Bonsoir,
Tourneur amateur et surtout débutant, j’aimerais savoir à partir de quel pourcentage d’humidité, il est possible de tourner du bois sans avoir de problèmes de séchage « post-tournage » ?
J’utilise principalement mon bois de chauffage.
Merci par avance pour vos réponses et conseils, je suis preneur.
Boisement vôtre ! …
5 réponses
Bonjour Thierry, et bravo et merci pour ta présentation, en arrivant ici (c'est assez rare pour être signalé !).
Pour le fait de t'inscrire ici, en tant que retraité, ne t'inquiète pas, tu es loin d'être le seul à y venir à cette occasion... J'en fais moi-même partie (depuis quelques mois).
Bon, à la différence que pour ma part, j'ai passé une très grande partie de ma carrière dans le bois ou des métiers en rapport direct, en y rajoutant aussi pas mal de temps de découverte, durant ma jeunesse, auparavant.
Pour autant, je ne me suis réellement et sérieusement mis au tournage qu'il y a à peu près un an et demi, car je n'avais qu'à peine approché, et peu pratiqué durant mon activité professionnelle, ce domaine.
Je peux donc dire que je découvrais aussi (je découvre d'ailleurs encore), le tournage. Cette spécialité nécessitant, malgré ce qu'on pourrait croire, d'apprendre plein de choses nouvelles, même si on connaît bien le bois et les façons habituelles de l'usiner dans les métiers du bois.
La première venant du fait qu'ici, ça n'est plus un outil en rotation à haute vitesse qui vient usiner le bois, mais c'est cette fois le bois qui est en rotation (parfois à une vitesse conditionnée par son diamètre ou son équilibrage, d'ailleurs), face à un outil fixe.
Mais il y a bien d'autres choses à découvrir et expérimenter, sur le bois en lui-même déjà, ainsi que concernant son hygrométrie, spécifiquement dans le cadre du tournage. Mais aussi pour trouver, mettre au point diverses techniques, phasages d'opérations, gabarits, supports, outils spécifiques, montages particuliers à un type de tournage... Le domaine est infini.
.../...
(Mais, j'arrête temporairement là. Je me rends compte que j'ai beaucoup à dire, sur cette question, et pas trop de temps, maintenant. Ben oui, même en tant que retraité, je n'ai pas que rien, à faire.
Je vais essayer de compléter ce soir, ou au pire demain)
C'est toute la beauté du tournage sur bois : il n'y a pas de règle... ou presque.
Un peu de lecture pour défricher le sujet de l'hygrométrie du bois
Si on veut une réponse rapide : il y aura toujours des déformations post tournage, plus ou moins gênantes selon la pièce. Il faut apprendre à utiliser le bon morceau de bois pour la bonne pièce pour que les déformations ne posent pas de problème à l'usage.
Le plus simple pour démarrer est de travailler avec des bois dits secs à l'air : ton humidimètre donnera entre 13 et 17% ; contrairement à ce que le nom laisse penser tu auras rarement un bois sec à l'air juste en le laissant sécher dehors, il faut finir en intérieur ; et d'en éliminer les défauts (coeur, noeuds, fissures).
Par la suite, il faut accepter un taux de ratages et expérimenter en essayant dans la mesure des envies de s'inspirer des notions théoriques qui vont suivre :
Avant toute chose, il faut comprendre le principe d'équilibre hygrométrique : le bois "sec" va chercher à atteindre un équilibre hygrométrique avec son environnement, mais contrairement à l'air ambiant dont le taux d'humidité varie de manière quasi instantanée, le bois a un délai de réponse variable.
Conséquence ? Selon la région (tu as un abaque en dernière page du lien) la saison et l'usage, l'humidité résiduelle idéale du bois ne sera pas la même. Pour un grand plat utilisé comme déco dans une maison moderne on cherchera un taux de 12-15% comme pour un meuble ; pour un bol utilisé tous les jours et lavé à grandes eaux on pourra se contenter de 15-18% ; pour une boîte avec couvercle ajusté il faudrait descendre à 12% et laisser le bois s'acclimater dans son environnement final trois semaines avant le tournage.
On le voit bien, il est illusoire de se baser uniquement sur le taux d'humidité pour avoir une pièce stable ; ce n'est pas un meuble qui va rester en place et pour lequel on peut mesurer l'environnement pour trouver le bon degré d'humidité. On peut en revanche jouer sur le deuxième aspect : le délai de réponse du bois.
En fonction de l'essence, de la vitesse de croissance de l'arbre, le délai de reprise d"humidité va varier (grosso modo bois dense à grain fin = reprise d"humidité lente, bois léger grain grossier = reprise rapide). On peut jouer sur le choix d'essence pour limiter les variations dimensionnelles liées (on privilégiera un bois à reprise lente pour un bol d'usage courant et un bois à reprise rapide pour un environnement plus stable). On peut aussi jouer sur la finition pour ralentir encore cette reprise d"humidité (par exemple en saturant un bois d'huile, par un vernis...)
Par ailleurs, il faut chercher à comprendre comment les variations d'hygrométrie du bois vont créer des déformations. En gros le bois se déforme de trois façons : axiale (la "hauteur" de l'arbre) ; radiale (le "diamètre" de l'arbre) et tangentielle (la "circonférence" de l'arbre). La déformations axiale est négligeable, la radiale commence à se voir, et la tangentielle est importante.
Pour chaque pièce de bois, il faut essayer de la visualiser en situation dans l'arbre pour comprendre dans quel sens elle va se déformer : si on prend un carrelet en bois de fil, sa longueur va être stable en longueur (déformation axiale) ; une de ses dimensions (côté ou diagonale suivant l'orientation des cernes) va changer en déformation radiale (perpendiculairement aux cernes du bois quand on regarde le bois de bout) ; et la géométrie du carrelet (les angles droits et côtés parallèles) va changer suivant la déformation tangentielle (là encore selon l'orientation, mais aussi selon le rayon de courbure des cernes).
Les variations de dimensions se feront dans les deux sens : en diminution quand le taux d'humidité baisse, en augmentation quand le taux d'humidité monte.
En conséquence, on va essayer de privilégier certaines parties de l'arbre pour certaines pièces :
_pour une boîte à couvercle ajusté, je vais tailler un carrelet loin du coeur pour avoir des cernes parallèles entre eux et à la courbure négligeable => la déformation dans un sens ou dans l'autre donnera une section "ovale" équivalente à la boîte et à son couvercle, qui resteront bien ajustés dans deux positions ; si je prends un carrelet près du coeur avec des cernes très courbés la déformation donne une ellipse irrégulière (une goutte d'eau) qui a plus de risque d'être mal ajustée.
_pour une assiette plate, je vais privilégier une planche sur quartier qui me donnera une fois déformée une assiette ovale mais dont le fond restera plat (et donc stable) plutôt qu'une planche sur dosse qui donnera un fond courbé (et donc une assiette rocking chair)
Pour rajouter encore un peu de complexité il faudra prendre en compte les "défauts" du bois (noeuds, bois de tension/compression etc...) et l'essence (grain fin/grossier, cernes serrés/large , rayons médullaires marqués/discrets ; bois dense/léger...) pour avoir une idée de l'importance des déformations auxquelles on s'expose.
Pour ce qui est des fissures au séchage, on ajoute un autre élément qui est la plasticité du bois (sa capacité à se déformer). Ca dépend des essences, de la température, de l'humidité, et de la vitesse de déformation. Si on va trop vite, dans un environnement trop sec, trop froid... ça casse.
Le bois sèche/s'humidifie principalement par le bois de bout (une histoire de capillarité) ; en cumulant ce fait avec toutes les complexités d'avant, on va repérer des zones qui vont cumuler déformations importantes et rapides... et là ça casse.
Une première solution c'est de chercher à uniformiser la vitesse de séchage/déformation (micro ondes, bain de copeaux, peinture du bois de bout par ex)
Une deuxième solution c'est d'éliminer les zones où la tension va s'accumuler (éliminer le coeur, les noeuds...) et les zones de rupture (fissures existantes)
Une troisième solution c'est de rendre la pièce suffisamment fine pour privilégier les déformations plastiques aux fissures
Une quatrième c'est de contraindre la pièce (sur un moule, par un cerclage...) de manière à orienter les déformations vers des zones moins fragiles (c'est en réalité une technique avancée quand on sait déjà quelle épaisseur donner à la pièce)
Et bien évidemment tout ça ne peux pas être résumé en une recette toute faite à appliquer à la lettre, car ça dépendra du bois, de la météo... et de la chance.
On en apprend et on découvre tous les jours. Franchement le mieux reste de se dire que de toute façon il n'y a aucun risque vital à se planter ; que vu le prix du bois de chauffage et pour un loisir, c'est pas bien grave, la terre ne s'arrêtera pas de tourner, et il faut prendre plaisir à dérouler du copeau avant tout ; si on devient bon et que plus tard on peut prendre du plaisir à présenter des pièces dont on est fières à nos potes c'est le cadeau bonus, mais ça ne doit pas être l'objectif premier.
Achetée, une traverse de châtaigner a l'automne, en bois vert.
J'ai tourné les ébauches de bol qui m'attendent gentiment dans la grange.
Je compte les tourner prochainement.
Il suffit de faire quelque chose de grossier avec l'équivalent de 20 % du diamètre en épaisseur , tu laisses déformer en séchant et puis tu le reprends sur le Tour plus tard et obtient quelque chose de cylindrique qui ne bouge plus trop.
Le fait de faire ces ébauches permet d'éviter que le bois ne fende en séchant.
Hello,
Même critère qu'en menuiserie, hygrométrie autour de 15 %
Cela dit, fais toi plaisir à tourner du bois vert : dérouler des copeaux est un vrai régal et les déformations ultérieures ont du charme !
Sinon, le process habituel consiste à tourner une ébauche avec un tenon ou autre prise de mandrin, à la faire sécher dans des copeaux pdt qques semaines/mois puis à la finaliser une fois sèche (Peu testé pour ma part et abandonné, le bois vert ayant tendance à moisir dans ces conditions, en climat tropical).
Il y a aussi la possibilité d'utiliser un four à micro-onde pour accélérer le séchage et produire des déformations aléatoires. Nombreux tutos sur le web...