merci Kentaro ! je suis entièrement d'accord avec toi. et j'apprécie beaucoup que tu te permettes de me dire ça. c'est des fois dur d'avoir un regard objectif sur nos créations, et souvent l'entourgae proche n'ose pas avoir un discours technique ou esthétique clair.
J'ai fait ça par un jour sans pain, ou j'avais qu'un fond de stock de chêne dépareillé, et pas d'argent pour acheter de quoi faire un fond et des étagères en bois dur. j'explorai aussi l'esthétique du rapport chêne/épicéa, qui ont des tons qui se marient fort bien. mais je te rejoins sur ce qu'évoque ces bois, et qu'il s'agit bien de deux univers différents. Notre boutique était dans une ruelle sombre mal famée, il manquait de passage, et le passage ne correspondait pas à la clientèle "métiers d'art". (on était entre un kebab, un coiffeur,un bijoutier et deux vieilles boutiques fermées depuis des années.) et puis au fil des expos et du rester dans l'atelier (donc toujours dans le passage) il a pris quelques petits beugnages, en plus des noeuds de sapin, qui le rend impropre à la vente à la clientèle ciblée. Et puis pas le temps, pas l'énergie de faire une séance photo et un site internet pour le présenter (tout seul?) ni de démarcher des galeries ou boutiques à la granville. Mais aujourd'hui c'est les vacances, un brin de soleil dans l'atelier, de la place et un grand panneau propre pour faire l'arrière plan, les étoiles s'alignent et je l'ai sorti et pris quelques photos pour partager, parce que c'est dommage qu'il reste sous sa couverture sans personne pour le regarder.
faut le vendre trois fois plus cher par rapport à quoi ?
merci ! non j'ai contacté personne, manque de temps et de jus pour ça. Un jour peut-être... mais j'ai d'autres priorités pour le moment.
merci ! les poignées sont de la cornière laiton que j'ai travaillé au marteau, poinçon, lime etc... pour que ça soit à la même forme et taille que les écailles.
oui pivots déportés en laiton. les portes ne sont pas si lourdes, avec le support en pin et 5mm de chêne. Les écailles sont collées et clouées une ligne à la fois. j'ai fait tout le meuble cloué à la main, puis j'ai investi dans un petit cloueur et des pointes de 12.
je crois que la fréquence change juste la vitesse, et que du coup le moteur va tourner à 5/6 de sa vitesse nominale. (pas sur, mais j'ai un variateur de fréquence pour une toupie en tri, et on peut utiliser la fréquence pour moduler la vitesse de rotation, et je ne vois pas pourquoi ça serait différent sur un moteur mono.) par contre si le moteur est refroidi par un ventilo à l'arrière, il se peut qu'en tournant moins vite il refroidisse moins, et je ne pense pas que ça gène en réduisant d'1/6, mais à vérifier quand même.
après vu le diamètre du tronc, pas sur que ça soit facile de trouver une scierie qui puisse le passer. Et puis pour un scieur, venir chercher un seul arbre, surtout un compliqué comme ça, c'est aussi peu probablement viable fiancièrement. et d'un point de vue écologique (au sens strict du terme) le pourrissement c'est juste une étape du cycle. c'est nous humains qui y avons associé une vision négative...
ah j'ai hésité à la poster et j'ai eu la flemme. incroyable cette vidéo ! certes c'est pas édité pour montrer les défauts des rabots, mais on voit quand même un processus avec un passage manuel a presque chaque opération, et une attention au détail impressionnante. les semelles sont usinées, puis rectifiées. l'ajustement du petit sabot dessous est ajusté avec une belle précision, et surtout c'est un process industriel qui a réussi à rester localisé dans un pays développé malgré (ou grâce à ?) un marché de niche. on voit le potentiel pour beaucoup de raccourcis et compromis sur la qualité qui seraient faits si le coût de revient de l'objet devait être remis en question. Et on comprend pourquoi c'est des rabots à plus de 400 balles. (ce qui veut pas dire qu'il faut mettre ça dans un rabot hein, on fait aussi du très bon travail avec un bloc en bois fabriqué soi-même et un fer médiocre ou d'occasion mais bien affuté!)
ça me fait penser aux trucs d'Uri Tuchmann (qui est aussi dans ton club Ara ? )
c'est quand même sacrément impressionnant ! bravo ! et super de lire ce que tu as appris dans le process. Quelle colle pour le mélange poussière-colle ? parce que la vinylique c'est vraiment une mauvaise idée, mais ça se fait avec une colle animale. la colle de poisson froide laisse le temps, colle d'os/peau un peu moins mais fonctionnerait aussi. Perso je préfère utiliser le produit que je vais utiliser en finition comme liant pour la poussière (cire, vernis ou autre). Et si je veux éviter que ça pénètre dans les bois clairs, une couche de vernis avant de faire le bouchage des fissures permet de fermer la porosité du bois. mais en tout cas encore chapeau, c'est vraiment super beau, et pareil que d'autres, je suis pas fan de marqueterie traditionnelle, ou de motifs contemporains parfois trop naifs, mais là ça passe crème.
merci :) ! c'était une occasion, j'ai sauté dessus. Mais c'était pas du tout frais... et les 2 plots y sont passés en deux projets. là je galérais à trouver des longueurs sans ramageux pour les montants... maintenant c'est fini.
ourea bah quand c'est fini, ça fait des beaux meubles, et puis on trouve des autres jolis bois pour les suivants ! mais c'est un peu un deuil de voir partir ses belles planches...
ramageux c'est les paquets de noeuds, les vagues, le fil dans tous les sens... c'est les endroits de l'arbre ou il y avait plein de rameaux. Peut-être d'un arbre taillé en trogne ? ou les branches basses broutées par les vaches?
merci ! :) oui il y avait des formes de fil qui collaient vraiment bien avec mes courbes... mais pas toutes. et non, l'arrondi sur le petit retour a 45° est un arc, et la moulure fait une doucine. ça se tient à plus ou moins un cm de distance, j'ai pas de photo de détail, mais on le voit un peu mieux sur la 4eme photo. Et pas de souci pour les goûts et les couleurs, la diversité c'est que du positif. Et même si je l'aime bien ce meuble, c'est pas ce que j'aurais dessiné pour chez moi non plus.
oui, je vois bien, ya un peu de ça... pas fait exprès, mais le subconscient, on sait pas hein ?
Je pense que c'est plutôt de l'orme du plat pays Bressan, mais sans certitude absolue.
merci ! ces mots me touchent. j'ai déjà récidivé depuis, ce projet a bientôt 2 ans, et je continue, mais l'énergie me manque d'aller prendre des photos décentes et de les poster ici. Mais ça viendra, petit à petit...
merci ! en finition je fais souvent gomme laque puis huile-cire. gomme-laque diluée à l'alcool, appliquée au pistolet, une couche, deux pour les plans, puis égrenée et un petit coup d'huile-cire bien essuyée après.
Ben la gomme-laque fait office de fond, elle étanchéifie (un peu) le bois, protection contre les fluides, bouche la porosité, ravive les couleurs, donne de la profondeur; mais le rendu est très brillant, un peu trop bling, donc égrenée, (aussi pour lisser l'application pas facilement parfaite) mais là ça fait "blanchi" avec les micro-rayures, donc une huile-cire par dessus, qui par rapport à une cire classique à l'essence va beaucoup moins briller, ne se lustre pas vraiment. mais va quand même masquer ce blanchi et redonner de la profondeur au veinage. Et pas d'essence, la dilution de la cire se fait à l'huile donc moins d'exposition à des produits nocifs. et pour le coup, on peut vraiment travailler en local : huile de noix et cire d'abeille sourcées dans les villages voisins. (pas la gomme-laque ni l'alcool pour la diluer par contre.)
JPLegno ben nan du coup l'huile de noix est naturellement siccative (pas comme l'huile d'olive) ou semi-siccative au moins. Mais j'ai lu qu'elle avait été utilisée au même titre que l'huile de lin en peinture à l'huile. j'essuie bien après application, et en quelques jours ça ne prend plus les traces de doigts. Par contre, l'huile de noix ne se conserve pas très longtemps, elle rancit dans l'année, donc je fais des petits pots d'huile-cire, juste au besoin.
Merci ! Oui j'ai coupé et utilisé ce fer ! et non pas trop galère, il y avait moins de 3 mètres linéaires, en y allant doucement en deux passes ça s'est bien passé. Mais l'orme est bien siliceux, ça désaffûte vite, et ça se voyait sur les usinages qui ont noirci de chauffe, ponçage sérieux derrière pour enlever ça. Et ma toupie aime pas qu'on pousse trop dessus, j'au un disjoncteur en amont du variateur qui saute si je dépasse les 12 amp, donc je dois garder un oeil sur la conso en temps réel sur le variateur sur les gros usinages. Donc si, un peu galère en fait mais pas traumatisant non plus.
merci ! venant de toi, ça me touche, je suis impressionné par comment tu vas loin dans le travail "raisonnable", réduire les machines et la dépendance aux produits pétroliers...
Merci ! j'ai le plan en sketchup dans un coin, mais pfff... en gros c'est tout du tenon-mortaise chevillé, assemblé sur place, mais les cotés au lieu d'être en panneau-cadre, sont en lamellé collé et assemblés(collés) avec le montant de la façade. donc pour le transport, j'ai ces plateaux qui sont à la fois mes cotés de meuble et montants avant/arrière avec mortaises, et toutes les traverses, plans, portes, panneaux de fond, tiroirs à coté. On est aussi sur deux étages, donc pas de longueur supérieure à 1m50.
Pour moi, je me suis mis à mon compte parce que je bossais en entreprise, dans du assez haut de gamme (voire très), et qu'on ne faisait que du médium plaqué vernis au PU. donc du meuble "jetable", pas authentique, non recyclable. (jetable dans sa conception, et probablement dans son usage, des trucs qui seront mis à la benne pour être reconstruits dans quoi, 20 ans au grand max ?) et du poison pour moi artisan à toutes les étapes : usinage de mdf, teinte aux solvants, colle aux solvants, vernis PU, ponçage de vernis PU, dans un contexte ou je ne rencontrais jamais le client. Je ne sais pas pour qui je bosse, aucun retour direct, ni indirect le plus souvent.
Et du coup mon idéal inaccessible, c'est du meuble tout massif, n'ayant pas fait appel à de l'industrie lourde, avec du bois de vraies forêts locales, riches de diversité et gérées durablement, produits avec une énergie propre: force humaine et animale, hydro ou éolienne, sans produits issus de l'industrie pétrolière ou importés de l'autre bout de la planète. 100% biodégradable pour refermer le cycle de la vie. A mon compte, je peux placer la barre du réaliste et économiquement viable ou je veux entre le parfait absolu et l'horreur totale (subjective bien sur). Encore bien, bien loin de l'optimal, mais j'ai banni l'agglo, le méla, le mdf, le stratifié, la néoprène complètement.
et le mot raisonnable, ya un peu cette idée de notre civilisation qui extrait en deux siècle ou trois l'intégralité du carbone fossile du sous-sol pour le mettre en surface, ou il nous est assez néfaste : microplastiques de partoutpartout, co2 bien trop dans l'air, et vernis chimiques indécomposables attachés au bois. Qui déforeste pour bien enfoncer le clou, et appelle "forêt" des monocultures de résineux. qui triche complètement en utilisant l'énergie fossile, mais qui en conséquence perd l’intérêt du jeu. Avec une inertie qui semble impossible à arrêter.
Et durable, ben en allant moins vite, en pensant au futur après notre passage, est-ce que mon travail va avoir un résultat qui en vaut le coup? si je prends plus de temps pour faire un meuble plus proche de mon idéal, si mon client attend patiemment que j'aie terminé, mais que ses petits-enfants récupéreront le meuble et s'en serviront encore, avant qu'il finisse pourri composté pour alimenter une vie du sol qui permettra la pousse de nouvelles plantes, alors c'est bien. c'est pas un fardeau, c'est une étape dans un cycle et c'est le seul vrai durable.
bref. j'ai essayé d'être succin mais c'est mes tripes.
oui, la forme est trop belle!