Réalisés en stage.
Le chef d'atelier m'a dit "il faut refaire des tréteaux à l'identique de ceux qu'on a déjà et qui commencent à vieillir. Tu prends les mesures et tu fais une épure. Si tu as besoin, tu demandes."
Donc, étape 1 prise de mesures, puis traçage de l'épure.
Afin d'arriver à la fiche de débit.
Puis débit (avec le collègue chargé du... débit).
Et corroyage.
Ensuite, on relève sur l'épure la jonction haute entre les deux montants.
Débit à la scie à ruban, on fignole la première paire, pour voir où on va et s'en servir de gabarit pour le traçage des suivantes.
A cette étape, je commence à établir les bois pour conserver les paires qui seront au fur et à mesure usinées ensemble pour la suite.
Attention à conserver les chutes qui seront utiles plus tard.
L'étape suivante consiste à mortaiser les montants qui recevront les liens.
Mortaiseuse à chaîne.
Après les mortaises, c'est au tour des tenons d'êtres usinés.
Le tout est sur la pente des montants.
Donc le plateau de la mortaiseuse a été incliné et j'ai longuement pris le temps de régler la côte de joue afin d'être pile poil au milieu, ce qui me permet de travailler par retournement.
Evidemment, l'arasement des tenons est également de biais. A cette étape, il faut être bien concentré pour ne pas usiner dans le mauvais sens.
Une fois fait, il est possible de monter chaque pied pour bien visualiser l'emplacement du trou à forer pour la tige filetée qui maintient la partie haute.
*Anecdote : j'ai bricolé un gabarit pour percer droit, j'ai essayé plusieurs techniques... bof.
Dans cet atelier, on fabrique essentiellement des fenêtres et portes fenêtres. Pour percer le jet d'eau on perce sans gabarit, à la perceuse à main, en "visant" le doigt derrière la traverse et le jet d'eau qu'on place à l'endroit où le forêt doit déboucher. C'est plutôt efficace et c'est finalement la méthode qui a été la plus précise.*
Je n'ai percé qu'un seul montant du pied et je me suis servi de chaque montant percé pour servir de guide pour percer le deuxième montant de la paire. Comme ça, les trous sont systématiquement en face les uns des autres sur chaque paire.
Et on finit pas un montage à blanc, après avoir coupé de longueur les pieds.
Enfin, il reste à faire les mortaises sur les liens et les tenons sur les traverses basses.
Tout est droit donc c'est assez facile.
J'en ai profité pour utiliser et surtout régler la mortaiseuse Alternax.
Ensuite montage à blanc des 4 tréteaux.
Là, le chef d'atelier me demande un chanfrein à la toupie sur les traverses hautes.
Et évidemment collage.
D'abord les pieds (en enserrant une cale de même section que la traverse haute).
Je vous avez bien dit que les chutes seraient utiles ! ^^
Puis les traverses hautes.
Léger ponçage et surtout cassage d'arrêtes.
Et livraison au client final.
16h00 de boulot. Ça reste pas super rapide.
Grosse fierté tous les pieds ont été coupés de longueur suivant l'épure. D'abord un puis le autres ensuite ensuite avec une cale à la radiale. Ils sont tous parfaitement stables du premier coup, aucune retouche n'a été nécessaire.
C'est la première fois que ça me fait ça.
Voici quelques photos de famille en situation et avec les ancêtres.
Discussions
Ils sont longs Ils n'ont pas l'air destinés à des charges lourdes, mais un croisillon de contreventement ça rigidifie sévère, et ça évite que le reste des assemblages balent dans le temps.
Niveau temps, c'est faisable en moitié moins En tout cas c'est que j'ai mis pour les miens, corroyage machine, assemblages/tronçonnage à la main. Tout ce qui est en angles comme ça, si pas 40 assemblages à faire, je suis pas sûr que ça vaille bien le coup de pointer les machines.
Oui mais ça faisait partie de l'exercice. Par exemple, l'alternax c'est chiant à régler. Pour 4 mortaises, ça vaut pas le coup. Mais au lycée on n'en a pas, c'était vraiment l'occasion.
Sinon, on mets les ouvrages à vitrer dessus. Suivant la taille on en rajoute des tréteaux. Mais on met les portes cochères là dessus aussi.
Il n'y a pas d'effort de cisaillement et plus c'est lourd, moins ça bouge.
Sinon, ils font 2 m de long. Souvent c'est juste suffisant pour la porte fenêtre fermée.
Si on doit maintenir les ouvrants ouverts mais en bois, on rajoute des tréteaux pour les soutenir.
Exemple, les fenêtres de l'Hôtel de Ville de Rouen, ou de l'Hotel Dieu de Vire.
Tu dois connaître ;-)
trente six seb dans tous les cas, tu peux mettre soit une croix de Saint André, soit des liens qui relient les traverses basses avec le milieu du sommier pour contreventer et répartir la charge, si celle-ci est centrale sur le sommier.
En fait ils utilisent ces tréteaux depuis... fiouuuuu et ça tient. Ils en rajoutent si les assemblages étaient moyens et que ça commence à fatiguer.
La plupart des vieux n'en ont pas. J'avais pour instruction de ne pas en mettre.
Il n'y a pas d'effort de cisaillement sur ces tréteaux.
trente six seb j'ai effectivement vu ce modèle dans quelques ateliers, c'est super costaud et très pratique. Idéal pour les finitions sur double battantes par exemple.
Oak oui c'est l'essentiel du job qu'on fait dessus avec le vitrage.
Bravo pour tes tréteaux XXL
Merci. Seul défaut pour moi : ils ne sont pas empilables. Mais dans le cas présent, ça n'a pas d'importance.
trente six seb tant qu'il y a de la place pour les stocker ! Ou encore en faire une table d'appoint avec un panneau, quand tu ne les utilise pas.
En fait les tréteaux prennent moins de place que les pièces traitées habituellement.
Ils ne travaillent presque jamais sur un panneau. Des lambourdes sont vissées à tous les établis pour les élargir et soutenir les ouvrages.
Quand je disais pour moi, c'était en utilisant le possessif : je n'ai pas la place.
Ah, ok
très beaux tréteaux! Très tôt
Pour un début, tu commences bien. je ne ferai pas de commentaire sur la longueur ou la résistance u le dessin des tréteaux. Ce n'était pas dans l'énoncé: faire deux téteaux identiques à ceux qui existent. Alors, bravo, épreuve très réussie
merci :)
chouette boulot
Merci. Oui c'était sympa à faire.
Très beau!
C'est marrant, ce n'est pas forcément le qualificatif le plus fréquent, voire le plus adapté à ce type de réalisation. Mais il fait plaisir, merci.
Et c'est vrai qu'on retrouve un semblant de charpente dans cette construction et que, finalement, c'est vrai que ça peut être joli.
La dernière fois que je suis retourné dans cette entreprise, j'ai eu la désagréable surprise de découvrir qu'ils étaient devenus bancals. On m'a avoué qu'ils avaient été oubliés une semaine dehors, en hivers, sous la pluie.
Ah mince! Quant à mon qualificatif je le maintiens: ce qui est beau c'est ce qui assume sa fonction de la manière la plus élégante possible et sans détour. Tu as de très belles considérations sur ce sujet dans les entretiens sur l'architecture de Viollet-le-Duc (sixième entretien, page 182 de l'édition d'origine). Il y parle du véritable style, celui qui va directement et efficacement vers sa fonction, en prenant pour exemple un vase et l'évolution progressive de sa forme, qui peu à peu s'éloigne de sa stricte fonctionnalité.
Sa bibliographie est assez fournie et je ne suis pas encore tombée dessus. Dans histoire d'un dessinateur, il aborde ce sujet aussi. Mais je me note d'aller chercher ces entretiens. Merci de la piste.