ETABLI ROUBO

Rrrrouuuuuboooo !!!

Depuis le temps que je rêvais de fabriquer un établi, un VRAI !!
C'est maintenant chose faite :-).

J'ai eu l'opportunité l'année dernière de toucher du beau hêtre de qualité. Je me suis dit "je vais le prendre pour un jour construire un établi". Comme ça j'aurais déjà le bois.
Et puis dans la foulée ma boutique d'outils en ligne Berlinoise préférée (je pense que tout le monde voit de qui je parle) offrait une promo sur Benchcrafted.
Je me suis dit "je vais commander pour un jour construire un établi". Comme ça j'aurais aussi la quincaillerie.

Les planètes s'alignent ou je m'y connais pas…

Au départ je ne pensais pas la chose faisable dans mon garagelier.

MAIS :

Rien à voir de prime abord vous allez me dire, j'entame un oschterputz (nettoyage de printemps en Alsace ou plutôt un summerputz étant donné que l'on est en aout), qui finit par mon atelier.
Je réfléchis, je me projette, j'évalue, je simule…
Si je bouge ceci, que je modifie cela et surtout que je mette un bon coup de débarras, ça devrait passer.
ça sera pas Byzance, mais je devrai pouvoir caser un établi :-) !

FEU !

Neuf mois de travail, il a fallu réorganiser l'atelier, fabriquer un meuble, jeter sans pitié le superflus, fabriquer des rallonges pour ma dégau/rabot (Merci Boris au passage ) avant de pouvoir vraiment commencer à débiter les premiers bois mais maintenant il est là !

Comme quoi c'était finalement possible :-)
C'est un moment particulier quand même dans la vie d'un boiseux la réalisation d'un établis traditionnel, j'ai l'impression d'avoir pris en grade

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Pour le cahier des charges :

• Etabli type Roubo, restons chauvin.
• Massif.
• Du hêtre pour la structure et du padouk pour le contraste.
• Des incrustassions pour personnaliser la bête et puis faut bien faire tourner la CNC
• Des tiroirs parce qu'on a jamais assez de rangement
• On verra pour le reste au fur et à mesure

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Comme toujours on commence par un plan d'ensemble.
Vous noterez la ressemblance avec le produit fini

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Je vous passe la partie chiante comme un jour de pluie du débit du bois.
Clin d'œil à Boris pour les rallonges, elle sont pas fini sur la photo mais vous connaissez le principe.
Je commence par la partie du plateau la plus fournie de l'établi à savoir celle qui va accueillir les greppes et la presse latérale.
je vérifie plusieurs fois avant d'y mettre un coup de scie ou de défonceuse parce que j'ai pas de marge d'erreur. J'ai pile le bon nombre de planches.
Pour les greppes je fais un petit gabarit et j'usine en série. Pas de problème ça se passe bien.
Pour la presse latérale j'usine le maximum avant le collage des planches parce qu'il y a de grosses quantités de bois à retirer pour le passage de la presse et je n'ai pas de grosse fraise pour de genre de travail.
Pour infos j'utilise les plans proposés par finetools mais uniquement pour la quincaillerie les autres dimensions et la conception de l'établi étant différente.

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Premiers collages sur le plateau…
J'ai pas bien disposé les serres joint et j'ai un jour coté intérieur là ou la presse coulisse.
C'est l'inconvénient d'avoir usiné les dégagements avant le collage.
Je panique.
je me ressaisis.
Je vais y coller des tiges en hêtre pour prévenir un élargissement de la fissure.

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Première partie du plateau collé !
La presse coulisse bien, ça ne bute nul part.
Je taille le tenon qui va accueillir la pièce pour la presse latérale aux outils à mains.

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Il est temps de réaliser cette fameuse queue d'aronde dont je ne connais pas le nom que l'on peut voir sur beaucoup d'établi. A double queues d'hirondelle ?
Plus la pièce qui va recevoir la manivelle de la presse.
Pas le droit à l'erreur non plus, je vérifie plusieurs fois. Les cotes de mes bois étants différentes de celles du plan je dois vraiment faire gaffe.

D'ailleurs petite parenthèse, il y a quelques coquilles dans le plan fournit par finetools donc attention pour ceux qui veulent se lancer.

Une fois n'est pas coutume, ça c'est bien passé pour moi :
Par contre le padouk, quel enfer ce bois. Très nerveux, file et contre file dans tout les sens et très dur.
Mes outils ont souffert mais le résultat est plutôt propre et cette queue d'aronde rend vraiment bien.

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J'attaque maintenant le deuxième plateau.
Moins compliqué, pas de greppes, pas de presse.
juste des queues d'aronde classique.
J'ai dégagé le gros à la défonceuse et j'ai nettement moins galéré que les précédentes.
Le résultat est la aussi satisfaisant :-)
La pièce en bout est montée chevillée à la tire et collée sur la queue d'aronde.

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Pour le piètement j'opte pour un assemblage avec tenon mortaise chevillé à la tire.
plus pratique et surtout pas besoin de serre joint de grandes longueurs.
Petite particularité histoire de me compliquer la vie le pieds coté presse est incliné de 10°
Je pratique aussi des rainures pour y intégrer des supports pour mon futur bloc tiroirs.

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Pour certaines partie du piétement je n'avais pas forcement toujours les bonnes pièces à dispo avec les bonnes épaisseurs.
Manque 10 mm par ci, 15 par là.
J'y intègre donc des éléments en padouk pour trancher avec la couleur du hêtre...

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… Mais pas que pour le design…
J'ai arrêté le compte des nimperies sur ce projet et je vous ferais pas non plus l'inventaires sinon on va y passer la journée.
Mais entre le bois coupé du mauvais coté, les mortaises avec 20mm de trop voir même carrément décaler, le coup de scie parce que pas attendu que la lame soit complétement à l'arrêt…
Va falloir faire une session réparation.
J'ai bien entendu que ça à foutre, ceci dit suis assez content de mes réparations, certaines sont quasi invisibles, d'autres pourraient être prises pour un parti pris :-)

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Une fois la misère cachée.
Assemblage + collage du piétement.
Pour les chevilles, pendant que j'y suis je veux y mettre du contraste.
Le padouk je sais pas ce que ça vaut pour le chevillage. Le hêtre par contre ça fonctionne bien.
J'ai la flemme de faire des essais alors je vais assembler avec des chevilles en hêtre que je vais enfoncer deux trois millimètre de plus et y coller un bouchon en padouk.
Une fausse vraie cheville ! :-)
Sauf sur les parties en padouk qui vont recevoir eux des chevilles et hêtre
Restons cohérent !

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Il est maintenant temps de marier les plateaux au piètement !
Pour l'assemblage j'ai choisi des tenons avec des… coins? je ne connais pas le nom mais une photo vaut mille mots.
J'ai fait un petit proto pour valider le principe et illustrer le concept.
Une fois les plateaux montés, je cheville pour être sûr de bien plaquer et ensuite j'y mets les coins en padouk pour verrouillé… enfin plutôt reverrouiller parce qu'avec les chevilles c'est déjà bien en place.
L'esthétique me plait bien.
On notera un "chton" sur la partie en padouk… le plateau m'a glissé des mains
C'est que c'est hyper lourd et encombrant ces machins là !

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Il est maintenant temps de réaliser les greppes.
Pour ce faire un petit montage pour usiner les profils.
Une lame ressort en frêne de 2mm d'épaisseur pour assurer la tenue et un patin antidérapant
coller sur la face de contact de serrage.

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Au tour du bloc tiroirs.
Je voulais quelque chose d'amovible parce que je ne pense pas que j'aurais pu l'intégrer directement avec le piètement. trop compliquer de manœuvrer dans l'espace restreint de l'atelier… c'est déjà une performance d'avoir pu tout y faire jusqu'ici
Pour le bloc, je compose avec les bois que j'ai à disposition.
Le bloc se monte dans les glissières du piètement, deux pièces en padouk font office de butées et deux identiques à l'arrière bloquent… le bloc.(ça fait deux fois bloc)

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Pour les tiroirs rien de particulier, assemblage avec queues recouvertes.
Fond en contreplaqué.
Un gabarit pour évider les poignées des tiroirs.
Pour ces poignées j'ai choisi une simple pièce en padouk, collée et renforcée avec des clous en hêtre.
C'est minimaliste mais ça me plait bien.

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Place à la presse frontale maintenant !
J'y intègre mon logo, comme ça je reconnais mon établi si jamais je le laisse traîner quelque part.
Assemblage "inlay" avec la commande numérique.
J'ai des zones ou des morceaux de bois manquent, rien d'étonnant vu la taille et la forme de certaines parties de la pièce.
J'hésite à rattraper les défauts et finalement je décide de laisser tels quel.
C'est un établi, il va en prendre plein sa gueule !
D'ailleurs je décide d'en faire autant sur les queues d'arondes des tiroirs et sur toutes les autres petites imperfections de l'ouvrage.
Pas de ponceuse non plus, tout est fini au rabot ou au racloir.

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Il est temps de s'intéresser à la servante mobile maintenant.
Située entre les deux plateaux, habituellement on la voit en une pièce.
Je n'ai pas de padouk sur 2m, je vais donc la faire en deux partie.
Je me demande d'ailleurs pourquoi jamais personne ne la fait en deux bloc, en tout cas je n'ai jamais vu, c'est tellement plus pratique…
Pour la mobilité je place deux axes sur le plateau arrière et j'usine un profile en pente avec un gabarit. de cette façon quand je la fait glisser sur le coté elle monte dans le même temps et peut servir de butée.
Je la réalise avec des fentes pour pouvoir y glisser des outils, rien de nouveau de ce coté.
Comme je suis encore un peu court j'intègre une petite boite monté sur des plots push to open entre les deux servantes.

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...la nature a horreur du vide… et reprend ses droits !

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Et pour finir, le dead man ! *
On se demande bien pourquoi les Anglo-saxon le nomme comme ça
Celui là aussi je veux y insérer des motifs.
Type arabesque cette fois, également à la CNC.
Pas de défaut pour celui-ci je suis agréablement surpris, le motif est impeccable

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…Comme j'ai encore du temps à tuer et un petit bout de hêtre et de padouk, je bricole un dernier petit gadget.
Sur la presse latérale j'ai mis un cache monté avec des aimants sur l'arrière.
Comme ça je peux serrer dans les deux sens au besoin et aussi je cache la visserie qui maintien la manivelle de la presse… elle me dérange.
Au besoin s'il me faut les deux trois centimètres qui manquent pour serrer une pièce trop large, je peux l'enlever et la mettre sous l'établi ou elle va s'accrocher sur les glissière grâce aux aimants.

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Le plateau à été aplani au rabot. Il n'est pas parfait, entre les quatre pied je suis vraiment pas mal mais sur les bords du plateau arrière ça a tendance à plonger un peu.
Pareil pour l'état de surface j'ai de l'arrachement à deux endroits.
Je m'excite pas trop sur la finition parce que si je m'acharne à faire un truc nickel je vais convulser le jour, inévitable, ou je mettrai une balafre ou pire sur le plateau.

C'est un établi, comme dit plus haut il va en prendre plein la face !

Pour le moment je laisse en l'état, déjà pour laisser l'ouvrage se stabiliser.
On verra à l'usage, s'il faut je repasserai dessus plus tard.
En attendant, couche de protection à l'huile de tung et le voila bon pour le service !
Il est opérationnel et je me demande déjà comment je faisais avant.
Quelle plaisir à l'utilisation, c'est vraiment que du bonheur !