Première réalisation aux outils à main "unplugged" : une boîte

Une simple boite en bois ? Oui mais une véritable expérience pour moi, pleine de découvertes
Je débute et il s'agit de mon premier projet réalisé entièrement à la main sans outils électriques.

Pour faire court, quasiment toutes les étapes de cette réalisation sont une nouveauté et une belle aventure personnelle : Débit, corroyage, usinage, ajustage, incrustation et finition.
Il y a encore un très long chemin à parcourir jusqu'à la "perfection" mais j'ai beaucoup appris et ça m'a montré la pertinence et l'utilité des différents outils.

En version longue (pour les plus motivés ):
Les planches de hêtre sont issues de bûches de bois de chauffage. Le débit n'est pas de tout repos. Ce bois est nerveux avec beaucoup de fentes internes. J'ai découvert au passage l'existence du hêtre échauffé.
Après plusieurs sciages de test, j'ai réussi à sortir quelques belles planchettes en prenant bien soin de suivre les rayons médullaires. ça fait les bras et m'a montré l'importance d'avoir une bonne scie adaptée au travail de long.

Dégauchir au rabot à main des planchettes d'une quinzaine de centimètres, c'est une aventure en soi.
Il m'a fallu trouver le meilleur moyen de maintenir les pièces afin de les travailler sans les déformer quand on appuie dessus avec le rabot. Ce n'est parfait au final mais le résultat est plus que satisfaisant. On retourne la pièce et là ce fut plus facile pour arriver à l'épaisseur désirée.
Ensuite, fabrication d'une planche à recaler afin d'amener mes pièces à dimension.
Tout le monde le dit mais on ne s'en rend vraiment compte que quand on le touche du doigt : l'affûtage est essentiel.

L'usinage des assemblages...
Tracer juste et droit c'est bien, mais encore faut-il couper juste et droit. Je retiens la leçon et j'affûte mes ciseaux. je sors mes scies japonaise et c'est parti. J'évide les enfourchements (je ne sais pas si c'est comme ça qu'on les appelle, ou queue droite très large ?) et je réalise mes coupes d'onglets pour cacher les futures rainures qui vont accueillir le fond et le couvercle.
Heureusement que je laisse un peu plus de matière afin de pouvoir effectuer des ajustements car rien n'est droit et rien tombe juste. Et là, on passe des heures à reprendre et à essayer de trouver la meilleure technique pour arriver au meilleur résultat. Finalement ça s'emboite, c'est pas génial (limite médiocre) mais ça fonctionne.
J'ai encore beaucoup à apprendre sur les assemblages, c'est très frustrant mais je sais que c'est en forgeant qu'on devient forgeron.

Les rainures ou l'importance d'avoir un plan.
Avec quoi ? Un ange passa dans mon atelier de fortune (ou un corbeau, si on est fan d'anime japonais). Une des questions primordiale à se poser avant de commencer est : Ai-je un outil adapté à ce que je veux faire ?.. Ben là, il se trouve que non en fait. Donc ce sera au ciseau de 6. Le trusquin ainsi qu'un couteau à tracer sont indispensable afin d'avoir une rainure bien droite sans arrachement. Et comme on apprend dans la douleur, il ne faut pas hésiter à couper à nouveau les fibres sur les bords du fond de la rainure avec le couteau, au fur et à mesure que l'on descend en profondeur.
Comme on le devine sur les photos, le couvercle a un peu de jeu. Ce sont les joies du rainurage à la main, un écart ne pardonne pas.

Je peux enfin ajuster les dimensions du fond (penser à laisser du jeu pour le mouvement du bois), lui appliquer sa finition (Ps :avant le collage de la boite, pas après...) et coller les quatre côtés entre eux, fond inséré. Une fois sec, il a fallut arraser les enfourchement sans abîmer les faces. Bois de bout vs bois de fil demande une vigilance de tous les instants.

Le couvercle coulisse et vient s'ajuster face avant grâce une baguette coupée à 45° de chaque côté pour terminer le tour de la boite, baguette maintenue en place par une feuillure et collée à l'avant du couvercle.
Mon rabot de paume à feuillure étant plus grand que la pièce à usiner, travailler sur une baguette aussi fine et petite a été un calvaire très instructif. Le plus dur a été de trouver un moyen de la maintenir fermement sans gêner le passage du rabot.

Comme j'aime les challenges, j'ai rajouté un peu de difficulté. S'agissant d'un cadeau pour ma moitié et pas une simple boite (bien que de mon point de vue, ce n'était pas simple), j'ai décidé de décorer un peu le couvercle. Dans une chute de hêtre, découpe d'un cœur à la scie à chantourner (à main) que je décide d'incruster dans une autre essence. Je déniche un morceau de peuplier (très plucheux, difficile d'obtenir un bel état de surface), je le met aux dimensions et j'y reporte le cœur. Un trou à la chignole plus tard, j'évide à la scie à chantourner puis j'ajuste le tracé avec des limes. Je les presse l'un dans l'autre et les colle sur le couvercle. Bizarrement, c'est une première fois mais tout se passe bien.

Finition à la cire d'abeille, lustrage, un peu de paraffine dans les rainures du couvercle et c'est terminé. Rien de particulier à dire sur cette étape mais je trouve que la cire d'abeille a tendance à ternir les couleurs naturelles du bois. M'y suis-je mal pris ? Mauvaise qualité de la cire ? Finition non adaptée ? Je ne sais pas encore, je vais me laisser du temps pour me faire mon idée au fil de mes expériences.

Une dernière chose. Je n'ai rien poncé, l'état de surface dépend uniquement de mes rabots. J'ai bien un racloir mais je n'ai pas pris le temps de m'en occuper et je voulais voir ce que je pouvais obtenir comme résultat final sans ces étapes.

Ps : merci de m'avoir lu jusqu'au bout