Bonjour à tous,
Voici une petite création qui a toujours son intérêt par elle même, à savoir l'aménagement d'une sous pente. Anciennement de simple portes coulissantes fermaient l'accès à un placard qui n'en avait que le nom, car il fallait ramper pour accéder au fond. Bien évidemment ce n'est pas pratique, et très vite on se trouve avec un tas d'affaires en bazar ou simplement beaucoup d'espace perdu. On peut également très bien avoir les deux à fois !
J'ai donc choisi d'équiper ce volume avec de grands tiroirs. Leur usage est double puisqu'il permettent, premièrement, comme tout tiroir de stocker des choses ordonnées sur plusieurs niveaux et plusieurs largeurs, mais surtout ils permettent ici d'approcher le contenu du tiroir vers l'espace où il y a plus de hauteur et où l'on peut se tenir debout. Compte tenu de la pente du toit de 23° environ, évidemment la longueur disponible est immense pour une hauteur de "placard" donnée.
Par souci d'économie, de disponibilité de tels produits et de petit défi intéressant à partager, j'ai alors décidé de réaliser les glissières de 2m de long par moi même, avec rien d'autre que du petit matériel de travail du métal (forêt et scie ou meuleuse d'angle, le poste à souder est très accessoire, l'usinage complètement absent) et des fournitures très standards, pour un rapport qualité/prix défiant toute concurrence. Mon cahier des charge, certes rempli un peu à l'intuition et l'empirisme, était de pouvoir supporter 50kg la conscience tranquille quand le tiroir est en pleine ouverture. Je précise que le rapport qualité/temps passé n'était pas réellement un critère puisque je ne suis pas professionnel et que je ne dois pas utiliser mon temps de manière rentable.
Je passe assez rapidement sur la conception et la réalisation de toute la structure qui est composée de 4 flancs en contreplaqué de 18mm, fixés au sol, au plafond et pour celui le long du mur sur celui-ci. J'ai réalisé tout cela à l'atelier assez loin de l'appartement, donc je voulais des moyens de réglage sur place. J'ai donc des cavaliers maisons qui peuvent être fixés librement (à part leur alignement) sur le plafond ou le sol, avant de visser les flanc dessus de part en part. On les voit au plafond sur la photo ci-dessous. Quand un flanc est fixé par deux position au sol, une au plafond et une dans le fond, ça n'a plus envie de bouger. L'espacement entre flancs est donné par des écarteurs en CP eux-aussi découpés tous à la dimension voulue.
L'habillement de la structure est fait par un cadre en chêne fixé à celle ci par l'arrière sur les différents écarteurs affleurant en façade. Il se trouve que les 2 tiroirs les plus en bas à droite ne peuvent pas être montés en ligne droite à cause du garde corps, j'ai donc juste dû subtiliser l'assemblage du cadre pour que les traverses au-dessus de ces tiroirs soit installées après.
Venons-en aux glissières plus originales et qui j'espère, pourront en inspirer parmi vous. Leur principe est somme toute conventionnel et décrit par les deux schémas en coupe ci-dessous. Ce qui est en bleu est fixe, ce qui est en rouge est mobile.
Ce passage, décrivant les schémas, est plus technique et n'intéresse sans doute pas tout le monde, rendez-vous en bas de ce pavé si c'est votre cas .
Une glissière consiste principalement en un profilé en Té de 30mm fixe attachée au flanc et une cornière de 30mm mobile. Le tiroir est porté et laissé libre de glissement par des roulements les plus standards possibles, disponibles très aisément en commande sur internet ou votre quincailler mécanicien préféré. Les profilés acier sont vissés dans le CP, les roulements sont fixés par des tirefonds de 8mm. Les roulements sont décalés du flanc et du tiroir par un jeu de rondelles (il serait plus élégant d'avoir de belles entretoises mais on a interdit tout usinage dans les règles du jeu ).
Un roulement de tête fixe, attaché au flanc, le plus proche possible de la façade porte la cornière du tiroir, et donc ce dernier, en façade. DEUX roulements de fond, attachés au tiroir, le plus proche possible de son fond arrière, encadrent le Té fixe. Celui du haut porte le tiroir quand celui-ci est en position plutôt rentrée, où l'équilibre des masses fait qu'il pose dans le fond. Celui du bas retient le tiroir quand celui-ci est en position sortie, où l'équilibre des masses le ferait basculer. Attention, dans cette situation, le roulement fixe de tête porte tout le poids du tiroir PLUS une force d'anti basculement. Ce roulement de tête est donc largement plus sollicité que les roulements de queue, entre 3 et 4 fois plus en ordre de grandeur. Ainsi, si le tiroir est chargé à 50kg, soit 25kg par glissière, il faut que cet assemblage de tête supporte une centaine de kg par roulement et par tirefond. Dans mon cas il est dimensionné un cran plus gros, mais surtout le tirefond qui le fixe au flanc prend dans un renfort de flanc du côté opposé. La présence de ce renfort impose donc que le montage de la glissière de l'autre côté du flanc est organisé tête-bêche pour que tout cela ne se télescope pas.
Sur le schéma latéral, les petits points représentants les vis de fixation des profilés ne sont pas mis aléatoirement, surtout pour le Té fixe. Pour commencer par la cornière mobile, pour limiter l'arrachement des vis sous l'effet du poids (créant un moment sur l'arrête supérieur de la glissière, il faut que les vis soient les plus proches possible du profil horizontal de la cornière. Cela s'applique aussi pour le Té mais c'est plus facile puisque pour chaque moment de basculement du Té, on met les vis du côté opposé pour leur donner plus de résistance, comme dessinné. On peut donc mettre une grosse densité de vis "sous" le Té proche de la façade et rien au dessus, et vice versa au fond. Histoire de finir de ranger tranquille sans avoir peur pour ses orteils, les glissières sont collées à la bi-composant au moment du vissage. Je crois que le CP se délaminera avant qu'elles ne lâchent.
Pour limiter tous ces arrachements et la flexion sur le tirefond du roulement, là encore j'ai porté attention à certaines choses. Les rondelles sont utiles pour augmenter la raideur et la résistance en flexion côté flanc. Pour limiter l'arrachement des profilés acier, il faudrait que les roulements soient le plus proche possible du CP correspondant, mais pour limiter la flexion du tirefond il faut faire l'inverse. J'ai donc mis ça plein centre.
Toute cette conception impose de laisser au moins 1/4, voire plutôt 1/3 pour limiter les efforts, de la longueur du tiroir non-sortie pour le porter. C'est le cas pour mes tiroirs inférieurs, mais les tiroirs supérieurs sont un peu plus subtils. Comme ils atteignent la pente du toit, leur fond est tronqué. J'ai décidé de condamner cette zone tronquée qui ne serait pas pratique, et qui sert donc uniquement à porter (enfin empêcher de basculer le tiroir. Ainsi c'est une "fausse" sortie totale du point de vue de la cinématique, mais le contenu rangé est bien à sortie totale.
Je me suis posé la question de savoir s'il faudrait des guidages latéraux ou si tout cela aurait gentiment envie de rester bien centré . J'ai donc prévu des roulettes de guidage latéral, des machins en plastique bon marché, elles n'ont pas grand chose à faire. Je vous fais gagner du temps, c'est carrément indispensable oui, et même à ne pas négliger car c'est ce qui fait toute la glisse du tiroir ou non. J'ai fait ici une erreur : le guidage mobile sur les tiroirs devrait être le plus au fond possible pour augmenter la distance et la précision de guidage. Je l'ai mis au niveau où le tiroir à sortie non-totale s'arrête car les roulettes remplissent le rôle de butée sur les débordement de la façade. Il aurait fallu faire cette butée en vissant des arrêts sur les flancs pour que les roulettes puissent être au fond.
J'abrège et espère retrouver ici ceux que j'ai perdu par des disgressions mécaniques qui ne les inspiraient pas, pour quelques photos de détails de la réalisation.
J'ai bien sûr fini le tout en posant des façades à panneau peint, et une étagère à livres qui comble avantageusement le dernier volume trapézoïdal dans lequel de toute façon on ne pourrait pas faire de grand rangement.
Pendant qu'on est à faire du fait maison, j'ai déclaré qu'aucune poignée du commerce n'était satisfaisante. Soit carrément moche, soit en hêtre qui à mon sens ne doit surtout pas être esthétiquement associé au chêne, soit hors de prix. Je les ai donc réalisées moi même mais je vous fais grâce du détail, certaines sont bien plus intéressantes sur l'ADB.
Mon retour d'expérience est le suivant:
- bien sûr, l'objectif premier du projet est rempli. Remplacé un placard en vrac par des tiroirs sous pente est une très bonne idée
- une glissière me coûte environ 35 euros, en achetant les fournitures intelligemment.
- les glissières sont ultra-solides. J'en veux pour preuve la photo de démo que j'ai faite sans avoir peur au moment de monter dedans. Au moment de sortir j'ai eu peur mais c'est parce que je n'avais pas réfléchi auparavant qu'il est très délicat de sortir à pied d'un tiroir sans que le sol ne se dérobe sous vos pieds
- les glissières fonctionnent entre bien et très bien. La différence étant la subtilité de réglage qu'il ne faut pas cacher. En effet, pour que le concept marche mieux, lire les points suivants.
- pour que le guidage latéral fonctionne, il faut que les largeurs soient parfaitement garanties sur toute la longueur. Et là, mes écarteurs sont trop légers, il faudrait avoir des plans complets. Ceci dit, si j'avais eu des plans complets, je ne sais pas comment je serai allé visser tout ce qu'il y a à installer dans le fond...
- évidemment, il faut être ultra rigoureux sur toutes les coupes de largeur, et sur les perçages pour les tirefonds qui doivent être parfaitement perpendiculaires aux surfaces, comme tout tiroir me direz vous. Certes, mais je crois que les (vrais) fabricants de glissières arrivent à nous faire des produits de qualité qui sont finalement assez tolérants. Dans mon cas, l'adhérence roulement/profilé ne pardonne pas et pousse le tiroir d'un côté ou de l'autre assez fortement à la moindre erreur de parallélisme. Et sur 2m de long, c'est facile de faire un peu d'erreur
- la pente de fermeture finale marche bien mais est possiblement optionnelle. En tous cas si vous la faites, ne négligez pas le fait que ça fait déverser les façades de tiroir par rapport au cadre. J'ai dû tout caler sur mesure et me suis bien découragé avec ça car je ne l'avais pas anticipé...
- c'est long, très long à réaliser. Il y a pas loin d'un jour de travail rien que pour faire tous les perçages (tous les 10cm) dans les profilés à la perceuse à colonne. On peut sans doute optimiser mais il est très clair que c'est à exclure pour les pros qui comptent leur temps, ou alors il faut passer par des mécaniciens bien équipés pour la réalisation des glissières.
... - Je laisse les ambitieux proposer la version à véritable sortie totale, j'ai griffonné des choses théoriquement faisables mais qui deviennent difficiles à mettre en oeuvre je crains
En espérant que ça vous aura plu et que ça pourra être utile ! A bientôt pour toutes les autres idées d'aménagements exigus, originaux et globalement d'optimisation d'espace et d'usage dans un appartement aux volumes atypiques !
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