Escalier escamotable et son contrepoids

J'avais besoin de place dans l'atelier mais aussi d'un accès à l'étage. J'ai hésité un moment à faire un escalier sur vérins à gaz qui se replierait dans la trémie (370 cm), mais il aurait été beaucoup trop raide par rapport à mon cahier des charges. Je voulais un escalier relativement confortable permettant de monter un meuble de taille moyenne par deux personnes. Alors, après quelques recherches, me voilà décidé à construire un escalier escamotable sur coulisses (partie reposant sur la trémie) et sur roulettes (sur le sol) se remontant à la verticale par une poussée musculaire.

Pour vous donner une idée, voici les dimensions en mm :

• Limons : L 5000 l 210 e 35
• Marches : l 730 p 210 e 35
• Hauteur de marche : 190
• Giron : 180 (c'est certes un peu étroit mais, vu l'espace maximal au sol et à la remontée verticale, c'est le meilleur compromis que j'ai trouvé)

Bien sûr, quelques questions se sont rapidement posées, notamment en ce qui concerne le poids et l'inclinaison de l'escalier. Je ne me souviens plus du poids exact de l'ensemble, mais je craignais que l'escalier soit impoussable par une seule personne, ce qui me posait un vrai problème. La plupart du temps, je suis seul à l'atelier et l'intérêt d'un tel escalier résidait dans sa facilité de déploiement et de rangement. Que faire ? Que faire?

Miracle ! Sans prévenir, un antiquaire passa la porte de l'atelier avec un bureau américain à restaurer (je fais principalement de la restauration), un meuble comportant un système de plateau basculant pour machine à écrire. Le tout, aidé par un système de contrepoids, permettait de passer de la surface plane du bureau à la machine à écrire sans aucun effort : mon affaire était un peu différente mais en se creusant un peu les méninges, ça devrait passer. En avant pour la conception de l'escalier.

+

Je vous passe les détails de construction de l'escalier. Il s'agit d'un escalier droit et si je ne m'abuse, j'ai vu quelques dizaines d'articles s'y consacrant.

Un point me semble tout de même intéressant, c'est le contreventement en partie basse qui assure un maintien supplémentaire à l'escalier.

Le coulissement:

Concernant son système de coulissement sur le haut, j'ai incrusté un tube de métal plein de 30 mm de diamètre dans la largeur de la trémie sur lequel viennent glisser les deux limons. Lors du déploiement et du rangement de l'escalier, l'ensemble est retenu par deux barres métalliques recourbées sur une pièce fixée sur les limons. Premièrement, à refaire, j'aurais appliqué ce système directement sur les limons. Pourquoi ne l'ai-je pas fait sur le moment? Mystère. Deuxièmement, cette phrase ne me semble pas très claire : les photos combleront ses lacunes.

+

+

+

La pose

Vint le moment de la pose: rien de compliqué, on procède comme pour un escalier droit sauf qu'on l'installe sur une barre en métal : on ajuste, on est bien, on bloque et on vient recourber les barres métalliques. Voilà, c'est posé.
On y ajoute les roulettes et on essaie de pousser : ce serait un bon entrainement pour une mêlée de rugbyman. Mon dieu que c'est lourd et en plus les limons frottent sur la barre du haut, ce qui ajoute de la difficulté. Je graisse un peu le tout et ça fonctionne mieux mais il faut beaucoup de muscles malgré tout. Le contrepoids est donc bien nécessaire.

Le contrepoids : le moment redouté

C'est la première fois que j'installe moi-même un contrepoids. Ca m'inquiète un peu car je suis incapable de calculer ce qu'il faut comme poids, où mettre la poulie, où fixer le câble sur l'escalier. En fait, je ne sais pas grand chose.

J'ai donc procédé de la manière qui me semblait la plus logique :

1) Je fixe une bande de multiplex 36 mm sur toute la hauteur du mur, ce qui me permettra de déplacer plusieurs fois la poulie sans faire 40 000 trous dans mon mur.
2) Je place la poulie aléatoirement sur la bande, plus ou moins au milieu.
3) Je fixe un crochet derrière une marche aléatoire.
4) Je trouve un poids aléatoire (un bidon de 20 l).
5) Je relie le tout par un câble en acier supportant des centaines de kilos.
6) J'appelle un collègue qui me regarde d'un oeil torve depuis un moment et lui suggère de m'aider à le manipuler (c'est plus rassurant d'être à deux au cas où il y a un problème). Résultat : c'est pas top du tout.
7) Je décide de placer un deuxième bidon et même un troisième, ce qui permettra de déceler plus facilement la position optimale des différents éléments (enfin je crois).
8) Encore un test: c'est mieux, on sent que ça veut venir mais la traction de l'escalier n'est pas constante. C'est le moment de remonter un peu la poulie. Je la monte de 50 cm : c'est un peu mieux. Je descends un peu le crochet fixé sur l'escalier : c'est moins bien. Je commence à comprendre comment ça fonctionne.
9) Encore quelques tests et ça semble optimal. Le positionnement est bon.
10) Je procède de la même manière pour le poids. J'augmente encore un peu le poids : beaucoup trop puissant, on doit se mettre à deux pour descendre l'escalier. Je vide et je vide et je vide jusqu'à arriver à un point où on sent qu'on perd de l'efficacité : on remet ce qu'on vient d'enlever en dernier et c'est bon, on y est.
11) Je pèse les bidons et ensuite je coule le poids exact de béton dans un coffrage sur lequel je fixe un crochet.
11bis) Le contrepoids se comporte n'importe comment lorsqu'il bouge, je lui installe alors deux petits bras à roulettes qui se déposent sur le mur et l'empêchent de vriller.
12) Voilà, tout est fixé, tout fonctionne, je peux pousser l'escalier seul et le retenir d'un doigt quand il redescend.
13) Pfiouuuuuuuuu.

+

+

Remarques :

• Le résultat actuel n'est pas celui qui était envisagé car j'ai décidé de faire un escalier en colimaçon dans une autre pièce de l'atelier, ce qui me libérera encore plus d'espace. L'escalier escamotable est donc voué à être démonté avant sa finalisation :

1) En haut à droite, on peut apercevoir le prototype de ce qu'aurait été le garde-corps. L'idée était de faire un garde-corps qui se replierait avec l'escalier. En gros, le montant le plus haut aurait pivoté et coulissé sur une partie fixe un peu à la manière d'un ellipsographe. Les autres montants auraient suivi sa course. Peut-être que je le ferai quand même pour le sport.

2) Le tout n'est pas très beau et l'idée était de l'embellir un peu dès qu'un peu de temps se présenterait, mais cela ne présente plus d'intérêt aujourd'hui.

• Les multiples équerres installées un peu partout sont la conséquence du passage de mon papa qui s'assure de ma sûreté. Je peux pas lui en vouloir.

• J'ajoute des vidéos dès que possible.

Voilà qui est plus démonstratif :

Voilà qui est plus démonstratif (2):

Et pour finir le montant