Ouvrage s’inscrivant dans un ensemble de neuf tomes constituant eux-même la collection « L’Art appliqué aux métiers » et dont la publication a été initiée par Lucien Magne en 1913 et terminée par son fils Henri-Marcel en 1933.
Bien que seuls deux tomes de cette collection soient directement relatives à la matière bois, les biographies des auteurs et le bain culturel de leurs temps me semblent essentiels à connaître tant ils sont les fils spirituels directs d’architectes comme Viollet-le-Duc ou Abadie.
L’entièreté de la collection, disponible sur Gallica donne aussi une bonne étendue du savoir de cette époque et de sa volonté de diffusion, dont on gagne à retrouver le désir d’englober un ensemble en se gardant de se perdre dans trop d’immensité.
I. Décor de la pierre, Lucien Magne,1913 ;
II. Décor de la terre, Lucien Magne, 1913 ;
III. Décor du verre : gobeleterie, mosaïque, vitrail, Lucien Magne, 1913 ;
IV. Décor du métal : le fer, Lucien Magne, 1914 ;
V. Décor du métal : le cuivre et le bronze, Lucien Magne, 1917 ;
VI. Décor du métal : le plomb, l’étain, l’argent et l’or, monnaies et médailles, Lucien Magne et Henri-Marcel Magne, 1922 ;
VII. Décor du bois : charpenterie et menuiserie, Henri-Marcel Magne, 1925 ;
VIII. Décor du mobilier : meubles et sièges, Henri-Marcel Magne, 1928 ;
IX. Décor du tissu : soieries, broderies, tapisseries, tapis, Henri-Marcel Magne, 1933.
Henry Havard (1838-1921), auteur extrêmement prolixe dont les ouvrages sont majoritairement disponibles sur Gallica et mériteraient d’avoir presque tous une fiche sur le présent site...
Collection « Les arts de l’ameublement » (sur Gallica)
- La menuiserie.
- L’ébénisterie.
- La serrurerie.
- La céramique (fabrication).
- L’orfèvrerie.
- L’horlogerie.
- La tapisserie.
- La verrerie.
Dictionnaire de l’ameublement et de la décoration : depuis le XIIIe siècle jusqu’à nos jours.
Histoire et philosophie des styles (architecture, ameublement, décoration).
Un énorme merci à trente six seb pour la publication de cette fiche ... que je prévoyais de faire moi-même un jour, en ce lieu, ... avec hésitation au pesé de la difficulté à se procurer cet ouvrage, devenu aujourd’hui parfaitement introuvable.
Ce cahier fut, au début de mon apprentissage, une mine de lumières et de joies, dans cette débauche de savoir nouveau dont tout découvreur de métier devrait être friand. Nous n’avions pas, alors, jusqu’à l’idée-même de ce que pourrait être le Web, dans les années qui suivirent. J’étais véritablement impressionné par la méthodologie enseignée dans ce texte et, alors que je n’étais absolument pas compagnon (au sens de devoirant), c’est lui qui m’a poussé à écrire ma première monographie, elle-même traduite en HTML (pur...) huit ans plus tard...
Je retrouve aujourd’hui une de mes notes personnelles, relative à l’évocation de la bibliographie finale, et écrite de ma main à la fin de l’avant-propos introductif où il se trouve un peu de place pour râler, comme on le fait quand on est encore un peu jeune :
« Bibliographie qui présente toutefois l’inconvénient d’un trop grand nombre d’ouvrage publiés à la fin du XIXe siècle et donc uniquement consultables à la Bibliothèque Nationale »...
Plus de trente années ont passées depuis l’écriture de cette note manuscrite. Et tout est devenu tellement si facile... Une simple recherche sur le site Gallica montre à quel point on est plus que comblé ; on est littéralement gavé. Si on télécharge tout ce qui est nécessaire pour avoir une grande culture ouvrière, cela ne prend qu’une toute petite place de nos disques durs contemporains. C’est là tout le paradoxe d’un texte, qui laissait alors imaginer que tant et tant de portes pouvaient s’ouvrir, à la condition entendue qu’on les emprunte. Elles sont maintenant largement ouvertes ; mais forme-t-on encore aujourd’hui les apprentis à la rédaction de la compréhension de ce qu’on leur met entre les mains ?
Ce cahier avait le mérite de démontrer à quel point l’écriture n’est pas là pour illustrer une figure de style (qui souvent fait plaisir aux imbéciles administratifs, furent-ils commanditaires), mais bien pour ancrer en soi une compréhension réflective via la communication à autrui qui n’est jamais que la démonstration de la maîtrise d’un sujet. La Librairie du Compagnonnage s’honorerait de republier ce type de cahier, quitte à envisager le mettre à jour, autant pour en corriger les quelques coquilles que ce genre d’ouvrage contient toujours, que surtout, prendre en compte les techniques qui, depuis plus de trente ans, ont révolutionné l’art de communiquer, sinon d’enseigner. Dans cette dynamique, je rejoins aussi, trente six seb quand il regrette que cette étude ne soit pas poussée au-delà du XVIIIe siècle.
Ainsi, le moins que l’on puisse dire c’est qu’accéder à ces pages, évidemment aujourd’hui chez un marchand d’occasions, n’est pas exactement simple. On peut encore imaginer que puisse exister une version PDF, forcément pirate, plus destinée à se perdre dans une masse qu’à enseigner la réflexion qu’elle contient. On pourrait, aussi, imaginer l’ouvrage traduit en pages Web, à fortiori parce que le sous-chapitre le plus important du cahier est formée d’un énorme tableau synoptique, dont la lecture ne serait pas malaisée sur écran, pour peu qu’on lui ajoute une pincée d’hypertexte ; ce qui ne relève pas, je crois, d’un effort surhumain.
Pour le reste, tout est une question de droits, purement juridiques, comme on les pratique beaucoup aujourd’hui. Parce que, pour les Devoirs, il apparaît souvent que l’on puisse se souvenir de temps, passés, ceux-là même qui nous inspirent ce brin de nostalgie dont on aimerait, encore, pouvoir se passer.
Pure merveille pour qui travaille sur de la restauration ou de la reconstitution de mobilier XIXe. Ouvriers connectés aux M. H. (Monuments Hystériques) : bienvenus. Ça n’est pas moins de 1670 pages étalées sur dix années qui sont disponibles sur Gallica. Cela regorge de plans et de gravures parfois reprises d’autres sources mais toujours de grandes qualité. Sur les dix années disponibles, il y a un volume par an. Entre les planches et le texte, en fin de volume, se trouve une « Table alphabétique des matières ». Cette table est numérisée et cliquable depuis le menu de gauche de l’interface de Gallica.
Se remémorer que ce sont là exactement les dernières années de la vie d’un certain Viollet-le-Duc. On s’arrête sur l’assemblage ou sur la moulure à chaque page. Une nouvelle essence de bois nous parvient récemment de Floride : le pitchpin ! Et j’en passe ; heureusement.
J’entends sans souci que l’on me fasse remarquer qu’il se trouve une prédominance de mobilier liturgique. Mais il faut aussi reconnaître que l’on y parle encore de portes, de croisées, de devantures, de vitrines et de meubles anciens. Ici comme ailleurs, c’est un bain de culture qu’il m’intéresse de prendre ; on a sans doute, au XXe, trop renié le précédent pour sa pudibonderie ou ses égarements interprétatifs. Il n’empêche ; ils ont laissé de belles choses.
Et je mets au défi n’importe quel périodique actuel d’arriver à cette qualité avec les moyens de l’époque ; une leçon de plus, en somme.
J’avais fait une critique en guise de présentation de cet ouvrage, mais il s’avère qu’elle est trop longue pour le présent site. De fait, il est une bonne chose de savoir rester succinct dans le cadre de ces fiches, sauf à se donner les moyens, si on le juge nécessaire, d’aller publier à un endroit approprié. Pour ma part, c’est donc finalement ici que mes élucubrations ont atterri. Par la foison de liens on pourra, je crois, comprendre qui est cet auteur très particulier qui se cache un peu derrière un masque dont il n’attend que trop qu’on le fasse tomber.
Ouvrage extrêmement riche par ce qu’il apporte aux contemporains que nous sommes de perspectives historisantes, aussi propres à leurs époques que, sans doute surtout, à leur auteur. C’est donc, évidemment, un incontournable dont le Web pallie autant à sa rareté éditoriale qu’à son prix-papier, devenu aujourd’hui exorbitant. Le tome premier est consacré aux Meubles. Le tome deuxième aux « Utensiles. Orfévrerie. Instruments de musique. Jeux, passe-temps. Outils, outillage ». Les tomes troisième et quatrième, aux « Vêtements, bijoux de corps, objets de toilette ». Les tomes cinquième et sixième aux « Armes de guerre, offensives et défensives ».
La matière-bois est si présente aux périodes historiques traitées que cet ouvrage a pleinement sa place dans la bibliothèque de n’importe quel ouvrier, chercheur ou amateur. Sa parution commence en 1858. Mais c’est évidemment les dessins, dont une majorité est de la main-même de Viollet, qui, dans cette somme, presqu’autant que dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française [...] de quatre ans son aîné, sont toujours impressionnants d’aisances graphiques et de précisions du trait. On a peine à croire que la publication des deux dictionnaires ont été menés de front, sachant que l’emploi du temps de l’auteur était pour le moins gavé... À cette époque, Viollet-le-Duc est, certes, parfaitement « installé », c’est-à-dire reconnu comme architecte de référence. On peut donc aisément imaginer le voir entouré de collaborateurs, dont les petites mains n’ont que très peu laissé la trace de leurs noms. Il n’empêche ; c’est aussi exactement dans ces années de publications qu’il inaugurera, entre autres, la flèche de Notre-Dame-de-Paris, aujourd’hui pour le moins regrettée...
De l’armoire d’Aubazine — dont l’incendie ne semble pas encore au programme — à la « Vouge » — dont on peut apprendre qu’elle était « une arme de piéton » — il est acquis que l’écart est plutôt grand... On peut donc, sans trop de honte, s’économiser la lecture des deux derniers tomes. Mais même le tome quatrième possède encore une description de miroir qui ne laisse pas de nous en rappeler l’omniprésence de la matière-bois ! C’est donc autant dans le bain du Moyen Âge, de précoce à tardif, que l’on rentre, que dans son interprétation du XIXe siècle. Il faut le prendre avec la conscience du recul imposé par l’Histoire, sans se départir du respect devant tant d’abondance et de don. Car s’il peut nous arriver, aujourd’hui, de goûter d’autres fruits, ceux-là ne manqueront jamais de nous ravir des saveurs de leurs siècles, dont le tribut est si intense qu’on a peine à concevoir qu’il ne puisse nous procurer, tout de même, la moindre des satiétés.
Gallica (Édition de 1858-1875)
Gallica possède deux numérisations de cet ouvrage. La première est mise en ligne en 2010 ; la seconde, dix ans plus tard. Les liens donnés ici sont de la seconde.
Internet Archive (Édition de 1871-1875)