Ça c'est sûr. Le problème de la cnc, c'est que ça ignore complètement toute notion de geste, et vient introduire une approche numérique et industrielle, donc totalement impersonnelle, dans un domaine où elle n'a rien à faire. Cela avait déjà commencé avec le mobilier bourgeois au XIXe siècle, avec les moyens dont ils disposaient à l'époque, et ça avait fini par stériliser complètement tout style et toute expressivité. Il faut revenir à la singularité de ce qui n'est pas reproductible, mais interprétable, et il vaut mieux un résultat imparfait qui se cherche que la perfection glacée des machines. Le grand crash industriel qui va probablement commencer tôt ou tard vu le contexte, malgré toute la misère qu'il va engendrer, va sans doute nous y aider.
Merci FMJ! Je dois dire qu'au début j'ai été pris un peu de vertige, en me demandant comment j'allais m'en tirer...
dependancesbois, je colle à la colle blanche du papier journal sur un support et la pièce à sculpter de même sur le papier. Il suffit à la fin du travail d'introduire un ciseau à bois entre le support et la pièce, qui se détache très facilement. Un petit coup de ponçage et il n'y paraît plus!
Olivier Vernhettes merci pour ton commentaire: je me sens bien et à l'aise parmi vous grâce à votre gentillesse, c'est suffisamment rare pour mériter d'être mentionné! Les outils électriques me font une peur bleue. J'ai dû en acquérir quelques-uns mais je m'en sers le moins possible. La sculpture n'est pas très dangereuse si on respecte des protocoles élémentaires comme la règle du triangle, avec l'outil qui pointe toujours en dehors, et qu'on a des outils très bien affûtés. La chose à éviter absolument est de tenir d'une main une pièce que l'on travaille de l'autre... accident garanti!
Bonsoir Kentaro. Je parle de ce sujet ici uniquement pour répondre à ta question, en espérant que la modération ne va pas me tomber dessus! Donc: tout ce qui touche à la circonscription la plus juste et étroite possible du domaine de pertinence de la science. Je m'inscris dans une perspective moniste et relationaliste, respectivement à la suite de gens comme Ernst Mach et A.Whitehead, qui débouche sur une critique radicale du formalisme scientifique étroit qui a tendance à tout envahir présentement. Je développe dans ce cadre une ontologie particulière fondée sur la distinction entre les notions de "vrai" et de "vérité", et sur une analyse critique du langage.
Kentaro Merci à toi! Oui je fais des conférences, la prochaine en principe si les conditions sanitaires le permettent début juin à Paris.
Tu ne crois pas si bien dire, car, toutes proportions gardées bien évidemment, je n'ai, pas davantage que Spinoza, de formation académique en philosophie. Je pratique cette discipline avec (presque) autant de plaisir que le travail du bois!
Oak Merci à toi, chêne (c'est comme ça qu'on dit oak en anglais, n'est-ce-pas?), de me rassurer sur ce point! Je peux vous dire que je connais plein de milieux différents, mais je n'en ai jamais rencontré un seul aussi sympathique et agréable que celui du bois, que je ne connaissais pas: je m'y sens bien!
Oak C'est tout-à-fait la vie comme je l'entends!
Bonsoir Folgansky! Ta question n'est pas candide mais très intéressante au contraire. Oui, la machine a non seulement menacé les réalisations d'art, mais les a presque conduits à la disparition, en raison, selon moi, du mécanisme historique suivant: l'essor de l'industrialisation à partir du 18e siècle, qui s'est caractérisé par une atomisation du geste de l'artisan en unités plus petites, fragmentées et contrôlées par des processus mécanisés, a été concomitant, comme tu l'évoques bien, de l'apparition d'une classe bourgeoise dont la prééminence dans les sociétés du 19e siècle a été définitivement fixée par les mouvements révolutionnaires de la fin du siècle précédent. Cette classe bourgeoise se caractérisait par deux éléments principaux: 1) sa volonté d'égaler voire de remplacer les classes aristocratiques qui avaient tenu le haut du pavé jusque-là, sans pour autant jouir d'un héritage culturel et symbolique suffisant pour de semblables prétentions; 2) le fait qu'elle était très sensiblement plus nombreuse que la toute petite - en terme de nombre - classe aristocratique de l'ancien régime. Il fallait donc pourvoir ces nouvelles cohortes en biens et mobiliers de toutes sortes qui devaient à la fois singer les styles anciens et être produits en grandes quantités. Le développement des machines, permettant une reproductibilité quasiment à l'infini de formes nécessairement schématisées allait de pair avec le manque de goût et d'éducation de ces nouvelles classes de parvenus, qui n'y voyaient donc que du feu - avec comme toujours de notables exceptions, bien sûr. Cette classe de parvenus était certes riche, mais pas au point de pouvoir dans sa majorité se payer les services de maîtres artisans, qui ne peuvent quant à eux travailler que dans un temps long, décorrélé du nouveau temps industriel accéléré et rentable. C'est comme cela que l'industrialisation des métiers jusque-là tenus par des artisans a conduit à une dépersonnalisation progressive de leur art, et au risque d'une perte de savoirs-faire qui, au-delà du simple geste technique, portaient sur le sens fin des proportions, de la manière de pousser les détails sans jamais perdre de vue l'équilibre général, et sur des finesses de métier pratiquement impossibles à transmettre autrement que par l'exemple. Il n'y a bien sûr aucun jugement ni dédain dans ma manière d'en parler: je constate juste des faits. Les nouvelles conditions de production de la modernité, qui obéissent à ses impératifs économiques propres, sont dépersonnalisantes, et conduisent irrésistiblement à remplacer les commodes Boulle par des placards Ikea...
Folgansky , je pense que le processus s'est accompli en deux temps. La petite bourgeoisie a constitué une cohorte très nombreuse qu'il fallait pourvoir en objets manufacturés: pour satisfaire une telle demande il y fallait des usines qui ont aspiré nombre d'artisans modestes qui pourvoyaient autrefois aux besoins de l'ancienne classe du tiers-état, à laquelle ils appartenaient d'ailleurs. L'industrialisation croissante des domaines qui étaient auparavant tenus par l'artisanat est indissociable de l'émergence des phénomènes de marché et de la naissance du capitalisme: les propriétaires de ces mêmes industries sont devenus peu un peu extrêmement riches - comme par exemple la famille Wendel, propriétaire des forges lorraines qui pourvoyaient en fonte et en acier l'industrie ferroviaire et l'architecture. Dans le même temps les croyances se sont modifiées et on est passé d'un monde dominé par l'esprit et une certaine forme de spiritualité à un monde profondément matérialiste et sans Dieu, comme Nietzsche l'a bien exprimé avec son "Dieu est mort". Les hommes ne pouvant pas se passer de religiosité l'argent a remplacé peu à peu cette dimension, et la machine a commencé à s'emballer: utilisation de la mode pour démoder au plus vite les productions de la veille et pour contraindre les gens par la persuasion à acheter sans cesse, production bon marché de plus en plus polluante, etc... pour enfin arriver au terme de l'exercice avec notre époque où tu as des multimillionnaires ou milliardaires qui sont de véritables cas psychiatriques, et qui déclarent systématiquement qu'ils ne se sentiront en sécurité qu'en possédant le double de ce qu'ils possèdent déjà, dans un contexte où du fait de cet emballement industriel et capitalistique l'environnement s'est gravement dégradé, comme trente six seb l'indique très justement. Et ce qui a accompagné tout ce processus c'est une perte de connaissances, de goûts patiemment et richement construits qui a transformé lentement mais sûrement la société en un conglomérat de consommateurs sans histoire, ce qui sert l'intérêt du système industriel: Patrick Le Lay et son temps de cerveau disponible pour Coca-Cola...
trente six seb je suis entièrement d'accord avec toi!
dependancesbois je suis entièrement d'accord avec toi sauf, sur ta façon de qualifier tes propres travaux!
kaj ton analyse très synthétique est parfaitement juste, selon moi. Cela dit, je pense que tout va être renversé avant peu: le capitalisme mondialisé va très probablement se casser la figure un jour ou l'autre, et on reviendra à un temps plus long, une reprise en compte d'échelles plus locales. Il est évidemment un peu vain de jouer au prophète, mais j'ai le sentiment que l'artisanat a de beaux jours devant lui.
gabriel4 Merci Gabriel!
kaj Oui, tu l'as dit! Quel délire...
sylvainlefrancomtois oui, et ces jeunes générations ont un urgent besoin de retrouver le plancher des vaches, et un rapport au réel qui leur permette de construire une véritable estime d'eux-mêmes, loin des fariboles que le discours publicitaire essaie de leur faire rentrer dans la tête.
Kentaro je suis très content pour toi que tu t'en sortes au mieux grâce à tout cela, mais je reste très dubitatif sur le modèle de société qui accompagnerait une généralisation de ce que tu décris, encore basé sur un modèle technoscientifique consumériste qui a montré ses limites nutritives...
Goulipao Merci cher Goulipao pour ta gentillesse!
Bonjour José. Oui, j'ai fait plusieurs récitals sur ses instruments, notamment à Saint-Louis-en-l'Île à Paris et à Saint-Julitte à Saint-Cyr-sur-Loire, qui sont ses deux instruments que j'ai préférés pour ma part. Ses claviers sont souvent plaqués en bois, c'est vrai. Tu as donc une formation de facteur d'orgues?
Cher Gliron, j'entends en lisant ton texte une musique dans laquelle je me reconnais parfaitement. Je crois que nous habitons la même contrée, comme d'ailleurs tant de personnes ici!
Le magnifique quatrain de Silesius que tu cites correspond trait pour trait à la définition parfaite d'un sujet authentique (Je, opposé à "moi"): disponibilité au monde et aux autres, comme dans l'Ancien Testament le "Hineni" - "je suis là" ou "me voici" - des prophètes, à l'opposé du tout-à-l'égo, comme dit Régis Debray, favorisé par la "culture" mainstream, dont il forme une des armes de persuasion les plus efficaces, suivant en cela l'enseignement du grand ancêtre du capitalisme le plus sauvage, Mandeville. (pour ceux que ça pourrait intéresser, voici une remarquable conférence sur la question, donnée par un des philosophes les plus intéressants du moment selon moi, Dany-Robert Dufour:
youtu.be/goYIG9IQv44 )
Ara je trouve que tes remarques sont justes. Je crois qu'il ne s'agit pas de dire que "c'était mieux avant", mais bien plutôt de signaler ce qui ne va pas maintenant pour tenter de l'améliorer. Ce qui s'est déplacé, ou même a disparu, c'est l'horizon symbolique qui avait malgré tout l'insigne avantage de donner un sens à la vie des gens au milieu de toutes les difficultés à traverser - ce qui caractérise à toute époque une vie humaine. Le problème de la nôtre est qu'elle est fondée sur la citation de Madame de Pompadour "après nous le déluge", ce qui est une autre façon de formuler " nous sommes les premiers" ou "avant nous il n'y avait rien". Or la vie est un pont lancé d'un point d'appui ancré dans le passé vers une rive incertaine qui se conquiert par le désir et non par la volonté, ce que notre époque semble oublier. Ce n'est pas sans conséquences dans de nombreux domaines: écologie (les meubles IKEA puis Intériors finissent souvent à la décharge...) pédagogie (état critique de l'EN qui n'est plus à démontrer), psychologie (détresse psychique et psychasthénie chronique des plus jeunes)... et on peut continuer cette liste grise longtemps comme ça. Je crois que nous pouvons avoir plus d'ambition, et il ne faudrait pas gratter bien loin pour trouver mieux!
dependancesbois, d'accord avec toi!
Gliron je suis allé regarder ton parcours, riche, vivant et authentique. Je ne comprends que trop bien ton désir de revenir en deça des mots...
(Au fait: la maladresse n'est pas une fatalité, ce n'est qu'une question d'attention et d'anticipation: tout se travaille, et tu as déjà de très belles réalisations à ton actif!)
Ara Et oui, Ara, j'habite dans un petit village de 600 habitants dépourvu de tout commerce - pas même une boulangerie - à 10 km de la petite ville la plus proche. Me rendre à Paris pour acheter mon matériel est une expédition déraisonnable, surtout depuis les dernières mesures prétendument écologiques prises par l'actuel maire...
Alors comme je sais que les employés Amazon se font sordidement exploiter, je leur donne systématiquement un solide pourboire quand ils viennent frapper à ma porte. Je serais tenté de dire que ne pas avoir recours aux services du net devient presque un luxe de notables...
Gliron, je bois ce que tu dis comme du petit-lait! Le problème du langage est qu'il tend à se désarrimer de son ancrage référentiel, qui ne peut résider qu'au sein d'une conscience pleinement vivante tendue vers le monde et vers les autres. Cette tension et cette vie ne peuvent en aucun cas être enfermées dans quelque livre que ce soit: c'est notre dimension incarnée qui nous donne accès au référent, pendant que notre esprit à tendance à s'envoler loin du réel. Je ne comprends que trop bien ce que tu dis à propos du glissement du rabot sur le bois, et tu as parfaitement raison quand tu assimiles les réalisations des uns et des autres à un discours, car c'en est un!
Bonjour Etienne. Vous avez raison, mais j'ai eu à souffrir d'accueils pour le moins contrastés dans certains milieux qui ne comprenaient et n'acceptaient pas cette diversité d'intérêts: je suis prudent depuis. Mais l'accueil est ici formidable et vous êtes nombreux dans ce cas, ce qui est bien agréable.
ourea je le sais, je l'ai vu et compris rapidement! Je viens d'aller jeter un œil rapide sur la section blog: il faudrait suggérer aux responsables de notre pays d'aller y faire un tour pour voir ce que c'est que diriger vraiment...
José Das Neves Tu as fait un tour de France? Ça doit être une formidable expérience!
Bonsoir ebenober,
Cet instrument appartient à un collectionneur particulier. Il se trouve présentement et provisoirement exposé au musée de Provins et du Provinois.
Mais dis-moi tu as l'air de t'y connaître! Harmoniser est le terme juste pour la dernière opération effectuée sur un orgue avant accord. On ne fait pas cela avec un diapason mais avec un petit marteau, diverses lames, couteaux et tiges, mais là je rentre vraiment dans le détail!
ebenober Ah oui je comprends la situation est atroce en ce moment. En France tous les concerts sont arrêtés ou quasiment, ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays européens comme l'Allemagne, où je dois partir bientôt. Quel type de musique chantez-vous?
Non, je ne l'ai jamais joué. Tu qualifies parfaitement le style des buffets de Bernard Aubertin en parlant de "baroque revisité". Sans nier le talent de dessinateur qui est le sien, je suis pour ma part assez réservé sur la portée expressive réelle d'une semblable esthétique... (je peux argumenter longuement sur la question, qui se pose également dans plein d'autres domaines)
trente six seb Le sujet est vaste, mais en gros, une civilisation en pleine santé ne se pose jamais la question du style. Elle répond à des impératifs immédiats liés à la nécessité, ce qui a pour conséquence l'émergence d'un propos (ce qui est dit ou fait), d'une adresse (à qui c'est dit ou pour qui c'est fait) articulés à une fonction (en vue de quoi c'est dit ou fait). Lorsque cette civilisation est en crise et perd de ce fait une part de sa vitalité, parce que, par exemple, son emprise technique sur le monde fait que celui-ci semble ne plus lui offrir aucune résistance, émergent alors des interrogations sur le style résultant d'une dégradation du geste ou du propos en maniérismes. Un exemple: lorsque l'on a voulu vitrer au XVIIème siècle les grandes ouvertures des palais, la technologie du verre n'était pas en mesure de produire de vitres suffisamment grandes pour couvrir la surface entière des ouvrants. Pour palier à ce problème, on a divisé la surface vitrée à l'aide de menuiseries croisillonnées, qui avaient la propriété émergente non concertée à l'origine de rythmer l'espace et le regard porté vers l'extérieur d'une manière très harmonieuse. On obéissait cependant à une simple logique de nécessité: on faisait comme ça parce qu'on ne pouvait pas faire autrement, et le charme qui en résultait était d'autant plus grand qu'il n'était pas recherché. Les fenêtres contemporaines n'ont plus besoin de ces croisillons car on maîtrise à présent la technologie du verre à un point insensé, mais on continue à mettre des "petits bois" (en...laiton, entre les vitres d'un double vitrage ...) parce que ça fait "joli" - ce qui est vrai (mais pas en laiton, en tout cas pour ce qui me concerne)! Et d'ailleurs la poésie attachée à cette division du verre provient en partie du fait qu'elle nous rappelle notre finitude, c'est-à-dire que nous ne pouvons pas tout, justement, et que le réel dans lequel nous sommes inscrits nous a précédés, et, d'une certaine façon, est "plus fort que nous".
L'expressivité réelle d'un propos, quel qu'il soit, résulte selon moi des noces entre la nécessité véritable de ce même propos confrontée à la résistance que le réel exerce contre sa manifestation, et l'élégance avec laquelle on parvient à dominer cette résistance. Quand on peut tout, on ne peut rien, ou en tout cas pas grand chose. Notre civilisation techno-industrielle a réussi à faire taire le réel - en tout cas jusqu'à un certain point qu'elle semble d'ailleurs vouloir ignorer - et c'est pour cela qu'on ne cesse d'être préoccupé par le style depuis le XIXème siècle: faux ceci, faux cela, style baroque, renaissance, etc... Moi-même je fais des sculptures qui se réfèrent explicitement à ces univers, mais c'est pour une autre raison: je me suis battu à bras le corps avec les problèmes spécifiques de mon époque en tant que compositeur, et je viens chercher dans la sculpture un repos que je n'ai jamais eu en composition. Pas question donc pour moi de tenter quelque "geste contemporain" que ce soit dans ce domaine!
Je ne sais pas si je réponds au moins partiellement à ta question, cher trente six seb.
Niouniou je te remercie pour ton gentil commentaire! Pour assurer une sécurité optimale il convient que les avant-bras forment avec le corps un triangle, et que l'outil retenu par une main et poussé par l'autre pointe toujours à l'extérieur de ce triangle. Si on respecte scrupuleusement cette règle il n'y a jamais d'accident.
Gliron J'espère que tu ne t'es pas blessé trop sérieusement.
Bonsoir Kentaro,
je suis autodidacte. J'ai toujours été attiré par tout ce qui était manuel, et mon rêve était depuis très longtemps de sculpter le bois. L'obstacle était l'outillage: quand j'ai compris qu'il ne fallait pas transiger sur ce point, je me suis renseigné et me suis acheté mon premier set de gouges professionnelles. J'ai regardé quelques vidéos, me suis acheté deux bouquins, et je me suis lancé. J'adore faire ça, c'est pour moi un plaisir sans mélange. Alors je sais que je ne m'y prends pas toujours de manière très orthodoxe, mais c'est parfaitement assumé - je n'aime pas beaucoup me servir des burins, par exemple, et je fais autrement. Je ne crois pas au don: je crois beaucoup plus à un intérêt, une attention et une attirance pour un domaine tellement forts qu'on ne se pose plus aucune question et qu'on y va, tout simplement! Le seul obstacle reste ici le coût de l'outillage, mais on peut y aller progressivement. Une gouge coûte à peu près le prix de deux paquets de cigarettes: plutôt que de fumer, je sculpte!
Mais dis-moi, je viens d'aller voir ce que tu fais: tu fais des trucs extraordinaires, fascinants et inventifs! Je m'abonne.
DewhitYoussef, merci à toi! N'hésite surtout pas à te mettre à la sculpture si ça te titille!!
Malheureusement je produis assez peu étant donné tout ce que je fais par ailleurs. En attendant, mon prochain projet est une voûte gothique en chêne, pour couvrir le volume de la petite maison dont je viens de finir le portique: du gros boulot en perspective!
Merci à toi racmterrof, ton commentaire me fait très plaisir! Je suis allé voir tes réalisations qui sont pleines d'une élégance racée. Je m'abonne!
Oui, c'était ma deuxième sculpture.
Je ressens les choses comme toi. Dans le modèle actuel du chiffre et du profit exclusifs, tous ces domaines sont considérés désormais comme inutiles, mais on y reviendra, j'en suis convaincu. Les êtres humains donnent de la valeur à ce qui leur chante, une fois passé le souci de se nourrir et de se mettre à l'abri. En ce moment la valeur va à la daube, mais ça ne durera pas!
Merci Marsouin!
Je n'ai malheureusement pas tant d'expérience que cela, car mes nombreuses activités ne me permettent pas de réaliser plus d'une œuvre par an en moyenne.
Voici quelques chaînes YouTube sur la sculpture dans l'ordre où je les ai découvertes:
1) la chaîne de Mary May, qui est manifestement une personne absolument charmante et passionnée, qui présente la sculpture de manière très didactique
youtube.com/ch...2LCmxWTiT7DI5eA
2) la chaîne Tttdotcom, tenue par un sculpteur hollandais très sympathique et peu disert, qui fait de très belles réalisations historiques auxquelles je suis très sensible. Je suis moins sensible à ses réalisations plus contemporaines mais ça n'est qu'une question de goût
youtube.com/c/TTTopDotCom
3) la chaîne d'Alexander Grabovetskiy, qui est un sculpteur russe très talentueux installé aux États-Unis. Pour ma part je ne suis pas particulièrement sensible sur un plan esthétique à ses travaux, mais là aussi c'est une question de goût. Apparemment il monétise son enseignement.
youtube.com/c/...derGrabovetskiy
4) last but not least, Patrick Damiaens, un sculpteur aux vidéos duquel je dois quasiment tout, finement cultivé, au goût irréprochable et raffiné et à la technique impeccable. Il choisit toujours pour accompagner ses vidéos de la musique de première qualité, ce à quoi je suis évidemment très sensible...
J'ai appris la sculpture en cherchant à l'imiter.
youtube.com/user/jplully
marsouin, avec plaisir!
sey de rien!
Merci dependancesbois, tu es gentil et ta remarque me fait plaisir! J'adore l'ambiance qu'il y a ici!
dependancesbois c'est une citation de Boris Godounov de Moussorgski, ou je me trompe fort!?!
youtu.be/v-ez1VSbP-Y
Boris Beaulant sans une bouteille de qualité le vin est inconsommable. Et j'ai vu par ailleurs que le tien est fort bon également (j'aime beaucoup ta table dont les pieds s'ouvrent comme des fleurs incurvées vers le haut!). Je dois dire que sur ce site que tu as créé on se sent bien, et bien entouré: comme chez soi! Merci pour tout cela!
Je la mettrai en ligne dès que les échafaudages auront été démontés. Je ne me suis pas conformé à un style local particulier, mais plutôt aux exigences du lieu et à mon intuition. Pour ce qui concerne la pente, à vrai dire, je n'en sais rien. La hauteur du portique permettait de ne quasiment pas toucher à la pente (on passe tout de même de 35° à 30° - trois fois rien, il est vrai)
Merci dependancesbois! J'ai commencé par appliquer une couche de goudron de Norvège assez conséquente au pinceau. J'ai laissé imprégner durant 3 jours, puis je l'ai raclée au racloir. J'ai ensuite harmonisé avec de l'huile de lin. Le tout sèche très bien en un peu moins d'un mois, malgré quelques ressuyages nécessaires après exposition au soleil, qui fait transpirer le bois. J'avais commencé à faire toutes ces opérations chez moi et je me suis rapidement rendu compte que le goudron de Norvège me faisait tourner la tête, probablement en relâchant les composés terpéniques qu'il doit contenir. J'ai donc écarté ce que je pouvais écarter - sauf la poutre centrale qui fait 4 m 50 et presque 100 kg... Avec le temps, les nombreux composés aromatiques qui se trouvent présents dans le goudron prennent une odeur qui rappelle le tabac Amsterdamer: difficile d'y résister! Ce traitement entièrement naturel rend le bois imputrescible et empêche l'altération de sa couleur, moyennant un ressuyage à l'huile tous les trois quatre ans.
P.S.:Le ressuyage à l'huile de lin, que j'ai effectué au tampon, doit être assez vigoureux, et ne pas laisser d'épaisseur de goudron. C'est du moins ainsi que j'ai procédé.
Oui c'est considérable et il ne faut pas ménager sa peine! Mais c'est bio et donc dans l'air du temps: aucune chimie et répulsif naturel contre tous les insectes et champignons.
Merci Michael, je suis très honoré et touché par ton appréciation. Comme je le dis dans la présentation, c'est à toi que je dois de n'être pas parti dans le vide, mais muni de repères très clairs et clairement expliqués: mille mercis pour cela, et encore bravo pour ta maîtrise impressionnante de ce domaine fascinant qu'est la charpente!
dependancesbois, je viens de me rendre compte d'une chose relativement à ce traitement: depuis quelques jours je mélange huile de lin et goudron (proportions variables, mais environ deux tiers d'huile pour un tiers de goudron) dans une casserole et je fais fondre le mélange à feu moyen. Manifestement les hydrocarbures présents dans le goudron ont une action siccative quasiment foudroyante sur le mélange ainsi réchauffé. J'ai appliqué hier cette mixture en ressuyage après les travaux de maçonnerie, et ce matin c'est complètement sec au toucher, avec un très bel état de surface. Après il faut voir comment tout cela vieillit mais c'est peut-être un bon point pour ceux de tes clients qui ne souhaiteraient pas attendre le temps d'un séchage trop long.
dependancesbois, je crois que tu dois avoir raison: c'est le chauffage de la mixture qui accélère le processus. Je viens de me renseigner ici: lamortaise.com...3-les-siccatifs et il semblerait que ce soient les sels métalliques employés dans les siccatifs qui agissent plus que les solvants organiques qui les accompagnent. En tout cas, l'accélération est spectaculaire! Chauffer le mélange permet aussi de dissoudre plus efficacement le goudron dans l'huile. Cela dit mon intuition me dit que l'idéal serait de faire tout ceci à froid, pour un résultat plus durable. Si j'ai chauffé l'ensemble, c'est qu'il faisait un froid de canard ces derniers jours, et le goudron était très peu maniable.
Goulipao tu es trop modeste!
Ton arche romane m'aurait rendu fou quand j'étais gamin! (je voulais devenir architecte...) Quelle bonne idée et très bien réalisée!
Goulipao je comprends tu passes du temps à y jouer!
Ah mince! Quant à mon qualificatif je le maintiens: ce qui est beau c'est ce qui assume sa fonction de la manière la plus élégante possible et sans détour. Tu as de très belles considérations sur ce sujet dans les entretiens sur l'architecture de Viollet-le-Duc (sixième entretien, page 182 de l'édition d'origine). Il y parle du véritable style, celui qui va directement et efficacement vers sa fonction, en prenant pour exemple un vase et l'évolution progressive de sa forme, qui peu à peu s'éloigne de sa stricte fonctionnalité.
Merci à vous Olivier et Glaude pour vos commentaires qui me font très plaisir! J'ai plein de casquettes différentes dans la vie - art et philosophie - et je me suis fait souvent jeter par mes pairs pour cette raison: défaut de lisibilité. Je préfère ne plus me présenter à cause de ça. Mais je suis drôlement content d'être parmi vous et de pouvoir échanger avec des gens qui aiment le travail du bois!