Pour compléter le meuble sous vasque et le miroir, rien de tel qu'une sorte de demi-colonne ou petite colonne. L'espace SDB n'est pas non plus très grand.
Je vais tenter de faire ce pas à pas à postériori, une fois n'est pas coutume. Faute de temps, j'ai passé bien plus d'heures derrière mes rabots que sur mon PC, pour me permettre de le faire au fur et à mesure, comme je l'ai fait précédemment.
Pour les pressés, le résultat final est ici.
Liste des articles
D'abord une idée puis ... un dessin
Je n'ai pas encore pris le temps de faire la montée de version de ma distri linux ... du coup, toujours pas de sketchup. De toute façon, je n'ai aucune idée de comment cela marche, et si cela prend ou pas du temps.
J'ai donc pris mon cahier à p'tits carreaux pour palier au numérique. Ça marche assez bien, mais je ne respecte que très grossièrement l'échelle. J'ai du raté quelques cours de dessin au collège, mais ça progresse
Bon, au final, j'ai respecté presque tout ... sauf les glissières du tiroir ... au fur et à mesure de la construction, mes idées ont évoluées ... mais pas le dessin.
Préparation du bois et ... des panneaux
Je trouve que fabriquer des panneaux, c'est assez ... long! A chaque fois, j'essaye de les constituer de deux planches pour jouer sur une symétrie, via refente ... mais parfois, pour des raisons d'optimisation, ce n'est pas toujours possible.
J'ai dégauchi l'essentiel. Les panneaux seront mis à dimension au dernier moment.
Comme pour mes précédentes réalisations, j'essaye de couper les pieds dans du bois de quartier ou faux quartier. Les plus longues sont coupées en premier.
Pour les panneaux, ça a été un peu plus compliqué, car mes plateaux de frêne sont particulièrement plein de défauts.
Je n'ai malheureusement que très peu de photos. J'ai effectué une rainure de 3mm de chaque côté des planches à coller pour y insérer une fausse languette.
Pour les "rookies", la fausse languette augmente la surface de collage, et limite le désafleur lors du collage ... ce qui, peut faire gagner un temps précieux après. Malgré tout, ce n'est pas toujours parfait au 1/10ème ... et du coup, il faut reprendre le panneau à la main.
Le collage est fait assez rapidement, car rien que pour la structure, il me faut 12 panneaux, puis 2 de plus pour les portes, 4 pour les étagères, 1 pour le dessus du meuble ... et je n'ai pas une collection illimitée de serre-joints ou autres dormants.
Chaque panneau est repris à la main :
- rabot #4
- rabot #3
- rabot #80
- racloir
Cependant, ce frêne olivier a les fibres qui partent parfois dans tous les sens. Ma raboteuse m'a même fait une petite frayeur en explosant littéralement un bout de planche, et en éjectant le bout explosé, malgré l'anti-retour.
Le rendu, sorti de dégau-rabot n'est pas toujours superbe. Un laminoir type ponceuse à cylindre serait presque idéale. Faute d'équipement, je fait le job à la main, au rabot, quand cela est nécessaire.
Sur certains panneaux, j'ai fait avec, et parfois ce n'est pas non plus parfait. Rendu final des panneaux après de longues heures de racloir ...
Traverses de côté - tracé, tenons, mortaises
Les pieds ont été mis à dimension ( pas encore en longueur), bien équarris. Ils seront complètement finis, une fois le collage global réalisé (chanfrein pour éviter l'éclatement d'une fibre du bout de pieds, lors d'un déplacement par ex.).
Je détermine l'emplacement de chacun, avant, arrière et orientation. Le tout est bien identifié pour le tracé des mortaises.
Je commence donc par faire la structure extérieur ... 32 mortaises. Celles du bas et du haut sont systématiquement à épaulement.
Tout est fait au ciseau de 8mm et 25 ou 30mm de profond en fonction des emplacements.
Les tenons seront réalisés à la main (scie à dos).
Puis, c'est le premier montage à blanc de la structure. A ce niveau, j'y ai déjà passé de nombreuses heures.
Rainurage des montants pour insérer les panneaux
Pas de photo malheureusement pour cette partie.
Habituellement, je fais les rainures grâce à un bouvet à combinaison qui vient de fêter ses 60 ans ++ : Stanley #50, dont on trouve encore de très beaux exemplaires en Grande-Bretagne, via ebay.co.uk .
Pour les traverses, pas de souci technique, ça va tout seul. Les photos ci-dessous sont pour illustrer : ici je fais des rainures pour fabriquer un miroir en épicéa.
Cet outil est vraiment excellent, facile à régler, et quand les lames sont bien affûtées, ça prend trois fois rien de faire une rainure. Techniquement on commence par le bout, et petit à petit on recul pour gagner de la profondeur.
Une fois les rainures réalisées, je mets à dimension les panneaux et réalise un premier montage à blanc avec panneaux.
Préparation des supports d'étagères
Pour les étagères, je n'ai pas choisi la solution la plus simple. En effet, j'ai fabriqué des traverses, qui seront fixées via tenon/mortaise sur les montants de la colonne.
Sur ces traverses, j'ai également fixé-collé une traverse qui permet de supporter l'étagère, tel que une fois posée, l'étagère arrive au même niveau que la traverse de bois.
Ces "cales" sont vissées et cachées par des bouchons. J'ai préféré usiné 2 pièces pour optimiser la taille des morceaux de bois.
La préparation des bouchons de 8mm est réalisée avec une fraise à bouchonner de marque Véritas, à la perceuse à colonne.
Le gros avantage de cette fraise de la célèbre marque canadienne, est que les bouchons sont cylindriques à la base, puis légèrement coniques, ce qui permet, à coup sûr d'avoir un bouchon parfaitement ajusté.
Du coup, c'est repartit pour une longue série de mortaises puis de tenons. Quand on aime ça ...
Pour après quelques ajustements et de nombreuses heures ... arriver à ça :
Ajustement des étagères ...
Fabrication des portes
Ce meuble contient 2 portes.
Au début j'étais parti sur l'idée d'utiliser des charnières invisibles, de type C (porte rentrante). Mais cela nécessite un montant de 37mm + épaisseur de la porte + un peu de marge ...
J'ai essayé diverses solutions sans succès ... hors mes montants sont tout de même moins larges.
La solution la plus simple sera donc d'utiliser des paumelles en laiton vieilli.
Après avoir préparé mes bois, je les coupes à dimension, je recale les coupes à 90° à la planche à recaler, puis réalise les mortaises, et les tenons à épaulement.
Les rainures sont faites au Stanley No50.
L'arrière des panneaux est légèrement feuillurée avec le même rabot.
Les portes sont collées et chevillées à la tire.
Petite parenthèse à ce niveau, car j'ai eu un sacré contre-temps lors du chevillage de la porte du bas : j'ai arraché stupidement une partie du montant, car j'avais oublié de mettre un serre-joint avec cale lors du chevillage !
Dans la précipitation, ou excitation de finir ces 2 portes ! J'ai collé rapidement les morceaux cassés, puis mis 4 serre-joints et enfin chevillé.
Une fois le collage réalisé et après 12h de séchage (enfin une nuit), j'ajuste les désafleurs et prépare la mise en place des paumelles.
Pour ajuster les paumelles, je commence par les placer sur les ouvrants.
Je n'ai aucune idée si ma méthode est la façon la plus appropriée, car c'est la première fois que j'utilise ce type de paumelles.
Je trace à la lame à tracer pour être le plus précis possible, puis avec un ciseau de même largeur je fais une série de petites entailles que je reprendrai après à la guimbarde (fer règler sur l'épaisseur de la paumelle).
Le centrage des visses est fait avec la pointe "carré". Et sur les montants, je ne mettrai dans un premier temps, qu'une seule visse, pour assurer le coup, si besoin d'un ajustement.
Les 2 autres seront mises après collage de la structure.
Premier essai à blanc ... j'aurai pu garder 1mm d'épaisseur sur le montant des portes. La doc technique des paumelles préconisait 2mm de jeu, c'est un peu trop.
Le tiroir
Une fois les portes finalisées, je me suis attaqué au tiroir.
J'ai choisi d'intégré les glissières dans un support fixé à la structure via tenon/mortaise. Ce support est rainuré, afin de pouvoir changer les glissière que je considère comme une pièce d'usure.
Les 2 glissières sont en chêne (j'avais une chute juste "pile-poil"). Des images valent mieux qu'un long texte pour comprendre.
Bon, en fait, j'ai d'abord fait la caisse du tiroir et le fond, puis réalisé les glissières.
L'assemblage du tiroir est fait en queues d'arondes recouvertes. La façade est rapportée, collée et vissée (4 visses qui sont cachées par des bouchons).
Au début, je voulais faire les queues à la main, comme je l'avais fait sur les différents miroirs. Mais, overdose de mortaises, j'ai choisi un compromis en utilisant un gabarit qui permet d'usiner à la fois le tenon et la partie femelle de la queue d'aronde.
Pour valoriser les queues, les côtés sont faits avec une planche de frêne assez blanche, alors que les faces avant et arrière le sont avec une partie plus foncée. Une fois assemblé et collé, je réaliser la rainure avec la défonceuse sous table et une fraise droite de 20mm. En entrée, comme en sortie je place un morceau d'épicéa qui servira de martyr.
Une fois monté à blanc, je me rends compte que la façade est trop claire par rapport aux 2 portes, du coup je décide d'y ajouter une poignée.
La réalisation est assez simple avec la défonceuse sous table, n'ayant pas le tarabiscot qui va bien.
Puis, l'ensemble est collé.
Collage final et finitions
Avant de coller, je fait quelques petites mortaises sur le haut du meuble pour y insérer les taquets qui maintiendront le plateau supérieur en place. Ce dernier est légèrement sur-dimensionné en largeur et ajusté en longueur, pour palier à un éventuel retrait.
J'ai décidé de tout collé en même temps, grand moment de solitude pour le menuisier, et pas mal de tension.
Je commence par coller les 2 côtés du meuble, puis le fond.
Seuls les traverses de la structure sont chevillées (à la tire), avec des chevilles non débouchantes, les supports d'étagères sont juste collés.
Puis après une grande nuit de séchage, je passe le rabot #80, et mon seul outil Lie-Nielsen que j'ai pu m'offrir : ... un racloir ! Bon, en fait j'en ai acheté 2, un épais et un fin.
La finition est faite avec un vernis V33 de la gamme pure-protec (vernis incolore satiné), à base de résine naturelle. 5 couches en extérieur et 3 en intérieur.
A chaque couche, je fais un égrenage fin au vieux papier de verre grain 240, à la main.
S'il y a bien un truc où j'ai de grosses lacunes, c'est bien les finitions. J'apprends tout doucement, mais j'ai tellement peur de ruiner les +300h de travail, que j'essaye d'éviter les risques !
Merci pour vos commentaires et remarques ... si vous avez des questions, n'hésitez pas ! J'espère que ce pas à pas sera utile si vous désirez vous lancer dans un projet similaire.
Merci d'avoir lu jusqu'au bout ! c'est que ça prend un peu de temps à écrire tout ça (mais moins que de faire le meuble)
Discussions
Effectivement les morceaux sont un peu compliquer à travailler dans la plus grande main?
Sinon, moi aussi en réalisant la cuisine pas mal de boulot de ponçage dû aux éclats en sortie de raboteuse, malgré les passes de 5/10eme
Le morceaux de gauche fait 40cm de large environ et représente 1/4 du tronc ... Michel a du s'y prendre en 2 fois pour scier la grume, du fait de sa très grande circonférence.
Heureusement, tous les plateaux ne sont pas aussi troués ! Bravo pour ta cuisine, elle est superbe !
Merci Pierro .
C'est beau le frêne !
La prochaine fois, si tu prévois un jeu un peu faible, tu peux mettre un tit' coup de rabot sur le chant ouvrant. Le petit croquis pour illustrer.
Dak, bonne idée
Pour les tiroirs en queue d'aronde, une pointe de colle entre les queues, on place un serre joint par côté sans trop serrer. On vérifie l'equerrage et on pose bien à plat sur des cales de même hauteur. Le nombre de queue à l'arrière est égale au nombre de devant moins une.
Bien vu pour le contraste avec les côtés.
Les mortaises à la main c'est parce que tu n'as pas de mortaiseuse je suppose.
Si tu as une perceuse à colonne, tu peux caler les pièces pour garder une cote identique au parement, faire une série de perçages tout le long de la mortaise et ensuite seulement tu équarris au ciseau ou au bédane. 1° du gagne un temps énorme, 2° tu as des mortaises "calibrées" en parement et en profondeur plus facilement.
Pour le reste c'est très bien fait, du goût et du soin : TOP ! :)
niconathy j'ai collé le tiroir en 2 fois, d'abord la "caisse", puis après la façade rapportée.
Merci jeanco77. Je viens d'investir dans une sorte de fraise spiralée pour la défonceuse, on verra si ça va mieux (pas encore essayée). Sinon, j'essaierai ta méthode. Après, j'ai pris l'habitude de les faire à la main, 10 à 15min par mortaise en fonction du bois et de la profondeur.