Encore un nouveau trusquin.
Je trouvais mon premier trusquin un peu petit en main, et sa pointe n'est pas parfaite pour rester imperturbable par rapport au fil du bois.
La prise en main de mon trusquin double me plait beaucoup mieux, alors je suis reparti sur la même base.
Ma prise en main (différente de celle proposée dans [3], voir plus bas):
Pour la lame, une vieille lame de scie sauteuse affûtée d'un seul côté:
La tige en châtaignier est un poil trop tendre, j'ai peur qu'avec le temps elle ne se marque trop car ma mortaise dans le corps en Iroko n'est pas parfaite (face d'appuis légèrement concave) et cela crée une pression localisée. Au pire je la referai en hêtre...
Bibliographie
Et pour finir, quelques ressources traitant du trusquin:
- [1]. le Roubo, 1770;
- [2]. Bailleul et Heurtematte;
- [3]. Despicht et Cancalon;
- [4]. Oslet, Traité de charpente en bois, 1980, traite des différents types de trusquins sur deux pages. Le trusquin est en "Bois sec, charme ou cormier".
Ce que raconte Roubo en 1770 [1] propos du trusquin:
(je vous ai remplacé les ff par des ss, c'est plus aisé à lire ainsi, ça évite d'avoir l'impression de parler avec un cheveu sur la langue...)
Les trusquins sont composés d’une tige de bois de dix à onze lignes en quarré, sur neuf pouces & même un pied de long, d'une tête & d’une clef.
La tête esl longue de six pouces au moins, sur trois pouces de large & un pouce d’épaisseur: elle est percée au milieu de la largeur d’un trou quarré de la grosseur de la tige, laquelle passe au travers, & est placée à deux bons pouces du haut. Au—dessus de la tige, & sur l’épaisseur de la tête , est percée une mortaise de six lignes de largeur d’un bout, & huit à neuf de l'autre, laquelle doit descendre d’une ligne au moins en contre—bas de la tige, afin que la clef qu’on y fait passer puisse l'arrêter dans la tête du trusquin d'une maniere ferme & fiable. Tout le bois d’un trusquin doit être très—sec, d‘une qualité dure, sur—tout la clef & la tige, que l’on garnit d’une pointe très—aiguë d'environ deux lignes de long tout au plus , laquelle est posée du côté qui regarde le bas de la tête. (Fig. 5).
Il y a aussi des trusquins dont la tête est cintrée sur le plan , & d'autres qui ont de longues pointes pour atteindre dans le fond des gorges & des ravalements. (Fig. 6).
Il est encore une autres espèce de trusquin que l'on nomme d'assemblage, dont la tête est d'une figure d'octogone, sur à peu-près la même largeur & épaisseur que le précédent: ce qu'il y a de différence, c'est que la clef passe au milieu de la tige, laquelle est évidée dans son milieu en forme de coulisse; cette tige n’a guere que cinq à six pouces de long, & est garnie fur chacune des faces de ses deux bouts de deux pointes de fer , lesquelles font distantes l’une de l’autre de la grosseur des assemblages , lesquels varient depuis deux lignes jusqu'à huit & même plus. (Fig. 7). Chaque compagnon doit avoir trois trusquins de la premiere espece , & un de chaque autre.
A venir: la conversion des dimensions en système métrique, ce sera plus parlant !
[2] Bailleul et Heurtematte :
LE TRUSQUIN (fig. 103).
Construit en charme ou en cormier, il sert à tracer des traits parallèles à la surface dressée dite de référence. Il se compose d‘une semelle coulissante sur une tige munie à une extrémité d'une pointe de traçage et d’une clef de blocage. L’organe traceur est constitué par une tige ronde d'acier étiré, enfoncé dans un trou oblique (30°); il ne possède qu'un seul biseau afin qu'on puisse tracer un trait acceptable sans avoir à incliner l’outil.
On emploie des trusquins à platine bombée pour tracer des traits parallèles à des surfaces concaves.
Le réglage du trusquin s’opère en tapotant tige et clef sur l‘établi (fig. 104, 105 et 106).
Nota : L'organe traceur du trusquin peut être une pointe placée d'équerre ou une lame d'acier pointue et biseautée tenue en place par un coin.
Tenue du trusquin. La pointe du trusquin est réglée au mètre tenu perpendiculairement à la semelle, puis on saisit la tige de l'outil entre le pouce et l'index, la paume de la main exerçant une pression latérale sur la platine afin d’obtenir un trait précis; une extrémité de la pièce est le plus souvent appuyée à la griffe (fig. 107).
Nota : On tient le trusquin obliquement si la pointe (fig. 107) est perpendiculaire à la tige.
[1] Roubo:
Discussions
tiens un vrai trusquin ! Chouette !
Ah, j'aime bien le coté brut!
Pour la tenue du trusquin, la manière utilisée par mon père, modeleur, qui l'avait apprise de mon grand-père (donc, la bonne... ;) ), c'est avec le pouce en dessus, les autres doigts en dessous. Cela permet d'assurer avec le poignet une force en levier afin de pousser sur la pointe à tracer. Au début, cela parait étrange, et pourtant, c'est celle qui est la plus efficace.
Ce que je ne comprends pas avec cette prise en main que tu décrit, c'est que la pointe du trusqun doit être parallèle à la clé. Ce qui n'est généralement pas le cas pour des raisons de maintien correct de la tige.
benjam J'avoue que je ne comprends pas ta question. Pourquoi la clé n'est elle pas parallèle à la pointe ? d'ailleurs, pourquoi devrait-elle l'être ? J'ai des trusquins où la clé est parallèle, et d'autres où elle est perpendiculaire...
D'ailleurs, sur le modèle de Dneiss, il me semble que la clé devrait être à l'envers (partie plus fine en bas). Dans ce cas, on peut, en le tenant comme je le dis, sans jamais lâcher le trusquin, donner un coup sur la clé pour la libérer, ou bien, donner un coup sur la tige, d'un coté comme de l'autre, pour faire avancer la pointe précisément, puis finalement, bloquer la tige en tapant contre l'établi sur la partie la plus large.
Quand j'étais gamin, j'étais fasciné quand mon père faisait cela, tac tac, toc toc, la main et le trusquin virevoltaient, tac tac, toc toc... Et sans vraiment apprendre moi-même, le même geste est revenu naturellement, des années après.
Quand je vois des videos de gens manipuler leur trusquin comme une poule qui a trouvé un couteau, c'est toujours un peu gênant...
Pourquoi il ne devrait pas être parallèle à la pointe ?
C'est comme cela sur l'ensemble des trusquins que j'ai pu visualiser sur le web. C'est aussi confirmé par un membre de l'air du bois dans le commentaire lairdubois.fr/...mentaires/63598
Aussi, sur le mien, j'ai remarqué que la clé bloquée mieux quand elle était perpendiculaire à la pointe (ce qui peut se comprendre très simplement mécaniquement).
Je ne penses pas que la façon dont tient le trusquin dneis n'empêche de faire ce que tu dis.
Tous cela pour dire qu'il y a certainement plusieurs écoles pour tenir un trusquin (comme le montre la photo prise du livre Despicht et Cancalon.).
L'essentielle étant certainement de bien appliquer le plateau contre le morceau de bois.
Oh moi tu sais, je m'en balance un peu beaucoup, de la manière de tenir un trusquin ou si la clé doit être parallèle ou pas... ;)
Je dis simplement ce que je sais, ce que savait mon grand-père et ce que savait mon père, qui étaient des professionnels du bois (modeleurs), donc des gens qui savaient comment tenir leurs outils et qui n'avait pas appris en regardant des youtubeurs sur leur téléphone... ;). Quand on leur demandait pourquoi ils faisaient comme cela, ils répondaient que "c'est comme ils avaient toujours fait", pas "parce que je l'ai vu sur internet"... ;) ;) ;):
Et si j'en parle ici, ben, c'est pour partager ce qu'on m'a appris. Et parce que je me suis aperçu que leur manière de faire était bien celle qui était la plus efficace et qu'ils avaient raison. Mais je n'impose rien, bien sur. Libre à toi de m'écouter ou pas et de trouver toi-même ton chemin, Petit scarabée :)...
En ce qui concerne la position de la clé, comme déjà dit, j'ai des trusquins qui sont parallèles, d'autres perpendiculaires. A priori, y a pas de règles, ils tiennent aussi bien, dans une position ou l'autre. Et dans les deux cas, on peut les tenir en main comme je les tiens, avec le pouce en dessus, et les autres doigts en dessous... Voila voila :)
Et bien pas moi vu que personne ne m'a montré ça (donc merci pour ton partage).
Roohhhh c'était mieux avant, il y avait pas besoin de se poser de question ;)
Plus sérieusement j'avais testé ce que tu avais indiqué mais je n'y arrivais pas avec la pointe parallèle à la clé. J'ai pourtant pas une petite main.
Je vais re tester ce soir en rentrant du boulot, et j'en profiterait pour publier mon outil.
Je confirme, mon pouce est trop petit pour venir normalement sur la tranche du trusquin. Il faudrait que le plateau soit moins large.
Tiens au final sur cette photo, ils ont bien tous la clé perpendiculaire à la pointe. Du coup il faut juste plier le poignet un peu plus c'est cela ?
EN effet, il vaut mieux que le plateau ne soit pas trop large. Il faut qu'il fasse la largeur de la paume, ou un peu plus. Si c'est trop grand, c'est trop lourd.
La manière de tenir le trusquin me vient d'un pote ébéniste.
A vrai dire, je pense qu'il y a plusieurs manières qui focntionnent (d'ailleurs je ne fais pas comme dans le bouquin [3] que je cite !).
1-
Je pense qu'avant tout il faut que la prise en main soit agréable, et comme je l'ai taillé sur mesure de ma propre main, pour la manière avec laquelle je l'empoigne, et ben ça tombe plutôt bien dans ma paume. Bref, ergonomie de l'outil.
2-
Et il faut qu'il soit facile à régler d'une main, d'où le système de clé et ensuite la dextérité de l'utilisateur qui va taper le trusquin sur une surface dure:
tout cela d'une main, c'est ça qui fait la magie du truc
Kentaro
Pour l'aspect brut du trusquin, c'est mon côté minimaliste / tir au flan / juste -suffisant. Si certaines surfaces ne sont pas fonctionnelles, pas besoin de s'acharner dessus.
Et puis ça garde un peu de l'histoire de cette planche en iroko récupérée lors d'une sortie kayak en mer (faut dire qu'on trouve de tout !).
Belle réalisation. On se rend vite compte qu'un trusquin, c'est aps suffisant, deux non plus et trois, ça reste juste...
Et merci de la doc fournie avec.
Merci.
J'adore les livres, d'autant plus s'ils sont beaux et j'aime faire de la bibliographie. Alors je me documente et je partage :)
dneis ça tombe bien, j'aime bien quand c'est documenté/justifié par des livres, surtout anciens !
+100
Joli trusquin, je remplacerais la lame de scie sauteuse par une section de lame de scie à métaux taillée en pointe à double tranchant bien affûté et j'en profite pour te dire que c'est impeccable également pour les racloirs de formes et mini racloirs!
je pensais avoir répondu, mais j'avais eu un bug! belle récup de la lame!!! comme Kentaro, j'aime aussi ce côté brut. Bravo! cela va m'inspirer pour le mien...