Voici une bibliothèque de salon entièrement conçue à partir de chutes de bois de l'atelier. On y retrouve différentes essences de bois comme du noyer d'Europe, du noyer noir d'Amérique, du hêtre, du frêne, du chêne, de l'épicéa, du mélèze, du douglas, de l'acacia... Un véritable patchwork entièrement collé.
Pour une touche de légèreté et d'élégance, j'ai choisi de mettre quatre pieds épingles en métal.
Dimensions du meuble : 116,5 x 85,5 x 24 cm.
Le bois est laissé brut.
Le bois surcyclé se conçoit comme un matériau qui, initialement voué à la destruction, est employé et valorisé dans un processus de création. Puisqu'il n'est pas désintégré pour recréer un objet, comme le seraient des bouteilles en plastique transformées en chaussures de sport par exemple, on parle de surcyclage (= upcycling) ou de "recyclage par le haut". Cette conception est au cœur de mon travail et c'est un sujet passionnant.
Discussions
A une autre époque on appelait ça : "penser radin" le résultat est le même
Bonjour kaj,
Merci pour ton retour qui, à défaut d'être bienveillant, me permet de garder l'esprit ouvert et de me questionner sur ma démarche... Pour constater que j'adhère toujours plus à celle-ci.
Un rapide survol de ta page sur l'Air du Bois m'a permis de réaliser que j'ai eu l'honneur d'attirer ton attention et d'être critiqué par un menuisier dont le talent et l'expertise ne sont pas à prouver. Étant autodidacte dans mon activité de création que j'exerce depuis trois ans, je n'aurais jamais assez du reste de ma vie pour me hisser à un niveau équivalent au tien mais mon objectif n'est pas là.
J'ai le sentiment que le fond de ton commentaire est une attaque à l'écologie d'une manière générale. Je ne vais donc pas essayer de te convaincre Ô combien il est urgent de cumuler chaque petit geste pour réduire l'impact de nos actions sur le climat car je pense que ce serait un vain combat. Mais je voudrais juste te préciser que l'utilisation du terme "radin" constitue moins une attaque envers cette réalisation qu'une agression envers les valeurs que je porte dans mon travail de création. Tu trouves ça pingre d'utiliser les chutes d'atelier pour créer quelque chose qui ait une forme, une utilité ? Moi, j'y vois l'opportunité de valoriser de la matière et de porter des valeurs qui me sont chères.
Je conclurai en disant que je conçois que mon travail puisse déplaire, je regrette de ne pas trouver ici la bienveillance à laquelle nous devrions tous avoir le droit dans l'univers du bois. J'entends par-là que je n'ai pas besoin de louange ou d'hypocrisie mais au moins d'une critique constructive et que, au final, on a toutes et tous notre place ici.
Après, libre à quiconque de venir me détromper et de me démontrer qu'on ne cultive ici que l'élite des boiseux ; auquel cas j'accepterais sans soucis de me soustraire à l'Air du Bois en emportant mes mots avec moi.
Sans rancune et bonne continuation à toi !
Atelier Vegvisir je suis désolé de t'avoir vexé, mon commentaire n'est pas contre l'écologie, j'ai toujours utilisé les restes, les chutes mais je suis plutôt contraint de le faire par économie ou radinisme pour certains. Je fais de l'économie en premier et si c'est également écologique et bien tant mieux. Encore une fois je n'ai pas voulu être agressif en général je suis politiquement correct.
Atelier Vegvisir Un exemple de la génération de mes parents, les draps étaient "retournés" deux fois, une première fois dans la longueur et une deuxième dans la largeur coupés et recousu (explication en schéma).
Quand on dit ça maintenant ça fait sourire. Difficile de faire plus économe.
Aucun problème, kaj , dans la mesure où j'ai ponctué mon message par un "sans rancune" sincère, et encore moins grâce à ta réaction très positive et je t'en remercie.
En soi, ce qui me pose problème avec les critiques non constructives, c'est l'impact que ça peut avoir sur la créativité, l'enthousiasme des gens. Moi, personnellement, je fais entreprise autour du concept de l'upcycling donc je suis à l'aise dans l'exercice de me défendre et d'exposer mon projet en restant aligné avec mes valeurs. Mais, tu vois, je me mets à la place de l'amateur enthousiaste et naïf qui va venir s'exposer, pour ne pas dire "se mettre à nu" car c'est de ça dont il s'agit, face à un public allant du bricoleur au maître ébéniste / charpentier / menuisier... La bienveillance sans complaisance existe, et je suis convaincu que l'Air du Bois en est ou doit en être l'endroit.
Quoiqu'il en soit, j'aurai beaucoup de plaisir à suivre ton travail et tes futurs projets.
Amicalement.
kaj, Ah oui !
Et je connais un tas de créateur.ices gravitant aujourd'hui dans le monde de l'upcycling textile qui s'y retrouveraient.
Merci pour le schéma.
Atelier Vegvisir j'oubliais après ça servait à faire des torchons.
C'est une manière de faire du surcyclage, kaj !
Ah on aime bien ces projets qui utilisent des chutes.
As tu jeté les chutes de tes coupes d'onglet ?
Bonjour Femto !
Merci pour ton retour sur mon travail. Bon... Je n'ai pas réussi à remporter un coup de cœur de ta part ce qui signifie que ton commentaire est à interpréter au second degré. J'avoue que l'emoji m'a un peu aiguillé.
Je vais quand même te fournir une réponse très "premier degré" en te disant que l'un des objectifs de mon travail est de limiter le gaspillage le plus possible. Tu pourrais trouver que cette notion est un lieu commun à l'époque à laquelle on vit mais puisque je propose des créations uniquement en bois surcyclé, ce n'est pas que par coquetterie, ni une option : c'est un argument. Par conséquent, la fabrication de cette bibliothèque n'a quasiment pas généré de chutes et que les quelques chutes qui ont résulté de sa fabrication ont été revalorisées par ailleurs. L'objectif final de cette conception, c'est le zéro déchet. Par exemple : les copeaux produits lors du rabotage sont donnés pour servir de litière pour animaux de basse-cour, de paillage de cultures ou encore de garniture pour toilettes sèches.
Voilà un peu le schmilblick...
Bonne continuation à toi et, sincèrement, félicitations pour ton travail qui est sublime.
Salut à toi.
Mon message se veut un clin d'œil. Même quand on utilise des chutes on fait encore des chutes.
Mon établi est donc encombré de chutes de chutes que je ne me résous pas à jeter !
Je suis aussi dans cette démarche d'utilisation de tout ce qui passe, bois chiné, fonds de meubles anciens, parfois palette, croûtes de plateaux et j'en passe !
Les copeaux font litière ou paillage.
Je me refuse à utiliser des bois lointains ou trop rares
Bref je suis bien de ton avis !
PS tu as bien eu plusieurs coups de coeurs sur tes étagères !
Merci pour ta réponse, Femto ! Je suis heureux de constater que nous partageons certaines pratiques. Il y a quelque chose de gratifiant à imaginer ce qu'on peut faire d'un objet ayant déjà eu une existence dans une démarche qui vise à prolonger la matière.
En tout cas, tes créations me font rêver et je lis dans certaines d'entre elles une belle influence japandi qui me parle beaucoup. Je me suis brûlé la rétine sur ta page.
Bonne continuation à toi et hâte de voir la suite !
Amicalement.
Atelier Vegvisir merci pour ces beaux compliments. Je me sens toutefois simple amateur. Content que cela te plaise et que mes menus objets deviennent présentables
J'ai cru voir que tu avais mal pris nos commentaires qui se voulaient pourtant bienveillants.
si je peux me permettre je te dirai d'accorderle plus d'importance aux jugements des gens qui te sont chers.
Merci à toi, Femto. La question est : est-ce que les gens qui nous sont chers, je pense "proches" en te lisant, sont les plus objectifs ? Mais ça, c'est un autre débat. Personnellement, je m'en remets plus volontiers aux avis de mes client(e)s.
Je ne crois pas avoir mal pris vos commentaires ; ils ont été un point d'accroche intéressant à ma réflexion. Quoi de plus normal pour un créateur dont c'est le cœur d'activité que de définir le cadre de son concept lorsque lui sont opposés des qualificatifs ou allusions un poil taquins, voire provocateurs ? Je ne vous en veux pas, les gars. Et c'est chouette de pouvoir échanger.
Bonne continuation à vous !
Bonjour, bravo pour ce travail. Je me demandais comment tu t'y prends pour fabriquer ces panneaux, au niveau de l'assemblage des chutes (dans le sens du fil et en bois de bout), pourrais tu nous expliquer stp ? Pourrais tu aussi stp indiquer le temps que ça te prend ? Plus généralement, si tu as des sources à recommander pour en savoir plus sur le surcyclage du bois par des professionnels ça m'intéresse. J'ai vaguement commencé à expérimenter l'idée et en suis venu à l'idée que c'était difficile à vendre pour un professionnel, car le coût de la main d'oeuvre explosait relativement à l'économie de matière. Est ce que je me trompe ?
Bonjour JeanA !
Merci pour ton retour sur cette réalisation.
Pour les panneaux, je pars de chutes de délignage. Je réduis à la scie sur table puis au rabot stationnaire l'ensemble des pièces à une dimension commune au plus proche du 20 x 20. Ensuite, j'utilise une scie à onglet pour découper des tronçons de longueurs aléatoires (10 à 20 cm). Une fois que j'ai collecté toutes mes pièces, je les colle et les serre en créant une presse de fortune avec deux gros tasseaux et des serre-joints. Avec cette méthode, j'arrive à obtenir des plateaux d'environ 110 cm de long. Le plus délicat (et salissant) à ce stade, c'est qu'il faut gérer l'alignement de toutes les pièces pour avoir un plateau le plus plat possible car je vais devoir le raboter par la suite pour obtenir un état de surface plus régulier. C'est l'étape où tu te fous de la colle partout.
Une fois le séchage réalisé, je coupe les extrémités des plateaux, je récupère évidemment les pièces issues de la coupe car elle seront réemployées dans les plateaux suivants... Puis je rabote pour égaliser la surface. En principe, à ce stade, je m'arrête à 18 mm d'épaisseur. Il peut arriver que certaines pièces mal positionnées lors du collage soient un peu enfoncées et figées en position haute ou basse : tant pis, ça donne un aspect un peu plus brut, imparfait, à l'assemblage et c'est un effet recherché. Une fois que j'ai tous mes plateaux, je fais mon plan de coupe et je fabrique mon meuble.
En terme de temps, ce n'est pas facile à estimer mais je dirais que pour créer un objet dans ces dimensions, la constitution des plateaux seuls a bien dû me prendre deux jours. L'assemblage du meuble est ensuite plus rapide car pas très complexe, finalement. Je manque encore de recul sur l'impact du temps de traitement dans le cadre d'une telle création mais finalement, si tu considères que la ressource est omniprésente dans l'environnement, le coût quasi-zéro d'acquisition de cette matière première permet, je pense, d'équilibrer la balance avec la main-d’œuvre.
Cela dit, c'est un projet un peu exceptionnel et je ne fais pas ça tous les jours mais ça peut devenir rentable dans le cadre d'une commande sur-mesure car il y a vraiment une clientèle pour l'upcycling.
Transition parfaite avec ta question sur la professionnalisation, je précise que je n'exprime ici que mon point de vue et que mes propos n'engagent que moi ; le principe du surcyclage n'est pas nouveau, d'ailleurs ça a été souligné dans les commentaires précédents. Le fait que ce principe puisse être aujourd'hui au cœur d'un projet professionnel est, à mon avis, le reflet d'une époque. C'est un phénomène qui est en train d'écrire son histoire et qui voit un peu son origine dans ce qu'on appelle le DIY (Do It Yourself). L'amalgame entre l'upcycling et le DIY est souvent fait dans les médias, d'ailleurs. Mais selon moi, l'upcycling devient une activité professionnelle quand des gens décident d'acheter un produit plutôt que de le faire ; c'est ce qui créé le marché. C'est un peu le principe de la vidange d'une voiture : c'est typiquement une chose à classer dans les DIY. Il ne faut aucune compétence technique pour le faire. Au pire, un p'tit tuto vidéo de 5 minutes sur YouTube. Pourtant, une large majorité de gens vont continuer d'aller payer 250 € chez leur garagiste pour qu'il verse 50 € d'huile dans leur moteur en ayant dévissé un bouchon.
Je n'ai pas de meilleur référence que les mots-dièses sur les réseaux sociaux ne puissent vous fournir. Je suis des tas de créateurs de talents, bien plus doués que moi, et qui dont exactement dans la même démarche. A tenter avec les mots upcycling bois, surcyclage bois... j'en passe...
Je suis vraiment désolé d'être aussi long dans mes réponses... J'espère avoir répondu à tes questions.
Avant de retourner à l'atelier, je voudrais préciser que je ne me revendique jamais menuisier, ni ébéniste. Même si j'emprunte certains gestes techniques de ces professions, je ne prétends pas, ni auprès d'eux, ni auprès de mes clients, faire de l'ébénisterie ou de la menuiserie professionnelle et, d'ailleurs, je n'estime absolument pas faire de concurrence à ces métiers. Je pense sincèrement que le travail que je réalise s'inscrit dans une toute autre démarche qui a sa clientèle propre. Je suis un professionnel de l'upcycling et c'est tout.
Amicalement.
Merci beaucoup pour cette réponse très détaillée. Je croule sous les chutes de bois en ce moment, peut être tenterais-je la fabrication d'un panneau selon ta technique un de ces jours. Ton retour est intéressant sur ton approche professionnelle, ça donne à réfléchir, et l'objectif poursuivi me semble très louable. Bonne continuation à toi !
Merci beaucoup, JeanA ! Hâte de suivre tes expérimentations, alors !
Au plaisir !
Roo la la, faut pas être susceptible comme ça! Kaj aurait écrit:
A une autre époque on appelait ça : "penser radin" le résultat est le même ; )
avec le petit smiley à la fin, tu l'aurais sûrement pris autrement. Il ne fait que reprendre une phrase, une opinion que des gens peuvent avoir sans pour autant la partager.
Je crois sincèrement qu'il n'y avait aucune critique négative dans son commentaire et aucun manque de bienveillance. Je crois même au contraire qu'il y avait une critique négative des gens qui assimilent économie, pragmatisme matériel et radinerie, égoïsme.
Bref, cela dit, ton projet est super, tes réalisations magnifiques!
Keep up the good job!
arnohue Tout est bien qui fini bien, c'est même devenu un échange fort sympathique et constructif.
Salut arnohue, salut kaj !
Merci pour vos messages et vos retours sur mon travail et les échanges qu'il a suscité. C'était en effet très intéressant de discuter du principe qui peut diviser autant qu'il intrigue.
Bon week-end à vous !
Amicalement.