Grand meuble aux portes coulissantes style shoji pour chambre d'enfants

J'ai récemment terminé la réalisation d'un grand meuble contre le mur de la chambre de mes enfants (dont le pas à pas de la construction en chantier participatif devrait être publié un jour si j'ai le courage...).

Ce meuble m'a donné quelques sueurs froides au moment de son montage dans l'emplacement prévu, qui n'est pas aussi bien droit que le plan sketchup ne le laisse penser. En calant un peu partout avec des cales sur mesure, j'ai tout de même réussi à minimiser les écarts, et au final on ne voit quasiment plus rien : je me suis peut-être inquiété plus que de raison.

Le cahier des charges était le suivant :

• permettre de ranger toutes les affaires des enfants, et plus encore,
• avoir deux espaces équivalents pour les deux enfants,
• avoir un petit coin lecture en regard de l'entrée de la chambre pour conserver l'impression d'espace et ne pas trop refermer le volume,
• monter jusqu'au plafond pour masquer la jointure du plafond en contreplaqué qui ne vas pas jusqu'au bout,
• les portes devaient être manipulables par les enfants.

Après quelques essais, voici le résultat en 3D :

J'ai toujours plus de temps disponible pour faire le plan sur l'ordinateur tout en gardant les enfants que tout seul à l'atelier, du coup je peaufine tout en 3D avant d'aller réaliser le tout le plus vite possible - en improvisant bien sûr toujours un peu, rien n'est jamais parfait !

La pièce étant une ancienne étable, des mangeoires sont disposées le long des murs. La construction d la pièce les englobe, mais laisse une sorte de caisson à 70cm de hauteur dans la pièce. C'est sur ce caisson qu'a été conçu ce meuble.

PS : désolé pour la qualité des photos, mon téléphone n'est pas le meilleur appareil que je possède - je ferai mieux pour les prochaines fois.

Les portes coulissantes

L'inspiration vient des portes coulissantes japonaises, les fameux shoji. Je n'ai gardé que l'idée de cadres en bois qui coulissent sur des glissières en bois aussi, exit le papier de riz et autres détails minutieux : on reste dans une chambre d'enfants pas forcément très soigneux.

Intermède japonais

J'ai eu le plaisir lors d'un voyage au pays du soleil levant de travailler dans une maison centenaire pour y entretenir les portes qui ne coulissaient plus. Après avoir poncé ou creusé quelques rainures, suite au tassement supposé de la maison au fil du temps, nous nous sommes rendu compte que les portes n'étaient tout bonnement pas à leur place et qu'il fallait "juste" les enlever et les remettre aux bons endroits pour que tout roule (ou glisse) à nouveau. Le bois, bien mis en œuvre, ne semble pas travailler tant que ça. :) Toujours est-il que j'ai eu le temps d'observer ce type de conception et son efficacité sans pièces "technologiques" hors de ma portée.

Les portes coulissent donc dans du chêne, avec des rainures de 8mm de profondeur "en bas" et 16mm en haut", afin de pouvoir les déboiter en soulevant légèrement.

Les rainures inférieures des portes du haut sont directement intégrées dans le meuble, c'est plus joli car on ne voit rien du bas. Je n'ai pas fait ça pour les portes du bas car la tablette en chêne était déjà posée à la construction de la chambre.

Une fois le meuble fini, j'ai eu un peu peur car les portes s'arcboutaient facilement lors de leur déplacement. J'ai pensé devoir mettre des petites roulettes ou autre sur les coins supérieurs pour éviter ce phénomène mais au final un peu de paraffine et c'était réglé ! Ma petite de 2 ans les manipule avec toute l'aisance d'un enfant de cet âge !

Le cadre des portes est en érable et non en chêne. Dans ce que j'avais en stock, c'était l'essence la plus homogène et aux couleurs les plus proches du contreplaqué peuplier pour éviter d'avoir un contraste important et donc des lignes trop marquées sur ce meuble.

Les parties hautes et basses comportent les bandes de glissement (verticales et horizontales), et les parties verticales à coupe d'onglet sont fixées en place par des dominos. Le montage dans des rainures un poil trop ajustées pour le contreplaqué n'a pas été de tout repos, surtout avec l'échéance de la colle qui sèche. Une nouvelle raison d'avoir bien chaud dans mon atelier qui ne l'est pas tous les jours.

Pour manipuler les portes, j'ai usiné des petits "passe-doigt" en partie basse avec une fraise arrondie. Le résultat met en valeur le côté massif du bois et est très engageant et agréable à utiliser.

Les étagères

Un des critères du meuble était aussi et surtout de contenir beaucoup d'affaires pour libérer de l'espace ailleurs : j'ai donc opté pour de nombreuses étagères modulables de 47cm de large par 39cm de profondeur. J'avais prévu une trentaine de ces étagères, mais au final 25 ont suffit : les autres trouveront un nouvel usage.

Ces étagères sont conçus comme les montants intermédiaires : contreplaqué avec le champ visible en chêne.

Le rendu est plutôt chouette. J'avais déjà fait cela sur un meuble de la cuisine, j'ai donc recommencé. On m'a depuis signalé que coller à plat joint aurait suffi : si c'est bien le cas j'aurai bien aimé le savoir avant pour m'éviter tous les usinages de rainures languette sur ce qui m'a semblé des kilomètres ! :)

Montage du meuble

Comme annoncé dans l'introduction, le montage n'a pas été de tout repos. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même car la pièce qui accueille le meuble, et donc ses murs pas droits et sa tablette peu plane, ont été fabriquées quelques temps plus tôt par mon moi d'avant, celui qui ne connaissait pas les problèmes que cela allait poser. Bref.

De nombreux ajustements ont été nécessaires pour que le meuble s'approche du mur, soit vertical, horizontal et tout. J'aurai aimé à ce moment avoir conçu un bloc autonome à venir fixer avec deux cales à l'emplacement prévu, mais non, pourquoi faire simple. Je n'avais pas prévu cela, et si le résultat est épuré et sans fioriture la mise en œuvre aurait pu mal tourner.

La position de la glissière supérieure permet de cacher la jointure entre les deux plaques de contreplaqué 5mm qui habillent le plafond et qui, poussés par l'isolation, formaient des vagues disgracieuses. L'application de cette glissière permet de masquer cela très efficacement !

Étagères centrales

Les étagères centrales habillent la partie haute de l'alcôve. Elles ne sont pas très larges (~13cm) et sont fixées :

• avec des fixations invisibles insérées dans un trou oblong
• emmanchées sur la tranche avec deux gros dominos
• vissées ensuite depuis l'intérieur du meuble pour bloquer le tout.

Des images parleront mieux que de mauvais mots :

Il me semblait avoir pris des photos du montage mais je ne les ai pas ici : peut-être pour plus tard.

Décorations

Dernier détail, chaque grande porte comporte une petite gravure discrète, invisible au premier coup d’œil : un petit animal d'une dizaine de centimètres, sur chaque porte à une hauteur différente, dessiné en un trait !

L'idée vient à nouveau du japon, où des gravures d'oiseaux ou de fleurs très simples et imagées sont parfois réalisées en plein bois, avec une poésie très subtile. J'ai essayé de reproduire cela à mon échelle et sans grand talent de dessinateur : j'emprunte donc celui de Picasso !

Voilà pour cette fois-ci. :)

Bonne journée à vous,

Guilhem