Je partage ci-dessous la préface puis la postface du livre, dont j'aime beaucoup le propos.
- préface: une réflexion intéressanet sur qu'est-ce qu'un outil, avec la distinction entre
- outil,
- instrument,
- et appareil ou machine;
- postface : une réflexion plus globale sur le sens de ce qu'on fait, du travail manuel, de son évolution... Toujours d'actualité.
dependancesbois, je pense que cela va t'intéresser
CECI N’EST PAS UN CIMETIERE D’OUTILS
Un livre comme celui-là se doit d’être présomptueux ; mais avec rigueur. On évoque l'outil, et nécessairement, on mobilise toute l'aventure humaine, l'invention d’objets d’action et de transformation se révélant le signe décisif de l’humanité, autrement dit, de la différence. Et cette preuve s’élabore à portée de la maïn, car dans l’affrontement primordial avec la matière, c’est la main qui découvre, expérimente, modifie : la pensée, alors, se pratique.
Mais qu'est-ce que l'outil ? Ou plus franchement : que voulons-nous qu’il soit pour donner cohérence et passion à cet ouvrage ? Dans la multitude érudite, sommaire ou incompréhensible des définitions, il en est une, célèbre, qui dessine le cadre et suggère les raisons de notre recherche ; elle est extraite du Dictionnaire Universel du XIX° siècle de Pierre Larousse : « On ne désigne, à proprement parler, sous la dénomination d'outils, que les instruments de travail qui sont maniés par la main même de l’ouvrier, tels que la pince, le marteau, la râpe, la lime, la scie, le rabot, la truelle, le tranchet, le vilebrequin, le composteur, le polissoir, etc. Les autres engins qui ne jouent dans le travail qu’un rôle en quelque sorte passif, tels que l’établi et le valet de menuisier, l'enclume du forgeron, l’étau du serrurier, la forme de l'imprimeur, sont des instruments plutôt que des outils. Il en est de même pour les appareils qui, agissant directement sur la matière, mus par un moteur quelconque, servent à la fabrication sans être conduits, guidés, maniés par l'ouvrier ; ce sont alors des machines, des appareils ou encore des instruments. »
Notre projet, donc, s’organisera d’abord autour du rapport simple de la main et de l’outil, l’outil devenant inséparable des mouvements du corps qu’il suscite, des gestes qu’il appelle. Cependant, en entrant dans la complicité des actes, en pénétrant mieux la vie de l'atelier, on ne peut éviter ces supports d’action que sont les « passifs ». Comment appréhender le marteau sans découvrir l’enclume, la lime sans l’étau, le fléau sans l’aire de battage ? Ces seconds rôles font le lieu, il leur sera fait place.
Au Musée, des enfants regardent la forge reconstituée avec des yeux d’explorateurs qui, par hasard et par chance, peuvent encore sortir du périple programmé pour remonter aux sources de la mémoire. Ils ignorent les cisailles, les pinces, les servantes, les ébauchoirs, les mandrins, et les affublent de noms étranges et détournés, comme pour réciter une fable effacée.
Alors, les pages qui vont suivre ne seront pas celles d'un catalogue. L'outil aide les hommes à transformer la matière ; s’il veut éviter l’ennui des abstractions figées, le livre de l’outil sera également celui des matières et celui des métiers.
Le bois suscite des charpentiers, des menuisiers, des tonneliers, des luthiers : les outils de ces artisans apparaîtront à l’ouvrage, liés à la pratique et au rythme. De même le métal nous propose, outre le forgeron originel, le serrurier, le coutelier, ou encore l’orfèvre et l’horloger : leurs gestes s’incriront dans l'ombre et le bruit au gré des couleurs en fusion qui dénudent l'argent, l'acier, le platine et l’or. De la pierre procèdent les ouvriers d’architecture, tailleurs, maçons, ardoisiers, couvreurs, et ceux de l'éclat limpide, les joailliers : leurs récits n’oublieront ni les racines de Babel, ni l’aura minérale de la beauté. Le cuir invente les pourvoyeurs de fétichismes, bourreliers, cordonniers, bottiers, gantiers (pour la vénération des extrémités), relieurs (pour les adeptes de la bibliophilie) ; le verre lie son histoire au destin de la transparence et des reflets : partout nous appréhenderons les hommes dans la geste multiple, parfois contradictoire, de l’œuvre ; le savoir-faire et l'effort ne censurant nullement le plaisir ou le jeu.
Au commencement sera la terre, matière même qui, pourtant, ne se transforme pas, ne se déforme pas en productions multiples, mais ouvre aux semailles sa pensanteur immobile. Les champs, les jardins, les vergers, les vignes, comme l'élevage, constituent des créations vivantes, par là soumises au temps qu’il fait et au temps qui passe : les outils de ces denrées précaires seront à la fois saisis dans la succesion des civilisations agraires et au rythme cyclique des saisons, l'origine, ici, est toujours à proximité du printemps.
L'a-t-on compris ? Nous ne prétendons pas commettre un livre mortel de plus.
Aussi, aux côtés des instruments seuls, montrés et décrits pour eux-mêmes, présentons-nous des gravures qui sont comme les images anciennes de l'évolution technologique, et des photos d'artisans au travail qui suggèrent le mouvement des outils en affirmant la présence de la main et des hommes. Le choix des objets reproduits participe d’une pareille volonté : aux pièces de collection, précieuses, ouvragées, impeccables, nous mêlons des outils plus humbles qui portent les traces de l’action quotidienne.
Un autre choix également : celui de ne pas proposer un ouvrage clos avec prétention à l’omniscience. C'est pourquoi des interventions extérieures viendront heureusement perturber le cours du récit, permettant, à partir des données précises qu'elles révèlent, d'imaginer les nouvelles lectures possibles du livre. Raymond Humbert désigne les différences fondamentales qui opposent l'artisanat rural à l'artisanat urbain, le lieu de l’unité au monde de la séparation ; Catherine Vaudour identifie les décors des beaux outils anciens par référence à l’ornementation des siècles, décrivant ainsi la méthode qui détermine les dates et les provenances ; quant à Jean-Christophe Victor, il évoque les blocages, ou les résistances légitimes des sociétés dites primitives, et interroge le destin des apparitions techniques.
Dernière interrogation : pourquoi ce livre aujourd’hui, pourquoi l’outil nous est-il à la fois, si éloigné et si proche ? Si éloigné parce que surgissant d’avant l'habitude des fabrications en série, d’avant l’outillage normalisé. Si proche parce qu'immédiatement évocateur de « rêveries salutaires et énergétiques » ainsi que le notait Gaston Bachelard. En fait, cette question oriente la réflexion sur l’histoire et les glissements de sens du travail humain. Quelle cassure s’est glissée au temps de la vie depuis l'apparition de la grande industrie, son développement hégémonique ? D'où vient cette fatigue d’être à la tâche qui a changé la création en production, et les créateurs en pourvoyeurs de machines. Rien de moins passéiste que ce débat, car rien de plus urgent que de rassembler notre mémoire inconnue : il s’agit, avec Serge Sautreau, de convoquer l’Utopie. Le bonheur est une idée neuve en Europe.
L'OUTIL DE L'UTOPIE
Par Serge Sautreau
et André Velter
A l'issue de ce périple, où la présence de l’outil imprime son empreinte aux millénaires, l’esprit outillé se voit confronté à l'énigme du temps. L'outil marque le temps : interrogeons cette action, elle est concrète.
Le silex cassé sur un autre va graver la face du sphinx. Par ce geste, l’homme n’est plus seulement à l’intérieur du temps, c’est-à-dire dans le mystère : il se place face à lui, il invente son temps. L’énigme est qu’il saura se rendre esclave de celuici autant — quoique autrement — que du précédent.
Dieu expulse Adam et Eve du paradis. La vie est sensée se soumettre à la sueur. Le travail se trouve désigné clairement comme punition suprême face au crime de la connaissance. Pendant des siècles, l’ordre social valorise ceux qui se battent et ceux qui prient. Les autres prennent la malédiction en charge.
A partir du XVIII° siècle, tandis que les classes privilégiées assument de moins en moins leurs rôles traditionnels (il y a plus de nobles courtisans que d’aristocrates guerriers, et plus d'évêques de bordel que de mystiques), s'affirme un groupe social déterminé à se faire une arme de l’anathème divin : le travail devient la valeur-alibi de la bourgeoisie marchande et industrielle.
Dans cette mouvance temporaire des hiérarchies, le projet des encyclopédistes exprime un défi, et programme le futur. Dieu oublié, sinon nié, les hommes choisissent comme nouveau principe universel, le livre des connaissances, principalement scientifiques et techniques. Le Prométhée de Diderot rêve d’un diplôme d'ingénieur. La mythologie tellurique investit son énergie dans le développement de la production. Le ciel vidé accueille en grande pompe une idole gourmande et totalitaire : le progrès.
La bourgeoisie gouverne avec son arsenal de conquête, c’est-à-dire avec sa puissance économique et son code moral ; et plus l’économie détruit, sépare, déshumanise, plus la morale revendique, souvent impose, l'universalité de ses propres valeurs. Le travail abrutit le corps, il importe donc de le parer de toutes les vertus impalpables. Ce traquenard fonctionne toujours.
Le surprenant vient de ce que les travailleurs aient accepté, puis brandi, l’image glorifiée de ce qui les opprimait, physiquement et mentalement, jour après jour. Contrairement à la bourgeoisie qui, pour l’abattre, opposa au pouvoir aristocratique des catégories morales racidalement différentes, le prolétariat a investi les valeurs-mêmes des possédants, et décidé de combattre afin d’apparaître comme le héros, enfin reconnu, de cette compétition moralisante. Curieuse pratique de la dialectique. Accepter les armes, le terrain et la stratégie de l’adversaire, c’est se condamner à des victoires opaques. Pourquoi, d'emblée, ne pas se situer hors du champ de toutes les malédictions ?
La grève, proclamée aussi comme désir de ne rien faire, libère une dérive autrement plus ravageuse : la paresse.
Tant que le travail fut perçu comme le garant nécessaire de la survie, il fut supporté ; mais sans être célébré. Quand la production se mit au rythme des machines, avec organisation drastique du temps, le travail devint l'expression sociale la plus encensée. Tandis que l’effort productif disloque l’individu, la sacralisation de l’objet de torture s'affirme — jusqu’à l’ignoble : le portique d’Auschwitz qui annonce ARBEIT MACHT FREI ; le travail, c'est la liberté.
La production massive de biens de consommation aberrants voire nuisibles, a détruit l’alibi de la nécessité. Enfermer des millions d'hommes pour les contraindre à produire l’inutile et le désagréable, c'est programmer la déchéance de l’aventure humaïne. Les révoltes, les refus les plus irrationnels, valent mieux que la soumission aux délires de l’économie. Le travail est devenu un processus de démolition humaine.
L'évolution technique ne va pas de soi.
Avec le mouvement d’horlogerie, la fascination face au temps social ne va cesser de s’accroître. Le tic-tac deviendra le moteur de la chaîne, et le travail envahit la quasi-totalité de la sphère temporelle. Ce n’est plus l’esclavage qui oblitère la durée de la vie, maïs le labeur librement consenti, avec, en Occident, des loisirs librement consentis — dix millions d’êtres concentrés dans leurs concentrations urbaines — dix millions concentrés dans leurs départs, leurs plages et retours — concentrations qui s’attachent au matériel, la voie de l’unité mise hors d’atteinte, qui supposerait au moins un autre type de concentration.
La concentration de l’esprit, par le maniement d'outils et de gestes adaptés, elle-même tend à disparaître. La fabrication industrielle est anonyme, et séparée. On produit des pièces pour une usine d’aviation ; quant à savoir où la pièce s'intègrera, et à quelles fins... « Rester les pieds sur terre », maîtremot de la philosophie mercantile depuis qu'une première civilisation a été fondée sur cette base étrange, le négoce — les civilisations de l'échange, du troc, du don, ont toutes cédé devant l’activisme proliférant des marchands — ; rester les pieds sur terre, donc. équivaut à oublier la vie, à s'enfoncer dans le néant d'une tourbe chimique, à ne concevoir entre les humains qu'une communication conflictuelle, concurrentielle, utilitaire. Encore, au cours de cette dégradation a-t-on perdu de vue le sens même de l'utilité. A quoi servent ces productions multiples, si les hommes, rendus hors d'état de se concentrer sur leurs fins propres, doivent sans cesse veiller à se maintenir en état d’attaque, mordus par la pointeuse, agglutinés dans leurs transports, et séparés d'eux-mêmes ?
Le machinisme, outre qu’il n’a que partiellement déchargé le travailleur de tâches dangereuses et pénibles, lui fait courir d’autres dangers : abrutissement, asservissement au bruit, aux rythmes artificiels et dégradants, avec toujours, la réapparition sous d’autres formes du labeur physique le plus vide le plus dénué de signification. Les esclaves des Pharaons, eux, savaient au moins qu’ils étaient aux prises avec quelque chose d’énorme. Les coups de fouet qui bâtissent les Pyramides sont effroyables. L’aliénation dont se paye le taylorisme et ses gadgets modernistes est injustifiable, et tout aussi terrifiante. Une différence toutefois : les Pyramides subsistent et gardent des secrets pour nous. Que restera-t-il, dans 5000 ans, des « réalisations » de deux siècles d’industrie ?
A Rimogne, les mines d’ardoises sont fermées, les puits inondés, les machines à l’abandon. L'exploitation des veines bleues et vertes a cessé alors que la pierre ne manque pas et qu’un personnel qualifié pour l’extraire existe sur place. Ce sont les calculs de rentabilité, effectués selon les critères normalisés habituels, qui imposèrent l’arrêt de l’activité.
La mine livrait des ardoises de qualité, de celles qui font les toits centenaires sans agresser le paysage. L'entreprise propriétaire des ardoisières s’est reconvertie ; elle fouille désormais les gigantesques terrils accumulés au long des décennies. Après avoir engorgé l’espace, elle le bouleverse à nouveau en récupérant ses propres déchets : c’est la phase avancée de l’utilisation des restes. L'aspect symbolique est plaisant, la réalité humaine qu’il masque l’est beaucoup moins.
Les débris, arrachés au bulldozer, transportés par camions, sont jetés dans un immense concasseur qui réduit l’ardoise en particules, en squames violets. Le bruit est effrayant, la poussière constante. Le rôle des ouvriers se trouve strictement réduit à trois gestes : placer un sac vide sous une bouche tubulaire, attendre que cinquante kilos d’éclats tombent automatiquement, fermer le sac, le déposer sur un chariot. Ce travail de manœuvre est confié à d’anciens ouvriers spécialisés de la mine.
Les particules ainsi conditionnées sont convoyées dans d’autres usines qui s’en servent pour recouvrir des rectangles de papier goudronné, c’est-à-dire pour figurer des ersatzs d’ardoises. Le cycle de la dérision est bouclé : on avilit les hommes, on avilit la matière, pour produire des immondices précaires.
Tout groupe humain capable de susciter une idéologie exprimant les contradictions et processus des bases matérielles de son activité est une formation totalitaire en puissance — tant que le cours de la civilisation en vigueur reste déterminé, essentiellement, par le temps artificiel, le temps social, le temps mécanique. On ne sécrète d’idéologie conquérante qu’en se référant, pour l’action, à l'horloge, et pour la pensée, à la compétition : le citadin moderne est l’homme des cadrans : la vie rurale est contaminée, mais c’est encore le soleil qui fait le temps.
Ceux qui « n’ont jamais le temps » sont en effet pressés : la fin visée, supposée mettre fin à cette précipitation, est bien entendu supérieure aux bavures. Mais peut-être les bavures étaient-elles la voix écrasée, étouffée des hommes ? Et jamais ceux qui, visant loin, tirèrent sur les horloges dans les insurrections, ne furent longtemps tolérés par les spécialistes de l'action historique. Au vrai, ces derniers étaient plus pressés. Non d’en finir avec le tic-tac tracassier et oppresseur, dans lequel ils ne voient qu’un symbole, mais d’en remonter le mécanisme pour un nouveau tour de temps productif. La logique du négoce est très solide. Comme un ressort tendu.
[suite et fin de la postface]
Le profit est toujours perte.
Ce livre profitera à qui aspire à perdre l'obsession du travail pour retrouver la force d'invention des outils. Cette force est le périple humain à travers le temps et l’espace, historiques, proto-historiques et infra-historiques.
La longue montée de l'outillage déborde en effet largement le cadre de ce qu'il est convenu de nommer l'histoire. L’affirmation de l'outil n’affirme pas, automatiquement, l’histoire ; elle ne l'impulse pas, elle aurait pu ne pas l’entraîner.
Les outils sont moins caducs que les idées. Même quand le progrès technologique les relègue au rang de souvenirs, ils ne disparaissent pas. Le monde moderne n'est nullement uniforme, et n'appartient pas dans sa totalité au XX° siècle de l'Occident. Les aborigènes d'Australie utilisent encore le boomerang, invention de la Haute-Egypte, multi-millénaire.
D'immenses contrées connaissent un étrange Moyen-Age, où débarquent, descendus de leurs avions « à réaction », d’étranges hommes pour lesquels le temps doit d’abord être rentable, et la nature maîtrisée. Parmi ces étranges hommes, certains ont toujours nourri quelque doute, quelque incrédulité irréductible devant ce noble idéal. Notamment tous ceux qui, maniant des outils dans un espace non bureaucratisé, non encaserné, ont maintenu le contact avec le temps naturel, dont les heures ne sont pas nécessairement uniformes, identiques, et trompeusement « égales ».
Si la multiplication de l’outillage est le signe du désir de conquête de l'univers par l’homme, la vocation de ce dernier, ceci dit sans la moindre tentation « idéaliste », est la conquête de l’universel, en soi et dans l’œuvre, et de son sens.
Cette conquête, qui aspire à la connaissance, ne demande ni armes ni destructions ni oppressions ; elle ne requiert d'autre outil que l'esprit appliqué au maniement des siens, et impulsé par eux. J'appelle outil de l’esprit le silex taillé ou l'ordinateur, sous certaines conditions. La chaîne de montage, elle, n’est pas un outil : c’est une structure à décerveler, à enlaïdir, à retarder la naissance de toute liberté.
Toute considération seulement technique sur l'outillage est une considération étriquée ou nulle. Un geste non conscient de ses origines et de ses fins érige des murs aveugles.
Le règne des spécialistes est celui de la séparation, de la dépossession ; les détenteurs d’une spécialité eux-mêmes rendus inaptes à toute pensée de l’universel, comme à toute rêverie authentiquement pratique.
L'outil devient machine. On va sonder un peu plus l’univers et, de plus en plus, faire disparaître le sens de l’universel. L’intimité d’un être est liée, qu’on le veuille ou non, au cosmisque : en dégradant l’espace et le temps, on fait surgir l'angoisse, la névrose et la honte. La perte intérieure du cosmos à nom économie. Il faut comprendre que l’économie, avec de l'or et de la sueur, ne produira jamais que de l’or et de la sueur. Ce qui est ainsi « économisé », c’est la conscience ; ce qui est produit : la peur d’être, et le temps comme interdit.
Le véritable trésor humain, tel qu’il apparaît dans l’art, qui est intuition et maîtrise du temps universel concret, et dans l'invention des outils, qui concourt à maîtriser ce temps sur le plan de l’action, aura été le plus violemment nié par les siècles industriels. De sorte que les outils eux-mêmes sont proscrits par la machine, plus « rentable », de sorte que les hommes sont réduits au rang d’outils dans la gestion d’un capital pléthorique et vide — que produit-il d’élevé ? — et que l’art pour certains, n’est plus guère que monnaie courante, investissement de rapport.
Le passéisme, ce serait vouloir rebrousser chemin. Mais le futur n’a jamais consisté, au présent, à transformer le monde en dépotoir chimique, radioactif et léprosé. Le passéisme, aujourd’hui, se nomme donc : confiance aveugle dans les présupposés activistes et technologiques d'un progrès nauséabond, irrationnel et massacreur.
Il devrait suffire de travailler de ses mains, avec les outils d'un métier pour saisir le sens de l’enjeu : ou bien le savoir — et donc le savoir-vivre — se forme sur la base d’une activité entièrement compréhensible et agençable par l'individu qui l’exerce ; ou bien, et c’est désormais le cas, les métiers ont disparu, les travaux sont parcellisés, et la question à résoudre ne concerne plus la formation d’un savoir lié à la vie, mais tient tout entière dans l’angoisse du comment survivre.
De l’homme des cavernes à l’homme des cadrans, de l’araire à l’ordinateur, le progrès a gagné du temps et perdu la mesure. Immobilisme ou mouvement, le résultat est incertain : des ténèbres de l'inconnu aux flashes électroniques, la vue est constamment rudoyée. Reste que, face aux ténèbres, l’œil est un outil qui doit plonger loin en avant. Devant les cadrans seul l'enregistrement importe ; la vue « lointaine » scandalise, puisqu'inutile : le cadran est là, à fort courte distance. L'inventeur du verre optique comme celui du miroir n’ont pas laissé leurs noms à la postérité ; à l’heure où tout va de soi, puisque la science explique tout et que la technique y pourvoit, cette discrétion, cet oubli ont du sens, et une saveur, certaine : nul n’entre s’il n’est géomètre, mais nul n'y trouve s'il n'est que géomètre.
sciunto le livre est facile à trouver, du coup pour pas cher.
Il y en a plein sur ebay, et du coup tu peux avoir un aperçu du contenu:
ebay.fr/sch/i....l"&_sacat=0
leboncoin.fr/o...e/727820202.htm
par exemple
Tiens, je ne connaissais pas le nœud de 8 directionnel, faudra que je l'essaie...
Un de mes nœuds préféré, que j'ai longtemps cherché car je me doutais bien qu'il devait exister un tel truc, est le noeud de milieu de corde, ou noeud papillon (autre lien).
Il respecte la corde malgré la tension, et surtout est facile à défaire même s'il a été bien serré.
Et mon autre noeud préféré, le noeud de Zepellin. Permet de garer son dirigeable pour aller boire un coup au bar en toute tranquillité: résiste aux tractions alternées, facile à défaire malgré la tension qu'il a pu subir. Et symétrie parfaite du noeud pour une vérification rapide et une élégance sans pareille.
marsouin oui, chanvre ou jute. Ou toute corde qui ne s'allonge pas sous la tension.
marsouin je pense qu'on en trouve partout, en droguerie ou supermarché...
mon-droguiste....sult/?q=ficelle
dependancesbois sisal n'est pas chanvre
le sigle de Peugeot avec le croissant a était arrêter en 1847 .
Non, ce n'est pas vrai, on retrouve encore la marque au croissant dans le catalogue de 1926
luluelec Peugeot et Cie est une autre marque -album de 1932 dont tu parles.
Et le fascicule des outils montés Peugeot dont tu donnes le lien est daté de Juillet 1938. Pas 1930, c'est une erreur.
luluelec il faut regarder le coup de tampon en première page du fascicule. Et il se trouve que je le possède également
En tout cas tu a de bonnes connaissances de matériels ancien ..ces appréciables de te connaître.
disons que j'ai amassé pas mal de documentation !
Le croissant et la main ne sont plus présent en 1950, donc pour moi ces marques disparaissent dans les années 40. A mon avis cela coïncide avec la généralisation des aciers au chrome... Je regarderai si j'ai qqchose ds les années 40.
Je me permets de faire remarquer que cela manque de contexte et surtout de bibliographie scientifique associée. Cela permettrait de mieux cerner l'état de l'art et les enjeux...
Voici ce que j'ai pu trouver après une recherche rapide, toutefois il me semble qu'il faudrait en rajouter et que vous êtes la personne la plus à même de le faire.
- Hu–Washizu principle
- Generalized Hellinger-Reissner Principle, J.-H. He, J. Appl. Mech. Jun 2000, 67(2): 326-331 (6 pages)
- Variational principles and the patch test B. Fraeijs De Veubeke, 1974.
...
C'est la méthode des scout qui m'a permi d'y arriver.
Pour que le taillant reste efficace, il faut veiller à ce que la face inférieure du biseau reste bien droite (c'est à dire par d'arrondi sous l'arête tranchante). Commencer donc avec une pierre à huile plate (type pierre d'établi) en la maintenant bien à plat. Sinon, il te faudra trop incliner la plane pour qu'elle morde.
Ensuite, sur le dessus du biseau, tu as moins la pression pour cette histoire d'arrondi. Là tu peux employer une pierre à faux si tu veux.
Le fameux outil à entailles:
archive.org/de...ge/n29/mode/2up
Un fer en biais derrière un double grain d'orge.
Fig 333 dans Heurtematte:
archive.org/de...ge/n37/mode/2up
Il est sympa ce mange debout.
C'est vrai qu'une photo de l'assemblage des pieds aiderait à visualiser la chose.
Et la question à 1000€:
Est ce qu'il vaut mieux de la matière première locale ou bien est-ce qu'il vaut mieux de l'outillage local ?
C'est quoi l'mieux ??
Qu'est ce qui a le plus d'impact ???