Au départ il s'agit d'une commande d'une amie cet été, pour son petit bonhomme haut comme trois pommes, mais aussi pour lui faciliter l'accès à certains meubles hauts dans la cuisine...
Les réalisations ne manquent pas sur ce thème, en guise d'exercice pour débutant et ça tombe bien ! Deux marches, télescopique, japonisant, de quoi s'y perdre et procrastiner.
Finalement, c'est une autre commande, là encore pour une amie, qui arrive direct des entrepôts IKEA, chez moi, sur une palette surdimensionnée. En attendant son retour au village, je stocke ses portes de cuisine bien emballées, dans mon garage...
Alors je m'emballe un peu aussi et je commence à désosser cette curieuse palette en quête de récup, mais les premiers morceaux sont bien piqués, dans un bois bizarre à l'odeur caractéristique de meuble suédois; on verra ce que ça donne dans le poêle cet hiver... Mais la suite du débit a une bien meilleur mine et un bon parfum... de chêne !
Certes assez noueux et bien gauche, ce chêne clair semble bien sec et il y a largement de quoi faire une fois les parties clouées évacuées. Une bonne surprise !
C'est parti pour ce petit banc !
Pour aller au bout de la démarche, j'opte pour une structure de type table, ce sera ma première, en petit format.
Ce sera aussi l'occasion de tester la colle forte d'ébéniste et m'entrainer avec la gomme laque.
Un plateau, quatre pieds, quatre traverses et deux fois plus de tenons et de mortaises chevillées (décalées pour un auto-serrage).
Les pieds, d'une hauteur de 20.5cm, sont de section presque carrée de 5/6cm par collage de deux pièces corroyées à la main, les traverses d'une hauteur de 9cm et d'épaisseur 1.
.2 cm à peu près.
Mortaises taillées au bédane (un bon exercice), tenons dégrossis à la cise à ruban et ajustés à la guimbarde veritas ou celle de Paul Sellers (j'ai acheté le kit!), chevilles à la perceuse dans le même chêne à travers un trou de 8mm dans une plaque de métal. J'ai pas pris de photos, la prochaine fois promis.
Le plateau n'est pas bien grand forcément (37cm x 27cm) mais pour le principe et encore une fois en guise d'exercice type "table", je coupe des petites cales en frêne à la scie à ruban. Elles seront vissées sous le plateau et insérées dans des rainures réalisées sur la face intérieure des traverses avec un rabot Stanley 43.
Avec huit cales, si ça bouge, bah ça pourra bouger !
Tous les éléments sont prêts, y'a plus qu'à coller !
La recette test :
- 2/3 de colle d'os en granulés,
- 1/3 de colle de nerf en poudre,
- autant d'eau,
- une petite mijoteuse glanée sur le boncoin,
- un thermomètre de cuisine à sonde,
- un pot de foie gras (vide bien sûr) !
L'atelier n'est pas chauffé et les pièces à coller non plus et je savais qu'il fallait agir vite avec cette colle "chaude".
Heureusement que j'ai opté pour le chevillage "décalé" sur les tenons, sans cela je n'aurais peut-être pas eu le temps de serrer au serre-joint deux assemblages en même temps, ouf !
J'ai d'abord percé les mortaises, puis inséré à blanc les tenons, marqué l'axe avec la pointe de la mèche et enfin percé les tenons avec un décalage d'environ 1mm, impeccable !
D'ailleurs, est-ce que ça porte un nom ?
Le collage à la colle forte d'ébéniste m'a paru assez tendu en timing, est-ce que vous avez des tuyaux pour rallonger le temps d'ouverture ? Il parait qu'on peut ajouter du sel, non iodé, de l'urée ? Est-ce qu'un sèche cheveux aide vraiment ?
Pour préparer la finition à la gomme laque :
- un dernier passage au rabot 4 1/2,
- un petit coup de racloir autour des noeuds pour rattraper autant que possible l'arrachement localisé,
- ponçage grain 180+240 à la ponceuse excentrique,
- grain 400 à la main,
- brossage au coton imbibé d'alcool et poudre de pierre ponce.
Un petit tampon, de la gomme laque et une goutte d'huile de tung de temps en temps, et trois ou quatre couches après, ça brille !
J'ai un peu galéré avec mon tampon pour vernir les arrêtes rentrées, des astuces ? J'avoue avoir eu recours au pinceau (mais il perds des poils, de poney).
Voilà, j'espère que ça va plaire à ma copine et son fils et que mon autre copine ne m'en voudra pas d'avoir transformé sa palette !
Maintenant j'envisage avec un peu plus d'assurance une réalisation plus grande, table basse ou de salle à manger.
Discussions
Bravo. Beaucoup de techniques dans ce banc.
Pour les chevilles, c'est du chevillage à la tire. Il faut normalement décaler les trous pour pas que cela fende dans le sens du fil du bois.
Merci pour le terme.
Je n'avais pas pensé à ce risque. Vue la section des pieds je ne pense pas que ça craint mais je note pour la prochaine fois. Les chevilles ne traversent pas tout le pied, elles s'arrêtent environ 1cm après le passage du tenon.
Le côté technique de la création en bois m'attire presque autant que l'objet fini et l'objectif est d'offrir quelque chose de bien fait si possible, qui dure...
Ça me parait quand même un peu frêle comme conception
Bravo à toi.
Merci!
IKEA c'est du costaud
Bjr, préchauffe les pièces à coller et tu peux même redonner un petit coup de chaud sur les assemblages au moment du serrage pour bien dissiper la colle.
Ah oui bonne idée de chauffer au serrage!
Mais comment chauffer?
Avec un décapeur thermique (à faible puissance).
Du coup je fouille le boncoin en quête d'un décapeur d'occasion mais je suis un peu perdu. La plupart proposent deux modes très chauds, autour de 400 et 600°. Certains ont un mode 50 ou 60°. D'autres un réglage numérique ou électronique (molette) mais pas tous la même température minimum.
Par exemple, j'en ai repéré un réglable à molette mais qui démarre à 120°.
T'en penses quoi ?
Je ne sais pas te dire précisément la température à utiliser sur le décapeur car il doit souffler beaucoup plus chaud que la température que tu veux obtenir.
Mais ce n'est qu'un problème de confort : si ton décapeur souffle trop chaud, il suffit de l'éloigner de la pièce à réchauffer, sachant que quelle que soit la température il faut toujours balayer la zone et ne pas le laisser immobile sous peine de brûler ton bois. Attention à ne pas être trop pressé !
Pour faire simple, sans tenir compte du bois, de la température et humidité ambiante de la dilution et des proportions de ta colle, la colle est chauffée dans un bain marie aux alentours de 60°C (et pas plus au risque de la dénaturer).
Il ne s'agit donc pas de chauffer ton bois au delà de cette température puisque le but n'est que de ralentir le refroidissement et donc le durcissement de la colle au contact du bois.
Donc sachant qu'à 60°C on se brûle, en quelques passages de ton décapeur sur les parties à assembler, tu dois pouvoir poser ta main sur le bois rapidement sans te brûler, ce qui correspond à vue de nez à 40-45°C.
On commence à trouver des décapeurs neufs réglables 50-600°C entre 25 et 40 €. Par contre prends un modèle qui peut se poser sur un plan de travail buse vers le haut sans être obligé de le tenir ou le maintenir. J'ai un Ryobi filaire depuis 30 ans ...
Super, merci beaucoup pour ces bons conseils !
Bravo !
Merci, ça fait plaisir
C'est bien de bricoler tout seul dans l'atelier, mais partager ici est aussi gratifiant, je vais continuer