J'en avais déjà fait un, mais pas avec un angle d'attaque aussi fort (ici 60°), et la forme des rabots que dneis nous a exposé, m'a bien plus, et j'en avais besoin d'un de ce genre pour écrire un article.
C'est un petit projet sympathique à faire aux outils à main, assez rapide. Le rabot est fait dans une bûche de cytise, le fer fait 6 mm d'épaisseur (il faut un fer très épais avec un tel angle d'attaque, pour éviter les phénomènes de "broutage").
J'ai donné un poil trop d'angle à mon coin dans l'état, ça tient, mais il saute assez facilement avec de petits chocs. A régler, c'est un geste à prendre, plus sensible qu'un fer incliné à 45°.
Pour la poignée, elle est un peu basse, ou c'est moi qui ait de gros doigts (ou un cumul des deux).
Sinon, ça fonctionne plutôt bien en finition avec une lumière relativement étroite et un fer très légèrement convexe. Ici, impeccable sur un pièce d'alisier contrefilé :
Dans des pièces aux contrefils très sévères, c'est tout de même moins bon qu'un rabot avec contrefer réglé parfaitement. Pas grand chose à reprendre au raclage ou ponçage, mais il subsiste des petits arrachements. Et il va de soi que ce genre de rabot passe très mal dans le bois de bout et dans les noeuds, du fait de l'angle d'attaque.
Bref, un rabot intéressant à posséder, très sympathique à utiliser, et réalisable à peu de frais, sans contrefer. Il est cependant, je trouve, moins performant dans les bois très difficiles qu'un rabot muni d'un contrefer soigneusement réglé. Moins polyvalent également, surtout dans le bois de bout. Ceci dit, pour les contrefils usuels dans des pièces de bois classiques, il fait très bien le boulot.
Discussions
Ils sont forts ces chinois ! Il est très beau ce rabot ! Félicitations !
Haha oui c'est un bon petit modèle de rabot, mais, tout de même moins performant qu'un couple fer+contrefer.
Rigolo ce petit rabot quel est cette essence de bois le cytise ? Jamais entendu parler
Le cytise, c'est l'arbuste (jusqu'à 40 cm de diamètre je dirai, c'est très rares dans ces diamètres, mais j'en ai déjà vu) qui donne de jolie fleurs jaunes. fr.wikipedia.org/wiki/Cytise
On l'appelle faux-ébènier, du fait de sa couleur foncée, mais finalement, en termes de grain, de dureté, on se rapproche plus des palissandres.
il est vraiment beau :) et c'est original d'utiliser du cytise je connais pas trop le bois juste l'arbuste, j'imagine que le bois est plutôt dense si tu la pris pour un rabot
Par contre en étant sur du petit diamètre et aussi prés du cœur tu a pas peur que ton rabot se déforme voir même fende ?
Ah oui c'est franchement dur comme bois, il prend vraiment un excellent poli. C'est pas anodin qu'on l'ait surnommé le "faux-ébènier" !
Oui, le fait d'être à rase le coeur pourrait être une source à problème. Ceci dit, on avait affaire ici à une pièce qui a séché en bûche, et de longues années, j'ai jonglé entre les fentes pour extraire une pièce saine. Il n'y aura donc à priori plus de problèmes, toutes les tensions principales s'étant libérées gentiment au fil des années. Mais, on n'est jamais à l'abri !
d'accord c'est intéressant a savoir :)
je me doutais un peut qu'il devais être bien sec pour que tu ose se genre de chose
j’espère qui tiendra bien dans le temps si il est ben sec sa devrais le faire je pense
en tout cas joli boulot ;)
Tiens, j'aurais mis le coeur au dessus du fût plutôt que sous la semelle, pour se rapprocher d'une semelle avec les cernes parallèles à la semelle. Mais c'est juste un ressentit et parce que généralement sur les rabots de qualité les cernes sont // à la semelle.
" Ceci dit, pour les contrefils usuels dans des pièces de bois classiques, il fait très bien le boulot" Mais alors, à quoi va-t-il te servir ?! ;)
Histoire d'en avoir un Et puis il m'en fallait un pour illustrer des propos. Mais globalement, je trouve ce type de construction plus efficace qu'un angle faible. Le principe est le même, mais ici, on peut avoir un angle de biseau normal dans les 25°-30°, donc une meilleure pénétration dans la matière, un meilleur "mordant" lors des petites passes de finition.
Intéressant, effectivement l'angle de dépouille sur un rabot comme ça est bien plus avantageux par rapport à un angle faible... je crois que je saisis enfin ce que tu voulais dire quand tu disais que ça pénètre moins bien, tu voulais dire qu'il faut appuyer comme un sourd pour amorcer la coupe ? par contre avec une dépouille si importante (donc peu de soutien derrière l'arrête) ca ne se desaffute pas trop ?
De toutes manières, quelque soit l'angle de dépouille ou d'attaque, un biseau à 40° rentrera moins bien dans la matière qu'un biseau à 25° à force d'application égale.
Et oui, dans une configuration à angle faible, il faut appuyer beaucoup plus sur le rabot dès lors que l'on a perdu le mordant en sortie de pierre, pour compenser le "pliage du fer". Sur un fort angle d'attaque, le fer aura tendance à se plier, mais dans l'autre sens et avec beaucoup de soutien sur sa planche (hors biseau), il continuera donc de prendre de la matière.
Pour l'affûtage, ça tient bien, il faut juste choisir un bon acier, adapté pour ça, c'est à dire avec une excellente résilience. Pas trempé trop dur, et avec un bon revenu. Et on a beau dire, les fers forgés main, ou à mise rapportée par forge, ça augmente la résilience des aciers (c'est d'ailleurs pourquoi les damas ont une telle réputation, d'une c'est feuilleté, de deux, c'est forgé et retourné plusieurs dizaines/centaines de fois), beaucoup plus qu'un vulgaire laminage et direct passé en trempe. Du coup pour cette config, je conseille pas les aciers japonais, trempé très durs, donc cassant, finalement assez peu adapté pour nos feuillus et pour de fort angles d'attaques. Il suffit de regarder les kanas, la majorité ont des angles d'attaques assez faibles.
Tout dépend ce que tu appelle force de coupe et pénétration. A mon sens, on ne peut pas répondre à ces problèmes de coupe sans considérer aussi ce qu'on coupe et comment on le coupe. Sans vouloir remettre une pièce la machine, mon expérience en usinage me dit que l'angle de depouille n'a vraiment d'influence que sur la durée de vie de l'outil et sur la facilité à rentrer dans la matière.
Pour ce qui est de la mise rapporté, cette ca absorbe un peu les chocs, mais au niveau de l'arrête t'es dans la partie dure donc... Par contre j'ai l'impression que les fers anciens sont beaucoup moins durs que les fers au chrome modernes, et au final j'ai presque l'impression que les anciens fers tiennent mieux l'affutage (ce qui je sais est un poil faux, disons que la qualité de l'affutage baisse rapidement avec un fer dur jusqu'à a un palier ou il reste autant affûté pendant une longue durée)
Le Damas, c'est à voir, mais je me dis que l'un dans l'autre rajouter du mou pour mettre du très dur à la place du dur, c'est en quelque sorte une opération blanche. Ca a l'avantage de bien orienter les défauts pour éviter les fractures mais de nos jours, 80% des aciers arrivent sous forme de produits laminés, plus personne n'utilise de lingot qui sort du creuset. En plus que c'est un matériau cher à produire.
Sinon en quoi les bois indigènes au Japon sont différents de nos feuillus, ils sont moins dur ?
benjams
Bein pour le coup, rien de sorcier, un biseau à 40°, faut plus de force pour le faire rentrer dans la matière qu'un biseau à 25°. Quand tu bosses à la pogne, c'est appréciable, quand t'as un moteur de 10ch derrière c'est moins problématique, mais sur un rabot à main, c'est pas la même histoire.
Ce n'est pas sur ce point de vue que je disais que les fers forgés était meilleurs. Le fait de forger l'acier, ça agence mieux les grains de l'acier, en plus de rajouter du carbone dans l'acier. En sorti de laminoir, c'est grossier, et c'est pas la trempe seule qui ramène tout le monde dans le rang. C'est vraiment le forgeage qui affine la structure des aciers, en plus de la trempe.
Je le dis souvent, j'ai pas trouvé mieux en compromis tenue de coupe/qualité de coupe/facilité d'affûtage que les aciers fin 19ème/première moitié 20ème siècle (notamment Coulaux/Mutzig Framont/Sorby/Marples). Les aciers trempés à l'azote liquide, les traitements thermiques chiadés etc... bein c'est bien pour les outils de machines, mais ça tient pas la route sur les outils à main. Comme tu dis, le tranchant parfait, tu le perds très rapidement (jusqu'au palier tranchant moyen mais durable)...
Tout dépend ce que tu cherches à faire. Les premiers damas historiques (indiens), c'était pas pour faire joli, et ce n'était pas des "sandwichs" de différents aciers, c'était le minerai de base qui contenaient différents minéraux autres que le fer (vanadium, molybdène, chrome etc). Si tu fais un sandwich de 100CR6 avec un XC130, ce sera pas très flatteur à la révélation, mais ce sera performant (enfin si les deux se soudent bien et ont une température de trempe relativement similaire)
En effet, mais rien t'empêches d'acheter ton acier en barres, et de forger ensuite. C'est vraiment l'action de forger qui apporte les caractéristiques les plus recherchés sur les aciers à outils (et les armes...)
Pour la grande majorité, oui. Ils ont aussi des bois "nobles", très durs, mais leur utilisation est plus marginale, surtout dans le très haut de gamme.
L'action de forger (en dehors durcissement lié à l'écrouissage, qui a tendance à disparaitre à la trempe) a bien un effet "corroyant", c'est a dire le grains ainsi que les défauts de l’acier sont oriente dans le sens de la déformation plastique. Ça a l'intérêt d'entraver la propagation des fissures et dislocations dans la direction perpendiculaire au corroyage (les "fibres", même si c'est un terme mal choisi). Ce que je voulais dire, c'est que cet effet de corroyage n'est pas lié a forge, mais à la déformation plastique. Quand tu achète une tôle ou une barre, elle est obtenue par déformation plastique d'un lingot, ce qui au final est très très proche. Aucune lame n'est obtenue par coulée directe. Forger, n'est pas non plus sans risque, tu risques de faire des inclusions d'oxyde, et ton acier décarbure. Le taux de corroyage est peu être plus faible (encore que, la section finale est donnée donc sauf a replier ta lame (aie aie les bras :/) le taux est constant), mais d'un autre côté les produits laminés sont bien plus homogènes qu'il y a 100 ans (la métallurgie de l'acier, ça n'a qu'a peu près 150 ans).
Je suis pas spécialiste du damas mais je suis pas sur que faire un damas de corroyage de 100Cr6 et de C100 soit l'idée du siècle. Les taux de carbones sont proches (et élevés, 1% de carbone, ça soude pas bien en général). Si tu veux avoir des propriétés de ténacité améliorées, il faut a mon sens qu'il y ait un des deux acier qui prennent nettement moins bien la trempe. Apparemment, la tenue de l'affutage sur les damas est attribué au fai t que l'usure de l'acier tendre expose continuellement des carbures de la partie dure, un peu comme un pierre en fait. Mais du coup, je suppose que ça tient bien comme affutage sur un couteau (avec le mouvement de scie) mais en cisaillement pur comme dans un rabot, c'est probablement moins efficace.
très sympa....les entailles sont très propres et la lumière vraiment proche du fer...sinon ton morceau d' alisier est très joli....tu prends tes bois chez un gars qui fait de l'élégage
je voulais dire élagage...
Une très belle réalisation ! Merci Fof of pour ce partage. Très intéressant ton expérience avec la lumière fine combinée avec un angle d’attaque de 60°. Un bon fer. Sur la photo, je vois que tu n’affutes que le tranchant et pas le biseau entier. Quel est l’angle d’affutage ?
Une comparaison avec un rabot à contrefer reste difficile. En réduisant la lumière (éventuellement à presque 0) et en réduisant la profondeur du coup, on arrive aussi à un résultat comparable à ce d’un rabot à contrefer. Mais tu as raison, pour les nœuds et le bois de bout, il faut tout de même prendre un angle d’attaque plus faible… Bref, chaque rabot a sa niche d’emploi. Des dizaines de rabots dans les ateliers de nos grands-pères en sont témoins. Je doute, qu’ils les collectionnaient pour plaisir.
Une chose est claire, l’invention du contrefer a fait le rabot beaucoup plus polyvalent
En effet sur le biseau, je n'affûte que les quelques mm qui travaillent. Idem sur la planche, en repoussant la planche sur enclume (quand c'est possible). Je ne passe donc que très peu de temps pour affûter : économie de temps et de pierre. Le biseau est fait au touret à 25°, le biseau secondaire d'un peu plus.
Dans la théorie, la lumière de l'épaisseur du copeau, c'est valable pour supprimer les arrachements. Cependant, je le redis, c'est source à problème, dès que le copeau est un brin plus épais ou dès qu'il y a un micro arrachement présentant donc une bavure sur le copeau, ça coince, ça bourre et c'est susceptible de faire bouger le fer, ou de rayer la surface à replanir. Avec un contrefer, bien réglé (et avec le bon biseau), on peut se passer allègrement de l'intervention de la lumière, et c'est tout de même moins problématique à l'usage, à beaucoup d'égards.
Je te rejoins sur les différents rabots, et il est plus commode d'avoir plusieurs formats similaires, réglés différemment ou avec des cambrures de fer différentes, suivant ce que l'on a à travailler. Rien que les rabots à replanir, j'en ai 5, tous réglés différement pour différents bois et différents formats à travailler...
Merci pour ce sujet et le rapport des essais, les commentaires aussi sont utiles.Les expériences de chacun. Ca fait un bout de temps que je projette de me faire un rabot angle fort et la c'est un bon arrosage pour faire germer.
Il est chouette.
Ce que j'aime bien avec ce rabot, c'est qu'il marche aussi bien tirant et en poussant. Et l'utilisation en tirant, bien symétrique en terme de prise en main, est bien agréable.
La poignée paraît un poil courte pour y mettre tous les doigts...
D'ailleurs, quelles sont les dimensions du fût de l'outil ?
Concernant le coin, j'ai aussi remarqué sur le mien qu'il avait tendance à se desserrer tout seul à l'échelle de la semaine ou plus (reptation du coin avec les fluctuations hygrométriques ??). Le coin se desserre également tout seul d'un coup maillet, plus facilement qu'avec un fer à 45°. Je pense que c'est lié au lit à 60°...