Disposant d'un très grand salon il nous fallait une table de salle à manger capable d'occuper l'espace. Aimant le bois et le métal nous avions envie d'une table de style industriel, mêlant plateau en bois et pieds en fer. Après de multiples recherches sur le net et en magasin les seules tables à nos mesures était soit avec des plateau en plaqué chêne, soit à des tarifs complètements délirants. Disposant des outils nécessaires décision fut donc prise de la fabriquer, d'où ce pas à pas.
Fabrication de la table en chêne
Avnat de passer à la réalisation j'ai planché de nombreuses heures sur le projet et passé autant d'heures sur Sketchup. Je dois dire que je ne pratiquais pas le bois avant ça (l'atelier équipé d'un combiné est à mon beau-père) et que du coup j'ai du chercher et chercher pas mal de temps pour comprendre comment fabriquer cette table.
Plusieurs versions ont été étudiées via sketchup :
Au final nous nous sommes décidés pour la version la plus simple, des IPN croisés sans barre de maintien et un plateau en chêne de 40 mm avec des alèses en chant pour simuler une épaisseur de 80 mm.
Une fois le choix de la table effectué il me fallait trouver du bois de qualité et à des prix raisonnables. Après quelques recherches dans le circuit traditionnel (Dispano et autres Batibois) j'ai commencé à aller dans les scieries. Et là on se rend vite compte que trouver du chêne, en longueur de 350 cm et avec au minimum 50 mm d'épaisseur ça relève du parcours du combattant !
J'ai fini par trouver mon bonheur dans une ancienne scierie près de chez moi, un beau plot de 350 cm de chêne rouge vendu au prix de 600 € :
Une fois de retour à l'atelier nous avons pu débiter les bois, virer l'aubier, tronçonner à longueur approximative, dégauchir et raboté et finalement trier :
Et là on se rend compte du vrai prix du chêne ! Y a bien 60% de bois qui est parti en chutes et en copeaux :(
Après quelques heures de travail usant (c'est lourd le chêne de cette dimension) il en sort un plateau prêt à être assemblé :
On passe ensuite au collage et serrage avec des serre-joints. J'ai depuis investit dans des dormants, autrement plus confortables ! Le collage a été effectué en chant plat, j reviendrai là dessus en fin de réalisation.
Une fois fini il ne restait plus qu'à coller les alèses de bout, passer un coup de défonceuse pour arrondir les angles, poncer, encore poncer, et finir par poncer ! Je n'ai pas pris de photos de cette partie de la réalisation mais j'ai appliqué en finition une huile monocouche Rubio Monocoat en coloris Argile. Appliquée avec un pad de la marque monté sur ma ponceuse Festool Rotex le résultat est exceptionnel. Le must c'est qu'en cas de souci on peut ré-appliquer de l'huile sans que le raccord ne se voit, ce qui s'est passé vu qu'au transport j'ai cogné le plateau et j'ai du poncer pour sortir l'accroc.
Il ne restait plus qu'à fabriquer les pieds. Au final je me suis tourné vers des pieds en IPN de 100 x 50 mm, les IPH de 100 x 100 mm initialement prévus auraient été beaucoup trop lourds. Rien que là chaque paire de pieds pèse environ 50 kilos. Outre le poids la deuxième raison est que ma machine ne me permettait pas de couper de telles sections en 45°, je me suis donc rabattu sur plus petit.
Après soudure on passe à la finition. J'ai simplement appliqué une peinture effet martelée de chez Hammerite au pinceau et ensuite un "bombage" de peinture effet métallisée. Le résultat est plutôt sympa.
Une fois sec on perce les trous de fixations dans la platine haute de chaque pied et on fixe le tout sur la table. Pré-perçage du plateau et fixation par tire-fonds de 8 mm. Les trous dans la platine ont été percés deux à deux de manière à former un trou oblong. De cette manière on peut fixer les pieds au plateau et laisser le bois travailler. Une fois installée la table mesure 3000 x 1000 x 760 mm et pèse environ 150 kilos.
Quelques mois après....
Tout ce pas à pas ne serait pas fini sans le retour nécessaire quelques mois après la réalisation.
J'ai en effet fabriqué cette table sur une période assez longue allant de Aout à Octobre 2017.
Vous me voyez venir ?
L'humidité bordel ! L'erreur de chaque débutant en bois massif ! Entre le débit des planches et la finition de la table le taux d'humidité de l'atelier où j'ai fait cette table a changé. Rien de dramatique mais suffisant pour que le bois, en bonne éponge, n'absorbe. Et entre du sec à l'air à 18% et du sec chauffé à 12% il manque de l’humidité. Et une fois rentré dans la salle à manger avec le plancher chauffant allumé que s'est-il passé ? Ce qui devait arriver, le plateau a encore séché et s'est fendu !
D'où réflexion sur mes nombreuses erreurs de débutants :
J'ai collé les bois sans maitriser l'histoire des cernes. A l'époque je ne m'étais pas assez documenté et j'ignorais qu'il fallait alterner le sens des cernes. Résultat la table s'est tuilé, certaines planches ayant été débité dans du faux-quartier elles ont séché à coeur. Le plateau s'est donc logiquement gondolé.
J'ai collé en chant plat. Je ne maitrisais pas la toupie et ne savais donc pas comment faire d'assemblage permettant d'augmenter la surface de collage. Avec le recul j'ai appris à faire des fausses languettes, des fausses languettes arrêtés, des bouvetages et autres. Le collage en chant plat est suffisant pour de petites réalisations, sur des gros plateaux comme ça je pense qu'il faut augmenter la surface de collage.
J'ai collé deux alèses en bout et un renfort sous la table. Grosse grosse erreur de débutant ! Autant j'ai pensé à mettre des trous oblongs dans la ferraille des pieds autant pour les alèses j'ai cru que ça tiendrait une fois collé. Et bien non, un bois qui veut travailler travaillera quoi qu'on fasse ! Résultat j'ai une fissure dans une planche, en plein bois !!
Je vais donc dès cet été refaire cette table que je ne peux plus laisser en l'état :
Les alèses de bout seront recoupées et je mettrais sans doute des alèses en forme de tenon mortaise mais avec du jeu permettant la dilation normale du bois. Idée prise à Samuel Mamias sur sa chaine Youtube. Superbe chaîne (avec celle de Boris Beaulant) pour les débutants, très didactiques.
Je vais assembler le plateau en fausse languette mais non arrêtées vu que les alèses de bout les dissimuleront.
Je vais installer un aquarium ouvert dans le salon, on sous-estime le pouvoir du plancher chauffant sur l'humidité de l'air, après mesure mon salon tourne entre 8 et 10% d'humidité, c'est bien trop sec même pour les humains. Avec un aquarium ouvert je vais combler cela de manière naturelle en jouant sur l'évaporation de l'eau. Un mur végétal est également prévu avec le temps.
Voilà, je mettrais sans doute à jour ce pas à pas une fois mes conneries réparées :)
Discussions
Super travail ! Merci pour ton retour d'expérience c'est très instructeur !
Sympa, effectivement c'est toujours intéressant de comprendre les erreurs faites (et on n'en fait...) pour améliorer voir refaire.
Je rajouterai que pour limiter le travail du bois, en plus d'alterner les cernes il faut éviter d'avoir de trop gros écart de largeur entre deux planches. Idéalement pas trop large (10cm).
Belle réalisation!
Une piste pour la réalisation de ton plateau pour éviter les déformations ultérieures, fabriquer un plateau composite de bois massif sur un support stable comme le CP. Cela diminue la quantité de bois noble à utiliser, mais rajoute un peu de travail! En gros c'est comme du panneau latté sauf que tu aura des nuances de textures bois qui donnent, à mon sens, un rendu plus vrai.
Un lien vers une vidéo d'un YouTuber Californien qui montre, au début, le principe.
C'est une bonne idée. Si la couche de bois massif est importante (bref, qu'on n'est plus dans des épaisseurs de placage) je pense qu'il faut cependant veiller à la symétrie des couches du panneau pour équilibrer les variations de tension.
Par exemple : massif + CP + massif.
Plutôt que : CP + massif.
Oui,
placagecontre-collage (terme mieux adapté je pense) sur les 2 parements obligatoire. C'est d'ailleurs ce qui est fait dans la vidéo.Quand mes parents, il y a longtemps, ont reçu leur belle table de salle à manger en chêne, réalisée par un très bon ébéniste, ils ont été un peu déçus: Le plateau était en fait marqueté, une fine épaisseur de chêne était collée sur un contreplaqué... Le tout entouré de belles et larges alèze en vrai chêne. En fait, l'ébéniste connaissait fort bien son métier... d'ébéniste...: 40 ans après, la table n'a pas bougé d'un cheveux. Pas l'ombre d'un moindre jeu, fissure ou autre. Tout est toujours nickel comme au premier jour.
Si tu veux conserver un taux d'humidité minimum dans ta pièce, le mieux, c'est un humidificateur électrique. Cela marche très bien.
Bonjour, serait il possible de connaitre les dimensions des pieds ?