un bénéfice (financier par l'économie d'eau, moral parce que je fais mieux que la collectivité, pratique parce que je produit du compost pour mon jardin et j'ai enfin trouvé quoi faire de mes copeaux...) suffisant pour assumer la charge de travail (vidange, gestion du compost...).
J'insiste sur un point : il faut gérer sa merde aussi bien ou mieux que la collectivité, la gestion de l'assainissement est l'une des clés de l'augmentation de l'espérance de vie alors ne pensons pas qu'à l'économie financière, pensons collectif et santé publique (zut, je me rends compte que cette phrase est à la mode, moi qui déteste la mode... tant pis, je persiste et signe)
Rassurez vous tout de même, la gestion collective de l'assainissement a ses failles, donc faire aussi bien ou mieux est à votre portée. Petit état des lieux de l'assainissement collectif en france. La réglementation donne des objectifs ambitieux, mais la majorité des AC sont de petites structures, dont le respect des objectif est très variable. Si on regarde les assainissements non collectifs (4 à 5 millions de foyer tout même) le résultat est encore moins reluisant (80% d'installations obsolètes, 50% en dysfonctionnement, ça fait pas rêver).
Ensuite il faut savoir que sous ses atours séducteurs, le petit coin en bois a son caractère : l'hygiène n'est pas innée chez lui, il faudra le ventiler et le bichonner régulièrement pour rester dans les standards auxquels on est habitués .Les copeaux vous les connaissez : ils s'accrochent à tout ce qui passe, et quand on a la culotte baissée ils arrivent à trouver des recoins... disons plutôt sensibles. Et enfin là où le toilette à eau est tel un scout toujours prêt, il vous arrivera immanquablement par une nuit de pluie d'arriver au petit coin en courant, pour vous apercevoir que le gougnafier qui vous y a précédé n'a pas laissé suffisamment de place pour votre offrande, il ne vous restera alors plus qu'à jouer l'acrobate maladroit, ou a chausser bottes et ciré pour aller au compost en grommelant.
Passé ce petit laïus moralisateur, si vous êtes toujours motivés pour tirer la chasse une dernière fois, il existe d'autres formes de toilettes sèches que celles présentées plus haut :
Je ne vais pas réinventer ce qui existe déjà, le guide de pierre et terre vous présente ces différents, modèles (ou du moins ceux qui existaient en 2018 en France) et propose même un tableau récapitulant les avantages et inconvénients des différents systèmes.
3 : Bon ok, et maintenant comment je le fait mon chiotte ?
C'est bon vous avez digéré ? Si vous avez toujours envie de sauter le pas, voici un petit questionnaire pour déterminer les grandes lignes de votre projet :
1 : Est-ce que ce sera mon seul toilette, ou un appoint ?
2 : Combien de personnes l'utiliseront, à quelle fréquence ? Parmi ces personnes qui assurera l'entretien ?
3 : De quelle place je dispose pour le toilette et pour le compost ?
4 : Est-ce que les utilisateurs sont plutôt fécophiles ou fécophobes ?
Les 4 questions sont à considérer comme un ensemble, les réponses à l'une vont impacter l'angle sous lequel on voit la suivante, bref il faut faire des aller retours, voir mieux, faire des sénariis de réponses et en tirer toutes les conséquences pour voir si ça colle.
1 : Est-ce que ce sera mon seul toilette, ou un appoint ?
C'est la mère de toutes les questions, elle va influer sur les réponses à toutes les autres questions, et en fonction des autres réponses, vous vous rendrez peut être compte qu'il faut changer votre fusil d'épaule.
2 : Combien de personnes l'utiliseront, à quelle fréquence ? Parmi ces personnes qui assurera l'entretien ?
Cette double question va vous permettre de déterminer le dimensionnement du bac de vos toilettes et de votre bac de compost.
Trois postulats de base :
_Un foyer de 4 personnes dont 3 ayant une vie active à l'extérieur (en gros les enfants à l'école et un parent sur 2 à domicile), remplis plus ou moins un bac de 80L par semaine si c'est le seul toilette.
_Un bac de 80l plein ça pèse presque 50kg.
_La fréquence de vidange idéale est une fois par semaine, plus souvent le compostage sera moins efficace, moins souvent les mauvaises odeurs peuvent apparaître.
Avec ces trois postulats, et la réponse à la double question, vous pouvez trouver le compromis qui vous correspond.
Exemples :
_Foyer de 2 personnes dont une travaillant à domicile et l'autre à l'extérieur. Le travailleur à domicile fait les vidanges seul. C'est le seul toilette.
La production hebdomadaire sera de 40/50L. Un bac de 50L pèse un peu moins de 30kg, c'est gérable seul car le travailleur à domicile est costaud. Pour respecter la fréquence d'une vidange par semaine, je pars sur un bac de 50L
_Foyer de 4 personnes travaillant toutes à l'extérieur. Tout le monde doit participer. Toilette d'appoint.
La production hebdomadaire sera inférieure à 80L, et variable d'une saison à l'autre (un pic à 80L/sem pendant les vacances, un creux à 20L/sem en hiver).
Si des enfants de 10 ans doivent être capables d'aider, un seau de 10kg semble être le maximum. Un seau de 15L pèsera 10kg, mais pendant le pic d'utilisation, il devra être vidangé jusqu'à 5 fois par semaine, c'est trop.
Un seau de 25L pèsera jusqu'à 18kg, pendant le pic il devra être vidangé trois fois par semaine, pendant le creux une fois/sem.
Dans ce cas de figure, le seau de 25l est l'idéal technique, le seau de 15L l'idéal "éducatif". Il faut choisir de faire un compromis soit en sacrifiant la qualité de compostage (seau de 15L) soit en assumant que les enfants ne pourront pas participer avant quelques années (seau de 25L). On peut aussi réfléchir à une conception permettant d'utiliser les deux tailles de seau pour s'adapter suivant les saisons (c'est la solution que je retiendrais).
3: De quelle place je dispose pour le toilette et pour le compost ?
Par la place, j'entends bien sur la surface, mais surtout l'emplacement sur le terrain et dans la maison.
On va commencer par le compost car c'est le plus simple (en fait pas du tout, mais je développerais la question du compostage dans un autre article):
Une famille de 4 nécessite un composteur d'un mètre cube/an si on mélange toilettes et compost domestique, et la législation nous invite à faire deux à trois ans de compostage à partir du dernier apport, c'est à dire qu'il faut trois à quatre composteurs d'un mètre cube pour faire une rotation. Devant chaque bac, il faut un espace de manutention d'un mètre carré, on a donc 6 à 8 mètres carrés dédiés au compostage dans le jardin. Reste plus qu'à se mettre d'accord et à faire attention aux voisins (humains et non humains) pour trouver l'emplacement.
L'emplacement du compost va déterminer la longueur du trajet à faire depuis la maison vers le compost, et là hop, merveille de la rétroaction, cette distance va vous faire changer la réponse à la question 2 ;)
Pour le toilette, faites la liste des emplacements possibles (ancien placard, buanderie, toilettes actuels, salle de bain etc...) et réfléchissez en prenant en compte :
_la pièce est-elle ventilée ? Si non est-ce que je peux y remédier ?
_quelles autres activités s'y passent ? Est-ce compatible ?
_quel trajet je devrais faire pour ramener les copeaux ? Pour vidanger le chiotte ? Est-ce que ce trajet peut poser problème (traverser la cuisine avec un seau de M*** par exemple) ?
Et là encore, une nouvelle rétroaction : finalement le seau on va le prendre plus petit parce que je dois descendre les escaliers avec.
4 : Est-ce que les utilisateurs sont plutôt fécophiles ou fécophobes ?
Cette question va plutôt donner un prisme pour répondre aux autres.
Ainsi si le foyer est plutôt fécophobe (entendez qu'il est très pointilleux sur l'hygiène et particulièrement sensible aux odeurs), l'espace de compostage dans le jardin nécessitera d'être caché, isolé ; le fait de traverser la cuisine avec le seau ne sera même pas envisageable en rêve, et peu de chance qu'un toilette soit accepté dans la salle de bain.
A l'inverse, un foyer plutôt fécophile (entendez qui ne va pas hurler à la moindre lueur brûnatre visible sous les copeaux et tolérer un fumet rappelant les vacances à la ferme) s'accommodera plus facilement d'un chiotte partageant l'espace avec la douche, et assumera fièrement le composteur fumant visible depuis la table du salon de jardin.
A la fin de ce petit questionnaire, vous devez être capables de dire :
_où sera le chiotte
_quelle sera la taille du seau
_où sera le compost
Et c'est tout ce dont vous avez besoin pour passer à la réalisation.
4 : Conception et fabrication du chiotte
Maintenant que vous savez où sera votre toilette, et quelle sera la taille du réceptacle que vous allez utiliser, on peut passer à la partie intéressante : la conception.
Alors je ne vais pas vous faire un cours de menuiserie, je pense qu'il y a déjà plein de ressources disponibles pour ça sur le site.
Je vais juste vous lister les contraintes auxquelles il faut répondre, à vous de faire preuve d'imagination (bon d'accord je vais donner quelques pistes quand même).
1 : les dimensions
Les contraintes à respecter dépendent d'une part de l'emplacement, mais aussi de la taille du réceptacle, et il ne faut pas oublier quelques éléments.
Dans l'espace dédié, vous allez devoir caler, parfois au chausse pied, un toilette, un bac à sciure, un emplacement pour le PQ, une poubelle pour les protections périodiques de ces dames (si elle(s) utilise(nt) un cup c'est quand même mieux, ça fait gagner de la place).
La hauteur standard d'une assise (abattant compris) est de 40 à 45cms, 46 à 50cm pour un toilette pour personnes à mobilité réduite.
Personnellement, je remets en cause cette hauteur standard car si elle est adaptée pour un adulte moyen, elle ne l'est pas du tout pour un enfant, et puis physiologiquement c'est pas le top
Un abattant standard fait environ 38cm de large pour 50 de profondeur en comptant la quincaillerie. Il faut compter de 5 à 10 cm d'espace libre derrière l'abattant pour qu'il bascule en arrière et ne gène pas la position assise. Enfin il faut compter minimum 30 cm de chaque côté de l'abattant pour avoir l'espace nécessaire aux contorsions impliquées par la phase d'essuyage.
Et dernier point très important pour les dimensions : le positionnement du réceptacle. Le haut devra le plus possible être collé à l'assise : 3 à 5mm de marge c'est très bien. Pourquoi me direz-vous ? Et bien parce que lorsque l'on urine en position assise, et ce quelque soit le sexe de l'individu, l'urine fait un jet vers l'avant ; si vous avez le malheur de laisser 1cm de marge entre le haut du bac et l'assise, il y a de bonnes chances pour que le jet en question passe au dessus du bac, et atterrisse directement sur le pantalon que vous avez descendu à vos chevilles ; expérience fort désagréable vous en conviendrez. C'est sur ce mécanisme universel que repose la conception des toilettes à séparation.
2 : les forces appliquées.
Là encore, pas de cour de charpente pour apprendre à contreventer, imaginez juste que le toilette va supporter :
Au niveau de l'assise une pression verticale variant selon la corpulence mais pouvant aller jusqu'à 100kg, voir plus lorsque la dite personne s'assied sans ménagement. Selon la taille de votre réceptacle, l'entraxe des montants supportant l'assise sera limité, et comme on l'a dit avant il ne faut pas d'espace entre assise et réceptacle, donc oubliez les traverses pour renforcer l'assise en flexion. Une seule solution : dimensionner l'épaisseur de l'assise et choisir un matériau adapté.
Au niveau de la liaison montant/assise, trois forces vont s'exercer :
_une importante force de poussée vers l'arrière principalement lorsque l'on s'assied et lorsque l'on se relève (surtout en prenant appui avec les mains).
_une très légère force de poussée latérale liée aux gesticulations destinée à favoriser la détente du colon
_une force non négligeable de rotation pour attraper le PQ et l'utiliser.
On le voit donc, il faut principalement contreventer les montants arrières pour résister à des forces de poussée avant/arrière. Un contreventement léger pour les forces arrière/avant et latérales devrait suffire si vous ne dansez pas dans vos toilettes ; il n'est même pas indispensable puisque c'est généralement l'abattant qui va encaisser ces forces et finir par lacher
3 : le confort de l'utilisateur
Outre la question de la hauteur et de la largeur disponible qui vont impacter l'expérience de l'utilisateur, un élément très important est la position de l'abattant :
Sur les trois exemples ci-dessous, on voit que l'abattant est plus ou moins reculé par rapport à l'avant du chiotte. Dans le premier cas, on ne pourra pas plier les genoux au delà de 90°, on s'éloigne complètement de la position idéale de défécation, le colon est bloqué, c'est la constipation assurée si on ne recours pas à un marche pied.
Le deuxième est mieux, l'abattant est quasiment à ras de l'assise, on pourra se pencher un peu en avant et plier un peu les genoux sans être trop avancé sur la cuvette.
Le troisième est top, la forme arrondie permet de replier très largement les jambes vers l'arrière, on a toute la place pour se détendre le colon en paix.
Autre élément de confort : le bac à sciure.
Nous sommes habitués à avoir à notre disposition un bouton judicieusement situé pile poil à hauteur et longueur de bras tendu quand on est debout face au toilette. Devoir changer cette habitude et ce geste simple demande déjà un certain effort, alors ne compliquez pas encore plus la tâche.
Les bacs "intégrés" comme on peut voir sur la première photo sont pour moi une fausse bonne idée : sur cet exemple un droitier debout en face du chiotte devra soit se décaler, soit se vriller puis se pencher jusqu'à ce que sa main soit à 40cm de haut (ça donne une pâle imitation du discobole de myron), attraper une louche de copeaux dans cette position inconfortable puis se relever ainsi pour vider la louche dans le chiotte, le tout sans percuter le bord du bac à sciure, ce qui aurait pour effet indésirable de recouvrir la lunette de copeaux piquants et grattants. autant dire que si la première louche n'a pas suffi, il n'aura pas le moral de recommencer pour une deuxième.
Les bacs indépendants posés au sol à côté du chiotte (photo 2) ont à peu près le même effet, dommage car il suffirait de faire un support pour relever ce bac jusqu'à une hauteur confortable. Et comme c'est mobile, on peut s'adapter un peu : à droite ou à gauche selon la main dominante, plus bas tant que les enfants sont petits et plus haut une fois qu'ils ont grandi...
Les seaux indépendants posés négligemment sur le bord du toilette font un peu cheap (photo 3), mais l'utilisateur peut facilement attraper le seau, le lever à la hauteur qui lui est confortable, choisir de directement verser sa dose de copeaux sans avoir à passer par une louche ou une pelle trop petite pour recouvrir le chili con carné épicé de la veille... Simple, efficace.
4 : Le confort d'entretien
Penser au confort de l'utilisateur c'est bien, mais le principal utilisateur est aussi souvent celui qui va s'occuper de l'entretien. Et un toilette pratique à entretenir est un toilette bien entretenu.
On peut d'ors et déjà rebondir sur les photos précédentes : venir dans le toilette avec son sac d'aspiration et le vider dans le bac fixe de la première photo, on imagine tout de suite le carnage.
La deuxième solution peut déjà permettre de déplacer le bac à copeaux dans l'atelier et de l'y remplir au calme. On peut même envisager de faire plusieurs bacs identiques, comme ça quand y'en a un qui est vide, on met le suivant qu'on a bien pris soin de remplir en prévention.
Avec la troisième solution, on a tous les avantage de la 2e et en plus peut choisir la taille du seau pour avoir un compromis intéressant sur la fréquence de remplissage du seau et sa maniabilité.
Autre élément très important pour l'entretien : la manière de sortir le réceptacle.
Là encore il y a trois écoles.
Et là encore je n'aime pas l'école majoritaire, à savoir la vidange par le haut (première photo à suivre). D'un point de vue esthétique et solidité, ça permet de faire des assises arrondies, et d'avoir des montants directement sous l'abattant ce qui permet de s'affranchir d'une assise épaisse. Par contre ça implique de monter l'assise sur charnière, charnières qui devront être costaudes et bien ancrées car ce sont elles qui vont encaisser les forces de rotation et non pas le piétement. Ca implique aussi d'avoir un espace suffisant derrière le chiotte pour que l'assise ne vous retombe pas sur les doigts pendant la vidange. Enfin et surtout, il faut soulever le réceptacle, souvent à une main, et relativement loin devant vous ; si vous avez des notions des gestes et postures recommandés pour le port de charge, vous voyez tout de suite le problème.
Sur la deuxième photo on voit un système avec vidange par l'avant. C'est moins joli, faire un système qui permettrait de cacher le bac par l'avant demanderait une bonne dose d'imagination : une porte type placard ? bonjour la place pour le débattement. Une porte coulissante ? Déjà essayé et le rail du bas était constamment bloqué par des copeaux volants. La seule chose que j'ai vu qui marche, c'est de mettre le bac sur tiroir avec façade rentrant à fleur sous l'assise et butée à l'arrière, mais un mécanisme de tiroir à sortie totale qui tiens le poids nécessaire c'est quand même pas donné.
Par contre cette solution est beaucoup plus adaptée à l'adoption de gestes et postures de manutention adaptées.
Et la troisième photo, un peu mystérieuse, nous laisse voir les coulisses de la photo 4. Il s'agit d'une vidange par l'arrière. C'est un peu lourd à mettre en place (il faut tout de même faire un trou dans le mur, c'est pas rien) mais ça offre le meilleur des deux mondes et même plus : liberté totale d'esthétique, gestes et posture respectés, et en plus la garantie de ne jamais avoir le moindre accident de vidange à l'intérieur de votre maison. Vous pouvez même vous permettre un réceptacle surdimensionné (et donc vidangé moins souvent) puisque vous pouvez amener des outils de manutention (diable, brouette) juste à côté et créer un système de sur ventilation du bac à crotte sans ruiner l'efficacité thermique de la maison, et ainsi vous affranchir de la norme de vidange hebdomadaire puisque la ventilation retardera la formation d'odeur.
Seuls inconvénients : en hiver, un accès direct sur l'extérieur engendre on l'imagine des courants d'air vivifiants pour le postérieur mais qui ne sont pas toujours appréciés. Et attention à ce que personne n'ai une envie pressante au moment où vous êtes derrière la maison en train de faire votre vidange, avec ce système l'utilisateur ne se rend pas toujours compte qu'il n'y a plus de bac.
Après tous ce grain à moudre, vous êtes prêts pour la fabrication.
On prend des bouts de bois, on taille, on fait un corroyage, des assemblages, on colle, on visse, on fait des petits trous... Vous connaissez sûrement.
Juste un petit mot pour finir cet article sur un solution qui s'adapte très bien pour un toilette d'appoint, et si chère à Laurent Gerra
Bien conçue, c'est un exercice de menuiserie formidable : une ossature bois en bonne et due forme, un toit plus ou moins compliqué pour s'exercer aux arêtiers, le tout sur un élément qui peut être mobile et donc se passer de déclaration de travaux, être installé dans une maison si vous êtes locataire, vous éviter d'avoir à traverser la maison couvert de copeaux pour aller faire vos besoins en sortant de l'atelier, être placé au soleil en hiver et à l'ombre en été... Il a vraiment tout compris Laurent, c'est elle la meilleure.
5 : Ok j'ai mon chiotte, et maintenant le compost j'en fais quoi ?
On attaque là une question épineuse, car c'est en gérant bien notre compost que l'on va pouvoir remplir la condition que j'ai mis en gras dans le 2e article : gérer sa merde aussi bien ou mieux que la collectivité.
Quelques généralités sur le compost :
Avant de s'attaquer au cas particulier du compost de toilettes sèches, il convient de rappeler quelques généralités sur le compostage.
Plus que la simple dégradation naturelle d'un élément organique, le compostage c'est la mise en place d'une suite de réactions chimiques, physiques et biologiques complexes à travers une accumulation d'ingrédients organiques de manière a créer un bioréacteur.
Ce compostage répond à deux enjeux de société : éliminer une partie des déchets produits par l'activité humaine, et produire un amendement favorisant les cultures végétales.
Ca, c'est dans l'idéal, car en réalité toutes les formes de compostage que l'on pratique sont un compromis penchant plus ou moins vers l'un ou l'autre des objectifs.
Pourquoi ça ? Tout simplement car produire un compost de très bonne qualité agronomique nécessite des conditions bien particulières : taux de carbone, d'azote, de potassium, de calcium, de zinc, de fer, granulométrie, capacité de rétention d'eau etc... autant de paramètres qui vont devoir être adaptés au type de culture, au sol sur lequel le compost est utilisé...
Pour s'approcher de cela, il faut suivre une recette bien précise, avec des ingrédients calibrés et incorporés au bon moment. Bref, c'est de la chimie organique qui dépasse largement les compétences du meilleur des experts sur le compostage.
A côté de ça, la production de déchets organiques est anarchique, variable d'une région à l'autre, d'une saison à l'autre, et le tri des déchets organiques à la source est très largement déficient.
Alors on fait ce qu'on peut : on broie les déchets de taille de haie de thuya pour les mélanger avec un peu de boue d'épuration, on y ajoute un peu de jus de poubelle, on saupoudre de calcaire minéral pour rééquilibrer un peu et on ventile mécaniquement pour en sortir quelque chose qui est un compromis bancal entre les deux objectifs. Et quand il faut, on va chercher des déchets à l'autre bout de la france pour équilibrer notre recette.
Tout comme avec l'épuration, on se rend bien compte que plus on centralise la gestion des déchets, moins les individus font attention à leur production. Mais contrairement à l'épuration, on a décidé de décentraliser. C'est pour ça que depuis quelques années, de nombreuses actions collectives encouragent une multiplication des petites unités de compostage (composteur de pied d'immeuble, composteur individuel etc...).
Plus l'unité est grande, plus les normes qu'elle doit appliquer sont strictes (encore que), ainsi on a le droit de faire à peu près tout ce qu'on veut dans son composteur individuel, mais on ne peut pas mettre de déchets de toilettes sèches dans un composteur de pied d'immeuble, ni dans un composteur industriel.
Un lien pour aller plus loin : sur le site de l'ADEME, et le pdf encore plus complet
Le compostage des toilettes sèches, ça fait peur
Comme je l'ai dit, le compost de toilettes sèche est interdit dans les composteur collectifs de pied d'immeuble. Il est également officiellement interdit dans un composteur agricole (le tas de fumier de l'éleveur du coin est un composteur, si si). Certaines plateformes industrielles qui ont l'habitude de gérer des boues d'épuration commencent à accepter les déchets de toilettes sèches, mais uniquement en grande quantité (donc après un gros festival) et à titre expérimental, donc n'espérez pas trouver là une solution pour vous.
En fait il n'y en a qu'une : avoir son composteur individuel. Désolé pour les citadins sans jardin, mais officiellement c'est comme ça. Officieusement, certains éleveurs acceptent quelques bacs de copeaux, noyés dans la masse de leurs tas de fumier, ça passe inaperçu ; cette pratique n'est à ma connaissance jamais réprimée en France, mais elle reste officiellement interdite ; tirez-en les conclusions que vous voulez.
Une question qui se pose souvent quand on parle du compostage de TS, c'est de séparer ce compost du reste du compost domestique face aux risques de contamination.
Cette inquiétude est partiellement fondée : en effet le compost de toilettes sèche comprend des parasites et bactéries intestinales qui peuvent causer de sérieux problèmes sanitaires dans un compost utilisé dans le potager.
Mais si l'on regarde un peu plus loin que le bout de son nez, on s'aperçoit que les boues de station d'épuration sont compostées, et finissent dans les champs ; que la plupart des champs sont irrigués avec une eau puisée directement sans pré-traitement, et donc chargées des mêmes pathogènes via les déjections des animaux... Bref, quand on voit le lien direct entre notre merde et notre assiette on prend peur, mais quand toute une grosse machine industrielle a brouillé les pistes entre les deux la peur disparaît... magique non ?
En plus de cette mise en perspective, les études menées sur le compostage de toilettes sèches montrent de très bons résultats dans "l'hygiénisation". (désolé je n'ai pas de lien à vous donner, j'ai en tête une étude conjointe de l'ADEME et de terhao en Bretagne, mais je ne l'ai pas trouvé sur le net).
Un autre sujet d'inquiétude c'est la présence de résidus médicamenteux et hormonaux dans ce compost. Là encore, un peu de perspective : on a tous connaissance des problèmes liés aux hormones rejetées dans l'eau libre (féminisation des poissons), là encore les champs sont irrigués avec cette eau sans pré-traitement, et les porcs ou volailles dont le lisier est épandu sans compostage prennent bien plus de médocs que n'importe lequel d'entre nous (sauf si vous suivez une chimio, dans ce cas là effectivement la question se pose)
Passées ces barrières psychologiques, on peut se demander si d'un point de vue technique c'est une bonne chose de mélanger les deux ? Et la réponse est oui, mille fois oui.
La plupart des composts domestiques ne contiennent que les épluchures de légumes, éventuellement la tonte de pelouse. Dans ces conditions, on a un "compost" riche en azote, quasiment dépourvu de carbone, et très riche en eau. Or pour un bon compostage il faudrait avoir 15 à 30 fois plus de carbone que d'azote, et un tas humide sans être mouillé (faut que ce soit humide au toucher mais que l'on ai pas d'eau qui sort quand on l'essore dans la main)
A l'inverse, un compost de toilettes sèches seul sera souvent trop riche en carbone car on met beaucoup de copeaux pour assurer une bonne hygiène à l'utilisateur, et trop sec car ces messieurs préfèrent arroser la haie que d'aller dans les toilettes.
En mélangeant les deux, et en encourageant monsieur à faire ses besoin sur le tas de compost (ou encore mieux : aux toilettes) plutôt que sur la haie ou le mur du voisin, on arrive à une recette de départ bien mieux équilibrée.
Petit point réglementation, il est autorisé d'avoir des toilettes sèches, et de les composter sur place à condition de le faire sur une aire étanche, et dimensionnée en fonction de l'utilisation. L'obligation d'une aire étanche est un gros point de désaccord, en résumé le législateur a préféré mettre ceintures et bretelles et imposer partout une méthode qui n'est utile que dans les zones sensibles (zones de captation d'eau potable) et s'est révélé contre-productive partout ailleurs dans les étude existantes. Donc l'air étanche (dalle béton, dalle argile ou bache EPDM), si vous voulez absolument être dans les clous, en zone de captation d'eau potable ou à proximité de source faites. Dans les autres cas abstenez vous, par contre soyez rigoureux sur la maîtrise des infiltrations autour de votre air de compostage (détails plus loin)
De plus, la recommandation est de faire une rotation avec un compost qui mûrit pendant trois ans après le dernier apport. Là encore c'est ceinture/bretelle, les études montrent une hygiénisation complète en seulement 2 ans après le dernier apport (voir 1 an avec un compost très bien géré).
Encore un petit lien : la page d'eau-tarcie, une asso belge dont l'article reprend tous les points que j'ai abordé avec un plus de détails.
C'est bon je suis assommé, maintenant comment je la fais mon aire de compostage ?
Une aire de compostage de toilettes sèches, c'est une succession de bacs de compostage, un par an (donc officiellement 4 bacs, mais 3 c'est déjà bien).
Le format des bacs carrés fonctionne bien, encore une fois je ne vais pas vous apprendre à le faire,par contre quelques éléments d'attention :
_évitez les murs mitoyens entre deux bacs d'années différentes, sinon les bactéries pathogènes migrent.
_couvrez vos bacs, avec une pente pour l'écoulement de l'eau. Pas besoin que le toit soit parfaitement étanche, il faut surtout éviter un gros lessivage par les pluies directes. En cas d'hiver très humide ou de vie en Bretagne ou au pays basque, rajoutez une bâche.
_assurez une bonne ventilation, donc pour vos parois privilégiez un bardage avec des lattes fines (moins de 100mm de large) et en laissant un jour de 10-15mm entre chaque latte.
_prévoyez une paroi complètement amovible pour vider le bac car il ne se videra pas au fur et à mesure comme certains le font avec leur compost domestique.
_prévoyez une traverse solide en haut de votre bac, elle vous servira d'appui pour vider votre seau de toilette sans le salir, et vous pourrez taper le bac dessus pour le décolmater (5e photo à suivre).
Si vous avez fait le choix d'une aire étanche, vous posez ces bacs sur une dalle étanche comportant des pentes qui vont orienter tout ce qui coule en un même point, il faut alors prévoir un moyen de réimprégner ce "jus" sur le tas de compost actif (seau, pompe...).
A l'utilisation, vous commencez par remplir un premier bac pendant un an, en mélangeant à chaque apport la surface du compost ; au bout d'un an vous transférez ce bac dans un autre (cette opération permet de l'aérer complètement) et vous le laissez alors mûrir deux ou trois ans selon que vous soyez plutôt ceinture ou bretelles. Vous pouvez pousser le vice et faire un retournement complet chaque année, mais AMHA ce n'est vraiment utile que la première année.
Entre deux opérations de retournement, un peu de suivi à chaque vidange (ou un peu moins selon la fréquence des vidanges) est nécessaire :
_contrôle visuel pour estimer si le compost est sec ou humide, en cas de doute on prend un gant et on va vérifier (l'essorage évoqué plus tôt), et on rajoute de l'eau ou des copeaux secs pour corriger.
_contrôle olfactif : si ça sent fortement, il y a soit un manque d'aération soit un excès d'eau. On vérifie l'humidité, et si c'est pas ça on prends la fourche et on aère en essayant d'ajouter des éléments aèrants (paille, brindilles, tailles de haie...)
_contrôle de la montée en température : on creuse un petit trou au coeur du compost, et on approche sa main pour sentir si de la chaleur s'en dégage. A défaut, on aère.
Au bout de trois ans, vous pouvez tamiser votre compost, et l'utiliser où bon vous semble. Les refus de tamis sont réincorporés dans le tas de compost actif, et repartent pour un cycle.
La clé c'est vraiment l'aération, pour la favoriser il y a plusieurs options qui peuvent être cumulées (ça peut marcher sans, mais c'est souvent mieux avec).
_démarrer le tas de compost par un monticule de branchages, ronces, tailles de haies etc...
_mettre une petite poignée de paille, quelques branches, de l'herbe sèche... sur le dessus du tas après chaque apport
_planter au milieu du compost un tube percé (ça peut être un tube en carton, en pvc, en métal).
Quelques remarques de bon sens citoyen
Ne collez pas votre aire de compostage à la terrasse du voisin, même si quand il est bien géré les odeurs sont limitées, au moment de la vidange ou par canicule ça sent quand même un peu.
Ne la mettez pas non plus au bord du fossé ou d'une mare, les écoulements néfastes sont relativement limités, mais il vaut mieux avoir un peu de terre pour absorber et diluer tout ça avant que ça ne finisse dans l'eau.
Vous connaissez la météo de votre région mieux que moi, faites avec au moment de choisir l'emplacement : s'il fait chaud et qu'il y a du vent, trouvez lui un coin abrité et à l'ombre pour éviter le dessèchement, s'il fait humide trouvez lui un coin bien aéré pour qu'il sèche un peu quand même.
Si vous le pouvez, changez l'aire de place dès que les bacs commencent à se dégrader. Laissez la végétation reprendre ses droits et épurer l'excès d'azote qu'il y aura localement.
N'essayez pas de faire un composteur en bois exotique ou en autoclave, le compostage est un phénomène costaud, il finira même par dégrader les bois les plus coriaces si on lui en laisse le temps. Et puisqu'il est bon de le déplacer de temps en temps, autant assumer son caractère éphémère et y consacrer un bois peu durable (palette, planche de coffrage, peuplier...)
6 : matériaux
Les toilettes sèches à litière s'inscrivent dans un mouvement low tech, assumez et utilisez des matériaux de récup.
Par exemple, pour le seau ou bac à déjection. Il vous faut un récipient étanche, qui ne va pas se dégrader au contact de l'urine, et assez léger. Il n'y a que 2 candidats : l'inox et les plastiques.
L'inox coûte cher, les choix de volumes sont limités, et c'est pas si léger que ça en rapport avec le volume.
En plastique, les possibilités de récupération sont énormes, même si la durée de vie d'un bac en plastique ne sera pas infinie, s'il provient de récupération ça vaut le coût. En plus certains vont même avoir un couvercle étanche, ce qui permet de transporter le bac en toute sécurité (idéal si vous devez descendre un étage, faire un kilomètre en brouette ou pour le camping car)
Quelques exemples de bac en plastique utilisables et récupérable sans trop de difficulté :
Pour les bacs à copeaux, on prend les mêmes et on recommence.
Perso j'ai 8 bacs de 50L comme le premier, je les utilise pour stocker mes copeaux de tournage au fur et à mesure, j'ai toujours quelques bacs d'avance pour moi, et le reste je peux les filer aux copains, comme il y a un couvercle ils peuvent le mettre dans la voiture sans mettre de copeaux partout.
Pour l'assise et la structure, vous prenez ce que vous voulez.
Perso je fais toutes mes assises en contreplaqué CTBX 18mm, poncé bien comme il faut et avec 4 couches de vitrificateur à parquet. C'est résistant et assez facile à nettoyer. Les ossatures pour intérieur je fais avec ce que j'ai sous la main, pour l'extérieur avec n'importe quel bois classe 3.
Le matériel auquel on ne prête pas attention et qui peut être une vrai galère, c'est la lunette.
Les lunettes sont conçues pour des toilettes standard, avec des entraxes de fixation standardisés, à travers une épaisseur conséquente.
Sur nos toilettes sèches, elle ne sera fixée qu'à travers une épaisseur minime. En plus de ça pour les toilettes à vidange par l'avant ou l'arrière, la fixation des lunettes à travers l'assise entre systématiquement en contradiction avec la règle de l'espacement minimum entre assise et bac à déjection. Diantres!! Pas le choix, il faut trouver une manière de la fixer autrement.
On peut opter pour la lunette fixe sans abattant (vissée à travers l'assise), c'est ce que je fais pour les toilettes louées en évènementiel, il faut alors discipliner ces messieurs pour les inviter à faire pipi assis.
Mais ce n'est pas souhaitable pour un toilette domestique : pouvoir fermer l'abattant participe de la bonne tenue hygiénique du toilette. Certaines lunettes ont une articulation qui permet de les fixer à l'horizontale, il suffit alors de rajouter sur le dessus de l'assise un tasseau pour cette fixation.
Sur d'autres, on peut dévisser la plaque à la base de la charnière, il est alors possible de les boulonner à travers l'assise pour peu que l'on trouve le boulon adéquat.
7 : Les copeaux et essences de bois
Quand on parle toilettes sèches avec des boiseux, la question des essences à utiliser ou non revient souvent.
Tout d'abord il faut savoir que la litière va devoir remplir plusieurs objectifs :
_l'hygiénisation, c'est à dire recouvrir visuellement les excréments, éviter le développement d'odeurs, et éviter les contacts directs ou indirects (via les mouches par exemple)
_l'absorption des liquides
_l'aération dite passive du compost
_l'apport de carbone au compost
Ensuite il faut voir de quels résidus de bois on parle, pour ma part je les classe en trois catégories :
_les sciures (scie circulaire ou à ruban, ponçage)
_les copeaux (raboteuse, tronçonneuse à chaine)
_les filaments (tournage, rabotage manuel)
Enfin il faut distinguer le bois sec de menuiserie du bois vert.
Chaque type de résidu va être plus ou moins efficace pour répondre à chacun des objectifs de la litière, et la quantité utilisée va également varier
_La sciure est très bonne pour l'hygiénisation et l'absorption des liquides, par contre elle n'est pas du tout efficace pour l'aération passive. La consommation est faible
=> si votre local est mal aéré, ou dans une pièce à utilisations multiples (salle de bain par ex), que vous avez une capacité de stockage de litière dans le toilette réduite, c'est une bonne solution. Par contre le compost nécessitera pas mal d'ajout de paille/branchage, et une surveillance accrue. Et petit point faible : on fait tout pour éviter de les respirer à l'atelier, dommage de s'en saturer les poumons dans les toilettes.
_les copeaux vont être moyens dans tous les objectifs, mais n'ont pas de point faible. La consommation est modérée
=> c'est le compromis, il faudra quand même ajouter de quoi aérer le compost, et la gestion de l'hygiène dans le toilette sera assez simple.
_les filaments sont excellents en aération, mais sont déséquilibrés quand à l'hygiénisation : ils recouvrent bien, protègent des contacts, mais sont moins fiables pour éviter les odeurs ; et l'absorption des liquide est moins efficace.
=> c'est le choix des fainéants : le compostage se fait quasiment sans s'en occuper, par contre il faut de la place pour stocker dans le toilette car ça consomme beaucoup, et il faut une pièce aérée sinon les odeurs seront là.
_Le bois sec en général n'a pas de très bonnes performances en absorption, il n'aère pas durablement car il est friable, mais il est très bon pour l'hygiénisation.
_Le bois vert aère bien le compost, absorbe mieux les liquides, mais peut causer des odeurs. Il compost aussi plus rapidement.
Si vous êtes sceptiques sur la différence entre bois vert et bois sec pour l'absorption, pensez à une éponge : sèche depuis un an au fond du placard, il va falloir la laisser longtemps dans l'eau pour qu'elle se gonfle ; fraîchement utilisée elle va se gorger d'eau instantanément.
Personnellement j'essaie de tout utiliser, en mélangeant les différents types de résidus. Quand j'ai trop de copeaux pour ma consommation, je privilégie les filaments pour les toilettes, et j'utilise le reste en paillage ; mon objectif principal étant d'avoir un compost aéré car je ne veux pas avoir à rééquilibrer un compost qui est mal démarré.
Et j'utilise toujours des artifices en plus pour rajouter de l'aération passive : paille, branches, tube percé.
Ensuite la question des essences... tellement vaste.
Une seule règle : ne pas avoir de contamination "chimique" des résidus. Donc exit tout ce qui peut être bois traité en autoclave, verni ou lasuré et tous les dérivés.
J'exclue aussi les bois en classe 4 naturelle. Le classe 3 je garde. En théorie tous ces bois sont compostables, on a beau les qualifier d'imputrescibles, ils sont quand même mis dans un bioréacteur pendant 3 ans avec une surface d'échange d'autant plus grande que les résidus sont petits. C'est x fois plus agressif que le milieu marin. Néanmoins il faut que la réaction de compostage puisse s'enclencher, donc il faut garder ces bois résistants en proportions réduites.
La question des tanins divise, personnellement je pense qu'ils n'ont aucun impact significatif sur le compostage : les chênes et les chataigners se décomposent en forêt, et leurs tanins ne stérilisent par l'environnement autour des souches. En revanche pour une utilisation agronomique les tanins ont certainement un impact, mais je n'ai connaissance d'aucune étude là dessus. Là encore j'essaye de trouver le compromis, si j'ai passé un bac de copeaux de chêne, j'essaye d'avoir du bois blanc pour le bac suivant.
Je partage ici un petit tableau de remarques que j'ai pu faire entre différentes essence. Bien sur c'est subjectif, surtout les odeurs.
Les cases grises sont les essences qui n'ont soit pas encore fini leur 1ere année de compost, soit sont trop mélangées pour être déterminées.
Je suis preneur de vos retours personnels pour allonger la liste.
Et dernier petit partage sur mes expérimentations en terme de litière : j'ai pendant un temps incorporé du compost mûr en petite quantité (peut être 5%) dans mon stock de copeaux (à l'époque c'était du 100% peuplier vert taille copeau).
Il y avait un peu plus d'odeur que la normale, par contre l'odeur ne s'empirait pas avec le temps, j'ai poussé l'expérimentation jusqu'à garder mon bac plus d'un mois sans vidange dans une pièce sans ventilation. Ca sentait pas la rose, mais c'était toujours mieux que des toilettes d'air d'autoroute.
En terme de compostage, résultat fantastique : avec un tube d'aération dans le bac de compost, j'ai eu un compost qui a fini sa phase de fermentation (plus de dégagement de chaleur) en 5 mois, et est arrivé à maturité (le volume du tas ne diminue quasiment plus) en 1 an.
Tout ça pour dire que plein de choses peuvent être testées, tout est une histoire de compromis entre la ressource disponible, votre objectif en terme de compostage et en terme d'hygiène.
Bonnes expérimentations.
Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.
Discussions
Top cet article ! Merci bien. Je garde la lecture du guide Pierre et terre pour demain (et après demain sûrement).
Je suis plutôt dans les clous avec mes toilettes sèches. Là où je suis c'était ça ou un assainissement non collectif non validé par le SPANC et en amont hydraulique direct de mon puits. J'ai vite choisi du coup !
J'ai mis un géotextile à l'intérieur de mon composteur pour que le compost reste humide mais respire, car j'avais un morceau qui trainais. Penses tu que ce soit néfaste ? J'ai vu que des composteurs en grillage et géotextile se faisaient également.
Le géotextile en base de composteur je n'ai aucun retour d'expérience direct, je sais que ça se fait, mais à part des suppositions je ne peux pas t'en dire grand chose.
Ce que je préconiserais dans ton cas vu que tu as un potentiel de contamination du puits : démarrer le compostage 1 an sur aire étanche, ce qui couvre largement la phase de fermentation du compost. Cette phase de fermentation est largement dominée par des réactions chimiques, et l'activité bactérienne donc elle se passe plutôt bien sur aire étanche.
Après cette année de fermentation, je ferais un transfert dans un nouveau bac, cette fois en contact direct avec le sol. Ainsi pendant la phase de maturation, insectes, vers, champignons et autres organismes provenant du sol vont pouvoir faire leur office. Par contre un toit parfaitement étanche serait de mise, pour éviter le lessivage du compost.
Avec la fermentation en zone étanche, tu fais déjà diminuer la charge pathogène, l'épaisseur de sol qui te sépare de la nappe dans laquelle tu puise devrait suffire à épurer les quelques résidus restant pendant la maturation. Et en ayant une maturation sur sol, tu auras un compost final de bien meilleure qualité que si tu faisait tout le process sur aire étanche. Par contre tu serais un peu hors des clous, je ne sais pas à quel point le SPANC peut t'em*** là dessus à l'heure actuelle, les choses ont pas mal évolué depuis que je me suis moins investi dans les toilettes.
Merci pour ta réponse détaillée. J'ai pu installer la zone de compostage éloignée du puits et en aval hydraulique. Je vais conserver le couvercle étanche et le géotextile sur le premier bac. Je serai plus attentif à l'humidité. Et lorsqu'il sera plein je ferai les bacs de murissement en bois simple.
Merci pour cet article. Je suis en plein dans les plans de mes toilettes sèches extérieures pour mon étang et pendant les fêtes familiales.
Ton article m’apporte plusieurs éléments de détails !
J'étais également en réflexion, pour du moyen-long terme à la conversion des toilettes intérieurs. As-tu des retours expériences sur la transformations de toilettes eau vers sèches ?
Concernant les seaux, sans expérience de terrain, j'ai envie de dire que l'inox est moins "pétrole". Un bon point positif pour moi
Sur ma location actuelle, j'ai fait la conversion toilettes à eau vers toilettes sèches, et celle où j'étais avant j'ai fais l'aller-retour.
Conclusion : c'est beaucoup plus facile de passer de eau à sec que l'inverse.
Ce qui a facilité la transformation : dans les 2 cas, les toilettes sont au rez de chaussée et proches d'une porte donnant sur l'extérieur (voir même donnent directement sur l'extérieur), et je n'ai aucune pièce encombrée à traverser. Ca permet un transport facile des copeaux et des bacs à vider.
Le démontage de la cuvette à eau est plus ou moins facile selon l'âge : chiotte récent facile à démonter, chiotte de 30 ans une grosse galère avec plein de boulons rouillés et des tubes d'évacuation pas standards.
Une fois la cuvette démontée, il faut boucher le tube d'évacuation (habituellement c'est le siphon de la cuvette qui empêche les remontées d'odeurs, sans cuvette ça sent les égouts ou la fosse).
Dans ma maison actuelle, je dois faire un faux plancher pour surélever le toilette sec car le tube d'évacuation dépasse du sol, dans la précédente il était à raz. Enfin il faut boucher les arrivées d'eau, et sécuriser les tuyaux (un petit coffrage en bois) car en n'étant plus reliés à la cuvette, ils sont libres et si tu accroche dedans, faut savoir braser le cuivre pour réparer. Je déconseille de supprimer définitivement les arrivées et évacuation d'eau : même si vous êtes propriétaire, pouvoir revenir aux toilettes à eau facilitera une revente éventuelle, et vous offrira une porte de sortie si l'évolution de la législation va contre les toilette sèches.
A prendre en compte : actuellement j'ai un assainissement sur fosse, le fait de ne plus avoir de toilettes à eau rend difficile le fonctionnement de cette dernière car il n'y a plus assez de matière organique pour nourrir l'éparcyl. A priori je suis dans les clous pour la qualité de l'eau rejetée, mais si je n'étais pas en location je chercherais à adapter l'assainissement pour qu'il ait une meilleur efficacité. Sur un assainissement individuel prévu avec des toilettes à eau, les supprimer va tout de même diviser par 1,5 à 2 le volume global, et diminuer de 50 à 80% la charge à traiter. Un ANC surdimensionné fonctionne mal, quel que soit le système.
Pour la question de l'inox VS le plastique, j'entends la volonté de se passer du pétrole, mais il faut aussi penser à la quantité de pétrole et/ou charbon qui a été brûlé pour produire l'inox, pas sur que le seau inox sorte gagnant du comparatif ;)
Théoriquement les plastiques destinés à contenir des produits corrosifs comme les bacs de chlore ne vont pas être dégradés par l'urine, donc la durée de vie sera très bonne et la contamination du compost sera minime (et inférieure à celle de l'eau du robinet). Après ça n'engage que moi, et je reconnais que l'inox est quand même plus facile à nettoyer, et probablement plus hygiénique.
Bonjour
moi j'ai un vieux seau émaillé depuis 15 ans
Super ! merci pour ce retour expérience.
Effectivement, je n'avais pas pensé au cas de la fosse (ce qui est mon cas).
Et oui les calculs de pollutions (plastique vs inox ou autres débats similaires) ne sont jamais simple à calculer... malheureusement.
Sacré description !
Au top, 8 ans de toilette sèche et je ne reviendrai jamais en arrière
Je fournis les copains en sciure/copeaux aussi.
Merci beaucoup pour ce pas à pas, très instructif et clair !
Je garde en mémoire pour un futur proche
Bonjour, merci beaucoup pour cet article qui est super complet et très bien documenté cela fais longtemps que je cherchais des infos détaillées sur le sujet et là c'est nickel.
Par contre je suis désolé cet article m'a ouvert les yeux, c'est beaucoup trop compliqué à gérer pour moi en terme de compostage : la surface, le changement de bac tous les ans, les contrôles, etc...
Je cherchais à mettre en place des toilettes d'appoint à coté d'une petite chambre d'amis au fond du jardin mais là je vais rester sur le système classique tant pis, en cas d'envie pressante on continuera à traverser le jardin pour aller dans la maison....
Ce qui m’embête le plus c'est que je vais continuer à jeter la sciure de mes machines et ça j'ai vraiment l'impression de gâcher.
Un article que Les Pingouins aimeront :)
Exceleeeennnt !
Merci beaucoup pour cette mine d’info !
L'entreprise Boklo commercialise un séparateur de toilette sèche qui tient dans un systainer 3.
Ca plaira aux fan de Festool ;)
cocoM
Question: les séparateurs, judicieux en toilettes sèches ?
Je vais installer une phytoépuration chez moi, quid des toilettes sèches dans ce cas de figure ?
Merci !
Ybos tout est encore une fois question de compromis : le gros avantage du séparateur est de diminuer énormément le volume, le poids et les odeurs dans le seau des toilettes. Avec séparateur tu pourras facilement tenir une semaine avec un bac de 30L pour 4 personnes, et ce bac de 30L fera à peine 10kg donc facile à vider.
Par contre le séparateur rend la conception plus complexe (installation d'une évacuation pour les liquides, avec un système pour éviter les remontées d'odeurs : siphon ou clapet de fermeture)
L'entretien sera aussi différent : il faudra nettoyer d'une part ton bac avec les solides ; et d'autre part le séparateur (sachant que ce qui passe dans ton séparateur va dans ta phyto, attention aux produits utilisés).
En terme d'apprentissage c'est aussi un peu plus "complexe" : il faut préciser aux invités males de faire pipi assis, qu'il ne faut pas mettre de sciure pour une petite commission mais bien y penser pour la grosse, de faire attention à ne pas mettre de copeaux/pq dans le séparateur etc...
Et enfin le plus gros point noir pour moi : le compost sera de toute façon trop sec et peu azoté ; il faudra donc ramener de l'humidité et des matières azotées (tonte d'herbe fraiche, épluchures de légumes, orties...) pour espérer qu'il remplisse son role de destruction des pathogènes. Par contre l'avantage en terme de compost c'est que tu peux accumuler tes matières sèches pendant un an, et faire un mélange avec apport d'azote et d'eau en une seule fois, ce qui peut etre plus simple à intégrer dans ton mode de vie que la gestion au quotidien du compost.
Merci pour ta réponse qui met la lumière sur certains points auxquels je n'avais pas pensé.
_Je pense acheté une solution toute faite pour camping car en terme de séparateur. Question de facilité d'usage et de mise en place rapide, ce qui est ma priorité du moment.
_Pour le PQ, il sera à jeter dans un sac en papier à côté des toilettes, solutions déjà mise en place où j'habitais avant (mais pour d'autre raison).
_Je pense vider les bacs dans la phyto manuellement, à voir avec le constructeur si c'est possible et comment.
_Du coup pour le compost, ce serait réglé, les roseaux s'en chargeraient.
_Et oui, un peu pédagogie à ces messieurs et ces mesdames pour arrêter de tout jeter dans les toilettes, et prendre pleins de médoc ;)
Je pense que le mieux est de tester et d'ajuster le cas échéant, en faisant bien attention à bien gérer le compost si besoin, je garde bien ça en tête oui, ayant une rivière à proximité.
Merci encore
Bravo pour ce pas à pas très complet !
Pour info, concernant l'intérêt des toilettes sèches par rapport à la consommation d'eau dans le foyer, il faut savoir que les sanibroyeurs consomment en gros 3 à 4 fois moins qu'un wc à chasse d'eau avec réservoir. Cela peut être une solution alternative moins consommatrice d'eau et aussi pratique (perso, entre gérer le compost et tout ça, et appuyer sur un bouton, je choisis la facilité !).
Bien sûr, le sanibroyeur ne répond pas aux autres avantages des toilettes sèches, mais c'est déjà ça.