Roulotte labo de boulangerie

Fabrication d'une roulotte qui servira de laboratoire (poussée de la pâte à pain et façonnage) pour une boulangère qui travaille avec un four solaire à concentration.
L'idée pour elle était d'avoir son labo le plus proche possible de son four qui demande une intervention régulière durant la préchauffe et la cuisson pour que le point de concentration soit bien centré sur le four.
La roulotte est en réalité une "fausse", elle n'aura pas vocation a être déplacé de plus de quelques mètres pour optimiser son implantation.
Une fois en place, j'ai placé 6 fondations légères (une à chaque angle et une au milieu des longueurs): deux pneus remplis de graviers (pour éviter les remontées capillaires).

Ses dimensions sont de 2 m par 4.4 m.
Elle a été construite en favorisant au maximum les matériaux de récupération.
Elle est située en Savoie, à 700m d'altitude.
Chantier réalisé principalement en mai et juin, je dirai une dizaine de jours en tout.

La base est un châssis de remorque agricole qui croupissait au fond d'un jardin, entièrement démonté pour ne garder finalement que les essieux et l'axe central.

J'ai refait la structure inférieure sur laquelle a été érigé quatre cloisons d'ossature.
Le bois de structure et des ossatures provient de la grange du père de la boulangère qui possédait un bon stock de poutres vieilles de quelques décennies: long travail de déclouage, délignage et rabotage.
Pas de panneaux de contreventement pour les ossatures mais plutôt la triangulation des montants, dans un soucis de légèreté et d'économie de bois. J'avais quelques doutes (les montants sont en 80x40, donc pas de grosses sections), mais la rigidité est parfaite.

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La dalle bois a été cloisonné et isolé avec de la paille en vrac, recouverte de feutrine de mouton faisant office de couche phonique et évitant aussi le passage de la paille par d'éventuels fentes dans le plancher.

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La boulangère voulait un toit de forme arrondie, petit challenge bien plaisant! Les 4 fermes ont été réalisé à l'atelier, en forme de demie ellipse pour limiter la hauteur et côté trop massif des pignons. (Premier essai visible sur la première photo ci dessous, corrigé ensuite pour une hauteur plus réduite; photos 2 et 3).
Des pannes filent sur les fermes (faitière, deux intermédiaires et sablières), entre les fermes des contreventements bloquent les mouvements longitudinaux.
Toute la charpente est en 70x50, bien suffisant pour la faible surface, par ailleurs la forme de la toiture empêche l'accumulation de neige. Pendant la construction, j'ai joyeusement sauté dessus sans rien faire bouger!

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Il y avait une demande de deux grandes fenêtres ouvrantes côté Sud, une petite fixe côté Ouest pour surveiller le four depuis l'intérieur et enfin côté Nord d'une porte avec une partie vitrée qui s'ouvre (pour la ventilation) et une petite fenêtre fixe pour apporter de la lumière vers le plan de travail.
Les carreaux sont récupérés à la déchetterie sur un précédent chantier (tous en double vitrage), j'ai fabriqué les dormants et les ouvrants en chêne pour les fenêtres ouvrantes et douglas pour les fixes.

Pour la porte j'ai cherché un moment avant de me résoudre à la fabriquer...quand un ultime passage à la déchetterie me livre un trésor: une vieille porte qui allait finir à la benne, pile aux bonnes dimensions, avec deux carreaux qui s'ouvrent! Un bon coup de nettoyage / rabotage / ponçage plus tard, elle est parfaite!

Un parepluie recouvre l'ensemble de l'ossature et de la toiture (petite anecdote: il s'agit de pare pluie de fin de chantier - j'ai fait le tour des chantiers autour de chez moi - et après avoir réuni tous les bouts, c'est tombé pile à 20 cm près!!). Litelage pour le faire tenir et préparer la pose du bardage (liteaux eux aussi délignés dans les poutres du papa).

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L'isolation intérieure est réalisée avec de la laine de mouton (épaisseur 8 cm), super agréable à poser mais très souple, ça nécessite de la fixer aux ossatures sinon elle se replie sur elle même et laisse des gros vides.
Le plancher provient d'un plot de chablis d'épicéa bien sec, déligné, raboté, rainure et languette. La aussi un gros travail mais le plaisir de voir surgir toutes les nuances du chablis au fur et à mesure.
Le bardage intérieur a été acheté (lot déclassé de frisette 10 mm), quand au plafond j'ai fait encore une fois le tour des chantiers et scieries pour récupérer des rablettes mises à dimension et rabotées, qui apporte plein de nuances différentes sur cette partie, histoire de trancher avec le côté un peu uniforme du lambris.
Une trappe a été ménagé pour accéder aux "combles".
L'isolation de cette partie est faite par paille en vrac déversée sur une quinzaine de cm d'épaisseur.
Finition en frêne (plinthes) et noyer (encadrements fenêtres et habillage plafond).
J'ai également installé un petit circuit électrique solaire en 12 v (panneau 30 w, stockage sur une batterie de voiture), pour l'éclairage (6 spots leds, fabrication maison), une recharge pour le téléphone, une prise pour alimenter une balance électrique et une pour la radio.
J'avais également mission pour un petit meuble d'évier avec un système de pompe à pied, fait avec un plateau d'orme trouvé dans la grange du papa.

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La toiture m'a posé quelques questions: j'avais récupéré à cet usage l'hiver dernier, des tôles galva sans nervures, que j'ai découpé aux bonnes dimensions, j'y ai façonné un pli retroussé sur leurs bords de manières à pouvoir les encastrer les unes dans les autres pour assurer une jonction étanches. La petite taille du toit a fait que la longueur d'une tôle couvrait toute la hauteur du pan, de telle sorte que je n'ai eu qu'à gérer les raccords verticaux.
Le déluge du printemps a permis de valider l'étanchéité!!

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L'extérieur est bardé en douglas (planches brut de sciage, délignées, rainures / languettes), l'encadrement des fenêtres ainsi que l'habillage des pignons est réalisé en rablettes passées au brou de noix.
Pour l'accès, petit escalier avec plateforme d'accueil conçu pour éviter que la boulangère ne fasse des acrobaties avec ses grilles de pains dans les bras!

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L'intérieur sera "meublé" par la boulangère.
Il me reste à dégotter deux gouttières, une réflexion en cours pour rajouter un petit auvent au dessus de la porte pour protéger cette zone de la pluie.

Cet automne, j'installerai un petit poêle de masse auto construit sur la base d'un bidon et de sable (un poêlito pour ceux qui connaissent), à côté de l'évier (sa place est prête: ardoise sur le mur, laine de roche au lieu de la laine de mouton pour le tuyau d'évacuation, structure dalle renforcée). Il me reste l'été pour finir de chiner et rassembler les différents matériaux et piler de vieilles briques réfractaires pour faire la chamotte!

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Au final un super chantier, passionnant et très agréable, avec tout en miniature ce qui fait qu'on n'a jamais le temps de se lasser d'une tâche!
Ça me donne presque envie de m'en faire une un poil plus grande pour y habiter ;-).

A la fin du chantier, on a fait le compte, il y en a pour un peu moins de 500€ de matériaux achetés (isolation, frisette, douglas brut de sciage, plot d'épicéa), le reste provient de récup et fin de chantier. Il a fallut constamment s'adapter aux matériaux disponibles plutôt que de faire selon ses envies mais c'est aussi une motivation de travailler comme ça, en tous cas pour moi cela a beaucoup plus de sens!

Ha, au fait, le pain solaire de la boulangère est super bon, chaque journée de travail je repartais avec un pain et des gourmandises au gré de sa production: brioche, cookies, pain au lait...