Restauration ou création?

Ce meuble là date un peu, il est de 2014. Pour ce qui est de mon intervention, bien sûr, pour le reste, il date beaucoup plus ;-)

A ce moment là, je faisais beaucoup de restauration de meubles anciens, et en parallèle mes créas. L'aller-retour était sympa, quand je voyais un montage particulier sur un ancien ça me donnait une idée pour une créa.
J'avais trouvé le pied de machine à coudre à la décharge. La machine manquait, mais il restait le système de coulissage du tiroir (mais pas le tiroir) sur le piétement, en piteux état. Je trouvais ça triste de le voir dans la benne, ça me semblait tellement symbolique de notre époque, de notre société qui envoie le passé à la benne. A la fois, cet objet n'était plus adapté à nos modes de vie, et je ne suis pas passéiste, c'est comme ça. Je ne déplore pas que la profession de tailleur de silex ait disparu. C'est comme ça, ce n'est plus adapté, c'est tout. D'autres choses apparaissent, ça évolue.
Je ne suis pas non plus très adepte de l'"upcycling", souvent je trouve que cela s'apparente à un paradoxe mêlant la nostalgie d'un passé révolu à la destruction d'un objet ancien (ce qui heurte la susceptibilité de mon neurone de restauratrice de mobilier) Mais bon, chacun fait ce qu'il veut.

Bref, j'avais ce pied de machine à coudre qui trainait dans un coin de l'atelier, et à force de faire des allers retours entre créa et restau, j'ai eu envie de creuser la question avec ce meuble. Sa fonction n'étant plus actuelle, je décidai de la changer, tout en restant au plus près de sa fonction originelle, et donc d'en faire une simple table d'appoint. Je me mis donc à réfléchir au plateau. Initialement, il était plaqué. J'ai beau être ébéniste, j'aime bien le massif. Alors j'ai choisi de le refaire en chêne. Par contre, pour ce qui est du montage et de la construction, il est en tout point semblable à l'original. Parce que ça amenait de l'eau au moulin de ma cogitation sur la restauration et la création, et surtout parce que j'aimais bien ses proportions (le tiroir unique à droite donne du nerf à la composition en rendant le meuble asymétrique, et rééquilibre le décalage entre la faible épaisseur du plateau et la forte présence graphique du piétement). Aussi, le coulissage du tiroir me plaisait bien.
Les coulisses sont suspendues au plateau et ont une feuillure interne, ce qui fait que le tiroir est guidé par les contreparements de ses côtés.

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Techniquement, rien que du très simple, mais j'ai eu beaucoup de plaisir à penser puis réaliser ça. Le petit détail final, c'est la bobine de fil ancienne dont je me suis servi pour faire le bouton du tiroir. Clin d'oeil supplémentaire au passé du piétement.

Ah oui, et zéro quincaillerie du commerce (si, 4 vis pour fixer le tout sur le piétement), et ça, j'adooooore!

J'avais envie de partager ça ici parce que, tous, j'imagine, on pense beaucoup, tout en faisant nos copeaux, et c'est là un grand charme de nos métiers, à mon sens