Légumier double / 16 tiroirs

Retex légumier double en hêtre massif et pin.

Plan : 2h environ, bois : restant de hêtre du légumier précédent en 27 et en 20 et découverte d’une planche de 20 d’érable sycomore dans le stock que j’ai récupéré il y a plus d’un an. Réalisation 3 mois, environ X heures de copeaux. Du 14/07 au 26/10/2021

Contrainte et conception :
Je suis parti des restes en ma possession et des apprentissages du premier légumier pour les plans et les sections. Je savais dès la phase de conception qu’il allait me manquer du hêtre mais pas encore combien ni en quelle épaisseur. Cette lacune, va m’amener juste après la phase de débit initial à me replonger temporairement dans une phase de conception et de réflexion, et engendrer une belle dose d’apprentissages et de nouvelles réflexions. Je vous raconte tout dans la suite.

Débit :
Il me restait 3 planches de 27, et j’ai préféré commencer par y débiter mes tiroirs et traverses centrales (parties en contact avec les aliments), je n’ai pris que 30 de rab en longueur et 5 en largeur. Pas de soucis de ce côté.
Pour les clayettes, je les ai tirées de mes deux planches en hêtre de 20… Enfin ça c’est ce que je pensais avant rabotage, la deuxième était en fait en Erable sycomore. Je me suis décidé à en garder 3 bouts de 500120 en me disant qu’ils seraient mieux en façade de tiroirs qu’en clayettes.
Le débit des 170 clayettes de tiroirs a été fait avec le guide parallèle maison de ma scie sous table. Le poncage des 340 faces va m’occuper quelques minutes, 95 au total après exécution.
J’ai tiré les glissières de mes 20 tiroirs de toutes mes chutes d’aubier. Au bilan, un seau de petit bois d’allumage de chutes au débit sur 5 planches de 2000250 en moyenne.
Mes restes débités, il me manquait de quoi faire le plateau supérieur, les traverses avant et arrières, les traverses extérieures et mes 6 montants.
Retour à la conception : deux options s’offrent à moi 1/traverser toute la ville et aller chercher une planche de hêtre à 1000€ TTC ou 2/plonger dans OCL et calepiner les découpes dans des bouts de pin de parquet déclassé de chez il y a tout ce qu’il faut pour ne passer que 30min à faire les courses. Option 2 validée, je vérifie sur le site la taille des lames de parquet, 180 de large parfait, minimum de découpes, maximum de satisfaction, je file chercher une botte de 5 lames. Arrivé en rayon, tous les paquets de 180 se sont métamorphosés en paquets de 140, et m…. !!. Il va falloir encore revoir la conception et revoir quelques longueurs. J’ai finalement choisi d’élargir en recollant deux bouts de 40 de large pour refaire des montants de 60 plutôt que de perdre 20 sur la profondeur de mes tiroirs.
Mais un nouveau problème survient, à la conception initiale, mes montants devaient faire 25, mes traverses 20, ce qui permettait de poser la moustiquaire des côtés avec une pare-close de 5. En ayant tirés montants et traverses de pin de 21, je n’ai plus la possibilité de protéger ma moustiquaire sous les pare-closes. Je vais devoir choisir un solution basée sur des baguettes plutôt que sur des pare-closes.

Points positifs et amélioration du process de débit : les traverses devant recevoir les glissières ont été laissées à 2000, j’ai ainsi gagné du temps à la toupie pour faire la rainure sur seulement 6 morceaux de 2000 plutôt que sur 30 de 450.

Dégauchissage :
Une cession de 2h30 réalisée sans problème. Repérage systématique de la face et du chant dégauchis. Un gain de temps énorme par la suite pour la phase rabotage et les usinages. Comme je n’avais pas de soucis d’esthétisme avec les faces de parement, j’ai défini mes faces inférieures et extérieures comme étant celles dégauchies.

Rabotage :
1h30 environ, une belle chorégraphie des mains pour enchaîner les morceaux à la suite et éviter les talons, et un quasi sans fautes. Avec un minimum d’organisation, j’ai même pu garder mes paquets de côtés de tiroirs orientés prêts à être usinés.

Établissement / Traçage :
Phase très courte, trop courte, je m’en rendrai compte après collage des tiroirs.

Usinage :
Défonceuse sous table et pressoirs de sécurité maison à l’action, c’est top. J’ai donc fait les rainures dans mes morceaux de 2000 qui allaient être recoupé pour faire les glissières en une passe. Merveilleux.
Pour les tiroirs, face arrière, une rainure de 8 devant accueillir les clayettes. Face avant rainure de 8 arrêtée cette fois pour ne pas la voir après assemblage.
J’ai choisi de faires les rainures de glissières sur les tiroirs après collage. J’aurai finalement pu faire la rainure des côtés avant collage. Ceci m’aurait permis de ne pas faire de travail arrêté et donc de gagner du temps.
En écrivant ces lignes je me rend compte que j’aurai pu faire encore plus économe en bois, utiliser la même méthode que pour les glissières, garder de grandes longueurs et débiter les côtés de tiroirs après usinage final. (gain de 12% de bois pour les côtés de tiroirs, à 1000€ le m3 cette méthode mérite d’être envisagée la prochaine fois).

Les traverses, glissières de tiroirs et les tiroirs sont assemblés avec des dominos de 5*30.
Pour les tiroirs, je cherche encore à comprendre pourquoi l’assemblage à blanc ne m’a pas permis de voir l’erreur de choix de face de poser contre la semelle de la domino. Rien de non rattrapable, mais un désaffleure de 1mm sur chaque côté de tiroir rend nulle la marge que j’avais prévu pour que ceux-ci coulissent aisément.
Avec quelques chutes et des serre-joints j’ai fait un gabarit minute qui m’a permis de faire tous les usinages des tiroirs en 30min.
Au bilan, avoir gagné quelques minutes à ne pas préparer correctement la phase d’usinage de mes tiroirs va me couter quelques heures de rabot à main pour supprimer ce désaffleure.

Assemblage à blanc :

Pour la structure et les tiroirs pas de soucis. Sauf de la peine à enlever les dominos…

Collage première partie :
Pour les glissières dans les traverses, je les ai collées bout à bout sur 2m de long et j’ai serré mes 6 bouts de 2m ensembles, à refaire.

Mise à longueur :
Deux méthodes :
1 scie radiale avec butées pour les traverses : long et source de danger, les chutes de quelques mm de glissières ont tendance à voler, lunettes obligatoires.
2 au traineau avec la scie sous table : plus rapide, plus sécurisant.

Collage deuxième partie :
Grâce à mes serre-joints de porte Macc, la phase de collage s’est passée sans transpirer pour les montants. (12 traverses à faire rentrer dans le montant opposé)

Finition première partie :
J’ai pris le parti d’appliquer deux couches d’huile de lin après collage des montants extérieurs et centraux avant de les assembler ensembles. Première couche 50/50 lin térébenthine + siccatif, deuxième couche 70/30 + siccatif. La deuxième couche n’a pas été suffisamment bien essuyée, elle reste collante au touché après 15j de séchage. Je n’ai pas trouvé de solution miracle pour le moment, j’envisage de repasser l’ensemble à la térébenthine pour dissoudre l’huile et essuyer en même temps. Ou à l’avenir passer une seule couche 50/50 ?
Après plusieurs recherches, j’ai finalement passé de l’essence de térébenthine pure au pinceau et j’ai raclé immédiatement. Ceci m’a permis d’enlever le surplus d’huile qui restait collante.

Collage deuxième partie :
Assemblage des trois montants et collage des tiroirs.
Montants sans soucis particulier.

Pour les tiroirs, j’ai choisi d’utiliser les serre-joints dormants, avec deux dormants, et un serre-joint, j’ai pu coller 4 tiroirs. J’ai donc mis à mal le dicton qui dit qu’on n’a jamais assez de serre-joints, en collant mes 17 tiroirs avec 4 dormants et 11 serre-joints.

Moustiquaire des côtés :

La pare close n’étant pas possible, j’ai décidé de protéger mes moustiquaires avec des baguettes découpées dans des chutes de MDF de 3mm. Ce n’est pas le plus esthétique mais pour un légumier qui sera 99% de son temps dans le noir de la cave, le but final recherché est atteint.

Huile tiroirs et clayettes :

Refroidi par mon expérience lin térébenthine, je suis reparti à mes premiers amour en utilisant du Rubio.

Montage des clayettes :

Emboitées en biais dans les rainures des tiroirs puis mises en place à l’aide de cales d’épaisseur. Clouées sur l’envers pour celles dont l’ajustement au ciseau a été trop important.

Au bilan, refaire un meuble déjà fait en le modifiant légèrement permet d’apprendre encore plus qu’au premier essai très réussi.
Les points à améliorer :

• de la patience, finir avant d’avoir commencé ne permet que de perdre énormément beaucoup plus de temps que de réfléchir deux fois et de faire des essais.
• Vérifier quels vont être les impacts d’une modification au plan (montant aminci = feuillure pour pare close impossible / largueur de montant diminuée = tiroir raccourci d’autant).

• Les points positifs :

• Travail organisé et en série assez gratifiant au final.
• Chutes perdues transformées en glissières ça ne fait que 0,005 m3 d’économisés, mais n’est-ce pas une très belle victoire ?
• Encore beaucoup d’entraide sur ce projet, et beaucoup d’enseignements.

A très vite.
A vos outils, bons copeaux !