Bonjour et merci de m’accorder de votre temps. Ce pas à pas s’adresse à des personnes désireuses de comprendre comment faire un tableau en intarsia ou en segmentation. Pour la différence entre les deux termes lire l’introduction de ce travail dans la partie « Créations » en cherchant avec les mots-clés « intarsia Toffoli ». La méthode sera suffisamment détaillée pour que vous puissiez vous lancer. Si réaliser un dessin vous-même est un premier écueil, n’hésitez pas à consulter les sites de coloriages pour enfants, ce sont de bonnes sources d’idées. Les dessins sont grands, simplifiés, réalisés avec des traits bien nets, peu nombreux, souvent sans angle vif. Vous y trouverez certainement celui d’un personnage ou autre chose qui fera plaisir à des bambins. En cas de souci technique, n’hésitez pas à m’en faire part, nous essayerons ensemble de trouver une solution. Enfin si d’aventure vous habitez non loin du sud de l’Essonne, il doit être possible de trouver une moment pour vous inviter à une initiation à la scie à chantourner dans l’abri bois transformé en atelier de notre jardin.
Lancez-vous dans l'intarsia !
Le préambule étant terminé, passons à la réalisation de ce travail d’après le tableau de Toffoli. Les étapes seront les mêmes pour le dessin que vous aurez choisi si le cœur vous en dit.
1- Réalisation du plan
2- Découpe du bois
3- Mise en place des surélévations et ponçage
4- Peinture
5- Réalisation de la signature
6- Assemblage et collage des pièces
7- Finitions et encadrement
Entrons maintenant dans le vif du sujet.
1- Réalisation du plan
Comme la plupart du temps chez les boiseux, tout commence par un plan. Bon de préférence. Pour cela j’utilise un logiciel de dessin vectoriel type inskape pour les gratuits ou illustrator pour les payants. Ces logiciels vous permettent de recopier un dessin ou une image comme si vous le faisiez avec un calque. La prise en main du principal outil utilisé ici (la plume) demande un peu de pratique, mais cela vient vite et ouvre de grandes perspectives.
Quand le « décalquage » est terminé, vous pouvez modifier (grandir ou diminuer) votre plan à la taille souhaitée sans déformation, au millimètre près et en quelques clics .
Si votre plan est plus grand qu’une feuille A4 et que vous avez une imprimante classique, il vous faudra jouer des ciseaux et du scotch pour l’obtenir en vrai grandeur. Mon plan mesurant 40 cm x 30 cm, il a fallu assembler 4 feuilles A4 (le logiciel sait très bien imprimer un grand dessin sur plusieurs feuilles, ouf !).
Comme il y a plus de 60 pièces, j’ai réédité ce plan 2 fois afin de pouvoir travailler confortablement. Ce qui donne 3 plans :
- 1 pour coller sur la planche de bois et permettre le découpage
- 1 pour numéroter les différentes pièces et permettre un assemblage aisé. Chacune d’entre elles a été coloriée avec la contrainte que les pièces contiguës ne doivent pas avoir la même couleur pour un repérage plus facile. Ce plan se présente au final comme une sorte de carte de géographie.
- 1 pour établir les surélévations. Il faut déterminer la hauteur de chaque pièce par rapport aux autres. La planche utilisée faisant 12 mm d’épaisseur, on ne pourra donc pas dépasser une surélévation de 12 mm sous peine d’avoir une pièce non maintenue. Il est prudent de ne pas atteindre ce maximum et de se limiter ici à 10 mm. Ceci étant posé, il faut se représenter mentalement l’effet que l’on veut obtenir. Je souhaitais que le groupe marteau/pièce sur l’enclume/pince soit en avant, donc avec les élévations maxima. Ensuite de proche en proche, les hauteurs sont attribuées logiquement : le fond est au plus bas, les rayons qui semblent émaner de la pièce sont un peu plus hauts, l’enclume est en avant, etc. Après plusieurs essais on finit par trouver un compromis. Sur mon plan les pièces à la même hauteur sont de la même couleur, cela permet de mieux se rendre compte.
2- Découpe du bois
Collons le plan adéquat sur la planche découpée à la bonne dimension. Ici c’est un contreplaqué de peuplier, car si ce bois est assez tendre, le multiplis donne une bonne solidité ce qui facilite la découpe des pièces petites ou aux contours tourmentés. J’utilise de l’adhésif repositionnable en bombe. On peut utiliser de la simple colle mais quand il faudra enlever le papier du dessus de la pièce ce sera moins pratique.
A noter que l’on peut utiliser du… lait ! La caséine qu’il contient ayant un petit pouvoir adhésif. Je l’ai déjà testé, mais outre le fait que l’on est alors obligé de mouiller le plan ce qui entraine des bavures d’encre, voire un effacement, l’adhésivité n’est pas toujours suffisante et il arrive qu’en cours de découpe le papier se décolle provoquant une « légère » panique de l’exécutant...
NE PAS OUBLIER: quand la découpe d’une pièce est terminée de la numéroter tout de suite au dos avant de la poser dans un bac qui pourra les regrouper toutes, idéalement tapissé par le plan « géographique ». Les adeptes des puzzles peuvent se passer de ces conseils, les autres…
Cas particulier d’une découpe intérieure
*Il arrive que l’on ait à découper une pièce incluse dans une autre, c'est ce que l'on appelle une découpe intérieure. Ici par exemple le manche du marteau dépasse légèrement de sa tête. Seule solution pour ne pas abimer la pièce qui contient celle qui nous intéresse : percer ! On perce donc pour permettre d'installer la lame de scie, évidemment la plus petite possible. Choisir un endroit discret car il y aura toujours une trace même légère sur la pièce. La lame en place dans la pièce, replacer le tout sur la scie et découper. Sur le plan pratique, il est impératif de s'occuper des découpes intérieures AVANT de tout découper. Cela vous laissera de la place pour les doigts afin de travailler confortablement et en sécurité.
Quand tout est découpé et identifié, afin de maintenir toutes ces pièces qui ne demandent qu’à se disperser, j’ai fabriqué un cadre un peu particulier. Il est constitué de 4 tasseaux solidarisés deux à deux par une plaque vissée 1 fois dans chacun d’eux. Cela laisse un jeu possible entre chaque, ils sont ainsi un peu articulés.*
Il est alors temps de retirer le papier adhérent sur le dessus de chaque pièce.
3- Mise en place des surélévations et ponçage
Nous voilà avec notre planche découpée et assemblée. Aucun morceau de perdu, c’est déjà ça ! Passons à la réalisation des surélévations. Le plan des hauteurs entre en action et nous avec… Pour chaque pièce concernée nous allons fabriquer une base de la hauteur voulue que nous collerons. La procédure n’a rien de compliquée il faut : reporter le contour de la pièce sur une plaque de la bonne hauteur, dessiner un contour en retrait de quelques millimètres qui nous servira de ligne de découpe, découper selon ce tracé et coller cette base sous la pièce, sans oublier de reporter son numéro la base masquant celui inscrit précédemment. Voyons en photos le déroulement :
Rien ne vous oblige, et ça optimise vos chutes, à fabriquer des bases d’un seul tenant. Du moment que la base couvre bien le dessous de la pièce afin que celle-ci soit stable. Cette stabilité prendra tout son sens lors du collage définitif.
Comme dans la vie il faut savoir arrondir les angles. Les bords de chaque pièce seront donc au minimum adoucis, le plus souvent arrondis.
Certaines pièces seront plus travaillées, ici c’est le cas des bras. En effet ils sont bien mis en avant au niveau des mains (niveau + 6mm) et moins aux épaules (niveau +3 mm). J’ai choisi de dégrader les pièces d’épaules (n°6 et 7 pour le bras droit et n°12 pour le gauche). Sur la photo on voit le repérage de la hauteur de la bretelle sur la pièce n°12. Il faut former une pente qui part du coude et s’amenuise jusqu’à la hauteur repérée au niveau de la bretelle. Le masque et l’aspiration (et l’inspiration) sont vos meilleurs amis. Rappelez-vous la phrase célèbre d’un de nos penseurs : « je ponce donc j’essuie ». Ce travail terminé vous vous retrouvez avec un tableau qui a pris forme dans tous les sens du terme. Il est temps de passer à l’étape suivante.
4- Peinture
À ce stade à chacun sa technique. J’utilise de la peinture acrylique de bonne qualité. L’acrylique sèche vite et permet de se rendre compte rapidement de l’effet produit. Par expérience je réalise toujours une sous-couche, le plus souvent blanche. La pièce bien sèche sera poncée avec un papier ou une éponge abrasive de grain très fin. Le faux cadre retrouve aussi son utilité. Chaque pièce est peinte et poncée aussi sur l’épaisseur pour ne pas avoir de mauvaise surprise à cause des surélévations.
Le sous-couchage/ponçage terminé, c’est parti pour la peinture du tableau proprement dite (à condition de ne rien renverser ).
5- Réalisation de la signature
Maintenant que le tableau est prêt, intéressons-nous à la signature de l’artiste (le vrai Monsieur Toffoli). Elle sera d’un seul tenant puisque sa graphie nous le permet (aucune rupture de ligne, à part le point sur le i) et collée sur plusieurs pièces du fait de sa taille. Elle sera découpée dans un contreplaqué de bouleau d’1 mm d’épaisseur. Un changement de lame s’impose, ce sera une n°2/0 au lieu de la n°1 utilisée jusqu’à maintenant (voir la photo). Ensuite c’est comme pour le manche du marteau ci-dessus : collage du tracé à la colle repositionnable, perçage des découpes intérieures, découpe. Pour des raisons de fragilité de la pièce il faut commencer par les découpes intérieures (la surface d’appui étant alors maximale) et terminer par la découpe du pourtour.
6- Assemblage et collage des pièces
Chaque pièce est encollée avec une colle à prise lente puis toutes assemblées et misent sous contrainte avec une presse à cadre pour garder les angles au plus près de 90°. Les découpes même réalisées avec une lame fine génèrent de petites pertes de matière qui peuvent se cumuler et amener une déformation. Évitons donc les angles gauches ! Comme chacun sait seul l’angle droit bout à 90°…
Il reste à couper une planche de 10 mm d’épaisseur bien d’équerre en utilisant les mesures du tableau au collage moins 1mm en largeur et longueur. Et c’est reparti pour un nouvel encollage, celui de cette planche. Puis on place le tableau toujours sous contrainte, au mieux dessus, c’est-à-dire le plus centré possible. Il reste à presser dessus le tableau uniformément sur toute sa surface. La face peinte n’étant pas plane, j’ai recours à une technique disons…asiatique. Deux sacs de riz (de qualité supérieure puisqu’ils seront sur le dessus ) seront utilisés. Les grains de riz vont épouser la forme de la face peinte et permettre un pressage puissant et bien réparti. La feuille de mousse intercalée en gardera d’ailleurs l’empreinte. Après 24 h de séchage on récupère un tableau correctement collé et bien plan. Ne pas oublier de coller la signature qui a été peinte en blanc.
7- Encadrement et finitions
Un passage par la défonceuse sous table (équipée avec une fraise à copier) et l’on obtient un tableau aux bords rectilignes et aux angles bien droits (d’où le petit millimètre en moins de la planche). Reste à coller des cornières, du papier gommé au dos, vernir (acrylique satiné x2), installer une fixation pour pouvoir le suspendre, mettre un petit mot de dédicace, signer, dater et c’est prêt à offrir !
Post-scriptum : Si ce pas à pas vous a donné envie d’essayer son but sera atteint. Je serai heureux de voir vos travaux. En cas de souci, n’hésitez pas à m’interpeller.
Discussions
Très intéressant ces marqueteries en relief !
Ben y'a plius qu'à...
très beau tuto !!!!!!!!
Venant d'un maitre charpentier ce commentaire me touche vraiment. Merci.
Du grand art !
Merci >gg87.
J’ai adoré la création et dévoré le pas à pas : Merci!
Merci beaucoup Boisbarbu pour tes commentaires. comme tu as dévoré le pas à pas, j'espère qu'il n'est pas trop indigeste
Superbe travail
merci claudio35 pour ton commentaire
Objectif atteint! ça donne envie d'essayer car ça semble si simple (quand la technique est maîtrisée)
Ben y'a plus qu'à... Il faut aussi dire que j'ai la chance de disposer d'une excellente scie à chantourner, ce qui facilite bien les choses. Mais on peut très bien débuter et se faire la main avec une simple bocfil.
Magnifique travail et le pas à pas est d'une qualité exemplaire ! Merci pour le partage
Merci de vos sympathiques commentaires. Venant d'un passionné aux réalisations soignées (huche à pain, coffre-château notamment) cela me touche.
Superbe réalisation et super partage...ça donne des idées pour Noel.
Merci ++ de vos commentaires.
Si c'est pour Noël, va pas falloir mollir, plus possible de... buller ?
Merci du temps passé à tant d'explications, pour avec une procédure clé en main !
clé en mains ? je dirai plutôt mère-scie à vous...