Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.

Ce pas à pas montre la (tentative de) fabrication de ma première fenêtre. C’est une sorte de pièce d’apprentissage : je veux voir si j’arrive à faire une fenêtre isolée, avec mon matériel essentiellement manuel (sauf D/R et scie à ruban). Pour compliquer les choses, je ne veux pas de fenêtre à recouvrement. Mais pour simplifier quand même un peu, c’est un un ouvrant simple. On attendra encore pour la croisée à la française à gueule de loup !
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Conception
Pour ne pas me perdre en route, j’ai décidé de coller au plus près d’un schéma existant. J’ai choisi celui présenté dans le catalogue des Forges de la Loire. J’ai hésité avec un plan de « Fenêtre patrimoine » diffusé par Codifab. Mais il y avait notamment une rainure profonde que je ne sentais pas au bouvet. Sur le plan choisi, la première barrière se fait avec un joint à lèvre (rainure dormant + feuillure ouvrant) et la seconde avec un joint tubulaire (rainure dormant). Le profil me semble réalisable à la main.
C’est une pièce d’apprentissage (destinée malgré tout à être posée en remplacement d’un vieux simple vitrage). J’en ai donc profité pour liquider de vieux plateaux de chêne en 27 qui trainaient. Et ils ne trainaient pas pour rien ! plein de nœuds à éviter, du contrefil etc. Tant que ça me permet de faire les carrelets, je prends. Si le projet va au bout dans des délais raisonnables, je me lancerai peut-être dans des croisées plus importantes en soignant, cette fois, la sélection des bois.
Dormant (cadre)
Les bois feront 58mm pour accueillir un vitrage en 4/16/4. Un de mes premiers problèmes est d’arriver à faire rapidement/simplement des feuillures sur une si grande profondeur. Pour le dormant, je choisis de faire une feuillure rapportée.
Je commence donc par assembler "tout simplement" un cadre en 68x35. Premier assemblage et première boulette : j’ai voulu jouer au grand en faisant un enfourchement double à la SAR, sans trusquiner et en utilisant une cale de l’épaisseur du trait de scie. Mais le guide a bougé et je me suis emmêlé les pinceaux en repointant. Résultat : mes joues de tenons étaient trop faibles et mes mortaises pas assez larges. Je recolle les chutes pour refaire les épaulements et je sors la guimbarde pour retravailler les mortaises. Je me dis que pour un dormant, qui sera fixé au mur, tant que le cadre final est dans le plan, ça ira bien! Moralité: toujours tout tracer!
Ensuite il n'y a plus qu'à pousser les rainures. Pour la goutte d'eau, je fais une feuillure traversante de 6. Un coup de racloir pour faire propre, et assemblage à blanc. Tout est à fleur: ouf!
Dormant (feuillure)
Au départ, je comptais faire un cadre et le coller sur le dormant. Finalement, je colle des pièces de 55x15 sur chaque élément du dormant. Le problème, c'est qu'ensuite il me faut vérifier (et rattraper) la "profondeur" de la fausse feuillure ainsi réalisée. Je me rends compte que le ravancement d'onglet ne va pas être de la tarte, tous les repères n'étant plus parfaits.
Je taille un petit guide à 45°, et c'est parti pour les onglets. Assemblage à blanc... Les onglets sont dégueulasses! Je n'ai rien en stock pour refaire les pièces (et ça reste un ouvrage d'apprentissage). Il faudra donc masquer ça à la finition.
Pour l'ouvrant, j'ai prévu de faire une vraie feuillure à partir d'un bloc capable. Je pourrai donc faire un traçage dans les règles. À voir si ça fonctionne mieux. L'autre option, c'est de faire une parclose + listel, mais ça ne m'inspire pas confiance.
Ouvrant (assemblage et feuillure)
La pièce pour le jet d'eau du dormant est encore au collage. De toute façon, j'attends d'avoir assemblé l'ouvrant et tout vérifié pour procéder au collage du dormant. Donc, on passe à l'ouvrant!
Les pièces sont en 58 de profondeur (pour accueillir un vitrage de 4/16/4) et devaient faire 75, 65 et 55 de large (traverse basse, haute et montants). J'avais oublié de vérifier le guide de la dégau...j'ai rattrapé le faux équerrage à la varlope et les cotes en largeur ont perdu 5mm. La surface vitrée n'en sera que plus grande!
On établit les bois. Je reporte la mesure intérieure du dormant en retirant 2x2mm de jeu. Les repères d'épaulement sont reportés directement à partir des traverses. Je trace un second trait à 20mm, qui est la profondeur de la feuillure. Traçage de l'onglet et on hachure pour ne pas se tromper (mesure tout à fait insuffisante contre la c***nerie, cf infra). La feuillure est également tracée.
Je n'ai pas pris de photos de l'assemblage à enfourchement. J'ai voulu me simplifier la vie en faisant un tenon simple. Sauf que du coup je ne suivais plus exactement mon plan et, bien entendu, je ne me suis pas arrêté à la ligne d'épaulement pour les traverses... Bref, là encore, il y aura quelques trous à combler à la finition.
En revanche, j'ai laissé tombé le guide parallèle de la scie à ruban et j'ai juste posé mon pouce au bon endroit tout en guidant la pièce avec l'autre main. En prenant mon temps j'ai pu scier "à l'ombre du trait". Je crois que j'ai trouvé la technique qui me va bien!
Vient ensuite le moment que je redoutais le plus: faire une feuillure de 20x45 sans scie circulaire ni toupie ni défonceuse. J'ai envisagé et ou testé plusieurs solutions:
- fabriquer une scie à parclose avec un guide et une poignée. Bof.
- faire une rainure à l'aplomb de la feuillure, puis dégager le reste au riflard et finir au guillaume. Testé; c'est pas terrible et on perd beaucoup de matière.
- faire une rainure à l'aplomb de la feuillure (et approfondir de quelques coups de scie, le bouvet s'arrête à 16mm environ), dégager la parclose à la scie égoïne puis finir au guillaume.
La troisième solution, pour l'instant, est la meilleure. Il ne me reste plus qu'à faire une passe de finition sur les feuillures. J'hésite à me procurer un guillaume à angle faible, soit sous forme classique, soit sous forme de rabot de paume. L'idée est de garder le guillaume en bois pour enlever de la matière (même s'il bourre facilement) et avoir à côté un guillaume de finition, avec le fer réglé au minimum en sortie.
Assemblage à blanc. J'ai laissé du gras sur les onglets pour les araser proprement au ciseau petit à petit. Le but c'est de faire mieux que pour le dormant!
Mais ce sera pour le prochain épisode.
Jet d'eau dormant
Je reprends le projet après une longue pause. Je mets aux cotes finales la pièce prévue pour le jet d'eau. Deux rainures: une pour la fausse languette et une autre, agrandie au guillaume, pour la goutte d'eau. Je rainure également la traverse basse du dormant. Un coup de rabot pour donner une courbe. Et voilà.
Collage ouvrant
Il faut une rainure arrêtée pour le drain de l'ouvrant. Après avoir tracé au trusquin j'utilise une cale de 10mm pour guider le ciseau à bois. C'est rapide à faire, mais un noeud a provoqué un éclat.
Reprise des feuillures au guillaume et racloir. C'est long... La prochaine fois je ferai soit un listel soit une feuillure rapportée. Sauf si vous avez une autre idée à soumettre...
Collage. Je me fie aux diagonales intérieures pour l'équerrage. Après un temps de séchage je découpe les abouts à la scie sterling et présente l'ouvrant dans le dormant assemblé à blanc. Jeu de 2mm tout juste en hauteur. 1 en largeur: juste ce qu'il faut pour un coup de rabot de finition. De toute façon, je compte coller le dormant en prenant appui et référence sur l'ouvrant. Je ne sais pas si ça se fait encore comme technique.
Collage dormant
Cette fenêtre encombre un peu trop l'atelier à mon goût, il serait temps d'avancer... Au programme du jour: j'affleure l'ouvrant sur le parement pour retrouver une référence. Puis je reprends comme je peux le léger faux équerrage extérieur, en prenant garde à ce que les côtés qui recevront les profils restent eux aussi bien d'équerre. Assemblage à blanc du dormant. Tout se présente comme il faut. Au collage!
Oups. N'aurais-je pas oublié quelque chose? Le chanfrein sur la feuillure-parclose extérieure ! Un trait de repère, un coup de rabot à 45 et on peut continuer le collage. (Tout en se disant que j'ai définitivement oublié ce chanfrein sur l'ouvrant )
Isolation
Il est temps de poser les joints. Traçage au trusquin. Rainure simple pour la deuxième barrière d'étanchéité (joint tubulaire).
Pour éviter l'éclatement du bois de bout, je fais une entaille à la scie et au ciseau.
Pour la première barrière, je fais une rainure qui recevra le joint, puis une feuillure, un peu moins profonde.
L'arrête intérieure de la rainure évasée au guillaume.
Avant de poser les joints j'évase également la rainure du joint tubulaire. Pose du joint, en laissant un 'trou' en haut pour la ventilation. C'est assez galère à bien poser,.surtout dans les angles..ça mériterait de se faire un petit outil qui va bien pour bien pousser le joint dans sa rainure.
Assemblage. Ça rentre en forçant: il faut encore évaser la rainure du joint tubulaire qui dépasse trop. En plus c'est assez moche et peu discret. Pour la prochaine, faudrait trouver un autre profil...
Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.
Discussions
Impressionnant !
On attends la suite :)
Je suis éloigné de l'atelier pour quelque temps, mais la ça viendra! ;)
Bravo!
Merci. J'attends d'avoir posé les paumelles, complété le profil et posé les joints avant de crier victoire: il y a tellement de chose que je découvre! Pour tout dire, je n'avais jamais fait d'assemblage avec feuillure jusqu'à présent, uniquement avec des rainures (plus simple, avec un épaulement entaillé). J'ai beau avoir une bonne vision 3D (enfin, je croyais...) devant les bous de bois, j'ai hésité plus d'une fois et il a fallu rattraper les erreurs!
Bravo, c'est un travail pas si facile à effectuer au outils à main.
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Les petites erreurs font partie de l'apprentissage
Mais je trouve que vous vous en êtes vraiment bien sorti.
Bravo d'avoir essayé cet ouvrage à la main.
Merci! Je crois que la difficulté c'est de rester précis sur de telles dimensions. Faire une feuillure au guillaume d'équerre sur un côté de petite caisse ou boîte, ça roule tout seul, meme pour un petit amateur. Être sûr de caser un vitrage au demi millimètre prêt sans passage par la case toupie, c'est autre chose, je m'en rends bien compte! Pour les assemblages, pas de mystère, j'ai pas assez d'expérience et il me faudra en rater encore quelques uns pour m'améliorer
ça tombe bien, plus je fais des erreurs, plus ça me donne envie d'en faire une autre (un peu) mieux! 
Bravo, c'est comme ça qu'il faut voir les choses.

Les erreurs tout le monde en fait et moi le premier.
Je te souhaite une bonne continuation et persévérance.
Beau travail, à la main c’est long mais moins bruyant donc on peut travailler la nuit
Tu ne crois pas si bien dire: je consultais juste L'air du bois avant de descendre à l'atelier, après avoir couché les enfants!
Quelle patience et minutie..
Bravo .