Il s'agit du chantier de restauration décrit dans mon rapport d'activité de BP Charpente
Chantier de restauration :
Le chantier est situé au 79 Bd Ornano à Paris. Il s'agit d'un escalier d'immeuble parisien typique : débillardé à l'anglaise, crémaillère et contre marches métalliques, marches en chêne encastrées dans le mur, paillasse, baraudage métallique etc...
Le devis (cf annexes) comprend le relevé et le remplacement d'une grande partie de la première volée.
Le chantier implique de laisser la circulation libre.
La taille fait appel aux machines fixes d'atelier et à un travail très soigné.
J'ai pu gâcher le chantier entièrement avec l'aide de mes collègues aussi bien à l'atelier qu'à la pose.
Liste des articles
Le relevé
Je suis allé relever l'ensemble des marches concernées par la réfection et voir les dimensions nécessaires des stylobates et fausse crémaillères.
Pour le relevé, j'ai disposé un calque fin sur chaque marche balancée, depuis la contremarche et plié au devant du nez et du mur. Pour tracer la courbe des marches coté jour, j'ai noirci au crayon le calque suivant l'arête.
Chaque calque est correctement numéroté et rangé dans l'ordre, avec un ramènerez de 10 cm coté mur. Sur les bord les plus saints j'ai relevé la moulure, la valeur du nez de marche et de son retour.
J'ai également mesuré la hauteur maximale entre marches pour pouvoir changer les contre marches en CP Hydrofuge de 15mm.
Il est indiqué sur le devis qu'un limon est à prévoir au droit d'une fenêtre. Sur l'avis d'un collègue expérimenté, le limon est fabriqué en 2 pièces, avec une crémaillère rapportée pour pouvoir poser l'ensemble marche/contre marche plus facilement en façade et par le dessus.
La taille
A l'atelier, la première étape a été de reproduire les gabarits en Isorel 5mm afin d'usiner les marches puis de les ajuster et les protéger lors de la pose. Le gabarit diffère légèrement du calque car il ne faut pas oublier d'ajouter en fond de marche la valeur de l'oreille, qui servira à fixer un tasseau dans laquelle la contremarche vient se visser.
Un collègue va m'assister dans tout le débit, le corroyage et le collage des marches que l'on effectue en quinconce 2 par 2, le nez toujours de fil.
Pendant que les marches sèchent, on effectue l'ensemble des débits : stylobate droit en Mdf 16mmm (plus facile à limer et à poncer que le CP) et 2 bandes de CP cintrable 8mm pour la partie courbe. Fausse crémaillère en CP hydro de 20mm que nous avons recollé sous presse pour obtenir une pièce d’épaisseur 40mm. Faux limon en massif et contremarches en CP Hydro 15mm, tasseaux...
Pour toupiller les marches, droites et celles qui ont un cintre au collet, nous utilisons un fer spécial composé de 3 parties : un profil courbe au dessus, un galet à bille qui roule sur la partie du nez qui reste d'équerre et un plus gros quart-de-rond (diam 30mm) qui effectue en même temps le bec de corbin et le carré de 5mm. L'épaisseur des marches étant de 50 mm.
Je prépare également la quincaillerie dont des tire-fonds en 10 x 45 pour refixer les marches. Je recoupe une mèche de pré-perçage suffisamment courte pour les avants trous sur place sans risquer de transpercer les marches et pour s'insérer dans la perceuse d'angle comme je ne dispose que d'une hauteur de 11 cm (16 cm – 5 cm) pour insérer le tire-fond dans la patte soudée à la crémaillère comme mon collègue escaliéteur me l'a suggéré.
La pose
Sur site nous devons théoriquement opérer la rénovation des marches 2 par 2 pour que les résidents puissent continuer à circuler. Nous balisons entièrement pour ne pas risquer un passage à travers la paillasse et sécurisons le local qui nous est alloué pour la retouche.
Je commence par les marches et le limon à refaire, j'utilise les gabarits Isorel pour tailler la crémaillère rapportée. Je laisse le limon droit pour l'instant, prévoyant de le cintrer au rabot à main au moment de tracer le stylobate. Le limon est scellé dans une réservation du mur par des broches et de la résine chimique dans les parties cachées.
Mon collègue s'occupe déjà de repérer les nez de marche sur le mur qui va être repeint. Nous posons les contremarches au fur et à mesure de la montée. Elles sont encastrées de 10 mm dans une rainure de 12x16 mm dans la marche supérieure, vissées au tasseau de la marche du dessous et viennent affleurer le bord de la crémaillère métallique. Le fond de vissage en bois fixé à celle ci est à changer car les anciennes contremarches métalliques étaient d'épaisseur 5 mm.
Problème rencontré.
Au moment de passer aux marches suivantes nous découvrons que le mur est très dégradé et que nous ne pouvons fixer la fausse crémaillère à pans coupés, malgré un repos sur la marche précédente. Comme la journée de travail se termine, nous décidons de passer le lendemain à l'atelier pour récupérer de quoi faire un scellement en plâtre et sable. Nous calons l'ancienne marche pour que les habitants puissent circuler en sécurité.
Nous avons comblé le trou et scellé une équerre métallique épaisse qui fera office de corbeau. Après mise en place de la crémaillère coupée suivant les gabarits en plan nous fixons les marches par clouage - avec un pré-perçage de biais et croisé pour empêcher l'arrachement - sur le dessus coté mur et avec des tire-fonds par en dessous coté jour. Elles sont encastrées d'environ 5 cm dans le mur. Les sections de fausse crémaillère suivantes furent positionnées avec un repos sur la précédente, une bande de Cp les reliant et 2 chevilles à expansion 6x140 par niveau de marche.
À chaque avancement nous protégeons la marche en scotchant le gabarit Isorel recoupé au devant de la contremarche. Avant la fin de la 2e journée nous décidons de replacer le garde-corps sur le limon pour éviter tout accident. Pour cela nous repérons l'écartement des barreaux et perçons à deux pour être parfaitement aplomb. Nous fixons provisoirement la rampe par un coin en chêne tiré d'une chute d'une marche.
Finitions.
Le dernier jour consistera à tracer, tailler et poser le stylobate. Celui ci est d'une pièce pour le droit et de 2 épaisseurs collées pour la partie courbe en plan et en élévation. Après ajustage, fixation et finitions, nous démontons le garde-corps pour tracer et tailler la courbe du limon et ré-encastrer les barreaux. Nous débarrassons le local et laissons le chantier propre.
J'ai beaucoup apprécié ce chantier pour sa diversité et la découverte de la logique de travail de nos anciens, et notamment pour la bienveillance d'un collègue, Yves, qui justifie de 40 ans d'expérience dans l'escalier.
Discussions
Bravo, beau boulot dans des conditions contraignantes!
Merci! Le plus dur était de trouver une place de parking!
Quand j'étais artisan à Paris je livrais les chantiers le Dimanche et je revenais en métro le Lundi, et ça dans les années 80, j'ose à peine imaginer ce que ça doit être maintenant!
Ça ne doit pas être simple comme boulot, même bien préparer.
C'est surprenant que sylvainlefrancomtois ne soit pas intervenu, il n'a pas dû voir ce pas à pas...
Boulot fastidieux !
Ces derniers temps j'ai eu beaucoup à faire (coaching ,écriture et dessins) !! Pour en revenir à cette rénovation ,oui c'est du très bon boulot ,qui me rappelle pas mal de souvenirs , ce genre de travail reste très intéressant ,et il permet de découvrir des choses cachées du travail (à la main) et du savoir faire de nos anciens !
à noter que j'avais liké !!!
Pas de problème, sylvainlefrancomtois , je ne t'avais pas cliqué au point de voir si tu avais liké ou pas...