Bonjour,
Je voulais vous présenter un projet que j'ai fini en début d'année.
En fait je voulais me challenger… Et faire sonner un bout de bois, ça me semblait pas mal.
Pour commencer « simple », enfin à petite échelle, je me suis lancé dans la réalisation de 2 ukulélés, en espérant en finir au moins 1 (en cas de gros fail)! Et je me suis rendu compte que c’est une bonne chose : même si je fais du copeau depuis un certain temps, chaque étape demande de nouveaux gestes. La différence de précision/qualité de finition entre le 1er et le 2ème est énorme. Et je suis au final surpris (en bien) de la précision qu’on peut obtenir avec un rabot/ciseau bien affutés.
Pour ce 1er projet, je voulais utiliser principalement du bois de récup et local (chutes dans mon garage) :
Plan de chez « Georgia luthier supply », uku concert avec caisse type dread (diapason de 380mm). Comme la caisse "élargie" ressemble plus à une guitare folk qu'à une classique, j'ai redessiné la tête et le chevalet pour des raisons cosmétiques (surtout ne pas innover sur le barrage).
Table : red cedar (reste d’une planche de bardage de la maison coupée sur quartier)
Fond et éclisse : noyer
Manche : érable à ma surprise légèrement ondé
Touche, chevalet, placage de tête : ébène. Bon là ça vient d’une touche de guitare déclassée (car noire striée de marron) que j’ai achetée sur Dictum…
Filets: érable/ébène
Rosace: noyer/érable/ébène
Finition : gomme laque blonde
Après plusieurs mois à potasser forums et tutos, Youtube et Pinterest sont devenus mes nouveaux meilleurs « amis ». J’ai ensuite réalisé pas mal de moules, gabarits, outils pour préparer le projet.
Puis démarre, enfin, je travaille du vrai bois d’arbre (marre de la poussière de médium).
Les fonds, mis à l'épaisseur au rabot/cales à poncer puis vérification du résultat finale de 2 mm (1 dixième de gras pour le ponçage final).
Collage du renfort de joint au ciel d'ébéniste puis du barrage qui est mis en forme aux rabots noisette "faits maison".
Pour la table calibrée à 2,3 mm, on commence par la réalisation de la rosace en noyer/érable. Découpe au Dremel avec un compas home made (là j'ai pris chaud) puis cerclée de filets d'érable/ébène.
Défonce de la table toujours au Dremel (là vraiment très chaud) puis collage de la rosace. Pour la découpe du sound hole, j'étais en nage...
Viens ensuite le collage des renforts de rosace/chevalet, des barres en éventail et d'âme mises en forme en place.
Pour les éclisses, le cintrage n'est pas usuel. Plutôt que d'utiliser un fer à cintrer, j'ai emballé mes éclisses dans un tissu humide et papier d'alu. 12' au fer à repasser sur température coton puis dans le moule. Il faut prévoir de réduire les rayons du moule d'environ 15% pour avoir la forme voulue.
Collage des blocs de fond et manche après mise en forme.
Mise à hauteur des éclisses avec ponçage sur un "radius dish" (rayon de 1,6m), collage des contre-éclisses mises affleure avec les éclisses.
Avant le collage du fond, découpe des contre-éclisses pour laisser la place au barrage.
Collage de l'Etiquette, comme les grands 
Collage de la table, affleurage, défonce pour les filets et leur collage/affleurage (c'est bien long ça)...
Ca commence à ressembler à un instrument!
On passe au manche, collage de la tête avec un angle de 13°, puis des placages (ébène dessus, ébène et noyer dessous).
Tous mes placages, filets sont calibrés grâce à des cales d'épaisseur fixées sous la semelle du rabot/cale à poncer (super précis).
Etape hautement critique ou comment ne pas ruiner 100h de travail, la défonce de la mortaise à queue d'aronde sur la caisse et le tenon associé sur le manche.
Le slottage de la touche. Pour me simplifier la vie, j'ai acheter une règle en plexi au bon diapason qui donne le positionnement de chaque frette, histoire que l'instrument joue juste Plus qu'à positionner la règle sur l'ergot de la boite à onglet et à scier.
Après le collage du filet en ébène sur les champs de touche, il faut insérer les frettes au marteau, faire une planif, ajuster la longueur de frettes à la touche, les rendre douces au toucher, les arrondir, les polir...
Quand y a pas les bonnes limes, c'est chronophage tout ça!
Après l'ajustage du tenon mortaise et collage de la touche (je me suis bien amusé pour les inserts de touche qu'on voit du dessus et de la tranche = gabarits au Dremel), on peut commencer à mettre le manche en forme.
J'ai utilisé la "technique des facettes".
On arrive au bout, le chevalet, une version avec 2 trous par corde, c'est plus esthétique et les cordes sont mieux maintenues.
Puis un gros morceaux, le ponçage final jusqu'au 400 (et même 1500 pour l'ébène).
Bouche-porage du noyer à la ponce puis finition à la gomme-laque passée au tampon. Y a eu quelques déconvenues, c'est pas peu dire 
Lustrage au SuperNico.
Huile de tung pour la touche.
Une fois la finition finie, super important, le collage du chevalet bien positionné (assuré par 2 cure-dents) pour garantir la justesse de l'instrument.
Puis montage des mécaniques, des cordes, réglage de l'action, de la justesse...
Et après 5 mois de travail, ça sonne 
Licence
Discussions
C'est bluffant... Superbe!
Merci ;-)
Magnifique !
Une petite démonstration ?
Bravo, pour en avoir fait un accompagné d'un luthier, j'imagine pas de faire ça tout seul !
Génial ! Il a vraiment une bonne tronche, ça donne envie de se lancer !
Super travail, bravo !
Magnifique. Bravo
Wouah! un boulot impressionnant bravo!
Joli travail. Merci pour les détails !
Merci pour vos commentaires
Pour cette présentation, j'ai du faire une synthèse des points clés de la réalisation. Pas évident, pleins d'étapes on été zappées.
A l'époque de la réalisation, j'ai posté plus de détails/interrogations/tergiversations sur le site [lutherie-amate...app.php/portal](Lutherie amateur).
Vous pourrez trouver tout ça avec ce lien (bonne lecture si le cœur vous en dit):
[lutherie-amate...15&t=21941](Deux ukulélés concert_1er projet)
Belle réalisation et belles photos! tu t'es fabriqué un petit rabot convexe pour l'occasion? Il fait quelle taille?
2 en fait, un à semelle plate, le 2ème convexe.
Ils font environ 4 cm de long et la lame 13 mm de large. Ca rabote du tonnerre et ça passe de partout!
Mes c'est pas super robuste, celui à semelle plate s'est un peu décollé entre le bloc qui supporte la lame et la joue (juste un côté). Du coup la lame est moins bien maintenue sur les gros efforts...
La lutherie reste un domaine fascinant et le résultat est souvent incroyable à l'image de ta réalisation. Bravo et belle mélodie pour le future
BRAVO très bel objet et très belle réalisation. Les jeunes devrais voir ce travail,
sur que ça donnerais des vocations, toute mes félicitations.
Merci pour vos commentaires très élogieux.
Faire un instrument est une très bonne école pour apprendre le maniement des outils à main, la précision, la mécanisation faisant juste gagner un peu de temps... Et on peut travailler dans 4m². Passer 200h sur 600g de bois a relancé ma passion à faire du copeau. Que du positif au final.
Ca me démange de me lancer dans la guitare classique (en noyer, habitant à côté de Grenoble oblige).
Bon j'ai une cuisine à faire avant, le plan étant déjà bien avancé...
Magnifique, j'ai toujours été fasciné par les instruments fait main. Du bel ouvrage! Félicitations!
Super !!
Il est très réussi ! Et tu as très bien détaillé les étapes
Merci ;-)
Je me rends compte qu'une étape importante que j'ai un peu zappée, c'est tout ce qui touche au frettage... J'ajouterai quelques photos.
C'est vrai que dans les photos, tout d'un coup les slots apparaissent. Comme par magie lol.
Par contre, j'aime beaucoup les repères de touche.
Ca m'a pris une bonne journée de travail, mais bien sympa à faire (et ça change du dot tout rond).
Le plus délicat en fait, ce n'était pas de faire la défonce de l'érable pour accueillir le bout de noyer, mais de centrer le repère de touche entre 2 frettes. Un dixième de décalage se voie énormément (-1 d'un côté, +2 de l'autre). Pour être sûr de bien positionner le gabarit Dremel, j'ai fait un trait de scie à fretter au centre de la case (ça c'est précis). Ensuite j'ai utilisé un "positionneur" (un bout de filet de 0,6 mm qui rentre en force dans le trait de scie auquel est collé une cale de chaque côté pour correspondre à la largeur de la défonce) pour fixer le gabarit à la touche.
Bon je rajouterai une photo ce soir, ça sera surement plus clair que mon baratin
Si si, je vois très bien. Il faut juste penser à garder de l'épaisseur sur la touche. OU alors prévoir un radius assez costaud et ne faire l'entaille qu'en bord de touche.
OU avant détourage de la touche.
En fait l'entaille à la scie est complètement supprimée par la défonce (radius quasi inexistant pour le uku).
Sur la photo avec le gabarit d'usinage, le positionneur est posé sur le dos. Le petit "tenon-bout de plaquage" qui dépasse est rentré dans le trait de scie et l'ensemble rentre pile-poile dans la lumière du gabarit.
merci pour ce superbe reportage. Pour les novice comme moi, peux tu expliquer l'espèce de presse en bambou ?
Merci ;)
C'est un ciel d'ébéniste. Les cannes de bambou prennent appui sur le "toit" pour presser le barrage à coller sur la table.
C'est bien plus simple que d'utiliser des serre-joints (qu'il faudrait en grand nombre pour tout coller d'un coup), et on a facilement accès pour enlever la colle avant qu'elle sèche complètement.
Sans parler qu'il faudrait des serres joints avec une grande saillie (pour un ukulele, ça va encore, mais une guitare ou une contrebasse, c'est différent).
merci beaucoup !
Je viens d'en perdre mon dentier. Superbe !
Merci ;-D